Comment Macron fait la guerre
Sécurité intérieure, défense extérieure, lutte contre le
terrorisme : tout se décide chaque mercredi matin, dans un bunker sous
l'Élysée.
C'est
l'une des innovations de la présidence Macron : tous les mercredis matin, à 9 heures,
le président de la République descend sous terre pour la réunion du Conseil de
défense et de sécurité nationale associant les principaux ministres régaliens
et les plus hauts fonctionnaires chargés de la sécurité intérieure et
extérieure du pays. Avant lui, la régularité n'était pas de mise. Désormais,
elle est immuable : durant une heure, avant chaque conseil des ministres, le
président discute en comité resserré (le « conseil restreint ») des sujets les
plus brûlants du champ sécuritaire : programmation militaire et de sécurité
intérieure, sécurité économique, énergétique et cybernétique, lutte contre le
terrorisme, ventes d'armes, planification de réponse aux crises, opérations
militaires en cours ou à venir.
Les réunions se tiennent dans un petit bunker aménagé sous le
palais par Valéry
Giscard d'Estaing. Son nom ? PC
Jupiter. C'est une salle « sourde » inaccessible aux interceptions et, en même
temps, un poste de commandement militaire équipé pour transmettre les ordres
présidentiels, y compris celui du feu nucléaire. Modernisé à la fin du
quinquennat Hollande, le PC Jupiter est impénétrable pour toute personne non
habilitée : les discussions qui s'y tiennent et les décisions qui en sortent
sont affectées d'une classification spéciale, intitulée « Très Secret Conseil
». Le président ne badine pas avec la confidentialité : avant la réunion, les
participants doivent se dessaisir de leurs téléphones portables ! « Il respecte
la sécurité de manière impeccable, note un participant très à cheval sur le
sujet. Le PC Jupiter, c'est son choix : avant lui, les réunions se tenaient
dans le salon Vert, mitoyen du bureau présidentiel », moins protégé.
Frappes
Les photos prises dans ce lieu sont extrêmement rares, mais Emmanuel Macron a fait
diffuser des images liées à l'opération Hamilton contre la Syrie, dans la nuit du 13 au 14
avril. On voit le président lors d'une première réunion gérée par la secrétaire
générale de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), Claire Landais,
pour finaliser les frappes. Une deuxième réunion, dont le président a tweeté
les images à 4 h 07 du matin le 14 avril, le montre entouré de ses plus proches
collaborateurs, alors que les frappes viennent d'être effectuées.
Dans sa composition plénière, ce conseil réunit autour du
président de la République le Premier ministre, Édouard Philippe, les
ministres de l'Intérieur, Gérard Collomb, des Armées, Florence Parly, de
l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, de l'économie, Bruno
Le Maire, et de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin. Ces deux
derniers responsables ne participent pas régulièrement au conseil restreint.
Selon les besoins et au cas par cas, n'importe quel autre membre du
gouvernement peut y être invité, en fonction des sujets traités. De plus, deux
formations spécialisées du Conseil de défense et de sécurité nationale peuvent
être convoquées par le président de la République : le Conseil des armements
nucléaires et le Conseil national du renseignement. En février, le gouvernement
a annoncé que le Conseil de défense se réunirait également en « formation
économique », pour traiter les points relatifs à la sécurité des entreprises
stratégiques.
À ces personnalités politiques sont associés des fonctionnaires.
Le chef de l'état-major particulier de la présidence, l'amiral Bernard Rogel, y
est présent chaque fois. Le chef d'état-major des armées, François Lecointre, y
a son siège. Sa présence est d'autant plus nécessaire que bien souvent c'est
lui qui devra mettre les décisions en œuvre ! Bien qu'introuvable sur les
photos, sauf une prise par Soazig de La Moissonnière, la photographe attitrée
de l'Élysée, où on distingue son reflet dans un miroir, le patron de la DGSE,
Bernard Emié, fait partie des habitués. Mais attention, on ne badine pas avec
le secret : si un sujet abordé se trouve hors du champ de compétence d'un
participant, il entre après la discussion, ou sort avant… L'objectif de ces
mesures est aussi précis que la cible d'un missile : « On est dans le saint des
saints. Rien ne fuite. Un communiqué, à la rigueur. Mais pas un mot sur les
débats. »
La
messe est dite
L'un des tout premiers conseils de défense d'Emmanuel Macron est
marqué d'une pierre blanche, ou noire, selon le point de vue. Il se tient le 12
juillet 2017 à l'Élysée et finalise les choix présidentiels, notamment
budgétaires, sur la loi de programmation militaire 2019-2025. Le général Pierre
de Villiers, chef d'état-major des armées, conteste ces options. Il le dit
devant le président de la République et le répète en termes crus (« Je ne me
laisserai pas baiser comme ça ») le jour même devant les députés de la
commission de la Défense de l'Assemblée.
