Accoyer :
« Des promesses de Macron, il ne reste pas grand-chose »
ENTRETIEN.
L'ancien président de l'Assemblée nationale juge sévèrement le personnel
politique actuel, et l'exhorte à prendre l'avenir industriel du pays en main.
Il fut pendant trente ans l'un des piliers
discrets et loyaux de la droite. Retiré de la vie politique depuis les
dernières municipales, où il a abandonné sa mairie d'Annecy-le-Vieux, l'ancien
président de l'Assemblée nationale (sous la présidence de Nicolas
Sarkozy), âgé de 75 ans, contemple avec regrets sa famille
qui se déchire, incapable, depuis le séisme de 2017 qui l'a vue
écartée du second tour de la présidentielle, de définir une ligne. La crise que
traversent Les Républicains, lâchés cette semaine par les plus macronistes de leurs
membres, a pour lui des racines profondes. La droite, en mal de
vision, peut-elle se relever ? Ses cadres sont-ils intellectuellement
armés pour relever les grands défis de l'avenir ? Entretien.
Le Point : Votre famille
politique a vécu une semaine de psychodrame avec l'alliance
avortée entre Les Républicains (LR) et La République en marche (LREM)
en Paca. La droite est-elle en train d'imploser ?
Bernard Accoyer : Le risque d'implosion lente est réel. Il est
causé d'abord par le bilan médiocre d'une action politique qui aboutit, après
trente années d'alternance, à plonger le pays dans une situation très
difficile. Les partis et le personnel politique s'étant disqualifiés, Emmanuel
Macron a profité de la défaillance de François Fillon pour faire exploser le
système. La gauche dont il est issu a explosé tout de suite. Cela s'opère plus
lentement pour la droite, mais cela s'opère. Un sursaut de courage, de travail
de fond programmatique et d'unité est indispensable.
De 2004 à 2007, en tant que
président du groupe UMP, vous avez dû gérer des conflits parfois violents entre
sarkozystes et chiraco-villepinistes. Vous avez également été secrétaire
général des Républicains. Auriez-vous exclu Renaud Muselier, qui a agi sans
avertir personne, et contre la stratégie décidée par votre parti qui
était : pas d'alliances au premier tour ?
Non. L'exclusion politique
est un mécanisme où l'on perd davantage que l'exclu et les adversaires. Quant à
monter une liste LR en quelques jours, cela posait d'innombrables problèmes
avec un risque d'échec dès le premier tour. Je connais bien Renaud, qui est médecin
comme moi. C'est un homme convivial qui a été soumis à une pression extrêmement
forte, à la fois de Christian Estrosi (qui lui avait donné son fauteuil),
d'Hubert Falco, de Jean-Claude Gaudin, mais aussi de Christophe Castaner auquel
Christian Estrosi devait son élection à la présidence de région il y a six ans
puisque le PS avait retiré sa liste pour faire barrage à Marion Maréchal.
Ajoutez à cela tout l'appareil élyséen mobilisé pour le convaincre qu'une
alliance était la meilleure solution... Quand un tel rouleau compresseur passe
sur une personne seule, il est extrêmement difficile de lui résister. C'était
une erreur. Si l'élection est risquée pour Les Républicains face à
Thierry Mariani, un ancien du RPR et de l'UMP, l'alliance éventuelle
devait attendre le second tour. Aujourd'hui, le risque de l'élection d'un président
apparenté RN est toujours là.
IRégionales : à Marseille, la tentation
Mariani fait douter les électeurs LR
Chirac
n'a pas vraiment conduit une politique de droite.
Au terme de cette semaine,
la droite apparaît affaiblie, et plus que jamais divisée sur la stratégie
qu'elle doit adopter face à Emmanuel Macron. Les chiraquiens que sont Christian
Jacob ou François Baroin ont-ils l'autorité nécessaire pour imposer une
ligne ?
J'ai toujours été un chiraquien
fidèle, même si j'ai toujours pensé que Chirac ne conduisait pas vraiment une
politique de droite, sauf de 1986 à 1988. Il a mené une politique
sociale-démocrate qui n'a jamais eu le courage de revenir sur les excès de la
gauche en matière d'alourdissement de la dépense publique et des prélèvements,
d'affaiblissement de la valeur travail et de l'autorité et de l'immigration
irrégulière. Tout le monde est responsable et le résultat est là. L'effritement
des Républicains a été progressif. On sentait bien que le nombre de militants
et de jeunes dans la famille politique allait en diminuant, et qu'il y avait un
problème de recrutement. Secrétaires généraux et présidents se sont succédé,
avec parfois l'utilisation du mouvement à des fins plus personnelles que
collectives. Cela s'est fait au détriment d'un réel travail sur la ligne
politique et le projet de fond. La Fondapol, qui est le plus brillant des think
tanks français, créée par Jacques Chirac, a été coupée des Républicains, et
c'est dommage.
