mardi 14 avril 2015

SUITE ET PEUT ÊTRE ÉPILOGUE DE LA SAGA DE CETTE FAMILLE LE PEN ?!


FN - Comment Marion a débranché Jean-Marie Le Pen


RÉCIT - Pour apaiser la crise interne, la députée du Vaucluse s'est portée candidate à la tête de liste en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

"Jean-Marie Le Pen nous a mis dans la merde ! Tout cela me rend folle." En ce mercredi 8 avril, Marion Maréchal-Le Pen ne décolère pas devant ses proches. La députée FN du Vaucluse est furieuse contre son grand-père qui vient encore de déclencher une tempête. "Les chambres à gaz, détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale", le maréchal Pétain qui n'est "pas un traître", l'influence nocive du vice-président du FN Florian Philippot sur la ligne politique... En quelques jours, le président d'honneur du Front national a mis le feu à l'intérieur du parti qu'il a créé en 1972. En direct devant 7 millions de Français au journal de 20 heures de TF1, Marine Le Pen a donc exhorté Jean-Marie Le Pen à se retirer de la vie politique. Et son conseiller, l'influent Florian Philippot, verrait d'un bon oeil son exclusion du FN.

"Présider la région ? Je n'en ai pas envie"

"Pas question d'alimenter le psychodrame familial", confie-t-elle tout d'abord à ses amis. Elle accepte juste d'accorder au site web de Valeurs actuelles une interview pour se désolidariser de Jean-Marie Le Pen. "Je suis en désaccord sur le fond et je ne peux soutenir de tels propos, car même le plus fier et le plus sage des hommes politiques tire bien peu de gloire à s'installer dans sa vérité et à l'asséner comme une certitude sans tenir compte des conséquences", martèle l'élue. Puis la jeune élue se réfugie dans le travail et dans le silence. Elle reste en contact avec Marine Le Pen pour connaître la ligne à tenir et boude Jean-Marie Le Pen. Elle n'est pas loin de penser que si la patronne du FN et ses lieutenants sont peut-être sur le point de faire exploser le parti (et sa famille), Jean-Marie Le Pen a placé lui-même de puissantes charges explosives...
Finalement, l'élue du Vaucluse décide de s'investir pour tenter de trouver une issue à la crise. Vendredi 10 avril au soir, elle s'invite au domicile de Jean-Marie Le Pen à La Celle-Saint-Cloud, dans les Yvelines. L'objectif ? Faire baisser la tension familiale, politique, mais aussi s'imposer à la tête de la liste FN en Provence-Alpes-Côte d'Azur lors des élections régionales de décembre. Car la députée l'a toujours dit : elle veut bien être candidate à condition que son grand-père jette l'éponge. Pas question pour elle d'être investie par le FN et d'avoir à affronter finalement une liste dissidente conduite par Jean-Marie Le Pen. Après discussion, elle parvient à débrancher Le Pen. "Je pense être un meilleur candidat que toi, mais soit. Je ne serai pas candidat aux élections régionales à condition que tu conduises la liste. Et personne d'autre", consent le patriarche. Même s'il juge que sa petite-fille manque d'expérience pour mener ce combat, Le Pen s'est facilement laissé convaincre pour plusieurs raisons. D'abord, il pourra monter sur l'estrade pour la soutenir en meeting. Ensuite, il ne s'est jamais vu emménager à Marseille pour exercer la présidence de la région en cas de victoire. Il avait même déjà passé un accord avec son fidèle ami Bruno Gollnisch en lui promettant : "Présider la région ? je n'en ai pas envie. Si je gagne Paca, je serai président jusqu'à la présidentielle de 2017 puis je te passe la main." Enfin, voir sa petite-fille adorée piquée par le virus de la politique le satisfait pleinement. Bref, dans le salon récemment décoré par Jany, Jean-Marie Le Pen et la députée conviennent d'annoncer leur décision rapidement. Dès lundi matin, c'est chose faite : le Menhir se retire et la fille de Yann Le Pen, âgée de seulement 25 ans, annonce sa candidature. Et tant pis pour le fidèle Bruno Gollnisch, qui aimerait lui aussi obtenir la tête de liste. Le candidat défait à la présidence du FN en 2011 se voit prié de rallier la candidature de Marion le Pen par le Menhir lui-même, "dans l'intérêt supérieur de la France". L'occasion de se souvenir de ce bon mot de Le Pen : "Le sort des dauphins est parfois de s'échouer."

Émancipation

Jean-Marie Le Pen voue une grande affection à sa petite-fille. "Marion a du talent, du charme. Son naturel est impressionnant. Elle ira très loin", a-t-il pour coutume de dire devant ses visiteurs. Mais la jeune femme fait tout pour ne pas apparaître comme la marionnette de Jean-Marie Le Pen. D'ailleurs, en son for intérieur, elle sait bien que pour lui (comme pour sa tante Marine), la politique passe avant la famille : ne l'a-t-il pas convaincue d'être candidate aux législatives en 2012 avant tout pour sauver son honneur, après la manipulation du cimetière de Carpentras ? "Je le sais bien ; il m'a un peu instrumentalisée", admet en privé celle qui reconnaît que son grand-père n'a jamais été très présent. D'ailleurs, Le Pen l'affirme sans détours : "Je n'ai jamais poussé mes filles à faire de la politique. En revanche, j'ai poussé Marion à être candidate, car j'ai pensé que son élection pourrait être l'occasion de prendre une légitime revanche." La benjamine du Palais-Bourbon affirme régulièrement ne pas être faite de ce bois-là. Après avoir vu la politique semer la zizanie dans sa famille, elle jure ne pas vouloir faire de la politique l'unique moteur de sa vie.

Vers l'exclusion de Le Pen ?

En renonçant à cette dernière bataille électorale, Jean-Marie Le Pen - qui estime toujours être un meilleur candidat que sa petite-fille - fait ainsi un pas vers la présidente du FN. En effet, la prétendante à l'Élysée a toujours jugé que Marion Maréchal-Le Pen était la seule à avoir une chance de déloger le socialiste Michel Vauzelle de la présidence de la région Paca et à tailler des croupières à l'UMP. Vendredi, le bureau politique devrait donc accorder sans grande surprise l'investiture à la députée contre Bruno Gollnisch, également candidat. En revêtant son costume de médiatrice, Marion Maréchal-Le Pen s'est fait violence. Jusqu'à présent, elle avait toujours rechigné à s'investir dans la vie de son parti. Cette fois, il y avait urgence. Cela suffira-t-il pour éviter l'exclusion de Jean-Marie Le Pen du FN ? La jeune femme l'espère. Le bureau exécutif qui se chargera d'instruire la procédure disciplinaire du président d'honneur aura lieu d'ici une dizaine de jours.






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