dimanche 9 février 2020

MACRON joue au petit NAPOLÉON sur le papier, mais n'en n'a pas les épaules ?!

Dissuasion nucléaire : Macron et Merkel sont dans un sous-marin…

LETTRE DE BRUXELLES. L'Allemagne et plusieurs pays qui n'ont plus confiance en l'Oncle Sam saisiront-ils la main tendue de Macron ?

L'annonce était attendue : le président Macron fait un pas de plus vers la défense européenne en proposant aux Européens d'engager un « dialogue stratégique » sur « le rôle de la dissuasion nucléaire française ». Preuve de sa bonne foi, il invite tous les États membres qui le souhaitent à s'associer aux « exercices des forces françaises de dissuasion ». Un geste qui intervient alors que le Royaume-Uni, la seule autre puissance nucléaire de l'UE, vient de prendre le large… Cela ne signifie pas qu'il partage le bouton nucléaire (lui seul demeure décideur), mais il estime que « les intérêts vitaux de la France ont désormais une dimension européenne ».
Ce n'est pas la première fois qu'un président français élargit l'usage potentiel du feu nucléaire français à la protection de l'Europe. Déjà en janvier 2006, Jacques Chirac avait déclaré que la dissuasion nucléaire comprenait « la défense de pays alliés ». Nicolas Sarkozy avait été explicite en mars 2008 : « Je propose d'engager avec ceux de nos partenaires européens qui le souhaiteraient un dialogue ouvert sur le rôle de la dissuasion et sa contribution à notre sécurité commune. » François Hollande n'avait pas dérogé à cette ligne en février 2015 : « Nous participons au projet européen, nous avons construit avec nos partenaires une communauté de destin, l'existence d'une dissuasion nucléaire française apporte une contribution forte et essentielle à l'Europe. »
Les présidents et le discours nucléaire : « La dissuasion, c'est moi ! »

La CDU très partagée sur le militaire

L'appel de Nicolas Sarkozy est resté sans écho. Emmanuel Macron va donc plus loin lorsqu'il invite qui le souhaite aux exercices militaires. « C'est un discours bien calibré, sérieux et positif », estime Jean-Dominique Giuliani, le président de la Fondation Robert-Schuman, auteur de La Grande Bascule, un ouvrage qui avait anticipé cette initiative présidentielle.
Mais l'Allemagne va-t-elle répondre présente ? « L'Allemagne est au pied du mur. Outre-Rhin, les conservateurs allemands sont très partagés », observe Giuliani. Lundi dernier, Johann Wadephul, vice-président du groupe CDU au Bundestag, a mis au défi Emmanuel Macron de se montrer plus ouvert à la coopération militaire en matière nucléaire. Selon ce député, proche de la chancelière, l'arsenal atomique français devait sortir du giron national pour être placé sous la responsabilité de l'UE ou de l'Otan. « Cela prendra du temps, mais le débat doit commencer maintenant, » avait ajouté Wadephul. Rappelons que les avions allemands ont déjà la capacité de transporter des bombes nucléaires américaines, conservées sur le sol de l'Allemagne.

Trump relance la course aux armements nucléaires

L'ambassadeur Wolfgang Ischinger, président de la Conférence pour la sécurité de Munich, avait pris des positions audacieuses en défendant, lui aussi, l'idée que l'Allemagne devait prendre sa part du fardeau de la dissuasion française au service de l'Europe mais qu'elle resterait un outil de défense aux mains de la France. L'opinion allemande est très réticente et la chancelière, qui va devoir se positionner, devra peser chaque mot…
Emmanuel Macron ne va pas jusqu'à répondre favorablement à l'appel de Johann Wadephul, mais il tend la main à l'Allemagne dans un contexte international de plus en plus tendu. La relance de la course aux armes nucléaires est en bonne voie et Donald Trump en porte la responsabilité. Le président américain a dénoncé, en août, le traité russo-américain de 1987 sur les armes nucléaires à portée intermédiaire (de 500 à 5 500 kilomètres). Deuxième menace : le traité New Start arrive à échéance en 2021 et Vladimir Poutine s'impatiente de le voir reconduit. En décembre, il a prié Donald Trump de faire connaître rapidement ses intentions… Le président américain serait tenté de le dénoncer également et développe, du reste, un armement nucléaire de moindre puissance pour un usage éventuel…
L'armée européenne, un vieux projet plein d'avenir