2022 : comment Macron compte écarteler la
droite
Christian Jacob multiplie
pourtant les conventions et travaux sur le projet, et se vante d'avoir engagé
un travail de fond.
C'est vrai, je salue ses efforts. Mais
en raison du contexte politique et sanitaire, ses propositions restent peu
audibles, et insuffisamment partagées même à la direction de LR, dont le numéro deux annonce ses propres projets de
réforme en total décalage avec le travail que conduit Christian
Jacob. Ce n'est pas fédérateur pour les militants ni convaincant pour les
observateurs.
« Les idées de droite ne sont portées ni par
Macron ni par Le Pen »
La désignation d'un candidat pour la
présidentielle devrait permettre de clarifier la ligne. Croyez-vous à une
candidature capable de s'imposer naturellement à tous ?
Comme Gérard Larcher, j'ai toujours
été favorable à un mécanisme de départage. LR dispose de personnalités de
premier plan. Xavier Bertrand a le mérite d'être déterminé et de tout faire
pour cela, c'est déjà beaucoup en politique. Valérie Pécresse a l'avantage d'un
beau parcours. Elle est capable de combler la fracture entre la capitale et la
province, la mégapole et la ruralité. Un autre est brillant et cultivé (même
s'il s'en cache), c'est Laurent Wauquiez. Il connaît l'Histoire sur le bout des
doigts, c'est important. En Auvergne-Rhône-Alpes, il a fait un travail intense.
Il est difficile de prédire qui l'emportera, mais l'union sera la clé.
Laurent Wauquiez sort de sa réserve
Que vous inspire l'hypothèse d'un
second tour Macron-Le Pen ?
C'est une hypothèse vraisemblable,
mais incertaine. Emmanuel Macron fait tout pour que ce dangereux scénario se
concrétise, bien qu'aucun président de la Ve République n'ait été
réélu hors cohabitation. L'abstention risque malheureusement d'être
déterminante, en raison du nombre de déçus à gauche et du manque d'adhésion
suffisante à droite à la gouvernance d'Emmanuel Macron. Les socialistes
trouvent qu'il fait trop de courbettes à la droite, et les gens de droite sont
outrés par son absence de résultats sur le plan régalien, et par ses clins
d'œil à la déconstruction de notre histoire. C'est inquiétant, car au-delà de
l'hérédité de Mme Le Pen, elle s'inscrit dans une incohérence programmatique
généralisée qu'elle renouvelle tous les cinq ans.
Édith Cresson : « La France a une
tradition politique misogyne »
Il n'a pas été à la hauteur des
espérances. Certes, il y a eu la crise sanitaire, mais cela tient aussi aux
conditions de son émergence rendue possible par la succession d'opportunités
qu'il a su saisir. Celle d'accéder à l'intérieur du pouvoir en étant nommé
conseiller à l'Élysée, puis celle d'être nommé à un poste ministériel
important. Ministre, il a pu rencontrer des parlementaires de gauche et nouer
avec certains des liens de travail et de séduction. Pour son projet, il a fallu
en donner un petit peu à tout le monde, certaines réformes résultant d'accords
de ralliements plus que d'une logique d'ensemble.
Pour
le reste, sur tous les sujets régaliens, on constate l'impasse du “en même
temps” : les actes sont trop rarement en cohérence avec le discours.
Vous pensez à la réforme des
retraites, soufflée par François Bayrou ?
L'échec était écrit d'avance !
