lundi 17 mai 2021

Depuis de Gaulle que j'ai connu car d’une génération de celle-ci, et qui n'a pas tenu longtemps dans cette Veme république qu’il a créé !

 

Jean-Marie Rouart : « Les Français sont en attente d’un nouveau messie »

Selon l’écrivain, ni la laïcité ni la loi contre le séparatisme ne sont des réponses à la vigueur de l’islam. La France doit assumer ses valeurs chrétiennes.

 

Notre monde sécularisé a bien du mal à penser le religieux. Comment interpréter la vigueur de l'islam ? Pourquoi l'homme n'a pas fini de croire ? Dans Ce pays des hommes sans Dieu (Bouquins), l'écrivain Jean-Marie Rouart s'empare du sujet avec une belle érudition et une grande liberté. « On se demande si cette République si entichée de laïcité jusqu'à l'intégrisme n'est pas en train de procéder à sa propre déification », avance-t-il lors de notre entretien. Rouart considère le « christianisme comme inséparable de notre culture, de notre sensibilité, de notre amour de la liberté, de notre universalisme, tout ce que nous sommes, y compris la laïcité. » Sa critique d'un certain discours laïc, et non de la laïcité, suscitera un débat. Il y a matière dans le livre de l'académicien pour que celui-ci soit de haute tenue.

Propos recueillis par Sébastien Le Fol

Le Point : Alors comme ça, un fléau menace la France : la laïcité ?

Jean-Marie Rouart : La laïcité ne menace pas la France. C'est l'islamisme radical et violent que nous devons combattre. Mais ce n'est pas cette mystique laïcarde qui nourrit le discours dominant qui nous permettra de le vaincre. La France s'est désarmée. La civilisation française, cette expression d'une nation exceptionnelle, reposait sur trois piliers : l'État, le christianisme et la littérature. L'universalisme dont se réclament les laïcards prend sa source dans le christianisme. La défense de la liberté ne date pas de la République ni du siècle des Lumières. Par un édit de 1315, le roi Louis le Hutin a établi que « le sol de France affranchit l'homme qui le touche ». La France a un projet de civilisation qui a fait d'elle une nation exceptionnelle.

Du « New York Times » aux islamistes, la France a beaucoup d'ennemis aujourd'hui, qui lui reprochent de ne pas vouloir renoncer à la laïcité. Vous, le gaulliste, vous mêlez votre voix à ce concert ?

Je n'ai rien contre la laïcité. Au contraire. C'est un acquis du christianisme. Mais c'est une ligne Maginot. Toutes les civilisations se sont construites à partir d'une transcendance. Nous sommes le seul pays où l'athéisme est considéré comme un avantage. Comme si la croyance appartenait à un âge révolu, à une forme d'infantilisme, et que le progrès, c'était l'incrédulité. La loi sur le séparatisme, qui vient d'être votée, est sous-tendue par des principes athées. D'ailleurs, tous les responsables religieux l'ont comprise dans ce sens.

Pour le citoyen Rouart, Dieu devrait donc être au-dessus de la loi ?

Lorsque le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, affirme qu'il n'y a rien au-dessus de la loi, il ne mesure peut-être pas tout ce que cette déclaration implique. Heureusement que tout au long de notre histoire on a soutenu Antigone contre Créon. Et Voltaire contre les juges qui avaient condamné Sirven, Calas, et le chevalier de La Barre. Et les Justes qui ont sauvé les juifs ? Ils ont transgressé la loi ! Et de Gaulle condamné à mort par contumace. Et le général Meyer qui a sauvé trois cents harkis contre les ordres reçus par sa hiérarchie, qui ne se souciait pas de les envoyer à une mort certaine ! Et Zola condamné à la prison pour diffamation… Déjà, François Mitterrand s'élevait contre la force injuste de la loi. C'est toute la grandeur de l'homme d'être capable dans certaines circonstances de préférer l'honneur, des valeurs humaines supérieures, universelles, à une loi qui, comme toutes les règles qu'édicte une société, peut être injuste, voire abjecte, comme les décrets sur les juifs d'octobre 1940.

Un modus vivendi avec les Français musulmans

Votre thèse rejoint celle de Pierre Manent dans « Situation de la France ». Il appelle à un « compromis entre les citoyens français musulmans et le reste du corps civique ». C'est aussi votre avis ?

