vendredi 7 décembre 2018

Et pourtant les médias distillent la peur pour faire du scoop, du papier ou de l'audimat..!


Gilets jaunes : « BFM TV ne veut pas jeter de l'huile sur le feu, mais montrer la réalité des faits »

ENTRETIEN. Choix des intervenants, des images... Alain Weill, PDG du groupe SFR, maison mère de BFM TV, analyse les enjeux de la couverture du mouvement

La séquence télévisuelle a beaucoup choqué. Mercredi soir, face à deux ministres, François de Rugy et Marlène Schiappa, un chauffeur routier, Éric Drouet, l'un des «  porte-parole  » des Gilets jaunes, menace : « Samedi, «  si on arrive devant l'Élysée, on rentre dedans.  » Simple fanfaronnade ou appel illégal à l'insurrection ?
Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, les chaînes d'information sont sur le pied de guerre et doivent trouver un juste équilibre. Comment rendre compte de cette forme de protestation inédite en France ? À qui tendre son microphone  ? Faut-il montrer en boucle les images de violences lors des manifestations ? Nous avons posé ces questions à Alain Weill, fondateur de la chaîne d'informations BFM TV et artisan de la relance de la radio RMC, aujourd'hui PDG de leur maison mère SFR.
Le Point : Comprenez-vous que la violence des propos tenus mercredi soir sur BFM TV par certains Gilets jaunes aient choqué ?
Alain Weill, PDG de SFR, maison mère de la chaîne BFM TV.
Alain Weill : À partir du moment où vous dialoguez avec les Gilets jaunes, il faut accepter d'entendre ce qu'ils disent. Même si cela choque, même si cela est en partie inacceptable, c'est le reflet d'une partie de l'opinion des Gilets jaunes. Je crois que le débat de mercredi soir a permis de voir ce dialogue qui est difficile entre le gouvernement et les Gilets jaunes. Ce fut un vrai échange. Ce débat dépassait BFM TV. Ce fut un vrai forum citoyen nécessaire à cette période.
Un autre format n'aurait-il pas été plus propice aux échanges constructifs ?
La formule idéale n'existe pas. Et ce débat a été un très grand succès (plus de 1,1 million de téléspectateurs selon Médiamétrie, NDLR). Nous étions notamment la deuxième chaîne française en deuxième partie de soirée. C'est cela qui compte, qu'il y a beaucoup de Français qui aient assisté à ce débat. Cela a sans doute permis à des Gilets jaunes de nourrir leur réflexion et à d'autres Français de comprendre.
Comment fait-on pour inviter des Gilets jaunes alors que ce mouvement se refuse à l'idée de se doter de porte-parole officiels ?
C'est très difficile. Mais si vous prenez l'exemple d'Éric Drouet dont vous parliez, il est très actif sur Facebook, il a une page qui réunit beaucoup de monde. Il est présent dès le début et est en partie à l'origine du mouvement.
Tous les Gilets jaunes que nous invitons ont été soigneusement sélectionnés pour être représentatifs. Ils ont d'ailleurs souvent été désignés entre eux, ce n'est pas nous qui les avons directement choisis. Ce sont des gens qui se sont déjà exprimés depuis le début du mouvement et ont une certaine forme de légitimité.

En ce qui concerne les violences, on a parfois l'impression de voir les images-chocs tourner en boucle au risque de créer un climat anxiogène...
Nous sommes extrêmement rigoureux. Nous faisons extrêmement attention à ce que nous diffusons. Certains voudraient qu'on ne montre pas la réalité, et je pense que cela serait extrêmement grave. À aucun moment, on ne veut attiser la situation, jeter de l'huile sur le feu. Mais si on veut que les médias traditionnels soient suivis, il est important de montrer la réalité des faits, sans aller dans l'excès. Si on ne le faisait pas, les gens diraient « on nous cache des choses » et tout se passerait dans l'univers des réseaux sociaux avec toutes leurs limites et les fake news qui circulent. C'est très important que les chaînes d'information comme l'ensemble de la presse gardent leur crédibilité. Je crois que BFM TV respecte un équilibre, car nous sommes extrêmement vigilants. Nos 200 journalistes et les 400 collaborateurs sont garants d'une information de grande qualité et d'une éthique à laquelle nous sommes attachés. Dans cette période, nous avons montré notre sens des responsabilités.
Pour quelles raisons pensez-vous que des journalistes de BFM TV aient été pris à partie voire agressés sur le terrain ?
C'est souvent des militants politiques qui ont été chauffés notamment lors de la dernière campagne présidentielle où les chaînes info ont parfois été mises en cause et un peu instrumentalisées. Ce sont les conséquences de l'irresponsabilité de certains hommes politiques et cela crée des phénomènes de violence y compris par ricochet plusieurs mois ou années plus tard. Nos hommes politiques doivent se montrer responsables : ils ne peuvent pas nous solliciter en permanence pour être sur nos plateaux et en même temps critiquer les médias.
Comment dosez-vous la couverture médiatique, au risque d'être vu comme anti ou pro Gilets jaunes ?
C'est un équilibre très précaire. Nous sommes parfois critiqués des deux côtés. Les Gilets jaunes voudraient qu'on traite encore plus de leur actualité et le gouvernement pense qu'il y a d'autres sujets à traiter. Mais nous sommes soutenus par les téléspectateurs qui sont satisfaits du travail de la chaîne, sinon ils ne seraient pas aussi nombreux.
Les chaînes d'info, pas seulement BFM TV, se sont intégralement focalisées sur cette actualité, car c'est le sujet dont tout le monde parle. Il ne faut pas être hypocrite. C'est normal que le samedi 24 novembre on ait beaucoup parlé des Gilets jaunes et peu de la manifestation contre les violences faites aux femmes : la mobilisation des Gilets jaunes était l'évènement. Les violences faites aux femmes est un sujet extrêmement important, mais il y a une actualité plus importante et ce sera malheureusement un sujet qui reviendra et qu'on traitera dans un contexte plus serein. Aujourd'hui, les sujets d'actualité les plus cliqués sur Internet et les plus regardés à la télévision sont ceux sur les Gilets jaunes.
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Notamment BFMTV qui se complaît dans cette attitude irresponsable en continu bien sûr !

Jdeclef 07/12/2018 08h20LP

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