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DIPLOMATIE
Malgré leurs divergences, Merkel et Hollande ont prouvé
leur efficacité, estiment deux spécialistes des relations franco-allemandes...
Union
européenne: «Le couple franco-allemand sort renforcé de la crise grecque» (peut-être?)
C’est en petit
comité que les discussions sur un accord pour un nouveau plan d’aide à la
Grèce se sont poursuivies, dans la nuit de dimanche à lundi. Ils n’étaient
que quatre autour de la table : le président de la Commission
européenne Donald Tusk, le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le président
français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel. C’est dire l’importance du couple franco-allemand dans ces
négociations marathon. 20 Minutes a consulté deux
spécialistes des relations franco-allemandes pour décrypter le rôle de ce
binôme.
Un compromis « précieux
pour l’Europe »
Depuis le début des
négociations entre Athènes et la troïka (Banque centrale européenne, Fonds
monétaire international et la Commission européenne), l’Allemagne et la France
n’ont pas caché leurs désaccords. Outre-Rhin, Angela Merkel insistait sur la
confiance brisée entre Athènes et ses créanciers, n’excluant pas
une sortie de la zone euro pour la Grèce (Grexit), tandis que
l’Elysée s’y opposait fermement, appelant à la solidarité européenne.Paris et Berlin ont pourtant trouvé un consensus adopté à l’unanimité. « C’est le secret du couple franco-allemand : on arrive toujours à un compromis et c’est très précieux pour l’Europe », explique Ulrich Pfeil, professeur de civilisation allemande à l’Université de Lorraine-Metz.
Un « moteur » pour
l’Europe
Ce modus
operandi est caractéristique du binôme franco-allemand. « La
raison d’être de ce couple, c’est d’arriver à un compromis à partir de
positions a priori divergentes », analyse Hélène Miard
Delacroix, professeur à la Sorbonne (Paris-IV). Lors des négociations sur la
crise grecque, Paris et Berlin ont trouvé « un vrai
compromis. Chacun a fait un pas vers l’autre : pas de Grexit,
mais des contreparties très exigeantes pour la Grèce. »Les discussions bilatérales ont donné une nouvelle impulsion aux négociations avec les 19 membres de l’eurogroupe qui semblaient être dans une impasse. « C’est un signal politique fort, les partenaires se disent que si Paris et Berlin trouvent un terrain d’entente, un accord européen est donc possible », souligne la spécialiste des relations franco-allemandes. « Il y a une routine, une habitude de travailler à deux qui facilite ensuite un accord à plusieurs », renchérit Ulrich Pfeil.
Qui dit « couple »
n’exclut pas des divergences
Les germanophones
préfèrent d’ailleurs parler de « tandem » ou de « moteur »,
plutôt que de « couple ». La métaphore amoureuse est en effet
problématique, selon Hélène Miard Delacroix, car elle convoque une
« vision idéale et idyllique de deux êtres en symbiose, empruntant le même
chemin ». Or, les relations entre Paris et Berlin comportent des
frictions, des crispations. « Leur histoire est émaillée de
désaccords qui remontent à bien avant la signature du traité de l’Elysée [traité bilatéral signé en 1963] »,
rappelle Ulrich Pfeil.
Un intérêt commun et
pragmatique
Au-delà de la
dichotomie austérité-solidarité, c’est le pragmatisme qui a primé dans la crise
grecque selon les experts. « Sur ce dossier, l’Allemagne et la France ont
des intérêts communs : éviter l’explosion de la zone euro, tout en
ménageant leurs contribuables », en ces temps de morosité économique,
estime Hélène Miard Delacroix.« Angela Merkel ne voulait pas être responsable d’un Grexit qui aurait considérablement terni son image », alors que des élections législatives sont prévues en 2017, ajoute Ulrich Pfeil.
Deux personnalités
« compatibles »
François Hollande, en
jouant le rôle de médiateur entre les partisans d’une solution ferme
(Allemagne, Finlande, Slovaquie, entre autres) et la Grèce, « a été
l’homme de la synthèse », un trait de caractère qui fait bon ménage avec
« le pragmatisme allemand », observe Ulrich Pfeil. Sa personnalité,
« plus calme » que celle de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, serait plus compatible avec celle d’Angela
Merkel. La position de l’Elysée a même pu servir les intérêts de la
chancelière allemande, en apportant « un soutien à la chancelière,
réticente au Grexit défendu mordicus par le ministre des Finances Wolfgang
Schäuble », suggère Hélène Miard Delacroix.Le couple franco-allemand est donc « renforcé par la crise grecque », comme il l’avait déjà été lors de la crise ukrainienne ou après les attentats de janvier à Paris, considère Ulrich Pfeil.
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