La République française devrait avoir un rapport de compréhension avec toutes les religions. D'abord et y compris avec le christianisme, qui a façonné la civilisation française. Il y a environ six millions de Français musulmans aujourd'hui. Leur part dans la population va s'accroître. Ils seront quinze millions dans vingt ans. Il nous faudra établir un modus vivendi avec eux. Nous nous trouvons dans une situation proche bien que différente du problème qu'a posé l'existence du protestantisme à la monarchie française au XVIIe siècle. Je crois qu'il faut en tirer la leçon : être favorable à la modération et à l'intelligence de Henri IV plutôt qu'aux méthodes violentes et inutilement répressives de Louis XIV. Tout faire pour conjurer la menace d'une guerre civile puisque l'expression a été employée.

« Séparatisme » : la République, le temps des périls ?

Comme Patrick Buisson, avez-vous « plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita de 13 ans en string » ?

Je ne poserais pas la question de manière aussi caricaturale et polémique. Je ne rejette d'emblée ni le string ni le voile quand il ne vise pas à une provocation politique. Je ne suis pas hostile aux signes religieux. Ni à la kippa, ni à la soutane, ni même aux crèches de Noël dans les mairies. Je crois que la religion en soi est un bien. Même si elle peut devenir un instrument politique redoutable et néfaste. Comme le pensait Renan, je pense que la religion, loin d'être un témoignage d'obscurantisme, manifeste chez l'homme un désir d'élévation. Claude Lévi-Strauss m'a dit un jour : « Je suis athée mais je préfère parler avec des gens qui croient. »

Vous consacrez des pages troublantes aux convertis à l'islam : Isabelle Eberhardt, Louis Massignon, René Guénon… Seriez-vous à votre tour tenté ?

Absolument pas. Néanmoins, je suis curieux de l'islam comme les moines de Tibhirine, le père de Foucauld, le maréchal Lyautey pouvaient l'être. Dans son testament, le prieur du monastère, Christian de Chergé, écrit : « Je sais les caricatures de l'islam qu'encourage un certain islamisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les extrémismes de ses intégristes… » Toutes les formes de spiritualité me fascinent. Comme elles pouvaient passionner un Benjamin Constant ou un Malraux, par ailleurs agnostiques.

Essai – Ces résistants qui croyaient au ciel

Estimez-vous que les musulmans sont maltraités en France ?

Évitons de tomber dans les généralisations hâtives. Dans le cas d'Omar Raddad, dont j'ai eu l'occasion de défendre l'innocence et dont la condamnation est une honte pour la France, c'est patent. Mais ce n'est pas le musulman que j'ai défendu, c'est l'homme malheureux. Il y a hélas encore une forme insidieuse de justice de classe en France dont ne pâtissent pas seulement les musulmans mais tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, sont socialement ou intellectuellement défavorisés.

Je n’aime pas le blasphème

Êtes-vous Charlie ?

Je n'aime pas le blasphème, même si comme chaque Français j'ai été bouleversé par la tragédie qui a frappé tant de caricaturistes de talent. J'étais très lié à Georges Wolinski. Je remarque que la République n'a pas toujours été Charlie. Quand Hara-Kiri a titré « Bal tragique à Colombey – 1 mort », elle a interdit le journal. Un républicain comme Jacques Chirac a eu des mots très durs contre Salman Rushdie au moment de l'affaire des Versets sataniques. La République a énormément évolué ! Elle semble aujourd'hui accepter facilement les blasphèmes religieux pour mieux s'obséder sur les blasphèmes républicains. Parfois on se demande si cette République si entichée de laïcité jusqu'à l'intégrisme n'est pas en train de procéder à sa propre déification. D'ailleurs, les politiques, comme Manuel Valls ou Xavier Bertrand, ont tendance à chasser le terme France de leur vocabulaire pour le remplacer par le mot République. Avec eux, on a l'impression que la naissance de la France ne date plus du baptême de Clovis, mais de 1792.

À l'instar de Kamel Daoud, de nombreux intellectuels arabes luttent pour s'affranchir de la religion. Et défendent le modèle laïc français, dans lequel ils voient une chance pour eux. Que leur dites-vous ?

Il faut bien sûr les soutenir et se battre pour leur liberté. Ils sont la preuve vivante que la véritable marque de notre génie national, c'est l'importance accordée dans notre pays à la littérature, comme l'ont souligné deux écrivains allemands, Ernst Robert Curtius et Friedrich Sieburg. La richesse que des intellectuels musulmans trouvent dans la civilisation française, il faudrait pouvoir la transmettre à des émigrés appartenant à des catégories sociales plus défavorisées intellectuellement. C'est ainsi qu'on pourra mieux les convertir à notre mode de vie et de pensée. Hélas, notre civilisation française offre une terrible dégradation : pour ne prendre qu'un exemple parmi beaucoup d'autres, la langue française est profondément minée par le franglais. Dans vingt ans, le français tel que nous l'avons connu et aimé sera devenu une langue morte comme le grec ancien. Ce fléau contre lequel les pouvoirs publics ne réagissent pas touche évidemment le vocabulaire : « cluster », « live », « click and collect », mais aussi la syntaxe, comme cet abominable « Sorbonne Université », dont nous devrions avoir honte. Si nous en étions encore capables.

