lundi 2 février 2015

CE PROCÈS PEUT ÊTRE L'ÉPILOGUE DES HISTOIRES GLAUQUES SEXUELLES DE DSK MAIS EN SORTIRA-T-IL LA VÉRITÉ? ÇÀ C'EST UNE AUTRE HISTOIRE ET CE N'EST PAS SUR ?


Carlton de Lille : le procès s'ouvre en présence de DSK


Le très médiatique procès pour proxénétisme où l'ex-directeur du FMI comparaît aux côtés de 13 autres prévenus a commencé lundi à Lille.

Plus de trois ans et demi après l'affaire du Sofitel de New York, qui avait brisé net sa brillante carrière politique, Dominique Strauss-Kahn se retrouve lundi sur le banc des prévenus, accusé cette fois de proxénétisme aux côtés de 13 autres prévenus dans l'affaire dite du Carlton de Lille. L'ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI), longtemps favori des sondages en vue de la présidentielle 2012 avant sa chute faustienne à New York devant les caméras du monde entier, est soupçonné d'avoir été au coeur d'un réseau de prostitution mis en place par ses amis du Nord.
Vers 13 h 30, soit une demi-heure avant l'ouverture du procès, qui doit durer trois semaines, DSK était arrivé dans la salle du tribunal correctionnel. Son témoignage n'est cependant pas prévu avant le milieu de la semaine prochaine. Même si le parquet, en ce qui concerne DSK, a requis un non-lieu, celui-ci comparaît aux côtés notamment d'un hôtelier, d'un policier, d'un avocat et d'entrepreneurs, ainsi que du médiatique Dodo la Saumure, tenancier revendiqué d'établissements "de plaisir" en Belgique, le tout en compagnie de 24 avocats, et sous les yeux des nombreux journalistes accourus pour l'événement. Le proxénétisme aggravé en réunion est puni jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 1,5 million d'euros d'amende.
Dès l'aube, chaînes françaises d'information en continu et médias étrangers avaient déployé devant le palais de justice cars régie et plateaux de direct pour commenter cette nouvelle aventure judiciaire de celui qui fut l'un des hommes les plus puissants de la planète. Près de 300 journalistes se pressaient lundi aux abords où à l'intérieur du palais, parmi lesquels les représentants d'une vingtaine de médias étrangers. Le chargé des relations publiques à l'hôtel Carlton, René Kojfer, personnage central de l'affaire, s'est dit "serein" devant la presse, avant de pénétrer dans le tribunal.

Questions de procédure

Quelques minutes après qu'une voiture aux vitres fumées fut entrée rapidement par un accès latéral dans le parking souterrain du palais de justice, DSK apparaissait dans la salle d'audience. En costume noir et cravate foncée, l'ancien patron du FMI est apparu, devisant l'air sérieux mais détendu, les mains dans les poches, avec son avocat Me Henri Leclerc, selon les images retransmises par la télévision interne. Plus tard, quand les portes se sont ouvertes, Dodo la Saumure assis avec sa compagne Bea, également prévenue, s'est retourné pour regarder la salle se remplir doucement.
Le tribunal correctionnel de Lille devra, avant tout débat sur le fond, régler des questions de procédure. L'avocat du policier Jean-Christophe Lagarde a d'ores et déjà déposé une requête en nullité. Se fondant sur les déclarations de l'ancien commissaire de la police judiciaire de Lille Joël Specque dans un livre autobiographique, Me Olivier Bluche estime qu'une enquête "officieuse" a été menée dès juin 2010, bien avant l'ouverture de l'enquête préliminaire en février 2011. "On demande au tribunal de juger d'une affaire en lui cachant huit mois d'investigation", avance-t-il, bafouant ainsi selon lui le droit à un procès équitable. Les avocats peuvent déposer une QPC (question prioritaire de constitutionnalité, NDLR) devant le tribunal, qui doit l'examiner. S'il l'estime valable, les débats sont le plus souvent suspendus jusqu'à ce que la question soit tranchée, ce qui peut prendre plusieurs mois. Par ailleurs, l'avocat d'anciennes prostituées qui se sont portées parties civiles a fait part de son intention de demander le huis clos, ce que le tribunal décidera dans la foulée.

"Acharnement" (Malka)

Lors de son renvoi devant le tribunal correctionnel, ses avocats avaient déclaré que DSK se rendrait "sereinement" devant la justice, fort des réquisitions de non-lieu prises par le parquet dans cette affaire. L'un de ses conseils Richard Malka avait parlé d'un "acharnement" des juges, fondé sur la morale plutôt que sur le droit.
L'affaire remonte à février 2011, alors que la police judiciaire de Lille ouvre une enquête préliminaire sur les fréquentations de deux hôtels de luxe de Lille, dont le Carlton. Moins de deux mois plus tard, une information judiciaire est ouverte. Le premier mis en examen est René Kojfer, chargé des relations publiques à l'hôtel Carlton. La surveillance mise en place permet aux enquêteurs de remonter un réseau de notables qu'ils soupçonnent de profiter des filles mises à leur disposition. Le nom de Dominique Strauss-Kahn était apparu fortuitement au cours de l'instruction, lui donnant ainsi un retentissement qu'elle n'aurait sans doute pas eu autrement. Selon l'accusation, des soirées libertines ont été organisées dans le Nord mais aussi à Paris, ou même, à trois reprises, à Washington, alors que DSK était encore à la tête du FMI.
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