Sophia Chikirou, le talon d'Achille de Jean-Luc
Mélenchon
Le leader de LFI est prêt à fragiliser son mouvement
pour soutenir son ancienne directrice de campagne qui partage sa vie. Un sujet
intime devenu politique.
« Sophia est une bonne vivante qui n'a pas le temps de vivre », raconte un proche. Certes, elle rit, parle et ne déteste pas la bonne chère, mais, les soirs où il est décidé de se retrouver au cinéma ou au concert, elle décline. « Une grande bosseuse », estime Noël Mamère, ancien député-maire écologiste. Tous ceux qui ont travaillé à ses côtés pendant la campagne décrivent son inépuisable énergie et son talent d'organisatrice. « Elle est brillante. Sans elle, Mélenchon ne serait jamais parvenu à approcher le score de 20 % », témoigne un membre de la LFI. « Il suffisait de la convaincre pour que les choses se fassent immédiatement », souligne un ancien prestataire de la campagne.
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Un sujet politique
Pourtant, depuis l'été dernier,
sa cote s'est effondrée chez les cadres du mouvement et les proches de
Mélenchon. La bande des dîners s'est disloquée, ne partageant désormais plus
qu'une obsession : ne pas témoigner à visage découvert, ne rien dire qui puisse
provoquer des ennuis. En effet, entre-temps Sophia
Chikirou fut soupçonnée par la justice d'avoir surfacturé les prestations de sa
société, Mediascop, auprès de son employeur, La France insoumise. Le parquet de Paris a ouvert une enquête
préliminaire en avril, notamment pour « escroquerie et tentative
d'escroquerie », « abus de confiance », « blanchiment du
produit du délit d'abus de confiance », « infraction à la législation
sur le financement des campagnes électorales » et « travail dissimulé
aggravé ». Dans ce cadre, Chikirou, unique actionnaire et présidente de
Mediascop, la société qu'elle a cofondée en 2012, le principal prestataire de
la communication de la campagne, a connu trois perquisitions et a été entendue
par les enquêteurs. Ces risques judiciaires expliquent-ils pourquoi personne à
La France insoumise n'ose évoquer celle qui est surnommée en catimini
« Sochik » ou « Cruella » ?Les liens entre le chef de file des Insoumis et l'experte en communication politique relèvent à l'évidence de la vie privée, et Mélenchon en a nié l'existence le 20 octobre. Sophia Chikirou et son avocat David Marais ont, pour leur part, refusé de répondre à nos questions. Mais cette relation a débordé du champ intime et éclaire aujourd'hui la crise du mouvement de gauche. Leur proximité est devenue un sujet politique, car elle pèse sur des décisions internes, motive des sanctions et ordonne des choix. En témoignent les péripéties autour des européennes.
En juillet, Sophia Chikirou démissionne du Média, webtélé copiée du site américain The Young Turks, gratuite et financée par ses soutiens militants. La trentenaire confie qu'elle délaisse Le Média pour diriger la communication de La France insoumise aux élections européennes de mai 2019. Stupéfaction dans le mouvement, où nul n'ignore qu'elle abandonne la webtélé car sa direction y est violemment critiquée, tant pour sa dureté que pour son militantisme acharné. La rédaction du Média venait de constituer une société des journalistes (SDJ) et préparait une motion de défiance.
Charlotte Girard, dirigeante appréciée de LFI, la mouche en répliquant devant des journalistes que « ce point n'a pas encore été discuté ». Or Charlotte Girard n'est pas n'importe quel cadre. La professeure de droit public à Paris fut l'épouse de François Delapierre, un secrétaire général du Parti de gauche que Mélenchon considéra, jusqu'à sa mort en juin 2015, comme son fils spirituel, son frère d'armes, le seul compagnon qu'il écoutait avec respect et le seul capable de calmer ses nombreuses et légendaires colères intempestives. Nonobstant la fidélité à ce défunt, la prise de parole de sa veuve exaspère le chef des Insoumis, qui depuis la bat froid. À tel point que la militante, pressentie pour mener la liste LFI aux européennes, annonce le 15 novembre décliner, préférant, « pour des raisons personnelles et familiales », n'occuper qu'une place en toute fin de liste. Un retrait qui n'arrange pas les militants que sa candidature séduisait, offrant enfin un visage féminin en tête de l'affiche électorale. Jean-Luc Mélenchon a-t-il puni Charlotte Girard parce qu'elle a tancé Sophia Chikirou ?
