mardi 2 juillet 2019

L'ancien couple franco-allemand ne fonctionne plus dans cette Europe divisée alors qu'elle devrait être unie ?!


Bataille des postes : pourquoi l'Union européenne est dans l'impasse

ANALYSE. Angela Merkel ne maîtrise plus le PPE ; Frans Timmermans retoqué ; les 28 se retrouvent mardi pour se distribuer les postes... s'ils y arrivent.

Mauvaise surprise dimanche soir à Bruxelles : en rentrant du G20 d'Osaka, Emmanuel Macron découvre que l'accord passé au Japon avec la chancelière Merkel ne tient pas la route. La candidature du spitzenkandidat social-démocrate Timmermans, sur laquelle le chef de l'État français et la cheffe du gouvernement allemand s'étaient mis d'accord, soulève la bronca des autres leaders du PPE. Une nuit de pourparlers n'y suffit pas. Les leaders ont prolongé les discussions en collège et les rencontres bilatérales pendant le petit déjeuner et jusqu'à midi pour constater l'impasse dans la distribution des «  top jobs  » européens. Donald Tusk, le président du Conseil, les a de nouveau convoqués mardi 2 juillet à 11 heures...
Plusieurs enseignements sont à tirer de ce funeste épisode européen. D'abord, constater que l'autorité d'Angela Merkel n'est plus ce qu'elle était. La chancelière a essuyé, en amont du sommet européen, le refus net et sans bavure de ses alliés chrétiens-démocrates du PPE, à savoir le Roumain Klaus Iohannis, le Croate Andrej Plenkovic, l'Irlandais Leo Varadkar, le Letton Krijanis Karins et, bien sûr, le Hongrois Viktor Orbán, pour qui le nom de Timmermans est associé à la procédure de sanction dont son pays est l'objet...

Conte bascule dans l'abstention

Les principaux leaders du PPE ne peuvent admettre que la présidence de la Commission revienne à un social-démocrate alors que le PPE demeure, bien qu'affaibli, la première formation politique du Parlement européen. Certes, Frans Timmermans, travailliste néerlandais, actuellement vice-président de la Commission, n'a rien du bolchevique-le-couteau-entre-les-dents, mais l'idée que le PSE (Parti socialiste européen) puisse damer le pion du PPE sur le poste le plus important des institutions européennes leur est intolérable. D'autant plus que c'est une drôle de façon de «  tenir compte  » du résultat des élections tel que le recommande l'article 7 du traité européen...
Bref, dès l'entame du sommet, tout s'effondre et il faut patiemment reconstruire la proposition sur laquelle Macron, Merkel, Sánchez, Rutte et Conte se sont mis d'accord à Osaka. Les choses se compliquent avec le fait que l'Italien Conte change d'avis et décide de s'abstenir si la proposition Timmermans est mise au vote. Sachant qu'il faut réunir 21 dirigeants sur 28, l'abstention n'est pas neutre ; elle alimente le front du refus...

Merkel sacrifie Barnier en représailles Angela Merkel pensait arranger les choses à l'ancienne, depuis Berlin. Le soir du 26 juin, la chancelière avait donc organisé un dîner en présence de Manfred Weber, le spitzenkandidat du PPE, Joseph Daul, le président du PPE, Annegret Kramp-Karrenbauer, la présidente de la CDU, et Markus Söder, le président de la CSU. À l'issue de celui-ci, Weber abandonnait l'idée de diriger la Commission (il ne disposait pas d'assez de soutiens au Conseil et au Parlement) à condition que lui soit réservée la présidence du Parlement. Pour sauver le principe du spitzenkandidat, l'Allemagne était donc prête à se ranger derrière le social-démocrate Timmermans.
Tant pis pour Michel Barnier, victime ici d'une guerre franco-allemande assez néfaste. Les Allemands, piqués au vif par le dézingage systématique de Weber par Macron, ripostent en écartant Barnier des options disponibles. Œil pour œil, dent pour dent. Michel Barnier a beau être une figure éminente du PPE, il peut se prévaloir d'avoir unifié les 27 dans la difficile négociation du Brexit, pour Berlin, ce bilan ne signifie rien. Michel Barnier a le malheur d'être français dans un moment où Angela Merkel exerce une mesure de rétorsion à l'encontre de Paris. Barnier apparaît comme un candidat «  trop macronisé  » au goût des Allemands. «  Ce n'est pas à Macron de décider du candidat du PPE auquel il a fait la guerre pendant la campagne électorale  », indique-t-on à Berlin. Il y a sans doute eu de la part du président français une attitude vexatoire vis-à-vis de Weber qu'il aurait fallu éviter... En outre, le chef de l'État a ouvertement pactisé avec les socialistes européens dans la dernière ligne droite des élections. Un impair  ? En tout cas, cela n'a pas échappé aux Allemands...
Commission européenne : Macron, un tueur méthodique

