Lycées bloqués : « Ils ne savent même
pas pourquoi ils ont fait ça ! »
Feux de poubelles, évacuation d'un lycée… Trois
établissements de Montreuil ont été bloqués aujourd'hui. Reportage dans cette
commune de Seine-Saint-Denis.
Alignés sur un canapé déglingué, ils tentent de se réchauffer, mains dans les poches, capuches sur la tête. Ces jeunes lycéens sont là depuis 6 h 30 ce matin pour assurer le blocage de leur établissement, fermé depuis mardi dernier. Nous sommes devant le lycée Condorcet, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), dans une petite rue d'un quartier résidentiel, il est 9 heures. Un élève s'amuse à faire des roues arrière sur un Velib', quelques professeurs en soutien au mouvement – qui se nomment entre eux les « irréductibles Gaulois » – font le pied de grue sous un crachin glacial.
La mobilisation ayant faibli dans ce lycée pionnier dans la contestation, une poignée d'élèves décident de migrer vers un autre établissement situé plus haut dans la ville. L'un d'eux tente, sur le chemin, un feu de poubelle avorté par le climat trop humide...
Nous remontons la rue avec Assane qui est en 1re ES au lycée Condorcet. Il soutient mollement ses camarades et cite sans trop savoir ce que c'est « Parcoursup et la réforme du bac ». Les Gilets jaunes, il a vu les images à la télé, mais celui qui est arrivé du Sénégal à la rentrée ne s'en sent pas vraiment proche.
« Avec
Parcoursup, si tu viens du 93, tu n'as pas de fac »
En grimpant un petit escalier qui mène au
lycée Jean-Jaurès, on croise Youssra, Aya et Cassandra. Élèves discrètes de
seconde, chignons sur la tête et jeans slim, elles soutiennent symboliquement
le mouvement des lycéens, mais ne sont pas sûres d'aller manifester à Paris. Elles croient savoir
qu'« avec Parcoursup, si tu viens du 93, tu n'as pas de fac ».
« On n'a pas de chance… », soupire Aya. « Il y aura écrit dans
notre dossier Montreuil 93 ; la sélection, c'est pire que le tirage au
sort », argumente Youssra, qui évoque « les Gilets jaunes et le gouvernement »
pêle-mêle. « Il va bien falloir se faire entendre quand même. Même si je
ne suis pas pour la violence, des fois, ils nous incitent un peu… »,
poursuit la jeune fille.Quelques minutes plus tard, on entend des pétards. En bas de la rue, une poubelle prend feu. Les filles regardent la scène, stupéfaites. Une foule de lycéens rebrousse chemin dans un mouvement de panique. Les filles ne sont pas rassurées. Un peu plus haut, c'est leur lycée. Il est ouvert, mais les grilles ont été fermées par précaution. De jeunes hommes, bonnets et capuches sur la tête, installent tranquillement quelques poubelles et palettes devant l'œil inquiet du principal du collège (attenant au lycée). D'après un surveillant, ce ne sont pas des lycéens de Jean-Jaurès qui allument la première mèche, mais des « fouteurs de merde »(sic).
L'un d'eux asperge de white spirit une benne qui commence à cracher de la fumée. Bras levés, les élèves sortent leur téléphone portable, et filment la scène pour la poster sur les réseaux sociaux. « Ça va mal tourner », prédit un élève à son camarade. « Vous voulez pas qu'on y aille, là j'aime pas trop… », lance une jeune fille, apeurée. Spectateurs plutôt passifs, les élèves du lycée ne soutiennent pas en bloc ces dégradations. « Je suis d'accord pour que l'on manifeste, mais pas pour qu'on brûle des poubelles et des voitures », raisonne Mathilde, en terminale.
Les pompiers arrivent assez rapidement, la police mettra plus de temps. Un jeune sera contrôlé, les autres avaient filé plus tôt en courant. Il aurait été « plaqué par les shtars (policiers en argot) », dixit un lycéen qui n'a pas vu la scène. Qu'importe, ils ont tous vu la vidéo de l'interpellation de Mantes-la-Jolie qui fait polémique et dénoncent des violences policières. Face au lycée, on peut voir une pancarte sur laquelle est inscrit : « Soutien à Mantes-la-Jolie ».
