Laurent
Neumann - Faisons table rase
Cette
campagne présidentielle est tellement singulière qu'il faut sans doute partir
d'une page blanche. Emmanuel Macron en est le symbole.
Journalistes
politiques, sondeurs, politologues ou simples observateurs de la chose
publique, oublions tout ce que l'histoire de la Ve République nous a enseigné.
Oublions tout ce que nous avons lu, vu et appris. Débarrassons-nous de tous ces
invariants structurels de la politique qui obscurcissent le jugement et,
surtout, disons bien que nous ne savons pas.Il était écrit que cette campagne présidentielle ne ressemblerait à aucune autre – c'est même ce qui la rend aussi incertaine et donc passionnante ! Pas seulement parce qu'elle est la première à se dérouler sous état d'urgence et menace terroriste maximale. Pas seulement parce qu'autour de nous, le monde bascule dans l'inconnu : Trump superstar, Poutine super tsar, Brexit, montée des extrémismes sur le Vieux Continent, Union européenne en voie de dislocation… De tout ce que l'on croyait savoir, il faut sans doute faire table rase pour tenter de comprendre pourquoi rien ne se passe comme prévu. Bref, partir d'une page blanche.
Une
campagne singulière, une issue imprédictible
L'issue
de la présidentielle 2017 est imprédictible. Pire : elle est insondable. Par
certains aspects, elle défie même l'entendement. D'aucuns en usent d'ailleurs,
en abusent même. Qui avait prévu qu'une palanquée de responsables politiques,
et non des moindres – François
Hollande, Nicolas
Sarkozy, Alain
Juppé, Cécile Duflot… –, seraient ainsi remerciés, renvoyés,
quasiment licenciés ? Qui avait anticipé que, pour la première fois, un
chef d'État en exercice ne serait même pas en mesure de briguer un second
mandat ? Qui avait parié que François Fillon
– que personne n'avait calculé, ni lui ni son programme – porterait les
couleurs de la droite ? Qui avait présagé qu'à la primaire de la gauche,
l'expérience du pouvoir, la capacité à exercer la fonction de président de la
République ne constitueraient même pas un avantage concurrentiel
suffisant ? Qui avait imaginé que deux impétrants refusant de se plier à
l'exercice de la primaire – Jean-Luc Mélenchon
et Emmanuel Macron – seraient jugés plus légitimes que des candidats désignés
par des millions d'électeurs ? Cette campagne est tellement singulière que
certains envisagent même que le candidat officiel du PS (et de ses alliés)
pourrait finalement se désister, qui au profit de Mélenchon, qui en faveur de
Macron !Qui aurait deviné que, dans l'esprit de certains « hollandais », Manuel Valls, pourtant loyal jusqu'au bout au chef de l'État, passerait pour le traître, tandis qu'Emmanuel Macron, parti en campagne contre le président de la République dès le mois d'avril alors qu'il était encore à Bercy, serait absous ? Que Jean-Luc Bennahmias serait candidat à l'élection présidentielle ? Que Vincent Peillon, après plus de deux ans d'absence, le serait aussi ? Que Benoît Hamon – auquel, l'été dernier, Arnaud Montebourg demandait de renoncer à sa candidature – avait toutes ses chances ? Qui aurait imaginé que, dans la cuisine médiatique, la farine reçue par Manuel Valls compterait plus que les œufs adressés voici quelques mois à Emmanuel Macron ?
À bien des égards, Emmanuel Macron est le symbole même de la singularité de cette élection présidentielle. Là encore, partir d'une page blanche. Il a des idées, certes, mais à deux mois et demi du premier tour, il n'a toujours pas de programme ? Pas grave. Il est bien jeune – quarante ans tout de même – pour affronter les grands leaders de la planète ? Tant mieux, il incarne ainsi le renouveau et l'espoir de changement. Il n'a ni mandat électif ni même l'expérience d'une campagne électorale ? Oui, et c'est un atout. Il n'a pas de parti derrière lui ? C'est une chance, les partis sont démonétisés. Incarnation des élites à la française, il se présente néanmoins en candidat antisystème ? Oui, mais lui, on le croit. Il parle beaucoup d'économie, mais bien peu des questions régaliennes ? Il n'y a pas que la sécurité dans la vie ! Sa vision libérale rebute une grande majorité de Français ? Oui, mais il y ajoute une pincée de social qui fait défaut à Fillon… Voilà, résumés à gros traits, les paradoxes apparents d'une indiscutable percée sondagière et d'un état de grâce médiatique inégalé.