La très violente riposte verbale du chef de l'Etat, le lendemain
devant le front des troupes, fut à la hauteur du malentendu : Emmanuel Macron
s'étant exprimé en conseil de défense et ayant de ce fait inscrit ses choix
dans le marbre, estimait que le débat était clos : « J'ai pris des engagements,
je suis votre chef. Les engagements que je prends devant les concitoyens,
devant les armées, je sais les tenir et je n'ai à cet égard besoin de nulle
pression, de nul commentaire. » La messe avait été dite au PC Jupiter. La
sacralisation définitive des options présidentielles, à l'Élysée, n'avait donc
pas à attendre la fin d'un processus parlementaire qui ne s'est d'ailleurs
achevé qu'au bout d'un an, le 27 juin 2018. Pierre de Villiers en a pris acte,
en démissionnant de lui-même avant d'être démis. C'est ainsi : en matière de
défense, le chef, c'est Macron.
Et pour les militaires qui seraient tentés de l'oublier, rappelons
qu'il promeut et nomme personnellement par décret tous les officiers quel que
soit leur grade, les généraux étant nommés en conseil des ministres. Le
président attribue de même les postes à responsabilités. À la tête d'un
régiment, aux commandes d'un navire ou d'une unité aérienne, chaque titulaire
reçoit sa « lettre de commandement » procédant du président de la République.
Qui peut la retirer tout aussi vite. Cela crée du lien…
Triés
sur le volet
Dans le cercle rapproché des membres du conseil restreint de
défense, la confiance présidentielle n'est pas une option. Chaque personne a
été nommée à son poste par Emmanuel Macron : l'une d'entre elles marque encore
son étonnement : « Ma convocation pour un entretien avec le président est
intervenue après ma nomination. Il reçoit les gens qu'il nomme. Je faisais
partie de ceux dont le nom avait circulé, mais je me suis bien rendu compte que
je n'avais pas été choisi par hasard. Quinze ou vingt personnes me connaissant
avaient été interrogées. Cocher telle ou telle case ou être le copain de Jules,
ce n'était pas suffisant. Le président s'était assuré de ma vision des choses
et de mes compétences, mais pas seulement ! Il voulait aussi que je sois
compatible avec ses collaborateurs, qu'il n'y aurait pas de balle perdue… »
Ces principes ont prévalu lors de la nomination inattendue d'un
fonctionnaire clé à l'importance grandissante dans le dispositif sécuritaire
rassemblé par Emmanuel Macron : le préfet Pierre de Bousquet de Florian. Ancien
directeur du contre-espionnage (DST), il a été appelé le 29 juin 2017 pour
devenir coordonnateur national du renseignement. Il s'est rapidement vu
associer une fonction supplémentaire créée par le président, celle de directeur
du nouveau Centre national du contre-terrorisme. Un expert affûté de la
macronie a saisi le sens de cette reconfiguration : « Macron veut quetous les
services de la communauté du renseignement se parlent tout le temps. Quitte à
changer les gens qui ne le feraient pas. Il a parfaitement compris qu'avant les
services gagnaient leur pouvoir en conservant l'info pour leur propre usage.
Aujourd'hui, il faut la mettre sur la table, le plus vite possible ! » Le
dispositif actuel est une conséquence de la terrible succession d'attentats
terroristes particulièrement meutriers (Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, le 7 janvier 2015 ;
le Bataclan et ses environs, le 13 novembre 2015 ; la promenade des Anglais à
Nice, le 14 juillet 2016).
Sous la contrainte de ces événements « intérieurs » et dans la
crainte qu'ils se reproduisent dans un contexte international chaotique,
Emmanuel Macron a établi dans la durée le dispositif décisionnaire d'exception
mis en place par Nicolas Sarkozy et installé par François Hollande. La sécurité
intérieure, la défense extérieure et la lutte contre le terrorisme ne sont plus
des enjeux distincts. Ils participent d'une même politique de protection des
Français, discutée et mise en œuvre en conseils de défense.
«
L'affront »
Sur le plan opérationnel, le PC Jupiter n'est utilisé que dans de
rares circonstances. Tel est bien le cas de la crise syrienne et de la décision
de frapper des cibles liées, selon Paris, Washington et Londres, au programme
d'armement chimique de Bachar el-Assad. La décision a été très rapide. Et pour
cause ! Les options politiques d'Emmanuel Macron avaient été définies et
annoncées en amont, en mai et en juin 2017. Elles sont l'élément le plus
important de la prise de décision et ont été réaffirmées par le président dès
le conseil restreint qui s'est tenu autour de lui le dimanche soir 8 avril au
PC Jupiter, après que les nouvelles frappes chimiques avaient été confirmées.
