Jacqueline
Sauvage : la presse rend grâce à "François le Juste"
Les éditorialistes saluent
François Hollande qui, malgré ses réserves sur le droit de grâce, l'a utilisé
pour dénouer une situation devenue inhumaine.
François HOLLANDEpeut apprécier en cette fin d'année un moment tout à fait exceptionnel : la presse lui tresse ce jeudi des lauriers pour avoir pris la décision de gracier Jacqueline Sauvage, qui a pu sortir mercredi soir de sa prison après plus de quatre années passées derrière les barreaux. Mercredi déjà, la classe politique saluait, dans une rare unanimité, la décision du chef de l'État. Ce jeudi matin, ce sont donc les éditorialistes qui louent « François le Juste ».
La place de Jacqueline Sauvage n'était
plus en prison.
Ainsi de Bruno Mège, de La Montagne : « Adieu le Culbuto, voici François le Juste, qui a bien fait d'user du droit de grâce qu'il voulait supprimer il y a dix ans ! » se réjouit-il. « Certes, écrit-il, il se trouve des esprits chagrins, essentiellement dans la magistrature et chez les spécialistes du droit pénal, pour expliquer que le président vient de bafouer à la fois la séparation des pouvoirs et deux verdicts successifs de jurys populaires, et que cette grâce totale est une incitation pour les femmes battues à occire leur tortionnaire. » Mais cette perspective n'effraie pas l'éditorialiste. « Il est grand temps que la peur, dans ces affreuses affaires, soit aussi dans le camp du bourreau. La décision d'hier y contribue », poursuit-il.
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Dans Le Parisien-Aujourd'hui en France, Jean-Marie Montali crie « Justice » dès le titre de son éditorial. Et justifie pleinement la grâce, malgré les décisions de deux cours d'assises : Si les juges « ont condamné Jacqueline Sauvage à dix ans de prison, c'est qu'ils avaient sans doute de bonnes raisons de le faire, dont évidemment le meurtre de son mari de trois balles dans le dos, concède-t-il. On comprend mal, en revanche, leur refus de la libérer au prétexte qu'elle se considérait davantage victime que coupable ».
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Demi-mesure
Dans la La Voix du Nord, Matthieu Verrier analyse cette grâce, geste politique qui conclut une affaire qui « depuis longtemps (...) a quitté la rubrique des faits divers » pour devenir « presque entièrement politique ». « La condamnée est devenue un symbole, celui des violences conjugales, des femmes sous l'emprise d'un mari bourreau ou encore d'une légitime défense que certains voudraient élargir grandement. Tout comme le meurtre était présenté comme la seule issue possible au calvaire de cette femme battue, la grâce est devenue la seule option politique. Hollande érige ainsi le symbole de sa propre compassion, qui demeure un devoir et un pouvoir du président français », explique-t-il.
Jean Levallois note, quant à lui, dans La Presse de la Manche que les réticences de François Hollande « en début de mandat à l'égard du droit de grâce et finalement la demi-mesure prise déjà à l'égard de madame Jacqueline Sauvage, en lui accordant une grâce partielle, n'ont fait que compliquer la situation en provoquant un raidissement de la magistrature ». Et de conclure que « c'est donc après avoir renoncé à une nouvelle candidature en 2017 que François Hollande s'installe complètement dans sa fonction présidentielle ».
Comme lui, Yolande Baldeweck salue dans L'Alsace la grâce totale en rappelant que la demi-mesure précédente avait mené Jacqueline Sauvage dans l'impasse sans aucun bénéfice ni pour le président ni pour la justice : « On ne peut que saluer ce geste d'humanité d'un président qui avait longtemps dénoncé ce droit comme étant le fait du prince. Mais il lui a bien fallu se rendre compte que la grâce partielle, décidée en janvier, n'avait fait qu'aggraver la situation de Jacqueline Sauvage. Sans forcément lui valoir l'approbation d'une partie de la magistrature, qui conteste l'opportunité laissée au politique de remettre en cause l'autorité de la chose jugée. »
Incompréhension
Même analyse de Philippe Marcacci qui juge dans L'Est républicain qu'en accordant une grâce totale François Hollande a peut-être « forcé sa nature » : « Car, en début d'année, François Hollande n'avait accordé qu'une grâce partielle. Par cette demi-mesure, il ne semblait manier que du bout des doigts le privilège quasi monarchique dont hérite tout président de la Ve République. Comme si sa conception du pouvoir lui imposait de laisser une chance à la justice de passer avant lui. »
Et de juger - à son tour - que cette grâce, « qui ne s'apparente pas à un droit de tuer, reconnaît avant tout une souffrance. Elle pose une barrière. Elle désigne le bourreau et la victime ».
Éric Marty juge cette grâce « enfin juste ». Sans le moindre « bénéfice personnel pour le président » : « Elle n'a pas empêché la justice de s'exercer ; elle apaise les victimes et elle permettra de réfléchir au secours à apporter à ces femmes piégées par l'emprise de la violence. » Car là est l'urgence désormais, selon Christophe Bonnefoy dans Le Journal de la Haute-Marne : « Considérer un fait de société qui chaque année fait des milliers de victimes. Et pas parmi ceux qui donnent les coups... »
La seule réserve émane de Xavier Brouet, du Républicain lorrain, qui note que cette affaire et son épilogue traduisent le fossé qui se creuse entre la soif de justice de l'opinion publique et l'institution qui est censée la rendre. Et de rapprocher le cas de Jacqueline Sauvage de celui de Christine Lagarde. « Une autre campagne mobilise depuis quelques jours plus de 200 000 [signatures] en faveur d'un vrai procès pour Christine Lagarde reconnue coupable de négligence mais dispensée de peine. Aussi éloignées soient-elles, ces deux affaires ont en commun le mélange des genres et l'incompréhension que leur traitement suscite au sein d'une opinion de plus en plus exigeante en matière d'équité. Droit de grâce ou Cour de justice de la République... Gare à ne pas désespérer le justiciable en renforçant son impression d'une justice à géométrie variable. »
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Pourquoi cette tergiversation et mauvais
suspense inqualifiable de ce président indécis, ce droit de grâce (réminiscence de l’ancien régime et de nos
monarchies) est bien sûr à utiliser rarement, mais il existe et dans des
cas particulier notamment par souci d’humanité !
Çà été laborieux, mais il a cédé sous la
pression peut être pour ne pas encore donner une plus mauvaise image de lui,
mais il paie sa précédente indécision avec cette demi grâce qu’il avait
accordée, cela représente bien son personnage hésitant à l'image de son
quinquennat médiocre!
Notre justice qui est quelque fois trop
rigide ou pas assez sévère selon le cas, comme on le voit souvent se réfugiant
comme ça l’arrange derrière des codes pénaux juridiques par des fonctionnaires
bornés a été désavouée par la population et indirectement par le président qui
était gêné de le faire pour ne pas vexer ces magistrats et leur caste à réformer
disposant de trop de pouvoir, d’où ses hésitations !
Les Français réclament une justice forte
peut-être, mais surtout plus adaptée à la cause jugée et avec des peines plus sévères
quand il le faut, dans ce cas-là, elle n’était pas à la hauteur et en plus représente
un mal que subissent trop de femmes battues voir tuées sous les coups de leurs
maris ou compagnons, il est temps que cela change au XXI eme que l’on dit innovant
et moderne dans notre pays donneur de leçons !
JDECLEF 29/12/2016 10H50 LP
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