Macron
face aux questions
Mais
pour Emmanuel Macron, le plus dur commence le 29 janvier, lorsque sera enfin
connu le vainqueur de la primaire de la gauche. Pour lui, c'est sûr, mieux
vaudrait Benoît Hamon ou Arnaud Montebourg que Manuel Valls. Mais surtout, à
partir de cet instant, il devra répondre aux mêmes questions que les autres
candidats et, plus encore, débattre avec eux. Que propose-t-il concrètement
contre le chômage et pour le pouvoir d'achat ? Quel est son programme
précis pour assurer la sécurité des Français ? Quelle politique en matière
d'immigration, de santé, de protection sociale ? Quid des impôts, du droit
du travail, des 35 heures, de l'école, de l'hôpital, des quartiers
difficiles ? Que compte-t-il faire en matière de police, de justice ?
Construire des prisons ou pas ? Sortir de l'état d'urgence, ou pas ?
Supprimer des postes de fonctionnaires ou pas ? Réduire la dette et les
déficits ou pas – et si oui, comment ? Évacuer la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes, ou non ? Quelle est sa vision du rôle diplomatique
et militaire de la France ? Que dire à Poutine et à Bachar el-Assad ?
Que faire avec Erdogan ? Quelle Europe veut-il ? Quelle
laïcité ? Quelles institutions ? Quelle démocratie rénovée ?
Comment pense-t-il lutter contre le terrorisme et le fondamentalisme islamiste,
à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières ? Que veut-il
faire de ces djihadistes français qui s'apprêtent à revenir de Syrie ou
d'Irak ? Maintenir nos troupes au Mali et au Sahel, ou pas ? Quel
président serait-il, jupitérien ou omniprésent ? Avec quelle majorité
gouvernerait-il ? Majorité de gouvernement ou majorités de projets ?Toutes questions auxquelles les autres candidats sont, chaque jour et depuis des mois, sommés de répondre, mais dont, jusqu'à présent, il est exempté.
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Et cela
ne sert à rien de changer les noms de ces partis pour essayer de faire du neuf (comme UMP en LR par exemple) car on
retrouve les mêmes encartés au sein de ceux-ci !
Lors des
campagnes pour les élections à la présidence de notre pays grâce à N.SARKOZY
admiratif de la culture des USA a créé l’idée de ces primaires et a été piégé
par mimétisme à son propre jeu car rejeté par une majorité de français pour
retrouver comme leader de son parti et candidat à la prochaine présidentielle
son ex 1er ministre qu’il avait traité comme un lampiste larbin à
son service !
On a donc
ajouté encore une couche avec ces primaires pourquoi faire simple quand on peut
faire compliqué !
Car en
fait, cela n’empêche pas les candidats libres hors primaires, de se présenter
car nous sommes encore un pays libre et démocratique, comme justement cet
électron libre E.MACRON qui n’est pas le « messie »
mais qui représente la nouveauté et nous change de la kyrielle des candidats
médiocres de tous bords que l’on revoit tous les 5 ans avec leurs promesses
fumeuses souvent non suivi d’effet !
Et une
alternance débile qui sépare les français en deux, alors ils seraient déjà bien
que les médias et sondages orientés cessent de juger ou jouer aux faiseurs de
rois et laissent voter nos concitoyens sereinement, comme ils le veulent en
espérant qu’ils réfléchissent pour une fois et sortent de leur conservatisme
qui profite aux nantis et bien sûr à ces politiciens et leurs avantages !
JDECLEF
22/01/2017 10h53
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