Aurélien
Pradié : « Emmanuel Macron est un comédien »
ENTRETIEN.
Le député LR du Lot fustige « la trouille », le « manque d’honneur »
des politiques et les « vautours » qui rodent autour de son parti.
Vous parlez de « trouillard », de « manque
d'honneur »… Mais rien de nouveau : le général de Gaulle fustigeait
déjà ceux qui allaient à la soupe…
Sauf qu'à cette époque, un opportuniste était traité comme tel, et
méprisé comme tel par les observateurs, la classe politique et les Français.
Aujourd'hui, un traître passe pour un stratège politique ou un héros, un
opportuniste pour un visionnaire ! Nous nous sommes progressivement
habitués à la dégradation des comportements politiques. La politique est devenue
misérable dans ses comportements et il faudrait faire avec. C'est
insupportable ! Et je suis bien décidé à ne pas le supporter. Ce spectacle
misérable ne peut pas devenir la norme, au risque de voir peu à peu disparaître
ce qu'il reste de la politique. Il est temps de retrouver un code d'honneur
politique, des grands principes de fidélité, des repères de comportement. Le
mot « d'honneur » a disparu de notre langage. Il est pourtant
incroyablement moderne. Ceux qui auront le courage de porter à nouveau ce mot
deviendront les nouveaux conquérants politiques. L'attitude politique n'est pas
un détail. Le spectacle actuel est misérable, côté LREM, côté RN, et partout
sur nos bords…
Emmanuel
Macron et les fantômes du 21 avril 2002
Quelle attitude pouvez-vous encore adopter ?
Je considère que nous avons été trop indulgents collectivement
avec des comportements politiques qui relèvent du degré zéro du calcul
politicien. Il faut à présent nommer clairement les choses et les hommes. Il
faut dire que monsieur Mariani (tête de liste RN en Paca, NDLR) comme
monsieur Garraud (tête de liste en Occitanie face à Pradié, NDLR), tous deux
anciens députés UMP aujourd'hui candidats RN, sont des traîtres et des
opportunistes. Il faut rappeler qu'ils sont passés au RN après avoir été
platement battus dans leurs circonscriptions sur leurs noms. Parce qu'ils
avaient été de piètres députés, leurs concitoyens les ont renvoyés chez eux.
Ils ont négocié une place au Parlement européen, sur une liste à la
proportionnelle, sans risques électoraux. Le RN n'hésite pas à payer ceux qui
trahissent. Cela vaut aussi pour LREM. Combien de ministres actuels de ce
gouvernement ont trahi leurs amis, leurs idées, leur famille politique pour un
poste, parfois même un sous-poste ministériel ? Vous trouvez glorieux le
parcours de celui qui le lundi combat Emmanuel Macron et sa vision de la
société, et qui le jeudi entre au gouvernement ? Que vaut l'accession au
pouvoir s'il a fallu se renier pour l'obtenir ? Elle ne vaut rien. Ni pour
celui qui fait semblant de l'exercer ni pour les Français qui, en réalité, ne
respectent pas ceux qui trahissent. Croyez-vous une seule seconde que ce
spectacle des déserteurs et des transfuges honore la politique ? Ce
spectacle des « coups politiques » et « prises de guerre »
excite les observateurs mais abîme notre démocratie. Ces mots durs, je
considère qu'il faut désormais les prononcer. Nous reconstruirons la politique
si nous nommons les choses. Les pires comportements doivent être nommés, pour
faire émerger les meilleurs.
Si les Français qui votent RN
passaient une seule journée avec leurs représentants, ils seraient vaccinés à
vie de voter pour eux. Et une seule dose suffirait !
Le Rassemblement national n'est-il pas devenu le RPR et LR une
force d'appoint de la droite ?