La « femme du chef »
L'Insoumis en chef se démène pour
offrir à sa directrice de communication un poste digne. Il envisage de lui
faire occuper une place éligible sur la liste Podemos pour les européennes.
Las, la greffe ne prend pas. À La France insoumise, on trouve l'exfiltration un
brin avantageuse, et à Podemos on rechigne à accorder un tel privilège à une
militante certes dévouée, mais qui n'est pas strictement du sérail. Elle est
finalement chargée de coordonner La France insoumise et ses alliés européens,
notamment Podemos. Un lot de consolation. « Jean-Luc prend un énorme
risque politique, c'est incroyable, et cela constitue pour moi une vraie
énigme », confie un soutien célèbre. « Sophia Chikirou est la femme
du chef et il ne l'assume pas, c'est paradoxal. Au-delà du récit stupéfiant,
c'est une mise en danger du mouvement de gauche. En fait, Sophia est à la fois
la force de Jean-Luc et son principal talon d'Achille », commente un
autre, qui travailla avec elle pendant la campagne. Les cadres Insoumis sont
convaincus que jamais Jean-Luc
Mélenchon n'aurait, le 16 octobre, fait un tel battage autour de la
perquisition à son domicile et au siège de son parti s'il ne s'était agi de
protéger, voire d'impressionner, celle à qui il doit tant et qui se trouvait
chez lui ce matin-là. « Si Sophia a contribué à sa réussite, elle sera
probablement sa perte », prophétise une militante échaudée.S'il appartient à la justice de se prononcer sur les faits reprochés, il n'en demeure pas moins que même ses ennemis – nombreux – s'accordent à dire que Sophia Chikirou se moque de l'argent. Elle ne part jamais en vacances, ne prend le train que pour aller à Marseille et ne dépense guère que pour gâter sa nièce, née en 2017. Lorsqu'est révélé cet été que la patronne de la webtélé aurait cherché à encaisser in extremis deux chèques à l'ordre de sa propre société de conseil, Mediascop, alors qu'elle répétait s'être engagée bénévolement dans l'aventure télévisuelle, un membre du Média l'interpelle : « Te rends-tu compte de la somme ? » « C'est ce que je vaux », répond la trentenaire, cinglante. « Sophia est obsédée par la valeur qu'on lui accorde et qu'on lui reconnaît », analyse cet autre.
À l'autre extrême du spectre politique, il est deux élus de droite qui comprennent l'origine de cette farouche obsession. À Scionzier (Haute-Savoie), Virginie Duby-Muller fut, au collège et au lycée Jean-Jacques-Gallay, un établissement situé en zone d'éducation prioritaire, l'amie de Sophia Chikirou. Elle se rappelle une élève sérieuse, « bonne camarade », qui rêvait de devenir journaliste. Le sénateur UDI Loïc Hervé conserve de ces années les mêmes images : une élève douée, enjouée, ne militant dans aucun parti ni mouvement lycéen. Ils ajoutent : « La famille Chikirou est une famille ouvrière très respectée dans notre vallée industrieuse de l'Avre. Les Chikirou, c'est un nom qui veut dire quelque chose dans notre coin. » Et c'est ce nom que Sophia a porté à la lumière depuis Paris, ce nom qu'elle défend avec férocité. Ses camarades de lycée ignorent que leur amie, qu'ils voient toujours avec plaisir, emporte partout une statue en métal posée sur un socle en bois : une effigie de Hugo Chávez. Un talisman pour une révolutionnaire empêtrée.
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Quant aux compagnes de ceux-ci, ne
profitent t'elles pas du fait que ces personnages comme J.L.MELENCHON sont bien
nantis financièrement voulant en plus défendre les français lambda d'en bas çà,
prête à confusion !?
Chacun choisi la femme avec qui il veut vivre,
car c'est de la vie privée d'accord, mais ne pas à confondre avec la vie
politique déjà sclérosée, si possible !
Et donc une hypocrisie lamentable de ces
ex ou élus médiocres !
Jdeclef 08/12/2018 12h16LP
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