Coignard –
Gérald Darmanin, premier manifestant de France
CHRONIQUE.
Le ministre de l’Intérieur se rend au rassemblement policier devant le
Palais-Bourbon. Risque calculé, mais risque quand même.
C'est
une grande première, à vrai dire du jamais-vu sous la Ve République :
un ministre de l'Intérieur en exercice qui participe à une manifestation de
policiers ! « Moi qui suis le premier d'entre eux, je veux dire que
je les soutiens, je crois qu'ils l'ont compris. Et je serai mercredi lors de
cette manifestation, parce que c'est une manifestation pour la République que
celle des policiers. Et je vais leur dire à la fois mon soutien et ma présence
(…), effectivement nous sommes tous dans le même bateau pour lutter contre
l'insécurité. » Ainsi a parlé Gérald Darmanin, lundi 17 mai, en marge
d'un déplacement dans l'Eure avec son collègue et ami Sébastien Lecornu. Le
« premier flic de France », selon l'expression consacrée, se rendra
donc, ce mercredi, à la manifestation organisée par l'intersyndicale devant le
Palais-Bourbon, après le meurtre du brigadier Éric Masson à Avignon le
5 mai.
Il est beaucoup question d'embarcations pour évoquer la solidarité
des membres du gouvernement avec les policiers en colère. Après le bateau de
Darmanin, la barque de Dupond-Moretti : « Que les syndicats de police
demandent que les forces de l'ordre soient respectées dans notre pays, certes
(…) La justice, elle aussi, mérite le respect. Police et justice sont dans la
même barque républicaine », a déclaré hier le garde des Sceaux Éric
Dupond-Moretti, qui n'a pas exclu de venir, lui aussi, saluer les forces de
l'ordre sur le pavé parisien. Il n'est pas sûr qu'il rencontre un accueil
enthousiaste, dans la mesure où les policiers s'indignent notamment de la
faiblesse de la « réponse pénale » aux actes de délinquance en
général, et à ceux qui touchent certains des leurs en particulier.
Michel Richard – Pourquoi Éric
Dupond-Moretti en fait trop
Comment assurer le service après-vente ?
Dans un premier temps, la présence de Gérald Darmanin parmi les
protestataires a pu ressembler à une mauvaise manière faite à son collègue
Dupond-Moretti, puisque l'institution judiciaire est la première visée par les
accusations policières. Elle a aussi suscité une certaine incompréhension, et
même quelques railleries, sur le thème du ministre qui manifeste contre
lui-même ou du moins contre sa propre politique.
Mais les syndicats ont d'ores et déjà assuré que leur colère
n'était pas dirigée vers lui. Pour autant, tout risque n'est pas écarté. Si les
mots d'ordre hostiles au gouvernement se multiplient dans le cortège, où se
retrouveront tous les partis d'opposition à l'exception de La France insoumise,
comment Gérald Darmanin assurera-t-il le service après-vente ?
Pour lui, participer à un tel rassemblement n'est donc pas sans
risque, à commencer par le soupçon du calcul politique, alors que le vote RN
séduit un nombre croissant de policiers. Cette expérimentation est donc à
suivre avec la plus grande attention…
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