Il est 10 h 30. L'équipe dirigeante est tendue. « On est toujours inquiet pour la sécurité de nos élèves », commente la proviseure qui sort constater les dégâts. Pour elle, ça ne fait aucun doute : ceux qui ont incendié des poubelles et tagué « Nique les stups » sur le bitume devant le lycée sont des « casseurs ou des élèves d'autres lycées ». « Les plus engagés sont déjà partis manifester à Paris », affirme-t-elle. Il faut dire qu'à Montreuil, devant ce même lycée, un incident grave s'est produit il y a huit ans alors que Jean-Jaurès se mobilisait contre la réforme des retraites. Geoffrey, 16 ans, a reçu un tir de Flash-Ball au visage et a perdu l'usage d'un œil. Pour ses proches, il déplaçait une poubelle ; pour la police, il jetait des pierres. Dans la ville, on peut encore voir des tags : « Que fait la police ? Ça crève les yeux ! »
« Les
poubelles incendiées, ça montre notre force »
Le principal peut souffler : « La
situation est en phase de stabilisation », informe-t-il au téléphone.
« Bon, allez, on va en cours ! » lance Chaïma, élève de 1re, à
ses camarades. « J'irai pas manifester, car y a rien derrière en fait, on
le voit bien avec les Gilets jaunes. Je préfère aller en cours de gestion, en
plus le prof compte sur nous, il est inspecté aujourd'hui. »Maxime, petit et fluet, lui, est partagé. « J'ai envie d'y aller pour le prof et en même temps, j'ai envie de rester », dit-il tout excité par les événements. Les poubelles incendiées, ça ne le choque pas. « Non, il faut bien, ça montre notre force, qu'on n'est pas que de gentils petits lycéens… »
11 h 40, alors que la situation se calme à Jean-Jaurès, on apprend qu'à quelques encablures de là, le lycée technologique Eugénie-Cotton est en train d'être évacué. À la suite de deux départs de feu maîtrisés, un troisième a gagné toutes les grilles de l'entrée de l'établissement. Les pompiers, agissant dans divers lieux de la ville, ont mis plus de temps à arriver que les fois précédentes. La fumée, très épaisse, a éteint l'autre côté du bâtiment. Les élèves qui avaient pu rentrer à 8 h 30 sans encombre, confinés à l'intérieur, ont dû être évacués par une autre sortie vers 11 h 30.
Quand nous arrivons devant, il reste des traces de mousse blanche – produites par les lances à incendie – sur un sol noir de cendres. Les grilles ont été rongées par le feu et le nom du lycée est presque effacé. « Je sentais que ça allait arriver ! » nous confie une employée du lycée. Des élèves d'Eugénie-Cotton auraient commencé à bloquer l'établissement vers 9 heures avant d'être rejoints par d'autres éléments perturbateurs qui ont mis le feu. Quand les pompiers sont arrivés, certains s'en sont pris à un camion et à une femme pompier. Une vingtaine de contrôles ont été effectués par la police. Trois jeunes sont en garde à vue ce vendredi, dont deux élèves du lycée Eugénie-Cotton.
Difficile de connaître les motivations de ces jeunes. Réforme du bac, Parcoursup, contagion des Gilets jaunes… ? « Franchement, avoue un responsable de l'établissement, ils ne savent même pas pourquoi ils ont fait ça ! »
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Alors qu'on ne s’étonne pas si l'on voit
des jeunes interpelés en masse de façon énergique comme à Mantes la jolie, mais
régulière sans violence pour des actes similaires de la part des forces de
police qui ont fait pour une fois leur travail sans entrave !
Qu'ils ne disent pas qu'ils ne savent
pas pourquoi ils font çà, alors qu'aux 1er janvier et 14 juillet ils brûlent des centaines de voitures pour rien, par exemple pour se défouler !
Dans des villes de banlieues d'IDF ou
zones de non droit connues ou dans certaines la police n'entre plus !
Il faut enfin que l'état dit régalien et
ses forces de l'ordre et notre justice laxiste reprennent la main, car, çà
c'est indépendant des gilets jaunes ne confondons pas le ver du désordre
violent est dans le fruit, et il faut l'extirper avec rigueur !
Jdeclef 08/12/2018 10h45
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire