lundi 17 mai 2021

Tous ces politiciens élus ou non ont tant de casseroles à trainer qui cela devient inaudible et insupportable, voir ubuesque !

 

Soupçons de fraudes au RN : le rapport de police qui accable Marine Le Pen

Le parti aurait abusivement profité de 6,8 millions d’euros en dissimulant des collaborateurs sous le statut d’assistant parlementaire, révèle le « JDD ».

Par LePoint.fr

Cinq années d'enquête et un constat implacable. Dans un rapport de synthèse de 98 pages adressé à une juge d'instruction et relayé par Le Journal du dimanche, l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff) accuse le Rassemblement national d'avoir « mis en place un système organisé frauduleux de détournements des fonds européens à son profit, par le biais d'emplois fictifs d'assistants parlementaires ». Dans le viseur de l'instance, 17 dirigeants, élus et proches du parti, qui pourraient être poursuivis pour « détournement de fonds publics » ou recel de ce délit, l'instruction visant aussi le soupçon d'« escroquerie en bande organisée ».

C'est la conclusion d'une vaste enquête, qui accuse le parti d'avoir abusivement profité de 6,8 millions d'euros en dissimulant des collaborateurs sous le statut d'assistant parlementaire. Au cœur de ce système, la présidente du RN, Marine Le Pen, est désignée comme l'instigatrice et la bénéficiaire principale, elle qui a été mise en examen dans ce dossier.

Centraliser la gestion des crédits

Tout aurait réellement commencé après les élections européennes de 2014, lors desquelles le RN avait obtenu 24 sièges au Parlement de Bruxelles et Strasbourg. Le parti avait alors décidé de centraliser la gestion des crédits alloués aux élus, selon les enquêteurs. Au cours d'une réunion, Marine Le Pen aurait d'ailleurs signifié à ses troupes qu'elles ne pourraient employer qu'un seul assistant par tête et que les autres seraient choisis par elle et affectés au parti. À la tête de ce système, un certain Charles Van Houtte, ami belge de Marine Le Pen. Son rôle, selon l'Oclciff ? Suivre la consommation des crédits par chaque député afin de déterminer sur quelles enveloppes les assistants peuvent être rémunérés.

Le 21 avril 2002 ou la naissance de Marine Le Pen

Mais, face aux enquêteurs, Charles Van Houtte rejette la faute sur sa patronne. Selon lui, seule Marine Le Pen prenait la décision d'imputer le salaire d'un assistant sur l'enveloppe de tel ou tel député. « Vous connaissez Marine Le Pen, tout est très centralisé avec elle », a-t-il expliqué à la juge, précisant que la patronne du RN « joue sur les deux enveloppes » de l'État français et du Parlement européen pour « gérer son parti ».

Autre enseignement de cette enquête : certains collaborateurs dévoués au parti mais payés par les fonds publics européens semblent avoir cumulé indûment des contrats, relaie le JDD. Et l'Oclciff de citer le cas de Thierry Légier qui a bénéficié de plusieurs contrats d'assistant parlementaire alors qu'il était simplement garde du corps de Jean-Marie Le Pen puis de sa fille. Mais aussi celui de Guillaume L'Huillier qui a exercé simultanément la fonction de directeur de cabinet du patriarche Le Pen et celle d'assistant parlementaire local de l'eurodéputé Bruno Gollnisch, sans qu'une trace de cette dernière soit matérialisée.

Marine Le Pen en chef d'orchestre ?

Comme le révèle le rapport des enquêteurs, la plupart des dépositions laissent à penser que le chef d'orchestre de ce système était bien Marine Le Pen. Certains de ses collaborateurs s'en sont même inquiétés, souligne le JDD. « Ce que Marine nous demande équivaut [à ce] qu'on signe pour des emplois fictifs… et c'est le député qui est responsable pénalement sur ses deniers, même si c'est le parti qui en est bénéficiaire », écrivait ainsi l'eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser au trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, dans un échange d'e-mails daté du 22 juin 2014.

Rassemblement national : sondages pleins, bourse vide

Mais les enquêteurs ont dû batailler pour obtenir des preuves, la plupart des collaborateurs visés affirmant avoir détruit leurs archives ou encore changé d'ordinateur pour justifier leur incapacité à présenter une preuve de leur travail au Parlement européen. Certains membres déchus du parti ont néanmoins aidé l'Oclciff. C'est notamment le cas d'Aymeric Chauprade et de Sophie Montel, qui ont quitté le parti en 2015 et en 2017 pour des désaccords politiques. Le premier a ainsi confirmé le caractère « fictif » de l'emploi du député RN Bruno Bilde, et ce, « de manière certaine », précise le JDD.

Marine Le Pen accuse le JDD d'être « un organe du pouvoir »

Sollicité par l'hebdomadaire, l'avocat de Marine Le Pen, Rodolphe Bosselut, balaie, lui, toutes ces accusations, assurant que sa cliente n'a « jamais mis en place de système frauduleux ». « Tous les assistants parlementaires au Parlement européen cités dans l'instruction ont travaillé à un ­moment ou à un autre », martèle-t-il. Lors de son audience, le 5 septembre 2018, la présidente du RN avait déjà contesté toute fraude, expliquant notamment que son organigramme était erroné pour gérer « la guerre des ego ». « On met des gens avec des titres ronflants mais qui ne correspondent à aucune réalité », avait-elle plaidé, comme le rappelle le JDD.

Après avoir pris connaissance de la une du quotidien, la présidente du RN l'a accusé d'être « un organe officiel du pouvoir macroniste », qui « ressort la même sempiternelle affaire des assistants parlementaires, comme à chaque élection ». « Rien de neuf sous le soleil, sauf peut-être de bons sondages en vue », a ironisé Marine Le Pen sur son compte Twitter. 

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