Vous parlez bien du parti de Madame Le Pen ? Celui qui a
voulu assassiner le général de Gaulle ? Celui dont certains membres ont
participé à l'attentat contre Chirac ? Vous parlez bien de ce parti qui,
aux élections municipales, a emporté 1,5 % des villes de plus de
30 000 habitants ? Les Républicains sont le parti héritier du général
de Gaulle et du RPR de Jacques Chirac. C'est notre histoire. Nous en sommes
fiers et nous n'avons pas le droit de l'oublier. Les Républicains sont à la
tête de plus de la moitié des villes de plus de 30 000 habitants. Les
Républicains sont majoritaires au Sénat et comptent 110 députés à l'Assemblée
nationale. Combien de sénateurs RN ? Combien de députés RN ? Le RN
est composé d'imposteurs. Et nous ne sommes pas assez exigeants envers eux.
Venez passer une journée dans l'hémicycle de la région en Occitanie. Venez
constater concrètement qui sont les élus RN. Ceux qui hurlent « vive le
roi » à la fin de leurs interventions, ceux qui parlent « d'art
nègre » pour dénoncer des subventions culturelles, ceux qui sont capables
de déclencher des bagarres en plein hémicycle. Voilà la réalité que j'ai
moi-même vécue comme conseiller régional d'Occitanie. On pardonne à ces
individus RN ce que l'on ne pardonnerait à aucun autre parti politique. Si les
Français qui votent RN passaient une seule journée avec leurs représentants,
ils seraient vaccinés à vie de voter pour eux. Et une seule dose
suffirait ! Derrière leurs airs « propres sur eux », ce sont des
« régressistes ». La droite républicaine, elle, est conquérante pour
les droits des Françaises et des Français. Nous sommes passés trop vite de la
diabolisation stérile du RN à sa banalisation facile. Nous devons dire haut et
fort que nous n'avons rien à voir avec la punition, la régression et la
violence qu'ils incarnent. Le fonds de commerce du RN est de diviser les
Français. L'ambition de la droite gaulliste est de les rassembler.
Cotta
– Présidentielle : Xavier Bertrand inquiète Macron et agace la droite
Le problème n'est-il pas le non-choix : dans le cas de la
région Paca, on désapprouve le choix de Renaud Muselier, mais on le
soutient. Le message envoyé au peuple de droite est plus que confus…
Si on résume : Renaud Muselier peut donc rester de droite là où Édouard
Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et consorts ne le sont plus et ont
été taxés de traîtres. On n'y comprend plus rien !
Renaud Muselier s'est fait piéger et il a piégé sa famille
politique. Pour tout vous dire, je n'arrive pas à l'excuser. C'est une bêtise électorale,
c'est une bêtise morale et sûrement, pour ses amis historiques, une faute
d'amitié. Il est vrai que gérer une région, comme gérer une commune, se fait
avec des talents venus de partout. Sauf que l'entrée dans le jeu du Premier
ministre, chef de la majorité macroniste, change tout. Le sujet est devenu
politique. Que Renaud Muselier le veuille ou non. Son erreur a sûrement été de
flirter. Quand on n'a pas l'intention de coucher en politique, on ne flirte
pas. On ne se laisse pas inviter à dîner à l'Élysée, on ne se laisse pas
flatter par les flatteurs qui entourent Emmanuel Macron, on ne se laisse pas
caresser impunément en se disant : « On ne sait jamais de qui on
peut avoir besoin. » La vie politique, ce n'est pas un bal de promo.
C'est l'espace des convictions et des valeurs. Celles qui ne se négocient pas
au gré des vents. Ce n'est pas inutile de le rappeler. On ne tente pas de
« se placer » en politique. La stratégie du « cul entre deux
chaises » est la plus dévastatrice. Pour avancer, on s'affirme et on
cherche à convaincre. Voilà le bon chemin.
Nous n’avons pas besoin d’un chef
de clan. Pas besoin d’un incendiaire ou d’un comédien. Nous avons besoin d’un
chef d'État.
La droite peut-elle se passer d'un candidat à la
présidentielle ?