L'âge légal de départ à la retraite est une variable incontournable. Or Macron
a posé d'emblée qu'il n'y toucherait pas ! À partir de ce moment-là,
faire une grande réforme qui allait impacter tous les Français devenait un
exercice impossible. Je présidais l'Assemblée quand, péniblement, nous avons
réussi à porter l'âge légal de départ à 62 ans, avec tous les
mécanismes de bonus-malus. Cela s'est terminé par une séance marathon et
Jean-Marc Ayrault qui me courait après dans les couloirs pour me taper
dessus ! Toucher aux retraites est une opération extrêmement difficile
pour un gouvernement, et on ne peut y toucher qu'en ne changeant qu'une partie
des variables qui aujourd'hui définissent notre système. Vouloir tout changer
d'un seul coup en passant d'un régime par répartition et par annuités à un
régime par point, c'était irréaliste. Des promesses d'Emmanuel Macron, il ne
reste pas grand-chose. Il a fait une réforme de la fiscalité sur le patrimoine
très critiquée à gauche, elle est la seule réforme courageuse et utile pour
essayer de freiner le départ des investisseurs de France. Mais cela lui
ramènera peu d'électeurs. Pour le reste, sur tous les sujets régaliens, on
constate l'impasse du « en même temps » : les actes sont trop
rarement en cohérence avec le discours.
De nombreux épidémiologistes
critiquent le calendrier de déconfinement annoncé par le gouvernement, le
jugeant prématuré. Le médecin que vous êtes redoute-t-il une quatrième
vague ?
J'ai mon opinion concernant la gestion
de la crise sanitaire, mais je ne l'exprime pas publiquement, car je considère
que la critique publique et de façon dispersée est anxiogène pour les
malades et pour la population. Trop de jugements différents se sont
exprimés. Maintenant, on ne peut que constater notre retard
sur la vaccination par rapport à la Grande-Bretagne, lié au fait que
l'Europe, puissance uniquement commerciale, n'a pas eu le réflexe (comme
Donald Trump l'a eu) de financer la recherche d'un vaccin, mais s'est contentée
de négocier les meilleures conditions d'achat. Cela résume un
peu ce qu'est devenue l'Europe : un marché dirigé par des
gens davantage obsédés par le commerce et les affaires que par la
création de biens, relever le défi du numérique, de l'espace, etc.
La
gestion de l’énergie en France illustre le manque de courage, de vigilance, de
vision à long terme de nos dirigeants de gauche comme de droite.
Vous avez récemment fondé une
association rassemblant des personnalités de gauche comme de droite (avec
Arnaud Montebourg, Jean-Pierre Chevènement, Hubert Védrine...), pour défendre
le patrimoine industriel français, et notamment le patrimoine nucléaire (l'Association
de défense du patrimoine nucléaire et du climat, PNC-France). La gestion de
l'énergie en France, pour vous, symbolise tous les errements des
politiques ?
PNC-France est une ONG transpartisane.
Toutes les opinions politiques républicaines sont présentes. Et c'est bien
ainsi. Nous partageons ensemble le même constat et nous avons la même
conviction : les choix énergétiques de la France sont utopiques, ruineux
et dangereux. Leurs conséquences climatiques, économiques, sociales et
politiques pourraient être incalculables. Or, la France dispose avec sa filière
nucléaire du meilleur atout pour relever le défi climatique. C'est ce
patrimoine qui est en danger. PNC compte parmi ses membres une multitude de
personnalités scientifiques, de disciplines différentes de premier plan, dont
deux Prix Nobel. Son conseil d'orientation est présidé par Louis Gallois, à qui
l'industrie française doit tant, et son collège d'experts est dirigé par Yves
Bréchet, ancien haut-commissaire à l'énergie atomique, scientifique reconnu.
La gestion de l'énergie en France
illustre le manque de courage, de vigilance, de vision à long terme de nos
dirigeants de gauche comme de droite. Depuis plus de vingt ans, ils ont laissé
le ministère de l'Environnement, devenu compétent pour l'énergie en 2007, être
infiltré par des militants anti-nucléaires, jusqu'à en arriver à cette
aberration : nos choix stratégiques énergétiques salués dans le monde
entier sont méthodiquement démolis par un entrisme militant.
Emmanuel Macron clame pourtant son
« obsession » de réindustrialiser la France...