Le christianisme inséparable de notre culture

Derrière votre fervent éloge de la croyance, n'y a-t-il pas chez vous un profond dégoût pour le monde d'aujourd'hui ?

Ce que vous appelez un peu exagérément mon éloge de la croyance, c'est en réalité un éloge du christianisme comme inséparable de notre culture, de notre sensibilité, de notre amour de la liberté, de notre universalisme, tout ce que nous sommes, y compris la laïcité. Si on m'avait laissé le choix, peut-être aurais-je préféré vivre au XVIIIe siècle, où l'art et l'art de vivre se conjuguaient si harmonieusement. Notre époque, qui néanmoins me passionne, a pris goût à la servitude volontaire évoquée par La Boétie. Nous vivons sous de nouvelles tyrannies insidieuses, celles du marché, d'Internet, des Gafa. Nous ne sommes plus des citoyens mais des consommateurs gavés de publicités. Notre religion, pour employer l'expression de Roger Garaudy, c'est « le monothéisme du marché ». On comprend dans ces conditions pourquoi les Français ont besoin de croire en une nouvelle société. Ils aspirent à retrouver un peu de cette civilisation française aussi engloutie que la ville d'Ys dont ils gardent la nostalgie. Ils sont depuis toujours, comme judéo-chrétiens, en perpétuelle attente d'un nouveau messie.

Où en êtes-vous avec la religion ?

Ma religion, c'est l'art. Je crois aux forces de l'esprit. Ma prière, c'est d'écrire. Ma messe, la relation quotidienne que j'entretiens avec Tolstoï, Balzac, Maupassant, Proust… J'ai adapté la communion des saints aux écrivains et aux artistes malheureux. Je leur dédis mes petits succès et mes grands échecs. Quand j'ai été élu à l'Académie, après maintes laborieuses tentatives, on m'a complimenté : « Vous êtes heureux ? » « Non, ai-je répondu, je suis inquiet : j'ai obtenu quinze voix de plus que Balzac. » Cette religion toute personnelle, mais forcément d'inspiration chrétienne, qui n'est assujettie à aucun dogme, rejoint pourtant dans sa finalité l'aspiration religieuse : se hisser au-dessus de soi-même, de sa médiocrité, pour tenter d'entrevoir le ciel.

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Il n'y a eu qu'une descente vers le fond de la France et maintenant, c'est les religions avec cette laïcité française que beaucoup croit encore protectrice ce qui n'est pas le cas et qui vient durant ces dernières décennies de montrer ses faiblesses et a divisée les français même ceux catholiques chrétiens qui voient leurs cultures ancestrales inébranlables mais infiltrées par d'autres religions extrémistes venues d'ailleurs car réclamant que leurs lois moyenâgeuses intolérantes soient implantées dans notre vie courante supplantant même celles de la république !

C’est un fait que l’on ressent par des flux migratoires incontrôlés avec rigueur, et trop de nos libertés mal encadrées, mais surtout par les gouvernements qui depuis 40 ans après le mitterrandisme et avec ces quinquennats qui ont accéléré cet épiphénomène qui grandit avec en plus des incidents ou drames liés à ce changement de certains français, selon les générations et des gouvernements et dirigeants de tous bords qui ne veulent pas voir ces faits avérés et qui pratique le politiquement correct hypocrite de bien-pensant donneur de leçons qui est aussi dangereux que toutes religions extrémistes et ses actions dangereuses intolérantes, car celles-ci ne connaissent que leurs pratiques moyenâgeuse d’un autre âge et ses excès ne respectant pas autrui  !

Qui peut mener à l’anarchie ou guerre civile !

Jdeclef 17/05/2021 16h24


1 commentaire:

  1. Pauvres modérateurs du point c'est eux qu'ils vaudraient mieux censurés car dans ce commentaire qui va etre diffusé largement sur tous médias je n'a i cité aucunes religion nommément car bien les censeurs du point bornés qui ne respectent pas la liberté d'expression on sévit inutilement je remercie J.M.ROUARt qui a dit simplement la vérité pour essayer d'ouvrir les yeux de trop de bien pensant qui ne veulent pas voir le risque qui grandit

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