jeudi 24 mars 2016

Selon B.SQUARCINI devrait moduler ces critiques envers la Belgique ce n’est pas comme cela que l’on améliorera la collaboration entre nos deux pays !

Bernard Squarcini, le 17 janvier 2012, à Paris  lors de la conférence de presse pour la remise du rapport sur les chiffres de la criminalité pour l'année 2011
Société

Bernard Squarcini: «Les services de renseignement belges sont très bons mais sous-dimensionnés»


INTERVIEW L’ancien directeur central du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, appelle les parlementaires à intensifier la lutte contre les petits trafics, prisés par les cellules terroristes dormantes…
Pendant cinq ans, Bernard Squarcini, dit « le squale » ou « l’espion du Président », a dirigé les services de renseignement français. L’ancien patron de la DCRI, remercié en 2012, est désormais à la tête d’un cabinet de conseil spécialisé dans la sécurité et l’intelligence économique. Au lendemain du double attentat de Bruxelles, il salue les efforts des services de renseignement belges et appelle les parlementaires à se pencher sérieusement sur le financement des organisations terroristes. Un volet qui apparaît notamment dans le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, débattu par les sénateurs dès mardi prochain.

Au lendemain des attentats du 13 novembre, vous aviez qualifié la Belgique de « hub du terrorisme ». Selon vous les services de renseignements belges étaient-ils prêts ?

Les services de renseignement belges sont très bons. La France travaille avec eux depuis 1986 dans le cadre dela lutte contre l’ultra-gauche européenne comme Action Directe, la Fraction armée rouge ou les Brigades rouges italiennes. Puis en 1995 lors de l’arrivée du GIA, du salafisme et de l’exportation du terrorisme en Europe. Les Belges travaillent mais on s’aperçoit que le pays se transforme en une zone de départ.
Aujourd’hui, la Belgique est devenue plus qu’un « hub » : les donneurs d’ordres viennent de Syrie, restent dans le circuit, frappent et repartent. Mais les services belges sont bons, il ne faut pas oublier l’affaire de Verviers et le démantèlement de cette cellule. Le problème c’est qu’ils sont sous-dimensionnés et le service est trop petit pour gérer plus de deux ou trois objectifs opérationnels 24 heures sur 24. Il ne faut pas leur jeter la pierre, ils ne sont pas plus naïfs que nous.
>> A lire aussi : Attentats à Bruxelles: Pourquoi la Belgique pouvait s’attendre à être visée par un attentat ?

Quelle est l’urgence aujourd’hui, à l’échelle européenne, en matière de lutte antiterroriste ?

On oublie souvent quele traité de Lisbonne impose la souveraineté de chaque Etat en matière de sécurité. Si cela n’empêche pas les différents pays d’avoir des échanges à travers des réunions régulières entre experts nationaux détachés au sein du SitCen, le Centre de situation de l’UE, il ne peut pas y avoir de services de renseignement supraeuropéen. C’est impossible.
Cependant, il faut améliorer la boîte à outils. Sous la présidence européenne espagnole on a vu naître le mandat d’arrêt européen, qui nous sert encore aujourd’hui. Mais également les équipes communes d’enquête qui sont très instructives, que ce soit sur le plan judiciaire ou en matière de renseignement. Les suites de l’enquête concernant les attentats de Bruxelles pourraient être intéressantes puisque le FBI va être co-saisi, comme cela est le cas lorsqu’un ressortissant américain est touché dans un attentat.
Dans cette boîte à outils,il y a le fameux PNR (« Passenger Name Record ») qui a du mal à sortir. On le réclame depuis longtemps, à tel point qu’on a arrêté de le réclamer. Pourquoi faut-il attendre qu’un avion soit au-dessus du Pacifique pour obtenir l’identité des passagers, et lui faire faire demi-tour en cas de problème, alors qu’on pourrait les identifier avant le décollage ? Les services de renseignement ont besoin d’outils techniques, de mesures de bon sens.
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Il faut également réviser la politique relative aux flux migratoires. L’Etat Islamique a trois objectifs : primo, déstabiliser l’Europe par des vagues d’immigration sans précédent. C’est fait. Deuxièmement, infiltrer ces dites vagues par des agents dormants, la preuve en a été faite alors qu’on nous avait assuré que tout serait filtré et contrôlé. Troisièmement, on s’attend très prochainement à des actions par voie maritime, en Méditerranée afin de déstabiliser l’activité économique et touristique dans la région. Il faut qu’il y ait un peu plus d’actions de l’Etat en mer pour surveiller voire combattre. Enfin il faut revoir notre stratégie diplomatique.

La rupture des relations diplomatiques met-elle en difficulté les services de renseignement ?

Il est peut-être temps de se rapprocher de la Syrie. Tous les pays européens, ou presque, ont des ressortissants là-bas. On ne cesse de dire que le renseignement a failli, mais on ne peut travailler qu’avec les outils qu’on nous donne ! Si on avait des relations avec la Syrie, cela permettrait d’identifier les endroits et les sites où nous devons exercer une pression plus forte, et d’améliorer la détection, le suivi et la surveillance de ces ressortissants d’autant que ce sont des milieux difficiles à pénétrer. Il n’y a pas de secret, puisqu’on n’a pas pu les repérer en amont, il faut que l’on sache qui se trouve sur place, sauf qu’on ne peut pas parler avec Bachar al-Assad, ce qui nous pousse à nous tourner vers les Russes.
 L’inquiétude des magistrats sur le renforcement des mesures antiterroristes

Le Sénat s’apprête, la semaine prochaine, à examiner le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, après son adoption à l’Assemblée Nationale. Quel regard portez-vous sur ce projet de loi ?

Depuis 1995, on a beaucoup appris, notamment sur les modes de financement des réseaux terroristes. On s’est aperçu que le commerce illicite de produits licites permettait de faire grossir de petits réseaux aux objectifs terroristes. Or aujourd’hui, la vente de produits non conformes, issus de vols, la contrefaçon et la revente de parfums, de cigarettes sont traitées comme du simple délictuel. Il faut travailler en amont sur l’économie souterraine qui passe sous nos écrans radars et qui intéresse peu les services. La plupart des réseaux ont compris qu’il ne fallait plus braquer mais utiliser des moyens de financement plus discrets et plus progressifs.
Il faut renforcer la répression et déléguer les saisines à des services spécialisés comme les JIRS, (Juridictions interrégionales spécialisées regroupant magistrats du parquet et de l’instruction, spécialisées en matière de criminalité organisée ou de délinquance financière). Il faut en parler dans ce texte législatif et réprimer beaucoup plus sévèrement ces trafics. N’oublions pas que ce sont les petits ruisseaux font les grandes rivières.
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La Belgique est un petit pays de 11 millions d’habitants (à titre de comparaison, il y a 12 millions d’habitants en IDF en France !)

Ce pays fédéral bilingue de langue française, flamande, royauté constitutionnelle séparé en deux cultures principales wallons, flamands (qui se supportent) et une minorité allemande et à titre d’exemple après une crise par une instabilité constitutionnelle du à une absence de gouvernement dernièrement pendant 1 an !
Bien que ce pays frontalier de la France permet une circulation facile entre les deux pays par les échanges et la francophonie, sans compter un modernisme et une qualité de vie équivalente au notre, les moyens de lutte renseignements policiers ou autres ne sont forcément équivalent et les lois différentes et en plus notre nouvel état d‘urgence n’est pas appliqué même si les mesures de sécurités ont été renforcées depuis les attentats de 2015 en Belgique !

Parallèlement les coopérations judiciaires et policières sont à améliorer, c’est un fait mais, il semble que l’on va dans ce sens !

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