Comment expliquer alors que dans son
discours du Creusot, quelques mois après la fermeture de la centrale de
Fessenheim et l'arrêt de programmes de recherche essentiels pour la filière
nucléaire (le programme Astrid, NDLR) Emmanuel Macron affirme à la fois
que « notre avenir énergétique et écologique passe par le
nucléaire », mais qu'il ne prendra aucune décision, pourtant urgente, sur
la construction de nouveaux réacteurs (les EPR2 devant remplacer le parc
vieillissant, NDLR) avant 2023 ? C'est incompréhensible, dangereux pour
répondre aux besoins de décarbonation, et complètement contradictoire avec la
volonté qui est la sienne de réindustrialiser la France. Pour réindustrialiser
un pays, il faut d'abord arrêter sa désindustrialisation. Or le nucléaire est
menacé et c'est la troisième filière industrielle française. Il faut aussi
disposer d'une électricité fiable et bon marché. C'était un des atouts de la
France, quand l'électricité ne cesse d'augmenter en raison des subventions
pharaoniques qui sont accordées aux investisseurs de l'éolien ! Avec le
soutien d'un lobby rassemblant des idéologues, des industriels, des gaziers,
des pétroliers, et des investisseurs puissants. Avec le soutien de l'Allemagne,
l'Europe s'acharne à détruire ce dernier avantage compétitif de la France. Le
réchauffement climatique est incompatible avec la domination d'une idéologie
qui priorise la sortie du nucléaire sur la lutte contre les émissions de CO2
et pour le climat.
Ce sera l'un des enjeux de la campagne
présidentielle ?
Nécessairement, car c'est l'une des
clés du redressement du pays. Il n'est plus supportable que l'avenir de la
France, que la préservation de son système social – qu'on ne financera pas par
de la décroissance – dépende de calculs électoraux. En 2023, Emmanuel
Macron sera-t-il au pouvoir ? De quelle majorité disposera-t-il s'il en a
une ? Entre l'espoir de garder quelques voix de l'écologie politique et
les intérêts de la nation, il faut avoir le courage de prendre les décisions
urgentes. L'absence de courage est toujours préjudiciable.
Attendez-vous, sur ces sujets, un
sursaut de la droite ?
Je n'ai jamais renié mes convictions
politiques. La démocratie, depuis la Révolution française, c'est l'alternance
entre la droite et la gauche. C'est toute la classe politique qui doit regarder
la France et le monde tels qu'ils sont devenus. Quant à la droite, elle doit à
la France un sursaut qui mettra au cœur de ses priorités : l'éducation, la
formation, la recherche, le travail, le mérite, la réindustrialisation et le
respect de l'autorité, replaçant notre pays sur une voie qui lui a déjà
réussi plusieurs fois au cours de son histoire. Car c'est la production qui
finance l'indispensable solidarité nationale, ciment de la nation, une
solidarité qui ne pourra plus longtemps être financée, par la dette, sur le dos
des plus jeunes générations.
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A part peut être la taxe d'habitation qui a été supprimée laborieusement remplacée par la taxe foncière qui elle a augmenté car en France très dépensière vivant au-dessus de ses moyens il lui faut beaucoup d'argent mal utilisé d'ailleurs par notre état et ses très mauvais gestionnaires de cette classe politique et de plus en plus médiocre pas toujours nette au fil des quinquennats dont peu importe la couleur politique !
Alors
bien sur le président actuel pseudo monarque habituel élu par une majorité par
défaut à qui on a donné trop de pouvoir dans cette Veme république obsolète qu’il
faudrait rénover, voire changer, car glissant petit à petit vers une fausse
démocrature don l’insécurité grandit le président l’a admis (un miracle) cet France
dont on ne veut pas dire le nom ou la démocratie qui reste s’érode comme dans
d’autres pays civilisés dit démocratiques en pointillé !
Et
bien sûr la cerise sur ce gâteau empoisonné des crises sanitaires et
économiques dont notre président dira qu’il ne pouvait prévoir parce que
mondiale et donc pas de sa faute qu’il ne pouvait traiter correctement malgré
la kyrielle de scientifiques français de renom qui a été très mal géré avec un
gouvernement d’une bassesse et qualité déplorable comme bien sur la vaccination
bâclée en termes d’organisation déplorable !
Donc
en résumé on est à la merci de cette covid bien que certains pays aient pu la
stopper on compte même plus, les décès dû à cette loterie morbide et eux nos
dirigeants continuent à faire de la basse politique politicienne plutôt que de
s’attaquer au mal pour essayer d’être réélus !
Pauvre
peuple français versatiles gogos qui se laissent avoir par des poignées de politiciens
de tous bords, car le reste c’est du bla-bla et (il y en aura encore pour les
remercier alors qu’ils n’ont rien fait car dépassé depuis le début), merci à
eux politiciens de tous bords dirigeants et ministres et chef d’état car c’est
cela la France que j’aime, mais dont je suis plus que déçu !
Et
parler de famille (politique) c’est une honte et débile aux vues de ses membres
de tous bords !
Jdeclef
0905/2021 11h02

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