Snejana, âgée de 74 ans, vit d'une
petite retraite seule dans ce logement social avec une tourterelle et
trois chats. Les fenêtres de son appartement donnent sur la rue. Son quotidien
est rythmé par les cris, les bruits, le trafic. L'atmosphère est, elle, imprégnée
d'odeurs d'urine, mais pas seulement. « Ils fument sous mes fenêtres,
peste la septuagénaire. J'ai été obligée de mettre du scotch sur toutes les
aérations pour ne pas respirer les émanations de crack. » Barricadée,
angoissée, Snejana n'ose plus sortir. Elle prend des antidépresseurs pour ne
pas sombrer et des somnifères pour trouver un sommeil qui ne vient pas.
Membre du Collectif19, une association composée de riverains
mobilisés pour dénoncer la situation, elle occupe ses insomnies, derrière sa
fenêtre, en surveillant, photographiant le trafic pour poster ses images sur
les réseaux sociaux et mettre en lumière le calvaire des habitants du quartier.
Ces images, figées par son appareil, hantent son esprit et minent son moral.
« Les ravages de cette drogue sont redoutables, lâche-t-elle en écrasant
une larme. Il faut voir ces pauvres gens quand ils sont en manque ! Ça me
fait de la peine. Certains picorent le sol à la recherche de résidus de cracks
ou vont jusqu'à lécher la terre sous les grilles au pied des arbres parce que
les “modous” (les dealers d'origine sénégalaise, NDLR) y cachent souvent
la drogue. C'est insupportable de voir tant de misère et de souffrance. »
Certains
picorent le sol à la recherche de résidus de cracks ou vont jusqu’à lécher la
terre sous les grilles au pied des arbres parce que les « modous »,
(les dealers d’origine sénégalaise), y cachent souvent la drogue. © dr
Des cars de CRS campent le long de l'avenue
Depuis près d'une semaine pourtant, Snejana connaît quelques
moments de répit. Les attaques aux mortiers d'artifice, perpétrées au début du
mois par des habitants de l'immeuble pour chasser les dealers et les drogués,
ont fait réagir les pouvoirs publics qui ont déployé une présence policière
massive. Des cars de CRS campent le long de l'avenue. « C'est vrai, la
situation s'est apaisée depuis que la police est là, consent Snejana. L'autre
soir, alors que j'avais réussi à m'endormir, c'est le silence qui m'a
réveillée, car je n'y suis plus habituée. »
Leïla * vit dans le même immeuble que Snejana. Elle partage
le constat de sa voisine et apprécie ce calme un peu retrouvé. Elle tempère,
pour autant, son enthousiasme. « Cela ne dure que quelques heures. Une
fois les camions partis, les crackés reviennent. Les modous, eux, n'ont pas
peur de la police. Ils se cachent à peine pour faire leur business. »
Leïla est une femme en colère. Elle se dit aussi épuisée par le confinement, la
crise sanitaire, l'insécurité, l'attention qu'elle doit porter à son fils de
24 ans. Atteint de troubles autistiques, l'état du jeune homme nécessite
un environnement calme. Elle est aussi inquiète pour sa fille. L'adolescente
âgée de 13 ans refuse de sortir par peur de cet environnement hostile.
« Aujourd'hui, j'ai été obligée de la supplier de venir prendre un peu
l'air avec moi, explique Leïla. Mais je la comprends. Ce que l'on voit dehors
dépasse l'entendement. J'ai croisé tout à l'heure un homme déambuler avec son
pantalon baissé. Et récemment, un couple s'était installé sous nos fenêtres sur
un matelas pour avoir des relations sexuelles sous nos yeux sans même se
cacher. »
Risques sanitaires
La mère de famille s'inquiète aussi des risques sanitaires pour
les riverains avec les fumées de crack dans l'immeuble, de la saleté toujours
plus présente. « On marche sur des restes de drogues ou des pipes à crack.