Quant aux plans de frappe à la sensibilité politique, diplomatique
et opérationnelle particulièrement élevée, ils étaient prêts de très longue
date, puisque l'état-major des armées n'a eu qu'à ressortir ceux qui se
trouvaient dans les cartons depuis 2013. En effet, en août 2013, à la suite de
frappes chimiques contre la population civile syrienne, les États-Unis, la
France et le Royaume-Uni avaient décidé de frapper. Mais la France s'est
retrouvée toute seule après la défection des dirigeants américain, Barack
Obama, et britannique, David Cameron ; François Hollande avait dû renoncer. Un
connaisseur du processus de décision note que, pour Emmanuel Macron, « il
s'agissait de réparer l'affront d'un nouveau franchissement délibéré de la
ligne rouge par Bachar el-Assad, tout en soldant l'échec et l'humiliation de
2013.Donald Trump a accepté de participer à l'opération, qui s'est déroulée
sans anicroche puisque les Russes avaient été avertis dans les délais. » Un
autre observateur attentif ajoute : « L'important, pour Emmanuel Macron,
c'était de se montrer en chef de guerre, de publier des images prises dans le
PC Jupiter. Même pour une opération sans grande importance. »
Bruno Tertrais, de la Fondation pour la recherche stratégique, note qu'il est
difficile de tirer des conclusions de cette seule prise de décision
opérationnelle présentée en partie au public : « C'est lors d'une crise grave
et inopinée qu'on peut juger du comportement d'un chef. À ce stade, Emmanuel
Macron n'a pas encore eu à la prendre. Il n'a pas reçu le 3 AM phone
call[le coup de fil à 3 heures du matin], comme disent les
Américains, qui change tout… » Une observatrice experte relève que cette
opportunité viendra sans doute d'Afrique : « Tous les présidents français se
font les dents sur l'Afrique. Ce fut Kolwezi pour Giscard, le Tchad pour
Mitterrand, la Libye pour Sarkozy, le Mali pour Hollande… »
L'ARSENAL
Rafale143 en
2019 (171 en 2025)
A400
M 14 en 2019 (25 en 2025)
Ravitailleurs
MRTT 1 en 2019 (12 en 2025)
Chars
Leclerc 200 en 2015 (241 en 2019)
Sous-marins
d'attaque Barracuda livrés d'ici à 2025 4
Rogel,
le maillon fort
Dans une réunion du Conseil de défense, le
président de la République est entouré à sa droite par son bras… droit, le
secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, et à sa gauche par le chef de
l'état-major particulier de la présidence, l'amiral et ancien sous-marinier
Bernard Rogel. Traditionnellement, le titulaire de cette fonction «
apolitique » est confirmé à son poste lors de l'arrivée d'un président de la
République. Nommé par François Hollande, Bernard Rogel ne fait pas plus
exception à la règle que ne l'avait fait son prédécesseur, Benoît Puga, nommé
par Nicolas Sarkozy et demeuré en place avec François Hollande.
Bernard Rogel illustre l'évolution de cette fonction, dont le
titulaire est désormais un « poids lourd ». À plusieurs reprises, les
prédécesseurs de Bernard Rogel ont été des généraux ne quittant leur fonction
élyséenne que pour devenir chefs d'état-major de leur armée (Gilbert Forray,
Jean-Luc Delaunay), puis bien souvent chef d'état-major des armées (Jean
Saulnier, Jacques Lanxade, Henri Bentégeat, Jean-Louis Georgelin). Rogel, lui,
fut chef d'état-major de la marine avant de prendre ses fonctions élyséennes.
Pourquoi Emmanuel Macron l'apprécie-t-il ? « Parce que c'est un
calme et un sage au jugement très sûr. C'est indispensable quand des décisions
peuvent avoir des conséquences extrêmes sur la vie ou la mort des gens.
Spécialiste du nucléaire, il a également été le patron des opérations à
l'état-major des armées, c'est une compétence précieuse », note
un fonctionnaire en relation avec l'amiral et le président. Ce dernier vient
d'ailleurs de prolonger ses fonctions d'un an au-delà de l'âge légal de la
retraite. Valéry Giscard d'Estaing avait défini son Premier ministre Raymond
Barre comme « un homme carré dans un corps rond ». La définition
sied à Bernard Rogel, dont la silhouette côtoie souvent sur les photographies
celle du président de la République en déplacement. Normal : la transmission
des ordres de frappes nucléaires passe par sa personne, le président lui
donnant ses instructions, qu'il transmet aux forces armées.
