Elections
Présidentielle: Macron
le «mystique», Fillon à la messe… Pourquoi cette campagne a-t-elle des accents
religieux?
PRESIDENTIELLE
Le nombre de candidats à la présidentielle faisant
référence au christianisme n’a jamais été aussi important sous la
Ve République…
Nous ne savons pas dans quel état d’esprit était François Bayrou dimanche, mais l’héritier politique de la démocratie chrétienne a dû voir tout rouge en découvrant le même jour l’interview d’Emmanuel Macron au Journal du Dimanche et les images du candidat Les Républicains à la messe, lors de son déplacement à La Réunion.
Le champion d’En Marche ! a tenu un discours inhabituel auprès du JDD, expliquant au sujet de sa posture de candidat qu’il assume la dimension « de transcendance » (terme également utilisé par Fillon lors de son meeting à la Villette le 29 janvier), qu’il ne renie pas « la dimension christique » entre l’électeur et l’élu, qu’il ne « sépare pas Dieu du reste » et que « la politique, c’est mystique ».
Outre Emmanuel Macron, François Fillon, longtemps très discret sur sa foi catholique, en a fait un argument électoral dès la course pour l’investiture de son parti ; François Bayrou le sermonne sur son rapport à l’argent en citant l’écrivain catholique Charles Péguy (aussi récupéré par Macron lors de son meeting à Lyon, décidément) ; et même Jean-Luc Mélenchon s’y met en provoquant des remous dans son camp avec une interview à Famille chrétienne, dans laquelle l’ancien trotskiste affirme « Je suis de culture catholique, je connais la maison ! ».
Une campagne inédite
Que
se passe-t-il pour que le fait religieux, et plus précisément la référence au
christianisme, fassent à ce point irruption dans le discours des candidats à
l’élection présidentielle ? 20
Minutes a demandé à trois politologues si
le fond de l’air avait déjà été aussi « spirituel » à l’approche du
scrutin central de la vie politique française. La réponse est
unanime : non, clairement pas.Philippe Portier, directeur d’études à l’École pratique des hautes études et spécialiste de la laïcité et du rapport entre religion et politique, y voit un cas inédit sous la Ve République, et même au-delà : « Le religieux n’est plus invoqué dans les campagnes électorales depuis les années 1930 et la fin de l’opposition entre catholiques et partisans de la loi de 1905. Ce retour du religieux n’est pas identique aujourd’hui : il n’y a pas d’animosité à l’égard de la religion catholique, au contraire, il y a une recherche de racine qui concerne tous les candidats. »
« Le religieux ressurgit faute que le politique parvienne à
accomplir sa tâche »
« Il
y a un retour de la question identitaire, de la laïcité, et dans ce moment de
fort trouble des opinions, c’est une manière de dire "qu’est-ce qui fait
communauté entre nous ?" », pense Bruno Cautrès, politologue du
Cevipof de Sciences Po. Philippe Portier ajoute : « Les
candidats savent que le religieux en tant que culture parle beaucoup aux gens,
dans un monde qui n’offre plus d’avenir absolument radieux. Ce discours peut
rapidement entrer en résonance avec les attentes d’une population qui s’estime
de plus en plus chrétienne au sens culturel du mot, sans en respecter pour
autant les normes. Par exemple, on a vu avec le cas des crèches de Noël dans
les bâtiments publics que 71 % de la population trouvait ça très
bien. »Le spécialiste de l’histoire politique Christian Delporte voit dans les postures « christiques » des candidats une façon de « pallier la défiance de l’électorat » envers les responsables politiques : « Nous sommes dans une époque où il y a moins de rationalité dans les argumentaires des hommes politiques. » Ainsi, « le religieux ressurgit faute que le politique parvienne à accomplir convenablement sa tâche », décrit Philippe Portier.
Macron et Fillon exploitent le filon
Les
électeurs n’ayant plus confiance dans les programmes, l’image de sauveur
remplacerait les promesses électorales ? « Quand on vote pour
quelqu’un, il faut y croire. Le moteur, c’est la confiance, qui fait que
l’électeur vote. Une campagne présidentielle est avant tout affaire de
personne, d’individu, et donc de spiritualité », ajoute Christian
Delporte.Mais chaque candidat ne procède pas de la même manière, surtout Emmanuel Macron et François Fillon, qui exploitent le plus le filon.
- « Le candidat LR s’est inscrit dans ce sillon depuis un
moment, car il est un élu de la Sarthe, et pas n’importe quel département
du point de vue de l’histoire religieuse française, puisqu’il représente
l’Ouest vendéen. C’est une manière de se positionner fortement sur un
segment de l’électorat très incliné à droite, l’électorat catholique
pratiquant », explique Bruno Cautrès ;
- « Macron mise effectivement sur la mystique, il le dit
et use d’un vocabulaire religieux. Il dit "suivez-moi", veut
créer un climat autour de lui, développe un imaginaire de croyance »,
selon Christian Delporte, alors que Bruno Cautrès estime que le candidat
d’En Marche ! « veut d’abord envoyer un message à ceux qui
disent qu’il a un côté évangéliste, qu’au fond il a des mots et des idées
très générales sans proposition précise. Ce qu’il donne à voir, c’est une
posture. »
« Le clivage gauche-droite est encore fortement marqué par la
religion »
L’intérêt
électoral est donc évident, le fait religieux ayant fait son retour dans la
société française dès les années 2000, selon Philippe Portier, avec une
cristallisation depuis deux ans, dans le contexte des débats autour de l’islam
et de la laïcité (voir aussi la primaire de gauche et les
attaques des proches de Manuel Valls contre Benoît Hamon).Si la référence religieuse revient dans la bouche des candidats, l’importance de ce critère dans la sociologie électorale avait-elle été oubliée ? Non, évidemment, explique le politologue de Sciences Po : « Le clivage gauche-droite est encore fortement marqué par cela : le vote à droite des catholiques pratiquants réguliers est de l’ordre de 70 %, et le vote à gauche de ceux qui se déclarent sans religion est de 50 à 60 %. »
Les responsables politiques n’ont donc pas oublié l’importance du fait religieux dans le résultat d’un scrutin. Mais certains candidats à la présidence de la République ont désormais moins de complexes à l’afficher publiquement.
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Les religieux extrémistes islamiques ont
gagné du terrain dans le monde exemple (AFGHANISTAN, PAKISTAN, IRAK, SYRIE,
LIBYE, EGYPTE) par les guerres moyen-orientales faites par les occidentaux qui
ont accélérées ce problème !
L’occident judéo/chrétien est infiltré
par l’islamisme partout et en plus par le terrorisme lié à ce nouveau DAESH EI
se recommandant (hélas) de cette religion n’a fait qu’augmenter cette crainte !
Alors nos politiciens revendiquent leurs
racines chrétiennes, plutôt que celles hégémoniques qui se répandent
insidieusement dans certaines communautés en France depuis trente ans, en
effrayant une partie de leurs électorats ancestraux !
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