Édouard Philippe détaille la hausse
de 100 euros par mois
VIDÉO. Le Premier ministre a précisé le geste
qu'ambitionnait de faire le gouvernement en faveur du pouvoir
d'achat. 5 millions de foyers sont concernés. (Décryptage : tu
parles…)
La principale mesure de pouvoir d'achat, avec la défiscalisation et la suppression des cotisations salariales sur les heures supplémentaires ainsi que l'annulation de la hausse de la CSG qui ne concernera plus que 30 % des retraités, consiste en l'augmentation de 100 euros nets pour les salariés rémunérés au smic. Mais pour éviter d'alourdir le coût du travail, cette hausse se fera via l'augmentation de la prime d'activité, qui devait au départ être étalée jusqu'en 2021. De l'avis d'une source impliquée dans la gestion de l'économie française et européenne « c'est l'une des mesures fiscales les plus intelligentes qui soient ». La prime d'activité, versée aux travailleurs modestes pour augmenter l'écart entre les revenus du travail et ceux perçus lorsqu'aucune activité n'est exercée, ne pèse pas sur les comptes des entreprises. Elle ne dégrade donc pas la compétitivité. « L'enjeu, c'est de ne pas renoncer à la politique de l'offre », décrypte cette source.
L'inconvénient, c'est qu'elle va augmenter les dépenses de l'État, d'autant plus que le gouvernement a décidé d'élargir son périmètre pour la verser à un plus grand nombre de bénéficiaires. Créée en 2016 sous François Hollande, la prime d'activité, fusion de la prime pour l'emploi et du RSA activité, est actuellement versée jusqu'à 1,2 smic. Son montant s'ajoute à ceux du travail et est décroissant en fonction des revenus. Il dépend des revenus du foyer, et non seulement d'une seule personne. Ce qui veut dire que les smicards en couple avec une personne qui gagne mieux sa vie n'y ont pas droit. En ce sens, elle cible davantage les ménages modestes, d'autant que son montant dépend aussi du nombre d'enfants à charge.
Une explosion des dépenses
Mais
pour éviter que les Gilets jaunes, qui réclamaient une augmentation pure et
simple des salaires, ne se sentent floués, le gouvernement va faire passer le
nombre de foyers bénéficiaires de 3,6 millions actuellement à
quelque 5 millions, selon Édouard Philippe.
Contrairement à ce qu'on entend souvent sur les ronds-points, les smicards ne
seront pas les seuls bénéficiaires. Car non seulement la prime d'activité est
déjà versée jusqu'à 1,2 smic, mais le gouvernement va la développer jusqu'à 1,5
smic, soit 1 560 euros de revenus nets pour un célibataire sans
enfant. Selon le Premier ministre, une femme célibataire avec un enfant pourra
ainsi la toucher jusqu'à 2 000 euros de salaire net. Les
fonctionnaires et les indépendants sont aussi concernés. Un couple avec deux
enfants, dont un smicard et le conjoint gagnant 1 750 euros de
revenus nets touchera même 200 euros de plus. Bercy, qui voulait
limiter fortement le coût de la prime d'activité malgré les hausses promises
pendant sa campagne par Emmanuel Macron, va donc devoir assumer une explosion
des dépenses liées de 2,5 milliards d'euros et non plus 600 millions
comme évoqué précédemment. Mais l'écart entre les revenus de ceux qui
travaillent et ceux qui ne travaillent pas va donc très fortement augmenter.En revanche, toutes les personnes au smic n'y auront pas droit. Il s'agit de ceux dont le conjoint gagne bien sa vie et sans enfant. Après avoir affirmé le contraire, Édouard Philippe assume désormais que 50 % des personnes au salaire minimum ne bénéficieront pas de l'augmentation de 100 euros. « Cela peut paraître étonnant, mais 1,2 million de salariés payés autour du smic se trouvent dans les 30 % de foyers français les plus aisés », fait valoir Édouard Philippe. « Les simulations montrent que les effets de la prime d'activité sont plus ciblés qu'une augmentation du smic sur les ménages des premiers déciles, et contribuent davantage à réduire la pauvreté et les inégalités de revenus », relevait ainsi le groupe d'experts sur le smic dans son rapport de fin 2017.
Ce même groupe d'experts notait qu'elle était plus efficace pour augmenter le revenu des bénéficiaires. « Les résultats [de simulations, NDLR] montrent que la hausse de 1 % du smic a, en régime permanent, un effet faible, voire nul, sur le revenu disponible des ménages. La hausse des revenus nets est en effet partiellement ou totalement compensée par une baisse des prestations (RSA, prime d'activité ou allocations logement) et une légère hausse de la taxe d'habitation. » En revanche, une hausse du smic a l'avantage d'augmenter les cotisations pour le calcul de la retraite, ce qui n'est pas le cas de la prime d'activité.
Les entreprises mises à
contribution
La
dépense publique va donc augmenter plus vite que prévu malgré des mesures
d'économies programmées qui devraient atteindre entre 1 et 1,5
milliard, a précisé Édouard Philippe. Les
entreprises sont mises à contribution : la baisse d'impôt sur les
sociétés de 33 % à 31 % sera annulée pour celles dont le
chiffre d'affaires dépasse 250 millions d'euros (et non plus 1 milliard
d'euros comme cela était envisagé encore vendredi). Le rendement de cette
mesure sera donc supérieur pour l'État et devrait atteindre 1,8 milliard
d'euros. Une taxe sur l'activité française des grandes entreprises du numérique
qui devrait être mise en place au cours de l'année, le temps de la calibrer,
devrait de son côté, rapporter 500 millions d'euros. Enfin une niche
fiscale pour les grandes entreprises, dite niche Copé, sera rabotée
pour 200 millions d'euros à la demande de la majorité. Soit au total
2,5 milliards d'euros de recettes préservées par rapport à ce qui était prévu
dans le projet de loi de finances 2019 toujours en cours d'examen au
Parlement.Le financement des mesures d'Emmanuel Macron atteint donc de 3,5 à 4 milliards d'euros alors que ces dernières devraient coûter plus de 10 milliards. Le solde va augmenter le déficit budgétaire de plus de 6 milliards d'euros. Le déficit, prévu pour atteindre 2,8 % dans le projet de loi de finances, devrait donc se creuser jusqu'à 3,2 %, voire plus si la croissance n'atteint pas le niveau attendu de 1,7 % en 2019. La banque de France table désormais sur une progression de l'activité de seulement 1,5 %, avec l'impact du mouvement des Gilets jaunes sur l'activité. Mais l'injection de 10 milliards d'euros de pouvoir d'achat pourrait avoir un effet positif sur la croissance, encore difficile à quantifier, car la consommation des ménages représente plus de 50 % du PIB du pays. Baisser les impôts, la dépense publique et le déficit s'annonce de plus en plus compliqué.
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Il n'est même pas capable d'expliquer
clairement son usine à gaz pour donner 100 malheureux euros à quelques millions
de « gens de peu » qui en
ont besoin ?!
C'est pitoyable de la part d'élus
dirigeants au plus haut de l'état !
La France va mal là, on sait pourquoi, les
deux font la paire !
Jdeclef 17/12/2018 15h32
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