Intervention. Un des cinq
Rafale de la base de Saint-Dizier (Haute-Marne) qui vont décoller, le
13 avril, pour bombarder la Syrie. « Le samedi 7 avril 2018, à
Douma, des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont été massacrés à l’arme
chimique. La ligne rouge a été franchie. J’ai donc ordonné aux forces armées
françaises d’intervenir », tweete le président le 14 avril, à
4 h 07.
Dans la
minute
Seul ajustement, mais de taille : lors de sa
confirmation, Emmanuel Macron l'a fait changer de position hiérarchique dans
l'organigramme élyséen, pour le faire descendre d'un rang, passant de la
deuxième place après le secrétaire général à la troisième en se faisant doubler
par le directeur de cabinet, Patrick Strzoda.
Cette remise en place n'a pas été assortie d'un
déclassement fonctionnel, ce que son rôle éminent dans les conseils de défense
confirme. L'amiral est enfin le point de passage quotidien entre les armées et
leur chef, Emmanuel Macron, au cœur de cette « interministérialité singulière » décrite par un fonctionnaire
averti. En matière militaire, il doit pouvoir répondre dans la minute à toutes
les questions que peut poser le président de la République. Il n'est pas seul,
heureusement pour lui ! Sur les photos des réunions préparatoires aux frappes
en Syrie, deux de ses subordonnés apparaissent. Le colonel Valéry Putz, de
l'armée de terre, est un fantassin passé par la Légion étrangère. Et le colonel
Fabien Mandon, de l'armée de l'air, un ancien pilote de Mirage 2000. Le marin
de l'équipe, le capitaine de vaisseau Jacques Fayard, qui a successivement
commandé trois sous-marins nucléaires, n'apparaît pas sur ces images.
Traditionnellement, le marin de l'état-major particulier traite les affaires
liées au renseignement, l'aviateur les questions nucléaires et le terrien les
opérations extérieures et le pré carré africain.
Revue
stratégique
Le Conseil de défense traite tous les sujets, dans
l'urgence ou pas. Par exemple, l'énormité du travail relatif à la loi de
programmation militaire a imposé un processus long. Au départ, la revue
stratégique devant en préparer les axes et les lignes de force avait été
confiée à une commission d'experts conduite par le député européen Arnaud
Danjean. Puis le Conseil de défense s'est saisi du sujet, exigeant des armées un
immense chantier de mise en œuvre des directives présidentielles, connues le 12
juillet 2017. Dès lors, la procédure pouvait se dérouler.
Le Conseil de défense prend également en charge des
dossiers « tièdes », soit qu'ils n'aient pas encore fait leur entrée dans
l'actualité, soit qu'ils s'y trouvent depuis très longtemps, tout en
nécessitant des études constantes. Ces dernières semaines, ce fut ainsi le cas
de sujets sensibles aux enjeux politiques particulièrement élevés : la
situation au Moyen-Orient et au Sahel, le terrorisme, la Russie, entre autres.
Fin juin, on discutait du sommet de l'Union africaine qui s'est tenu jusqu'au 2
juillet à Nouakchott (Mauritanie), de même que des prochains sommets de l'Otan
(26e sommet, les 11 et 12 juillet à Bruxelles) et du G5 Sahel. Dans
cette région, l'armée française ne sort pas de difficultés récurrentes :
l'attaque subie le 29 juin par le PC de la force conjointe G5 Sahel à Sévaré
(Mali), puis une autre le 1er juillet contre un convoi français
constituent un exécrable signal et un beau sujet d'études pour le Conseil de
défense.
