lundi 7 septembre 2015

« La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf » F.Hollande va-t-il se relancer en expédition punitive en Syrie contre Daesh ?

Politique

ANALYSE Le président devrait annoncer lundi une intervention militaire en Syrie...

Pourquoi les habits de chef de guerre vont-ils si bien à François Hollande?

« Nous partons en guerre contre Daesh et Bachar al-Assad ». Voilà ce que pourrait annoncer François Hollande ce lundi, lors de sa sixième conférence de presse.
Le président devrait commencer par revenir sur le terrorisme qui menace chaque jour la France, sur l’échec de la coalition à faire reculer l’organisation Etat islamique (EI) au Moyen-Orient, sur le drame des migrants et la photo d’Aylan, petit Syrien de 3 ans, gisant sur une plage de Turquie, le visage enfoui dans le sable.
Il devrait ensuite dire qu’il est temps d’agir, temps de traiter le problème à la source, temps de lancer des opérations aériennes en Syrie. Il devrait enfin rappeler qu’il serait déjà intervenu dans ce pays il y a deux ans, s’il n’avait pas été lâché à la dernière minute par Barack Obama. Et s’il fait de telles annonces lundi, « l’effet sera positif dans les sondages », prédit Florian Silnicki, expert en stratégies de communication.

« Hollande se présidentialise »

La recette fonctionne à chaque fois. Le président n’a-t-il pas vu sa cote s’améliorer aussi soudainement que significativement après l’annonce d’une opération au Mali, en Centrafrique ou encore au sein de la coalition internationale ?
Mais pourquoi la guerre lui va-t-elle si bien ? « Elle ne sied pas seulement à François Hollande ! Les habits de chef militaire vont à tous les présidents de la République. François Mitterrand n’a jamais été aussi populaire que lorsqu’il a annoncé la guerre du Golfe », rappelle Christian Delporte, spécialiste d’histoire politique. Et d’ajouter : « Hollande n’est pas le président qui porte le mieux les habits de chef de guerre, mais il est celui qui en a le plus besoin, parce qu’il est le seul chef d’Etat de la Ve République à être perçu comme étant indécis ».
« Les Français ont du mal à attribuer à François Hollande les qualités prêtées au président de la République, mais en prenant une décision et en se montrant à l’initiative d’une action, il se présidentialise », confirme Florian Silnicki. Et puis, « une guerre réveille le sentiment patriotique et le besoin de se rassembler derrière le chef de l’Etat. L’annonce d’une intervention redonne aussi de l’importance à la place occupée par la France dans le monde et rappelle à tous la responsabilité militaire de notre pays », détaille Christian Delporte.
S’il fut une époque où les Français se réjouissaient de ne pas prendre part à un conflit – celui opposant les Etats-Unis à l’Irak - « là, c’est différent : Daesh a déclaré la guerre à la France, la menace terroriste est permanente », analyse Christian Delporte.

« En termes de politique intérieure, il a peu de choses à proposer »

Autre argument en faveur du chef de l’Etat : « L’hostilité des Français à accueillir des réfugiés. Si François Hollande explique qu’intervenir là-bas permettra de limiter le flux de migrants débarquant en Europe, l’opinion sera rassurée », estime Florian Silnicki. Comme le résume Christian Delporte, « les Français de gauche approuveront les frappes en Syrie pour des raisons humanitaires et ceux de droite, par peur de l’islam et du terrorisme ».
Si François Hollande « ne lance pas cette guerre pour des questions de communication » selon Christian Delporte, l’intervention tombe à brûle-pourpoint, « puisqu’en termes de politique intérieure, il a peu de choses à proposer ». Lundi, il évoquera en la matière seulement deux choses : une nouvelle baisse des impôts, limitée et réservée aux plus modestes, et une réforme du droit du travail, peu à même de séduire son électorat de gauche.
Pour autant, l’annonce d’une intervention en Syrie n’infléchira pas la courbe de sa popularité à long terme, assure Christian Delporte : « Au final, un président est toujours jugé sur sa gestion des questions intérieures, et notamment économiques ». Terrorisme ou pas, le chômage restera jusqu’en 2017 son principal ennemi.
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