SNCF :
pourquoi la grève nous met en colère
LES
CARNETS DU DIMANCHE. Le mouvement inique des contrôleurs est un
déraillement de plus à la SNCF, et l’illustration d’un fantasme qui monte dans
le pays : le gouvernement par les minorités.
DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN PUBLICS LE SNCF
TIENT LA PALME DES GREVES A TOUT VA POUR TOUT ET N’IMPORTE QUOI REPRESENTANT UNE
PARTIE DE CETTE FRANCE INDISCIPLINEE FRONDEUSE ?
Noël en famille
devant la cheminée ou Noël en furie à cause des cheminots ? Il aura fallu
choisir, hélas, pour des milliers de Français, pris au dépourvu (sinon
« en otage », il paraît que l'expression est irrespectueuse du droit
de grève) devant un blocage de dernière heure que nul n'avait anticipé. Enfin,
« choisir » n'est pas le bon mot puisqu'on ne leur a pas laissé le
choix. Certes, la grève n'aura concerné « que » 200 000
personnes, mais elle en aura ulcéré bien davantage : ceux qui espéraient
se retrouver le temps d'un réveillon et que l'un des leurs n'aura pas pu
rejoindre faute de train ; ceux qui ont observé, médusés et impuissants,
un collectif de 3 574 contrôleurs de la SNCF perturber grandement le
trafic ferroviaire français le week-end le plus crucial de l'année et
immobiliser injustement tant de voyageurs.
Cela vaut bien qu'on y revienne – même si la direction de l'entreprise a
fini par lâcher assez de lest pour que le second préavis, déposé pour la
Saint-Sylvestre, soit levé vendredi. La fête n'aura été gâchée qu'en partie.
Des revendications purement corporatistes
Disons-le sans tourner autour du pot : le blocage des trains à la
veille de Noël est inique, illégitime et irresponsable. Pourquoi inique ?
Parce que ses auteurs – un peu plus d'un tiers des agents commerciaux, que la
SNCF dénomme « chefs de bord » – revendiquent des avantages
financiers et statutaires purement corporatistes, quoique camouflés sous des
appels à la défense du service public. Outre des augmentations (ils trouvent
que les 12 % accordés en 2022 sous forme de salaire et de primes
ne sont pas suffisants, combien de salariés en aimeraient autant ?), les
contrôleurs veulent peu ou prou être logés à la même enseigne que les
conducteurs. Pourtant, la différence de formation et de responsabilités entre
les deux métiers saute aux yeux. Seulement voilà, la règle à la SNCF impose
qu'un train ne puisse rouler qu'avec un contrôleur à bord – c'est donner à
celui-ci le pouvoir de l'immobiliser à quai…
Grève : les « Gilets jaunes » de la SNCFDe
fait, les conducteurs ne sont que moyennement solidaires avec les « chefs
de bord ». Eux n'ont pas appelé au blocage, pas plus que les grandes
confédérations. D'où la question de la légitimité du mouvement. Si le droit de
grève est constitutionnel, la loi dispose que seuls les syndicats
« représentatifs » (dont la liste est établie selon les résultats
enregistrés aux élections professionnelles) peuvent déposer des préavis de
grève, à condition de respecter certaines formes et de respecter un délai pour
permettre à l'entreprise de s'organiser. Tel n'est évidemment pas le cas du
collectif à l'origine de cette grève-ci, né spontanément sur Facebook à la
manière de Gilets jaunes du rail.
Qui bafoue les règles du dialogue social ? Les grévistes !
Comment le blocage a-t-il donc été possible ? Grâce à la complicité de
la CGT et de SUD-Rail, qui ont déposé des préavis de grève pour le week-end de
Noël… tout en s'abstenant d'appeler à l'arrêt du travail. Les contrôleurs en
colère ont fait le reste. On nage ici en pleine hypocrisie. Osera-t-on dire
cette fois que le gouvernement bafoue les règles du dialogue social, refrain si
souvent entonné par les représentants syndicaux ? La réalité est
exactement inverse. Dans cette affaire, l'usage du droit de grève aura été
détourné pour permettre à un groupe d'agents ultra-minoritaires d'imposer
leurs exigences au moyen du chantage.