La réalité, c'est que le remplacement souhaité de la
force française Barkhane par les armées africaines ne sera pas envisageable
tant que les problèmes endémiques (sous-développement, corruption, gouvernance,
etc.) persisteront et que les forces armées africaines n'auront pas atteint un
niveau opérationnel convenable. Quant au financement de l'opération G5 Sahel,
il se heurte aux réticences des bailleurs de fonds ne tenant pas leurs engagements,
ce qui fait enrager Paris. Autre thème sensible, mais « tiède », pour le
Conseil de défense : la situation en République centrafricaine. La France s'est
retirée de ce pays, laissé dans un état d'abandon et d'anarchie désespérant,
auquel seule la capitale, Bangui, échappe partiellement, et encore ! Le Quai
d'Orsay vient d'y nommer ambassadeur l'ancien chef du GIGN Eric Gérard. C'est à
tout le moins le signe que la sécurité n'y sera pas négligée. Pour le reste des
dossiers à l'étude, il serait bien étonnant que les actuels conseils de défense
ne discutent pas de la situation entre Israël et l'Iran : les alertes pleuvent
sur des opérations imminentes de l'Etat hébreu contre le Hezbollah libanais et
Paris s'y prépare…
« Options
lourdes »
Durant les réunions du Conseil de défense, les
opinions divergentes ne sont pas vraiment demise : « C'est un cas de figure peu
fréquent, concède un participant, qui livre l'explication. Quand la réunion se
tient, les surprises sont peu nombreuses, s'agissant des positions des uns et
des autres. On va ajouter une information, poser une brique de plus. Mais les
options lourdes ont déjà été discutées durant la préparation. Il y a eu des
tamis, des filtres. Quand on arrive au PC Jupiter, la décision a été préparée,
cadrée. Le processus est très long. Toutes les options et opportunités ont été
évaluées depuis des semaines au SGDSN, à l'Élysée, au ministère des Armées, à
Matignon, en bilatérale Défense-Quai d'Orsay, lors de réunions constantes. Le
jour du conseil, la conclusion s'impose. »
Un autre membre de ce petit club ajoute : « En conseil
de défense, on fait le point des positions. Le président conduit un tour de
table, chacun réagit, discute plus ou moins intensément. Ce n'est pas une pure
chambre d'enregistrement. » Un participant apprécie ces échanges : « Quand je
ne suis pas d'accord, je le dis. Le président recherche ces moments de débat.
Il les aime bien. Il anime vraiment les discussions, les relance si nécessaire.
Je crois bien qu'il apprécie ces conseils restreints. Mais il y a un temps pour
tout. Quand la discussion est terminée, il donne ses instructions. »
En réalité, Emmanuel Macron n'apprend rien en
s'asseyant dans la salle Jupiter. Un participant souligne qu'« il a très bien
préparé les réunions. Il connaît dans le détail les dossiers qui lui ont été
transmis. Les échanges sont nombreux et les réunions sont assez informelles.
Emmanuel Macron est contributif en fonction des éléments préparés par le
gouvernement et de ceux dont il peut disposer par ailleurs ; il demande aussi
des mises à jour et des compléments, deséclairages supplémentaires ».
Bêtes de
course
Et là, gare aux lenteurs : le président aime les bêtes
de course. Un membre de ce club très fermé s'en amuse d'ailleurs : « Quand
il demande le résultat d'un travail durant
l'été, cela veut dire qu'il l'attend pour le 21 juin ! » Les
participants aux conseils de défense que nous avons rencontrés pour cette
enquête sont de proches collaborateurs du président, qui le croisent très
souvent dans des réunions formelles ou non programmées. Sur le plan politique,
l'itération décisionnelle en matière de sécurité intérieure ou extérieure n'est
d'ailleurs pas si différente de celle des autres sujets : les membres du
Conseil de défense se croisent et se recroisent tous au fil de la semaine lors
de réunions variées, mais aussi durant les incessants voyages officiels et lors
des non moins nombreuses réunions de préparation de ces déplacements.
Moment important, le Conseil de défense et de sécurité
nationale n'est pas un moment unique, mais celui où les décisions sont
formalisées. Le président doit alors être certain de disposer de tous les
éléments, que sa décision est mûre. Si sa préparation est si longue, c'est
aussi que les sujets militaires et de sécurité au sens large sont transversaux.
Spécialiste des questions budgétaires et des processus décisionnels
gouvernementaux, qu'elle a pratiqués de longue date, la ministre des Armées,
Florence Parly, confirme la nature très particulière du Conseil de défense : «
Cette singularité des sujets de défense, on la vit. Elle est au cœur de la
politique publique dont ce ministère a la responsabilité. La décision se traite
en conseil de défense, ou bien en direct avec le président de la République.
C'est une différence majeure avec d'autres actions de l'Etat. »
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Alors le titre parait vraiment exagéré !
C'est un peu galvaudé ce titre chef des armées qui devrait être réservé aux militaires dont c'est le métier et qui la font !
Le président est là pour la politique militaire internationale de la FRANCE !
Tout cela est de la communication comme d'habitude pour se faire mousser, çà suffit surtout quand on se rappelle ses prédécesseurs qui se sont pris pour des apprentis NAPOLÉON ou CÉSAR !
Et puis quand il se compare à CLEMENCEAU il en fait trop !
Jdeclef 05/07/2018 08h51
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