mardi 17 décembre 2019

Le panier de crabe s'étoffe dans la « macronie » avec les traîneurs de casseroles !?


Affaire Delevoye, Ferrand, Bayrou… comment devient-on populiste

Fatigués par la morgue et les affaires de la majorité, certains Français, pourtant modérés, basculent dans le populisme. À l'image de ce personnage fictif.

C'est l'histoire d'un homme qui, toute sa vie, a préféré la modération à la passion, dont il savait combien, à un certain niveau, elle peut être néfaste et obstruer la vue. Il aimait l'équilibre, la nuance, la complexité. Si on lui réclamait un avis, il prenait toujours le temps de réfléchir, car la réflexion, disait-il, c'est comme la goutte de citron que l'on met dans un plat trop pimenté quand on veut l'adoucir. Tout de suite, c'est meilleur. Fort de ses principes, il a voté pour Emmanuel Macron en 2017, après avoir pris sa carte au MoDem. Là était sa cohérence. Ainsi le fléau de la balance était-il parfaitement droit et conforme à l'idée qu'il se faisait de la démocratie. En outre, François Bayrou, ministre de la Justice, avait réussi à imposer une loi sur la moralisation de la vie publique, qui est le premier texte adopté de la mandature. Le premier ! Un symbole qui ravissait notre Français moyen, lequel s'était agacé des scandales à répétition sous les précédents quinquennats.
À chaque affaire, il soupirait : « Tapie a fait des petits. » Bernard Tapie. C'est comme ça qu'il a connu Bayrou, qui n'a eu de cesse ces dernières années, le rouge au front et aux joues, de lever haut l'épée de la probité face à l'homme d'affaires aux mille tares. Il y avait bien du Cyrano dans le geste. Mais comme notre homme est raisonnable, il a toujours fait une hiérarchie entre les affaires, des cigares de Christian Blanc au compte suisse de Jérôme Cahuzac, des mocassins cirés d'Aquilino Morelle à l'affaire Bygmalion. Il vivait modestement, dans un appartement de la grande banlieue parisienne, « en bon citoyen », qui remplissait avec soin, jusqu'à il y a peu, sa déclaration d'impôt en évitant d'omettre le moindre euro perçu. S'il se met à la faute, il n'ignore pas à quoi il s'expose.


Notre homme se faisait pourtant une autre idée du « ni droite ni gauche » macronien.
Emmanuel Macron était élu depuis quelques mois, mais voilà que notre banlieusard ne reconnaissait plus ceux qu'il a élus. François Bayrou a été contraint de démissionner de son poste de ministre de la Justice, lui comme Sylvie Goulard et Marielle de Sarnez, en raison d'une affaire d'assistants parlementaires. Comment ces noms qui, depuis qu'il est en âge de voter, lui ont inspiré la droiture et la transparence en politique pouvaient-ils être mêlés à une telle histoire ? Étrange. Un matin, après une nuit à faire défiler les informations sur son téléphone, notre homme a remarqué devant sa glace que son sourcil prenait la forme d'un accent circonflexe. Il sentait également une boule au niveau de son sternum.


Les mois ont passé, et le Français moyen qu'il est trouvait que quelque chose clochait définitivement au sein de cette majorité En marche ! La nouveauté du monde avait une drôle d'allure. Le président Macron jouait au dur, et rien chez lui ne montrait une quelconque empathie vis-à-vis de son peuple, qu'il voyait peut-être plus comme des sujets ou bien des enfants. Seuls des sujets ou des enfants peuvent entendre ce qu'il dit : ou par une absolue soumission légitimiste ou par peur de se faire gronder davantage. Notre homme se faisait pourtant une autre idée du « ni droite ni gauche » macronien, qu'il imaginait être une leçon de modestie après les échecs du passé et non un surplomb incantatoire et prétentieux. Un autre matin, au sortir de son lit, la radio allumée sur Franceinfo qui rapportait le propos d'un député marcheur sur la politique « trop intelligente » du gouvernement, il s'est arrêté devant son miroir. Cette fois-ci, ce sont ses deux sourcils qui avaient pris la forme de chevrons. Et la boule, récemment au niveau du sternum, a migré jusque dans sa gorge.
Phébé – Démocraties au bord de la crise de nerfs

Surenchère

Fidèle à ses valeurs, il poursuivait sa vie en continuant de faire la queue à la station-service sans tenter de passer devant les autres, en s'arrêtant aux feux rouges pour laisser passer les piétons, en honorant ses contraventions quand par mégarde il se faisait flasher pour cinq malheureux kilomètres au-dessus de la limite de vitesse. Une fois par mois, il mettait à plat ses factures sur la table de la cuisine, sortait une calculatrice et se lançait dans des calculs qui devaient lui permettre de rester dans le vert. De toute façon, il ne se plaint pas, il vit mieux que la moyenne des Français et son banquier lui fait confiance. Par rejet de la contestation, et par paresse, il a refusé de porter un gilet jaune, mais il a senti dans son cœur quelque chose qui pinçait et qui ressemblait à un soutien. Attention ! il ne cautionnait pas les violences, il faisait toujours la distinction entre les Gilets jaunes et les casseurs, il le fallait. Son portable a vibré. Une alerte : « Le président de l'Assemblée nationale française, Richard Ferrand, a été mis en examen pour "prise illégale d'intérêts" dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne ». De dégoût, il a jeté son téléphone. C'est maintenant son front qui subit une transformation : il lui découvre des rides inconnues. Au travail, devant la machine à café, pour la première fois il n'a pas contredit le collègue qui a coutume de clamer que « tous les politiques sont pourris ». Il n'a rien dit, mais il sentait que quelque chose en lui avait envie de surenchérir.