Pourquoi les syndicats précités ont-ils accepté de jouer le jeu ? Par
peur d'être débordés par la base, ce qui prouve qu'ils le sont déjà. Début
décembre, des discussions ont eu lieu entre les grandes confédérations et la
direction de la SNCF. Elles ont abouti à la signature d'accords
« majoritaires » qui incluaient des revalorisations et des primes. Le
collectif des conducteurs énervés s'est empressé de les déchirer. Pour se
dissocier de ce mouvement devenu illégitime, l'UNSA a alors retiré son préavis
(la CFDT, elle, n'en avait pas déposé). La CGT et SUD, eux, ont maintenu les
leurs. S'ils ne l'avaient pas fait, la grève du 23 décembre aurait été
hors la loi : ses organisateurs auraient pu être sanctionnés, et il y a
fort à parier que le trafic n'aurait pas été perturbé (ou très faiblement). En
leur laissant la main, ils ont pris la responsabilité du blocage.
De l'abus de langage à l'abus de pouvoir
« Les syndicats sont comme les partis politiques, ils vivent dans la
peur d'être coupés de la base, ce qui renforce les tentations
démagogiques : pour ne pas avoir un train de retard, ils montent dans le
premier qui part, qu'importe la destination », m'expliquait hier avec
ironie un conseiller ministériel rompu aux négociations sociales. De ce point
de vue, ce conflit de fin d'année révèle une fois encore la crise de la
représentativité qui taraude notre pays en profondeur. Le nombre de
protestataires a beau être faible, c'est leur radicalité qui finit par
s'imposer.
Qu'on le veuille ou non, c'est ce que l'aventure des Gilets jaunes a imprimé
dans la mémoire collective des Français. Jour après jour, c'est ainsi la
tentation du gouvernement minoritaire qui prospère. Les discours de Jean-Luc
Mélenchon – ou de Marine Le Pen, dans une version plus policée – pour
faire croire qu'Emmanuel Macron aurait « perdu les élections »
législatives parce qu'il n'y a pas obtenu la majorité absolue des sièges à
l'Assemblée nationale procède du même illusionnisme. Si la politique du
président réélu ne dispose pas de l'onction incontestable des citoyens, celles
des opposants qu'il a battus l'ont encore moins, il faut bien en convenir.
De l'abus de langage à l'abus de pouvoir, il n'y a qu'un pas.
Le mythe de la loi Sarkozy
À ce propos, il est utile de revenir sur la notion de « service
public ». Si les contrôleurs en pétard veulent en défendre la qualité dans
le transport ferroviaire, la logique voudrait qu'ils acceptent le principe d'un
service minimum. Les jours de grève, un nombre de trains serait garanti aux
usagers, au titre de la continuité du service délégué par l'État à la SNCF. Les
contrôleurs aériens ou les salariés des chaînes de radio et de télévision
publiques obéissent à de telles règles, fixées par la loi. Les personnels
hospitaliers y ont été contraints par la jurisprudence. Les employés de la
RATP, eux, y sont astreints en vertu d'une convention signée avec
l'établissement régional Île-de-France Mobilités. D'évidence, il pourrait en
être de même à la SNCF. D'autant que l'État a décidé, en 2018, de reprendre une
partie (35 milliards d'euros quand même) de la dette colossale de
l'entreprise publique – avec l'argent des Français, donc.
Emmanuel Macron, qui a la colère facile pour se mettre du côté de la
population plutôt que des décideurs (on se souvient de son coup de gueule
tardif mais salutaire sur la vaccination), a demandé à ses ministres de
réfléchir au plus vite à un « nouveau cadre » pour le droit de
grève dans les transports. Chiche ? En 2007, Nicolas Sarkozy avait
prétendu instaurer un service minimum. « Maintenant, quand il y a une
grève, plus personne ne s'en aperçoit », claironnait-il. On ne l'a pas entendu
ces jours-ci. En réalité, la loi votée sous son impulsion n'a fait qu'obliger
les grévistes à se déclarer – c'est la contrainte qui était minimale, pas le
service… Espérons que cette fois, l'incantation présidentielle ne parte pas sur
une voie de garage.
Mieux que le service minimum : la concurrence !
Que faire pour y parvenir ? Le modèle italien est efficace : il
interdit purement et simplement les arrêts de travail les jours fériés. Encore
faudrait-il que le Conseil constitutionnel ne voie pas dans une telle mesure
une restriction du droit de grève – c'en est une, mais la liberté de
circulation aussi est garantie par la Constitution, non ? Autre piste à
explorer : la faculté de faire circuler les trains sans contrôleur.