C'est dérisoire, mais ce matin j'observais les pigeons dans la rue. Ils
picorent toute la journée et je me disais que les pigeons de Stalingrad sont
sûrement les oiseaux les plus défoncés de Paris ! »
Le dealer en fuite se réfugie… dans
une voiture de police
La jeune femme rit, comme pour anesthésier une angoisse, qui ne
disparaît jamais vraiment. Elle évoque le déconfinement à venir, mais se dit
prisonnière de cette situation, de la peur, et de ce quartier gangrené par la
drogue et l'insécurité. « Bientôt, on pourra sortir jusqu'à 21 heures
pour aller au cinéma et au restaurant. Mais je n'aurai pas droit à ce cadeau, à
cette liberté parce qu'ici on ne peut pas sortir le soir. Et la journée, je ne
peux pas me permettre de traîner. Je risque d'être suivie, harcelée par des
toxicos qui mendient de façon très agressive. Ils sont prêts à tout pour se
payer leur dose ou de l'alcool. »
Violence ordinaire
La démonstration de ce quotidien pénible est faite dans une
supérette voisine. Ayoub* l'épicier surveille les agissements d'un individu
hébété. L'homme titube et interpelle les clients pour leur soutirer des
cigarettes ou de l'argent. Ayoub, qui est intervenu pour lui demander de
s'éloigner, semble complètement imperméable aux insultes et aux menaces
proférées par cet individu jurant, entre autres choses, « de le
buter ». Un incident qualifié de dérisoire par le commerçant, accoutumé à
cette violence devenue ordinaire. Il l'assure, la présence policière, en ce
samedi après-midi, contribue largement à apaiser l'ambiance. « Dans ce
quartier, on est habitué à l'insécurité, lance, impassible, Ayoub
par-dessus les cris de l'irascible personnage. Le rayon d'alcool est derrière
la caisse et j'ai installé une caméra à l'extérieur. Ça ne les empêche pas de
voler. »
La police
intervient et saisit du crack dans le quartier Stalingrad, à Paris © dr
S'il se réjouit de la présence policière, Ayoub le sait, une fois
les hommes en bleu partis, la « normalité » de la violence reprendra
ses droits. Effectivement, en fin de journée, la police n'est plus là et
l'avenue de Flandre résonne de cris, de bruits et des klaxons des
automobilistes excédés par des individus désespérés s'accrochant aux portières
des voitures pour mendier. Les dealers, qui attendaient non loin, ont déjà
repris possession des bancs publics pour vendre les petites galettes de crack
qui s'échangent pour une dizaine d'euros. Sabrina assiste à ce triste spectacle
quotidiennement. Désabusée, elle refuse de blâmer les policiers. « Que
voulez-vous qu'ils fassent face à ces hordes de zombies ? Tout le monde
est dépassé . Les habitants n'ont d'autre choix
que de se barricader la nuit. »
Pour autant, cette mère de famille refuse de céder à la colère ou
de renoncer à la compassion. Investie bénévolement au sein d'une association,
Deborah apporte, elle, son aide à des SDF dont certains sont toxicomanes.
« Je connais le sujet affirme-t-elle et la solution n'est pas que
répressive. Bien sûr, il faut punir les dealers, vendeurs de mort. Mais ces
drogués sont malades. Ils ont besoin d'aide, de soins. Ces gens vendent tout ce
qu'ils ont sur eux pour acheter leur dose. Ils sont démunis, abandonnés de
tous. » La jeune femme soutient l'action de la police. Mais elle insiste.
Selon elle, la solution est forcément politique. « Il faut des moyens pour
sortir ces gens de la drogue. Bien sûr, cela coûte cher. Mais ces gens sont des
êtres humains. On ne doit jamais l'oublier. »
Depuis le 11 mai, les habitants ont décidé de se mettre à
leurs fenêtres tous les soirs à 20 heures pour faire du bruit en tapant
dans des casseroles. Cette initiative lancée par plusieurs collectifs de
riverains (Action Stalingrad et Collectif19) vise à attirer l'attention sur la
situation et protester contre l'appropriation du quartier par les dealers et
les toxicomanes. « L'idée, explique l'un des membres d'Action Stalingrad,
c'est de faire réagir les pouvoirs politiques. Ça commence aux fenêtres et
ça finira dans la rue ! »
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Et que nos
élus passent leurs temps à s'invectiver à l’assemblée nationale, voir même au
Sénat en essayant de se rejeter les fautes, les uns sur les autres en palabrant
pour ne rien dire de concret par manque de volonté d’agir des gouvernements en
place et leurs dirigeants et ce depuis des décennies de tous bords politiques
et que cela fait 40 ans que ça dure !
La
délinquance et violence dangereuse ne peut qu’augmenter ainsi que l’insécurité
et fait divers quotidiens ou chacun veut faire ses lois, ne respectant plus
autrui !
On devient
un pays incontrôlable par trop de libertés qui ne sont plus encadrées et ou on
passe trop de temps à pérorer au lieu d’agir sur le fond, car il est presque
trop tard, cette anarchie rampante est presque là !
Il faut
cesser de subir l’insupportable et remettre les pendules à l’heure qui ont pris
trop de retards, à cause de l’inertie gouvernementale qui s’est installée et
prend de l’ampleur et ne pas confier le destin des français lambda qui se referme
sur eux-mêmes à cause des politiciens médiocres que nous avons élus ou tout au
moins nos dirigeants 1er ministres et présidents de tous bords depuis
les derniers quinquennats et même avant, après l’ère mitterrandienne !
Nous
subissons cela quotidiennement sans parler de la mauvaise gestion de cette
pandémie de Covid 19 et scandale de cette vaccination bâclée, et la fin que l’on
peut espérer, car il y a le coté économique : le chômage qu’il faut
stopper et redémarrage des entreprises qui est loin d’être acquit et là ce n’est
pas des discours habituels de nos bavards gouvernementaux qui régleront la
santé du pays encore sous perfusion et celle des français dont certains sont
déjà dans la misère !
On
parle trop en France, mais on n'agit peu et on s'écoute parler et cela devient
préoccupant voir trop risqué !
Jdeclef 13/05/2021
14h44
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