Évidemment que non. Et il n'est pas question un seul instant de
nous en passer. La droite républicaine aura un candidat. Il sera solide. Et il
peut gagner. Le défi de la prochaine présidentielle sera celui du rassemblement
des Français. Devenir président de la République, c'est être capable d'unir les
Français. Emmanuel Macron est coupable d'avoir incendié la société. Mesurez
l'écart immense qu'il y a entre ses promesses de dépassement des
clivages et le niveau de division de la société française. Les communautarismes
s'installent, la laïcité recule, les violences sont quotidiennes, l'autorité
est devenue une illusion, les injustices sociales grandissent, la pauvreté
explose. La France est abîmée. Le candidat de la droite républicaine sera le
seul capable de rassembler et de guérir la France. Notre candidat devra avoir
cette dimension. Nous n'avons pas besoin d'un chef de clan. Pas besoin d'un
incendiaire ou d'un comédien. Nous avons besoin d'un chef d'État. Emmanuel
Macron et Marine Le Pen ont cela en commun qu'ils divisent les Français. La
grande responsabilité de la droite gaulliste est de les rassembler.
« Les
idées de droite ne sont portées ni par Macron ni par Le Pen »
Comment la droite peut-elle redevenir le parti du « métro à
6 heures du soir »comme on définissait le mouvement
gaulliste ?
En parlant de tous les sujets à tous les Français. En portant un
espoir et pas une punition pour nos concitoyens. Je crois que les sujets
sociaux sont aussi essentiels que les sujets régaliens. La droite ne doit pas
être borgne. Elle doit regarder les Français avec ses deux yeux. Lorsque nous
nous engageons à l'Assemblée sur le handicap, sur la protection des femmes
victimes de violence en faisant voter à l'unanimité une loi de généralisation
du bracelet anti-rapprochement, ou encore lorsque nous travaillons sur le défi
de la sortie de la pauvreté, nous redonnons confiance aux Français. Ces sujets
sociaux ont été trop considérés comme des sujets de « niche ». Ce
sont des sujets stratégiques qui permettent de traduire concrètement notre
vision de la société : être juste. Les injustices sont un fléau humain,
social et démocratique. Le cœur de la politique est là : rétablir de la
justice et du mérite. C'est d'ailleurs la belle et grande histoire de la droite
française, de Simone Veil, en passant par Jacques Chirac sur le handicap ou
encore Xavier Emmanuelli avec le Samu social. Les Français l'ont presque
oublié. La droite aussi parfois. Renouer avec l'histoire de la droite
française, c'est retrouver la fierté de ceux qui ont contribué à mener de
grandes conquêtes sociales pour notre nation.
Quelles thématiques doit préempter la droite ?
Le retour de l'autorité politique est essentiel. Sur les sujets
régaliens bien sûr, mais aussi au-delà. L'autorité du politique, c'est autant
la forme que le fond. Quand un responsable politique cherche à faire des
« coups » ou des combinaisons électorales, il perd son autorité. La
droite républicaine doit incarner le courage et la droiture. C'est en soi un
programme politique !
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Mr
MACRON pour cette particularité a été à bonne école avec sa femme enseignante !
Et
comme certains français adorent les beaux discours bien tournés, que peut-être,
ils ne comprennent pas toujours, n’ayant pas le niveau lettré de notre
président qui se prend pour un monarque sans couronne bien-pensant et surtout
donneur de leçons (peut être une déformation professionnelle ?)
Pour
beaucoup, les bonimenteurs et aboyeurs de foire ont une écoute de nos politiciens,
la méthode est différente, mais tout aussi efficace si leurs diatribes tiennent
la route ?!
Parler fort comme des tribuns a aussi ses
effets !
Néanmoins
notre président n’a toujours pas entendu, ni compris les français lambda qui
votent encore (peut être mal) bien qu’ils élisent un dirigeant qui ne les satisfasse
pas totalement, voire pas du tout, car il les prend pour des nuls, voir niais
et paresseux avec dédain !
Ils
les traitent en petit bourgeois parvenu qu’il est, et s’il est réélu, là, il attrapera
la grosse déjà enflée par son égo habituel de président, car il se prendra
vraiment pour un monarque absolu qui gèrera un ersatz de démocrature ?!
Et
donc pauvre France et surtout des français dont l’avenir n’est déjà pas rose,
car ils n’en sont pas encore conscients (comme d’habitude qui croient
encore au changement chimérique !?)
Jdeclef
23/05/2021 16h37
L'affreuse censure est passée des modérateurs du point dégonflés car critiquer sa majesté sans couronne ce n'est pas bien pensant et hypocrite alors cela ne va pas pauvre France
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