dimanche 23 mai 2021

Il a perdu la main le président bien-pensant donneur de leçons ?

 

Emmanuel Macron ou la politique de gribouille

LETTRE DU POUVOIR. À un an de l’élection présidentielle, le chef de l’État a-t-il perdu le feu sacré, au risque de paver le chemin du RN vers le pouvoir ?

 

« Bien sûr que Marine Le Pen peut être élue présidente en mai 2022 ! » Cette confession, nombre de responsables politiques la livrent désormais, sous le couvert de l'anonymat, jusqu'au cœur de la majorité, tant les dernières semaines ont donné le sentiment que la macronie était à bout de souffle, entre annonces en forme de coups de communication sur la haute administration, opérations diversement réussies de fracturation de la droite et tension inédite avec les forces de sécurité, police et armée. Au point que le quotidien économique allemand Handelsblatt, jugeant la situation « préoccupante » de l'autre côté du Rhin, osait dans ses colonnes à la mi-mai la comparaison avec la fin de la République de Weimar, dont la faiblesse favorisa l'arrivée au pouvoir du NSDAP nazi. « Il y a une vraie inquiétude, oui. Beaucoup en macronie considèrent que le président a déjà gagné, comme Édouard Balladur en juin 1994 ou comme Lionel Jospin en juin 2001. Ils sont fous ! Macron, ça peut être la République de Weimar, le mélange gauche-droite qui amène le Rassemblement national. Si deux ou trois régions basculent au RN fin juin, ça peut accréditer cette idée », frémit une figure de la majorité. Macron a-t-il perdu la baraka ?

Cazeneuve : « La suppression de l'ENA et du corps préfectoral est une triple faute »

« Lui qui se voit d'habitude si magnifique vit un mois horribilis. J'ai longtemps cru qu'il était l'homme d'une vision plus qu'un habile stratège politique, je me suis trompé. Il n'a aucune vision et c'est un politique aussi diabolique que malhabile. On a cru avoir Rocard, on a finalement Giscard, pour ne pas dire Juppé ou Fillon », éreinte le patron du Parti socialiste Olivier Faure, dont la formation n'est pourtant pas dans une plus reluisante situation. « Les emmerdes, ce n'est pas le monopole du mois de mai. Ça fait plusieurs mois qu'elles volent en escadrilles. On s'y habitue, on résiste mieux avec le temps », se résigne un ministre, qui tente de voir le verre à moitié plein en plein déconfinement, avec la réouverture des lieux de loisirs et commerces et le reflux – temporaire ? – de l'épidémie.

Jean (Castex) n’imprime pas, il a un problème d’autorité.Un Marcheur

Le coin enfoncé à droite, avec l'accord bancal annoncé par Jean Castex début mai avec le républicain Renaud Muselier en région Provence-Alpes-Côte d'Azur laisse, avec le recul, un goût amer chez les Marcheurs. « C'était du grand n'importe quoi ! On monte des opérations de pieds nickelés, mais ça ne sert à rien », s'agace un macroniste. Un homme en particulier cristallise les tensions en interne : Thierry Solère, conseiller politique officieux du chef de l'État, issu de LR, à la manœuvre en Paca. « Un petit cercle de plus en plus restreint et ostracisant décide à la place du président de ce qui est bon pour lui », étrille un responsable de la majorité. En nationalisant le scrutin des régionales des 20 et 27 juin au lieu de l'enjamber en prenant sa perte, le chef de l'État a de fait pris le risque de se fragiliser si plusieurs régions basculent dans l'escarcelle de Marine Le Pen. Outre Paca et les Hauts-de-France, la région Bourgogne-Franche-Comté, que le RN avait failli conquérir de quelques points aux régionales de 2015, inquiète LREM. D'autant qu'un tiers des ministres sont engagés dans ce combat électoral, au risque de les affaiblir, du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, parti à la bagarre dans le Nord, à Jean Castex lui-même, qui a pris son risque en annonçant dans le JDD l'accord en Paca. Les spéculations sur un remaniement, jusqu'à Matignon, vont bon train en cas de séisme électoral, et le nom du ministre de l'Économie Bruno Le Maire revient en boucle pour succéder à Édouard Philippe et Jean Castex. « Jean n'imprime pas, il a un problème d'autorité », confesse un Marcheur.

Cotta – Présidentielle : Xavier Bertrand inquiète Macron et agace la droite

Plus gênant, d'aucuns se demandent si le président lui-même ne se retrouverait pas en zone de danger en n'apparaissant plus comme un rempart contre Marine Le Pen. « Ça sent le pâté, rouspète un centriste. À force de tripoter le RN dans tous les sens et de le faire monter, n'est pas Mitterrand qui veut. Macron peut se faire déborder ». « Il tire tellement sur la corde qu'il va finir par la péter et donner les clefs à l'extrême droite », peste Olivier Faure, qui l'accuse de paver le chemin du RN vers l'Élysée.

