Le Premier
ministre grec Alexis Tsipras au Parlement européen à Strasbourg (France), le 8
juillet
Monde
ANALYSE En proposant un nouveau plan
proche des mesures souhaitées par les dirigeants européens, le leader grec
donne l'impression de faire marche arrière...
Crise
grecque: Pourquoi Alexis Tsipras lâche-t-il du lest?
Parce
qu’il n’a pas le choix s’il veut éviter un Grexit
Pour les observateurs grecs
et étrangers, ce nouveau plan est une « victoire posthume du
oui ». Bien que les mesures d’austérité imposées par la troïka aient été
largement rejetées par les électeurs grecs, ce scrutin n’a pas
suffisamment infléchi la position des dirigeants européens. Si la Grèce ne
parvient pas rapidement à un accord avec ses créanciers, la BCE pourrait couper
le robinet des liquidités, ce qui porterait un coup fatal à une économie grecque
déjà agonisante. Une forme d’« asphyxie financière qui permet à l’UE
d’exercer une pression sur le gouvernement grec », estime l’économiste
Stavros Mavroudeas. D’où la marge de manœuvre très limitée d’Alexis Tsipras,
qui a fini par « capituler inconditionnellement » face aux exigences
de la troïka, en « trahissant les 61 % d’électeurs grecs qui se sont
exprimés démocratiquement il y a quelques jours ».Grèce : « Malgré la victoire du non, la marge de manœuvre de Tsipras est très faible »
Pour négocier de
meilleures contreparties financières ?
Pour l’économiste, ce nouveau
mémorandum est encore plus austère que le précédent. Il prévoit en effet des
économies supérieures au plan précédent, à hauteur de 13 milliards d’euros
au total. En échange, le gouvernement grec demande un financement sur trois ans
au Mécanisme européen de stabilité (MES).« Tsipras promet 4 à 5 milliards d’économies supplémentaires en échange d’une cinquantaine de milliards d’euros de financement », décrypte l’éditorialiste de Politico Ryan Heath.
Pour obtenir une restructuration de la
dette ?
Alexis Tsipras tenterait-il
également de faire preuve de bonne volonté pour obtenir en échange une
restructuration de la dette ? Le point n’est pas mentionné dans le
plan présenté jeudi par le gouvernement grec, mais il serait sur la table des
négociations selon
plusieurs sources, dont le conseiller
économique du gouvernement grec Daniel Munevar. Si les créanciers acceptaient
de restructurer la dette grecque, qui s’élève à 320 milliards
d’euros, cela constituerait une victoire importante pour le Premier ministre
grec.Dette de la Grèce : Combien doit Athènes, et à qui ?
Pour renforcer sa position politique ?
Selon le Guardian, Alexis Tispras
interpréterait le « non » de dimanche comme un renouvellement de son
mandat, qui le renforcerait dans sa capacité à prendre le « meilleur
parti » pour le pays. Le Premier ministre ne voulant pas prendre
l’initiative d’un Grexit, il fait donc des concessions importantes qui
risquent de provoquer quelques remous au sein de son parti Syriza.Avec ce nouveau plan, le chef du gouvernement s’assure toutefois le soutien d’une large majorité parlementaire. Les partis Nouvelle Démocratie (conservateur), To Potami (centre) et Pasok (socialistes), qui ont fait campagne pour le plan d’austérité de la troïka, devraient approuver ce nouveau plan vendredi soir lors de la session plénière à la Vouli (le Parlement grec). Seuls les députés communistes (15 sièges), le parti néonazi Aube dorée (17) devraient voter contre et quelques dissidents de Syriza pourraient s’abstenir.
À quoi joue le gouvernement grec ? Il y a une semaine, le Premier ministre Alexis Tsipras faisait campagne pour le référendum, appelant les Grecs à dire un « fier non » aux mesures d’austérité exigées par les créanciers. Après la très large victoire des « nonistes » le 5 juillet dernier, les négociations avec la troïka ont repris. Athènes a soumis jeudi soir un nouveau plan de réformes structurelles et de mesures budgétaires (à lire ici, en anglais), très proche du programme du 26 juin dernier (à lire ici, en anglais), que le leader grec avait pourtant décidé de soumettre à une consultation populaire. Pourquoi Alexis Tsipras fait-il marche arrière ?
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