samedi 7 janvier 2017

Arrêtons d’en faire un peu (trop) avec les religions quel qu’elles soient, il a droit de croire à ce qu’il veut, mais ne pas mélanger cela avec la politique de notre pays ni faire du prosélytisme !

"Que Fillon se dise catholique ne fait pas de lui un pestiféré !"


Faut-il s'inquiéter de voir les catholiques s'affirmer dans le débat public ? Réponse de l'écrivain François Taillandier, qui se revendique chrétien.

Les catholiques donnent de nouveau de la voix dans le débat public et certains politiques revendiquent ouvertement leur foi. C'est le cas de François Fillon. Mardi, le candidat de la droite à la présidentielle s'est dit « chrétien », avant de s'attirer les foudres notamment d'Henri Guaino (« une erreur, voire une faute ») et de François Bayrou (« une dérive »). Romancier, esprit libre et chrétien revendiqué, François Taillandier, qui a publié l'été dernier Jésus (Perrin), suit les joutes avec un regard acéré. Entretien.
François Taillandier : C'est ridicule. Ce n'est pas un scoop, il n'en a jamais fait mystère, et il n'est ni le seul ni le premier homme politique à aller à la messe ! Je comprends que l'on ne soit pas d'accord avec son programme, mais pourquoi aller le chercher sur ce terrain ? Est-ce que cela en fait un pestiféré ?
« Jésus revient », comme le titrait le quotidien Libération entre les deux tours de la primaire de la droite ?
Libé a le droit de ne pas aimer les religions (notamment celle-là)… et le droit aussi de proférer de telles conneries. Mais nous ne sommes pas menacés par la réaction cléricale ! C'est le symptôme d'une gauche idéologique qui perd les pédales et cherche à fabriquer un épouvantail. Cela dit, n'en faisons pas un drame. Il existe dans la société française une opinion hostile au catholicisme, mais, quand j'entends certains catholiques parler de « cathophobie », cela me fait plutôt rire. En 1905, c'était bien autre chose ! On se calme, s'il vous plaît, de part et d'autre.
On entend beaucoup dire quand même que la France est en train de (re)devenir réactionnaire. Qu'en pensez-vous ?
D'un point de vue électoral, il y a une poussée vers la droite, c'est une évidence. Et François Hollande a très fortement déçu ses électeurs… Il y a aussi une inquiétude d'ensemble qui pousse beaucoup de Français à en appeler aux traditions, à invoquer l'identité sans bien savoir, d'ailleurs, de quoi ils parlent. Il n'est pas illégitime de s'interroger sur la connaissance de notre histoire, sur la transmission, sur l'avenir de notre langue. Ni d'en appeler à une autorité plus carrée à l'école, à des valeurs d'enseignement plus classiques, etc. En négligeant ou en ridiculisant l'attachement à la nation, le sentiment d'enracinement et d'appartenance, on les a offerts sur un plateau à une droite obtuse ou extrême.
Les évêques ne sont pas des boutefeux. Ils ne cherchent pas à occuper des positions de pouvoir.
Comprenez-vous que la scène politico-médiatique soit autant occupée par le débat sur l'IVG ?
Je crois surtout que le problème est mal posé. Personnellement, je suis totalement favorable à la loi Veil, mais, dans un pays où l'information sexuelle et la contraception sont largement accessibles, nous en sommes à 200 000 avortements par an. On ne peut pas se satisfaire d'une telle réalité. Ce n'est pas parce que l'IVG est un droit (et je répète que c'est une bonne chose) qu'elle est un bienfait pour les femmes qui y recourent… L'idéal serait de tendre vers une situation où le nombre d'IVG serait en baisse. Les gouvernements – de droite comme de gauche – n'ont jamais cherché à aller plus loin dans la prévention. En revanche, quand l'Église condamne à la fois l'IVG et la contraception, il y a quelque chose qui ne va pas ! Le pape Paul VI s'est trompé sur ce sujet, à mon avis, dans sa célèbre encyclique Humanæ vitæ.
Les évêques, dont la lettre récente sur l'engagement est un succès éditorial, doivent-ils se mêler de la politique ?
Les évêques ne sont pas des boutefeux. Ils ne cherchent pas à occuper des positions de pouvoir, ils donnent leur avis, et de façon plutôt mesurée. Ils sont légitimes à intervenir sur des valeurs morales, et personne n'est obligé de leur obéir ! On leur a reproché de protester contre l'extension du « délit d'entrave à l'IVG », nouvellement voté, mais, sincèrement, je ne vois pas où est le problème : il est normal qu'ils soient réticents sur un tel sujet.
Le triomphe électoral de François Fillon à la primaire de la droite est-il dû, selon vous, à la mobilisation catholique ?
Je ne pense pas que ce facteur soit décisif. Il est certain qu'il existe une France catholique conservatrice, mais je ne suis pas sûr qu'elle explique à elle seule le mouvement de la droite vers Fillon.
À elle seule, non (le mouvement est plus large), mais les constantes historiques de la France de l'Ouest analysées par André Siegfried continuent tout de même de peser, et ont caractérisé le vote…
Je ne suis pas un expert en matière de géographie électorale... Mais, si l'on postule qu'une telle constante existe, on reconnaît qu'elle n'est pas nouvelle. Pourquoi jouerait-elle davantage aujourd'hui ? Le seul fait, c'est que François Fillon met volontiers en avant son enracinement régional. C'est ce qu'ont fait à peu près tous les présidents ou candidats au poste, hormis peut-être Nicolas Sarkozy. Les territoires de l'Ouest raniment toujours chez les Français un vague souvenir de la Vendée et des chouans... Vision assez simpliste issue d'une historiographie IIIe République qu'il faudrait réévaluer.