Après les Gilets jaunes, la réforme des retraites. Notre homme voit bien que le système n'est plus tenable, que les plus jeunes en paieront les conséquences, que l'on vit plus longtemps… Il adhérait plutôt à la réforme, mais espérait qu'elle soit présentée et adoptée dans le respect de tous. On ne fait pas une réforme systémique sans susciter des craintes. La retraite, ce sont les jours qui précèdent la mort. Il faut qu'elle soit digne pour que la suite le soit tout autant. Mais, grâce à Dieu, Emmanuel Macron a désigné Jean-Paul Delevoye comme haut-commissaire en charge du dossier. Voilà un modéré, de la plus grande des traditions, comme savait en produire le RPR de Chirac et Séguin, ancien président du Conseil économique et social, apprécié des syndicats et même d'une partie de l'opposition pour sa pondération et son écoute, des qualités qui font défaut à la macronie et que ne vient pas compenser Édouard Philippe, qui ressemble de plus en plus au Juppé de 1995, sans les bottes. Notre homme reprenait un peu espoir en l'action de ce gouvernement, qui manquait singulièrement, non de sens politique, mais humain, ce qui va généralement de pair. Sans être un « père la morale » – il exècre les donneurs de leçons, dont il devine souvent la tartufferie –, il note que Richard Ferrand est toujours président de l'Assemblée nationale. Et que, pour moins que ça, une affaire de homards sur les deniers de la République, François de Rugy a démissionné du gouvernement. Où est la cohérence ? Où est la fameuse jurisprudence Balladur, qui veut que tout politique impliqué dans une affaire judiciaire démissionne ? Où est la promesse de ce début de quinquennat sur la moralité, l'exemplarité, la transparence, la pureté virginale ? Ce sont eux qui ont posé ces fondations et notre bonhomme les a crus.
Dans les repas de famille, c'est maintenant lui le plus radical, le plus extrême, et qui, dans un souffle de rage, invite toute la tablée à voter pour ceux qu'il tenait, il y a encore quelques mois, pour incompétents et dangereux
Sur le groupe WhatsApp qu'il a créé avec des copains du boulot, l'un d'eux a annoncé que Jean-Paul Delevoye avait « oublié » de déclarer certaines de ses fonctions, le tout accompagné d'un article du Parisien. Initialement, il en a déclaré trois ; il y en a en fait treize… Il n'y a pas d'émoticônes pour signifier ce que notre homme ressent à cet instant. Mais comment est-ce possible de cumuler autant de fonctions, de responsabilités et, peut-être, de tentacules, et de les oublier quand vient le moment de la transparence pourtant chérie de la majorité ? Pour la première fois depuis 2017, notre homme s'est mis en colère. Finies la réflexion, la modération, la nuance… « Tous les mêmes ! » a-t-il lâché sur son groupe WhatsApp. La boule qu'il avait dans la gorge a jailli. C'est injuste, et il le sait, mais tout de même, on lui a menti ! Il se revoit faire ses comptes, déclarer ses impôts, remplir scrupuleusement le formulaire de ses notes de frais pour ne pas être pris en faute… L'expression de son visage est maintenant modifiée, elle ressemble à celle de ces gens qu'il a croisés sur des ronds-points au moment de la crise des Gilets jaunes, à celle de ce collègue devant la machine à café… Il est déçu et désespère de tout, même si Delevoye a fini par démissionner. Il est allé sur Internet consulter les programmes politiques des autres partis. Rien de convaincant, mais peut-être faudra-t-il envoyer « un signal » à ce gouvernement, en dépit du chantage que certains ministres exercent sur l'air du « si ce n'est pas nous, ce sont les populistes ».


« Sans stratégie politique de l'Europe, les populistes gagneront »
Le voilà à son tour pris de passion, incapable de faire fi du mépris et des mensonges. Tout l'atteint. Dans les repas de famille, c'est maintenant lui le plus radical, le plus extrême, et qui, dans un souffle de rage, invite toute la tablée à voter pour ceux qu'il tenait, il y a encore quelques mois, pour incompétents et dangereux. On ne le reconnaît plus, lui-même ne se reconnaît plus, c'est la grande alchimie de notre époque.
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Et pendant ce temps-là, les français galèrent avec ces grèves et manifestations à répétitions depuis l'épisode des gilets jaunes qui ont montré la voie !

Et le gouvernement 1er ministre et président de la république « courent après leur queue comme des chiens perdus » joyeux NOËL, car cela ne changera rien pour eux au pouvoir !

Merci pour cette fin d'année gâchée, mais aussi mal entamée, depuis mai et les avatars de nos dirigeants qui n'ont pas su faire face en pérorant avec leurs discours alambiqués style E.MACRON !

Les français voulaient du changement, mais semble-t-il ce n'est qu'un gros pétard mouillé qui leur a éclaté dans la figure, car nos nouveaux élus ne sont pas meilleurs que les anciens et c'est préoccupant pour la France !

Jdeclef 17/12/2019 10h28

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