La gouvernance Tusk critiquée

Résultat : au bout de la nuit et le lendemain matin, les leaders européens se retrouvent autour de la table avec un schéma de distribution des postes qui rencontre encore beaucoup de résistances. Si l'hypothèse Frans Timmermans à la tête de la Commission n'est pas abandonnée, le PPE hériterait de deux postes : à Manfred Weber la présidence du Parlement et à la Bulgare Kristalina Georgieva (l'actuelle présidente de la Banque mondiale) le poste de président du Conseil. Les libéraux obtiendraient deux fauteuils : la vice-présidence de la Commission à la Danoise Margrethe Vestager et le poste de haut représentant pour les relations extérieures au Belge Charles Michel, en quête d'un nouveau mandat après les législatives ratées en Belgique.
On triture cette proposition dans tous les sens. On imagine des demi-mandats pour faire tourner les étiquettes politiques. On se sépare, on se retrouve en aparté pour des conciliabules... La diplomatie française prend le relais de Donald Tusk qui fait lui aussi l'objet de critiques quant à l'impréparation du sommet. En fin de matinée, force est de constater que le compte n'y est pas. Tusk lève la séance et reprogramme un sommet de crise pour mardi 2 juillet à 11 heures. Pourquoi si vite  ? Parce que le Parlement européen procédera à l'élection de son président le mercredi 3 juillet, à 9 heures. Antonio Tajani, son président, a annoncé qu'il ne reculerait pas cette élection déjà retardée d'une journée pour laisser au Conseil le soin de réaliser son partage des rôles.

Un processus démocratique à revoir

Si le Conseil échoue une nouvelle fois, le Parlement devrait alors prendre son autonomie. Il élira son président sans tenir compte des équilibres du Conseil. Formellement, le Conseil est compétent dans la procédure de nomination du président de la Commission (avec validation à la majorité absolue du Parlement), dans le choix du haut représentant et du président du Conseil (qui ne dépendent que de lui). Les Français ont pesé pour que l'attribution de la présidence de la BCE (dont le mandat arrive à échéance fin octobre) entre dans les discussions et pensaient pouvoir s'assurer une candidature acceptable en écartant celle de l'Allemand Jens Weidmann. Tout est à faire sur ce point comme sur le reste.
Ce charivari européen enfonce le processus électoral européen dans des méandres très éloignés des peuples et il n'est pas digne des prétentions de «  puissance souveraine  ». Emmanuel Macron, au bord de l'exaspération contre ce «  club des 28 qui se réunit sans jamais se décider  », n'a pas dit autre chose à l'issue de ce sommet infructueux. «  Tant qu'on n'aura pas réformé notre fonctionnement et notre méthode intergouvernementale, nous ne serons pas crédibles sur le plan international, nous ne serons pas crédibles vis-à-vis de nos concitoyens et il sera impossible, de toute façon, d'élargir en quoi que ce soit l'Union européenne  », a conclu le président français.
Ce système des spitzenkandidaten n'a pas été suffisamment étayé depuis cinq ans et son invention hésitante, en 2014, autour de Jean-Claude Juncker ne peut suffire à étouffer les doutes qu'il suscite. Les leaders européens, s'ils veulent véritablement démocratiser l'Europe, ne pourront pas faire l'économie d'une révision des traités afin que les résultats des élections européennes débouchent sur un choix plus lisible, plus prévisible pour les peuples avec des procédures aux résultats certains. Les nuits blanches à Bruxelles à ergoter sur des postes qui ne sont que des postes d'influence (les décisions reviennent toujours aux États membres et aux parlementaires européens) ne renvoient pas aux Européens la meilleure image qui soit de l'Union.
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Pour s'opposer aux hégémonies des USA et de la CHINE en matière économique !

Mais ce qui est pire c'est l’égo démesuré de ses dirigeants notamment français et allemands et cela ne date pas d'hier !

L'Allemagne avec sa chancelière usée par le pouvoir qui ne veut lâcher rien et la FRANCE avec notre jeune président arrogant qui veut tout avaler !

Quant à leurs peuples ils s'en fichent totalement ainsi que des autres pays de l'Union européenne

(C'est pour cela d'ailleurs que les français lambda ne s’intéressent pas à cette Europe et à ses élections car on ne les consulte pas assez et qu'aussi on ne leur explique pas grand-chose sur ce qu'ils ont du mal à comprendre !)

Jdeclef 02/07/2019 12h59

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