Le vote catholique existe-t-il ?
Les chiffres indiquent, je crois, que les catholiques revendiqués votent plutôt à droite… Mais, que Libé se rassure, ils sont de moins en moins nombreux  ! Je ne crois pas à un réveil catholique en France. Du moins, sur le terrain politique. Pour l'enseignement privé en 1984, récemment contre le mariage gay, une frange traditionnelle catholique s'est mobilisée, mais c'est arrivé deux fois en trente ans. Il est, par contre, indéniable que renaît aujourd'hui un identitarisme ou un communautarisme chez les catholiques – au même titre qu'un identitarisme musulman. J'ai une sainte horreur de ceux qui se mettent sous la bannière de « la France catholique », je ne vois pas comment on peut mélanger ces deux termes, qui correspondent à deux appartenances distinctes. Je vous le dis franchement : les catholiques qui font cet amalgame m'emmerdent !
Pourquoi ?
Mais parce que cette attitude est en contradiction avec le message de Jésus, qui vise l'universel. Ces catholiques-là s'en réfèrent à une France chrétienne idéalisée qui serait menacée par je ne sais qui… Je me rappelle cette pétition qui avait été lancée il y a quelque temps, « Touche pas à mon église ! » On me l'a proposée, j'ai refusé de la signer. Moi aussi, je suis très attaché à nos clochers de village, mais ça, c'est culturel. Jésus ne nous a pas demandé de construire des chapelles romanes. Il ne faut pas se tromper de combat. Sur cette question, je recommande l'essai d'Erwan Le Morhedec Identitaires : le mauvais génie du christianisme (à paraître le 13 janvier aux éditions du Cerf). Maintenant, ces catholiques identitaires ont aussi le droit d'exister. Ils font partie de notre chère « diversité », comme M. Joffrin et ses lecteurs (rires).
En clair, la Manif pour tous, ce n'est pas votre truc ?
Au fond, je ne vois pas pourquoi des catholiques se sont mêlés de cette affaire, qui concerne le mariage civil. Pour la PMA et la GPA, c'est autre chose : moi, je suis contre. La loi n'est pas là pour répondre au désir d'enfant des uns et des autres. Mais je ne suis pas hostile à l'adoption. Qu'un enfant soit élevé par un couple homosexuel, je ne vois pas où est le problème. À condition qu'on ne lui fasse pas croire qu'il a deux papas ou deux mamans. Parce que ce n'est pas vrai. Un enfant n'a pas nécessairement besoin d'un papa et d'une maman, comme le disaient les gens de la Manif pour tous, mais tous les enfants ont un père et une mère ; ils ont le droit de savoir qui c'est. Toutes ces questions concernent peu de monde. Les mariages gay, les adoptions d'enfants par des couples homos, combien de divisions ? Pourquoi ces sujets occupent-ils autant le débat public et sont-ils aussi sensibles ? En fait, je pense que d'autres enjeux, dans chaque camp, sont à l'œuvre pour mobiliser autant. Lesquels ? Je ne les identifie pas précisément.
C’est sans doute dommage qu’il n’y ait pas une grande voix chrétienne, ouverte, libre, qui ait une visibilité médiatique.
Le rapport à l'islam est-il aujourd'hui un élément fédérateur pour les catholiques ?
L'islam suscite des réactions pour trois raisons : on le connaît très mal, c'est un phénomène récent et numériquement important en France et il est associé au niveau mondial à du terrorisme. Il ne faut donc pas s'étonner qu'il suscite des réflexes identitaires, surtout après une atrocité comme l'assassinat du père Hamel. Mais il n'y a pas eu de réaction violente comme on aurait pu le craindre – et c'est heureux. Cela dit, nous ne sommes pas sortis de l'auberge. On a créé une république laïque pour écarter les religions, et maintenant on attend de cette république qu'elle en intègre une nouvelle : c'est un paradoxe total ! J'ajoute que l'Église catholique recherche plutôt le dialogue, non ?
Pourquoi les intellectuels catholiques ont-ils déserté la bataille des idées ?
Oui, c'est étrange dans le pays de Péguy, Claudel, Bernanos, Mauriac… Il n'y a plus l'équivalent aujourd'hui. Les catholiques existent dans le milieu intellectuel et médiatique, mais ils n'éprouvent pas le besoin de l'exprimer sur l'agora. C'est sans doute dommage qu'il n'y ait pas une grande voix chrétienne, ouverte, libre, qui ait une visibilité médiatique. J'ai une immense admiration pour François Mauriac parce qu'il a assumé ce rôle, et dans la liberté, sans avoir peur de heurter les fidèles de sa paroisse ! Il nous faudrait peut-être cela, un nouveau Mauriac. Libre de toute inféodation…
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Il y en a d’autres comme lui qui ont déclaré leurs croyances, comme par exemple F.BAYROU notamment, « le prêchi prêcha » professeur donneur de leçon que l’on verrait bien dans les ordres et qui critique F.FILLON en plus (lol) !

Et puis ceux aussi anti clérical, ou athée dans ce pays qui se veut laïc et qui a séparé les religions de l’état, ce qui est bien d’ailleurs !
Si l’on veut que certaines religions ne prennent pas le pas sur celles ancestrales de notre pays de par notre culture et histoire, il faut être strict avec les lois en vigueur sans dérogations, ni passe-droit dans l’exercice des cultes en dehors des domaines privés !

Et donc que nos politiciens ou dirigeants gardent pour eux leurs croyances sans les afficher ostensiblement !

(Et attention n’y a-t-il pas plus faux jetons que des bigots ?!)
Jdeclef 07/01/2017 12h18

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