Une présidentielle dominée par les questions de sécurité

Au sein de la majorité, le choix opéré par l'Élysée de mettre en avant les questions régaliennes depuis le long entretien accordé par Emmanuel Macron au Figaro à la mi-avril, suscite de fortes tensions entre l'aile gauche sociale-démocrate et les partisans d'un virage à droite. Des députés LREM ont d'ores et déjà décidé de faire leurs valises avant la fin du quinquennat, à l'image du Morbihannais Hervé Pellois, qui a annoncé ne pas vouloir se représenter aux législatives. « Plus la fin du quinquennat approche, plus le taux d'absentéisme chez nous augmente. On aura des difficultés à retrouver des députés sortants motivés pour reprendre du service en 2022 », s'inquiète un conseiller.

Le parti présidentiel a aussi démontré ces jours-ci qu'il n'avait guère de colonne vertébrale sur les questions de laïcité, en s'écharpant à ciel ouvert sur le cas d'une candidate voilée pour les départementales dans l'Hérault, réveillant l'idée que la conversion régalienne d'Emmanuel Macron ne serait qu'un artifice de communication pour appâter l'électeur de droite. « Mettre nous-mêmes les questions de sécurité sur la place publique, ça n'est pas la meilleure des idées », alerte un ténor macroniste, pour qui cette rhétorique ne peut profiter qu'à la droite et au RN. « Les chaînes info se tirent la bourre sur le moindre fait divers à longueur de journée », s'alarme un conseiller de l'exécutif, prompt à voir là un remake de la campagne présidentielle de 2002, dominée par les questions de sécurité. « L'enjeu du président, c'est de tenir les deux bouts de la chaîne : la droite libérale et la social-démocratie. Il faut sortir de l'idée qu'il n'y a que du régalien ! » met en garde le député LREM Sacha Houlié, qui a écrit au chef de l'État une note pour l'alerter sur la « société des oubliés », entre chômage et pauvreté.

Agacement

Dans ce contexte, la tension inédite avec les forces de sécurité alerte, entre la manifestation des policiers sous le fronton de l'Assemblée nationale, les tribunes anonymes de militaires ou l'appel du macroniste déçu Philippe de Villiers à « l'insurrection » dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles. « Attention, le pays ne va pas bien ! Ces tribunes sont préoccupantes et il faut être attentif au malaise des policiers. Leur vote se porte à 60 % sur Marine Le Pen [selon le Cevipof, NDLR] », met en garde une figure de l'opposition. « Certes, il y a eu le péché originel d'Emmanuel Macron avec le général de Villiers [poussé à la démission de son rôle de chef d'état-major des armées en juillet 2017, NDLR]. Mais notre problème, c'est que la ministre des Armées a laissé la première tribune de militaires se faire sans trop rien dire, et il a fallu que l'Élysée et Matignon lui demandent de réagir à la deuxième, c'est grotesque ! Un ministre doit faire de la politique. Comme Gérald Darmanin avec les policiers, Florence Parly doit traiter avec sa clientèle. On n'a jamais mis autant d'argent dans l'armée ! » s'agace un conseiller ministériel. Un malheur ne venant jamais seul, le Conseil constitutionnel, plus haute juridiction française, vient de censurer l'ex-article 24 – décidément maudit – de la loi sur la sécurité globale qui punissait la diffusion d'images malveillantes d'agents des forces de l'ordre, et ce, 24 heures après la manifestation des policiers devant le Palais-Bourbon.

À la manifestation des policiers, la gauche façon puzzle

Le chef de l'État en a-t-il encore sous le pied, lui qui est crédité dans son camp d'une puissante capacité de rebond ? À un an de la course à la magistrature suprême, il va engager une grande tournée préélectorale du pays pour tenter de recoudre sa relation aux Français, tel Jacques Chirac en son temps. « À moins d'un an de la présidentielle, sa popularité ne s'est pas effritée autant que celle de ses prédécesseurs. C'est un bon signe ! » se rassure un conseiller du pouvoir face aux quelque 25 % d'intentions de vote dont le président reste crédité pour le premier tour de la présidentielle. Las, les récentes annonces chocs de la suppression de l'ENA et du corps préfectoral ont laissé pantois dans les rangs macronistes, où certains redoutent une tentation « populiste » et « politicarde » pour faire des hauts fonctionnaires les boucs émissaires de la piètre gestion de la crise sanitaire, là où les politiques ont failli. Un élu centriste achève, cinglant : « Macron, c'est des coups de volant dans tous les sens, on roule à toute allure. C'est James Dean et la fureur de vivre ! » On connaît la fin.

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"Gribouille"comme certain le qualifie : oui !

Car personne ,brouillonne naïf et sot qui se jette dans les ennuis !

Défauts inhérents à tous nos présidents surtout ceux des dernières décennies, aveuglés par leurs égos démesurés se croyant intouchables ou indispensables !

Jdeclef 23/05/2021 17h51


1 commentaire:

  1. La censure est là de nos modérateurs du point serviles et ridicules car critiquer le président n'est pas interdit ils faut qu'ils le comprennent nous sommes encore dans un pays libre ou la liberté d'expression inscrite dans notre constituions est un droit inaliénable et le président n'est pas un monarque comme il croit l'être !

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