L'automatisation du contrôle des billets est déjà avancée, elle pourrait
devenir la norme à l'entrée de tous les quais et de toutes les voitures ;
quant à la sécurité à bord, viendra forcément le temps où on envisagera de la
déléguer au secteur privé – c'est déjà le cas dans beaucoup de gares et bien
d'autres lieux publics.
L'appel au privé devrait être facilité, à l'avenir, par l'ouverture
progressive à la concurrence du marché ferroviaire. Peut-être le collectif des contrôleurs
grévistes l'a-t-il oublié, la SNCF n'est plus seule au monde sur les voies
ferrées depuis 2019 (2020 pour les lignes à grande vitesse). Leur
mouvement intempestif n'aura fait qu'attirer l'attention sur cette possibilité
alternative, certes encore embryonnaire mais appelée à se développer, surtout
si les grèves continuent dans l'entreprise publique. Ainsi, les voyageurs qui
ont acheté un billet sur la ligne Paris-Lyon auprès de la compagnie italienne
Trenitalia, rivale de la SNCF sur ce trajet, ont été entièrement épargnés par
les blocages – mieux que le service minimum, la concurrence !
Active depuis 2021, cette liaison a vu le nombre de ses utilisateurs tripler
l'année dernière. Dans le même temps, ses prix ont diminué de 8 %, et de
17 % sur le trajet Paris-Milan – alors que ceux de la SNCF, eux, ont
globalement augmenté et que la qualité du service a continué de se dégrader
(retards fréquents, pannes, sécurité). Dans toute l'Europe, la réputation des
trains français est entachée par le spectre des grèves à répétition. Hélas, ce
n'est pas complètement à tort. Ces conflits sociaux ont en outre un coût
exorbitant, qui grève (c'est le cas de le dire) les comptes de la SNCF. S'il
est une nouvelle marque de dédain pour les clients-contribuables qui paient
cher leurs billets et renflouent la dette de l'entreprise avec leurs impôts, le
mouvement inique des conducteurs est aussi, pour la concurrence, un merveilleux
cadeau de Noël.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Parce que ces grèves à répétitions
à l'origine de syndicats rétrogrades et de corporatisme d'après-guerre qui
faisaient de la politique politicienne étaient cycliques et revenaient à chaque
années souvent à le même période qui étaient souvent après les congés d'été et
à la rentrée en automne, moi qui ai travaillé pendant 44 ans dans une grande
entreprise on était arrivé à les prévoir pour organiser nos équipes de salariés
qui ne pouvaient venir par manque de trains de banlieues en IDF par exemple
mais là cela irrite bien plus les Français car là cela touche beaucoup de nos
concitoyens en période de congés de grands départs sur les grandes lignes pour
les congés scolaires ou fêtes Paques NOEL et fin d'années quand en plus quand
ils veulent rendre visites à leur familles !
Et qui prennent en otages comme on dit les
usagers et en abusent auprès de la SNCF avec ses salariés pas malheureux avec leur
multiple avantage !
Car ses mouvements sociaux à répétitions pour
ce type de transport en commun populaire deviennent ingérables et c'est
toujours les usagers qui en subissent les conséquences et cela coutent en plus
à l'entreprise NATIONALE SNCF et donc indirectement à l'état et aux Français en
tant que service public mal rendu à cause de quelques poignées d'agents irréductibles
trublions qui bloquent son fonctionnement toujours en demandant plus !
Le droit de grève est un acquit mais quand il
est dévoyé et abusé par certains il doit être régulé par un vrai service minimum
efficace voir réquisition d'une partie du personnel obligatoire d’office prévu
à l'avance !
Surtout quand ces grèves tombent dans des périodes
ou les trains sont plus qu'utiles à la population des Français lambda pour se déplacer
dans toute la France !
Et arrêter de penser que toute personne peut
faire sa loi dans notre pays de libertés mal encadrées surtout quand les agents
SNCF ont une garantie de l'emploi assurée en cessant ce chacun pour soi !
Cela étant on en devient à dire que la France est
le pays de la grève comme une culture ancestrale vue de l’étranger pas de quoi être
fier !
Jdeclef 26/12/2022 17h02
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire