mercredi 5 décembre 2018

L'argent n'a pas d'odeur !

Au premier salon égyptien de la défense, les industriels français en pole position

Trente-deux entreprises françaises espèrent des contrats, malgré les critiques des ONG de défense des droits de l'homme les accusant d'équiper un régime autoritaire.


Côte à côte, Florence Parly, la ministre française des Armées, et le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, ont coupé le ruban rouge d'ouverture du premier salon de l'armement organisé du 3 au 5 décembre dans un parc d'exposition flambant neuf construit par l'armée égyptienne, en banlieue du Caire. Sur les 316 exposants internationaux, la délégation française est la deuxième par le nombre de représentants, juste après celle des États-Unis, partenaire historique de l'Égypte. « Nous sommes présents avec des entreprises qui représentent l'excellence des savoir-faire des industries de défense », indique au Point la ministre française, après s'être entretenue une heure et demie avec son homologue égyptien. Un peu plus que présents : trois des principaux sponsors du salon sont des Français : le fabricant de missiles MBDA, l'avionneur Dassault et le constructeur de frégates Naval Group qui ont vendu à eux seuls près de 7 milliards d'euros d'équipements et de munitions à l'Égypte depuis 2014.
« On est là pour faire des affaires », confie, sans plus de précision, un membre du stand Arquus (ex-Renault Truck Defense), où sont exposés deux blindés Sherpa, les roues un peu terreuses. Les deux modèles fabriqués à Limoges, avec une vignette en arabe « forces armées » collée sur les portières, ont en effet été empruntés au client égyptien pour l'occasion. L'entreprise française a livré 173 Sherpa à l'Égypte entre 2012 et 2014, selon Stockholm International Peace Research Institute (Sipri), l'organe indépendant de référence sur le commerce des armements. Smartphone à la main, de jeunes officiers et gradés égyptiens du ministère de l'Intérieur se prennent en photo devant le véhicule de reconnaissance Sherpa Light Scout assorti à leurs uniformes kaki. « C'est du bon matériel qu'on utilise partout », sourit l'un d'eux. « On s'en sert beaucoup pour les opérations antiterroristes et aussi pour les manifestations », précise un autre jeune, son képi dans les mains.

« Il n'y a aucune preuve que nos véhicules aient agi contre les droits de l'homme »

Pourtant, officiellement, Arquus comme la ministre des Armées martèlent que ces blindés ont été vendus « à des fins militaires » au ministère de la Défense égyptienne. Si Florence Parly semble oublier que les militaires égyptiens réalisent aussi des missions de maintien de l'ordre, elle assure que la France « se conforme aux dispositions prises par l'Union européenne » qui engage en théorie ses États membres à ne pas exporter de matériels pouvant servir « à la répression interne » depuis août 2013, date de l'évacuation du sit-in de Rabaa qui avait fait plus de 800 morts. Un message qui ne semble pas avoir été transmis aux industriels par son prédécesseur Jean-Yves Le Drian, aujourd'hui ministre des Affaires étrangères. Un responsable d'Arquus, inquiet lui, avait en effet demandé à l'époque si la position du Conseil de l'Union européenne était « engageante » et se souvient d'une réponse négative du ministre.
Dans un rapport publié en octobre dernier, Amnesty International avait compilé et analysé une série de vidéos montrant la police égyptienne en train de tirer sur des manifestants depuis leurs véhicules, identifiés comme étant de la marque Arquus par l'ONG. La PME française estime que les vidéos ne sont pas assez précises pour reconnaître avec certitude les véhicules Arquus et qu'il n'y a donc « aucune preuve que ces véhicules aient agi contre les droits de l'homme ». Mal à l'aise face au Point, l'actuelle ministre préfère, quant à elle, se défausser sur son partenaire égyptien : « Nous ne sommes pas responsables du recyclage de ces matériels qui ont été livrés aux armées, c'est la responsabilité des autorités égyptiennes. » Une pirouette qui ne contredit pas formellement les analyses d'Amnesty.

Drones et béliers de police

Au pavillon France mis en place par Coges, la société qui organise le salon parisien Eurosatory de la défense, un commercial de Safran détaille les qualités d'un viseur pour




Côte à côte, Florence Parly, la ministre française des Armées, et le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, ont coupé le ruban rouge d'ouverture du premier salon de l'armement organisé du 3 au 5 décembre dans un parc d'exposition flambant neuf construit par l'armée égyptienne, en banlieue du Caire. Sur les 316 exposants internationaux, la délégation française est la deuxième par le nombre de représentants, juste après celle des États-Unis, partenaire historique de l'Égypte. « Nous sommes présents avec des entreprises qui représentent l'excellence des savoir-faire des industries de défense », indique au Point la ministre française, après s'être entretenue une heure et demie avec son homologue égyptien. Un peu plus que présents : trois des principaux sponsors du salon sont des Français : le fabricant de missiles MBDA, l'avionneur Dassault et le constructeur de frégates Naval Group qui ont vendu à eux seuls près de 7 milliards d'euros d'équipements et de munitions à l'Égypte depuis 2014.
« On est là pour faire des affaires », confie, sans plus de précision, un membre du stand Arquus (ex-Renault Truck Defense), où sont exposés deux blindés Sherpa, les roues un peu terreuses. Les deux modèles fabriqués à Limoges, avec une vignette en arabe « forces armées » collée sur les portières, ont en effet été empruntés au client égyptien pour l'occasion. L'entreprise française a livré 173 Sherpa à l'Égypte entre 2012 et 2014, selon Stockholm International Peace Research Institute (Sipri), l'organe indépendant de référence sur le commerce des armements. Smartphone à la main, de jeunes officiers et gradés égyptiens du ministère de l'Intérieur se prennent en photo devant le véhicule de reconnaissance Sherpa Light Scout assorti à leurs uniformes kaki. « C'est du bon matériel qu'on utilise partout », sourit l'un d'eux. « On s'en sert beaucoup pour les opérations antiterroristes et aussi pour les manifestations », précise un autre jeune, son képi dans les mains.

L'armée égyptienne rêve, elle aussi, d'exporter

Si l'Égypte de l'ex-maréchal al-Sissi peut se féliciter d'avoir réussi à attirer près de 10 000 professionnels et industriels de haut rang pour son premier salon, elle espère surtout transformer son image de pays gros consommateur d'armements (le 3e plus important du monde) en pays exportateur. Parmi les produits maison dévoilés pour la première fois, on trouve le ST-500, un véhicule blindé de transport de troupes couleur sable, sorti d'usine il y a tout juste un an, dans la banlieue du Caire. « C'est le moins cher du marché grâce à de faibles marges et l'utilisation de nombreux composants locaux », se congratule son concepteur, Michel Knight, qui propose « 3 blindés pour 1 million d'euros ». Soit un prix comparable aux concurrents avec peu d'électronique embarquée, selon des professionnels du secteur.
« Nous voulons montrer au monde que nous avons une industrie de classe internationale », clame Mohamed el Assar, ministre de la Production militaire. En termes de volume, l'image est impressionnante avec un hall entier occupé par sa production de chars, munitions et systèmes de télécommunication. Devant une station de radar grandeur nature, un officier égyptien assure avoir reçu une délégation du ministère français des Armées « intéressée par une future coopération en matière de recherche et développement ». Les technologies égyptiennes et notamment ses véhicules blindés « pourraient être achetés par des pays qui ont des budgets très limités et par des alliés de l'Égypte voulant soutenir son économie. Mais son industrie est loin d'être de classe internationale », tempère Oded Berkowitz, expert en sécurité et spécialiste de l'Égypte pour une société de conseil.
Ce salon est « un spectacle à l'image du pays : la forme y est, mais le fond est un peu vide. Les Égyptiens vont en profiter pour annoncer des signatures bidon de contrats déjà validés depuis des mois », tacle un expert militaire occidental. En tout cas, côté show, peu de professionnels s'attendaient à être accueillis par une chanson du ministère de la Défense à la gloire de l'Égypte, de ses tanks et de Will Smith...
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Vieux proverbe qui tient la route !

Ou pour préserver la paix, il faut préparer la guerre ?!

Les marchands d'armes des pays occidentaux riches et libres ont de beaux jours devant eux et surtout beaucoup de clients !

Quant à la moralité et les droits de l’homme dont on a plein la bouche pour se donner bonne conscience, c’est de la diplomatie hypocrite de nos dirigeants bien-pensants pour les intérêts de leurs propre pays soi-disant !

Jdeclef 05/12/2018 15h58

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