La modernisation de la dissuasion : 37 milliards d'euros

Quant aux Chinois, ils mettent les bouchées doubles et se sont déjà dotés de 500 têtes nucléaires quand la France se targue d'avoir été exemplaire en en réduisant le nombre à 300. Être exemplaire dans un monde où tout le monde se réarme, est-ce bien sage ? « Où est l'Europe ? s'inquiète Jean-Dominique Giuliani. Pour l'instant, nous regardons passer les balles en attendant de voir passer les missiles. » Aussi le président français s'invite-t-il à la table des puissances nucléaires pour demander qu'on fasse un stop : « Soyons clairs : si une négociation et un traité plus large (sont) possibles, nous le souhaitons. (…) Les Européens doivent être partie prenante et signataires du prochain traité, car il s'agit de notre sol. »
La main tendue d'Emmanuel Macron aux Européens vise-t-elle, à terme, à partager le coût de la dissuasion nucléaire ? Sa modernisation est entreprise et engage 37 milliards d'euros entre 2019 et 2025, soit 10 % de l'effort budgétaire du pays prévu par la loi de programmation nucléaire sur sept ans. Si la dissuasion nucléaire est réellement appelée à être déclenchée en cas d'attaque extérieure d'un État membre, est-il normal que la France soit la seule à en supporter la charge ?

Le jour où l'Allemagne dépassera le budget militaire de la France…

L'Allemagne, dont la dimension militaire est affaiblie depuis la Seconde Guerre mondiale, s'interroge. La remilitarisation du pays demeure un sujet tabou. Mais la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, censée succéder à Angela Merkel, a reconnu que l'Allemagne allait, à l'avenir, rehausser ses dépenses militaires pour atteindre 2 % du PIB en 2031. Si la trajectoire est tenue, cela voudra dire qu'à l'échéance les Allemands consacreront à leurs forces armées un budget supérieur à la France… Cette perspective n'est pas forcément très bien vécue à Paris.
C'est donc vers l'Europe de la défense que le président Macron concentre ses efforts diplomatiques. Malheureusement en commettant quelques fâcheuses maladresses. Ses propos sur l'Otan en « état de mort cérébrale » ont fait l'effet d'une déflagration, notamment chez nos partenaires d'Europe centrale et de l'Est. « Son analyse n'était pas mauvaise en soi, mais l'expression était outrée, souligne François-Xavier Bellamy, député européen LR-PPE. Il aurait dit "l'Otan est dans une impasse stratégique", c'eût été déjà très fort et tout le monde aurait compris le message. »

Les pays pro-Otan se méfient de la France

Son collègue Arnaud Danjean, spécialiste des questions militaires à Starsbourg, était précisément en train de préparer le rapport annuel sur la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) quand les propos d'Emmanuel Macron sur l'Otan ont été publiés. Du jour au lendemain, Arnaud Danjean a reçu une vague d'amendements – à peu près 460 ! –, dont les deux tiers émanaient de ses collègues députés de l'Est ou d'autres pays « qui se méfient du concept d'autonomie stratégique et y voyaient, après les propos de Macron, un risque énorme de découplage des États-Unis », précise l'auteur du rapport PSDC. La prééminence du rôle de l'Otan dans la sécurité européenne est largement partagée en Europe, où le leadership militaire français ne suscite pas une confiance énorme. Du coup, le rapport Danjean, qui aurait dû être une formalité, n'a été adopté, au final, qu'à une courte majorité (51,5 %) par le Parlement européen.
C'est dire si la France marche sur des œufs. Et c'est aussi dans ce contexte qu'il faut analyser la main tendue d'Emmanuel Macron à nos amis européens. Il s'agit de réconforter ceux dont la confiance a été ébranlée. Et, en même temps, la France pourra ainsi compter ceux qui souhaitent réellement s'engager pour une défense européenne toujours alliée des Américains mais plus autonome dans ses décisions… Par le passé, la Pologne n'a pas fermé la porte aux avances françaises, même si elle préfère toujours se ranger sous le parapluie américain (et s'équipe auprès de l'US Air Force).

Le Fonds européen de la défense surveillé par Washington

Pour Jean-Dominique Giuliani, les Polonais se trompent d'amis. « Qui peut croire qu'un président américain mettrait vraiment en jeu la sécurité de son pays pour défendre les frontières orientales de l'Europe ? s'interroge-t-il dans son livre La Grande Bascule, édité par l'École de guerre. Ne soupèserait-il pas d'abord l'intérêt national américain ? N'y aurait-il pas une chance qu'il temporise et préfère discuter avec l'agresseur avant de risquer une guerre qui mettrait en danger son propre territoire national ? »
Par ailleurs, les intérêts européens ne sont pas seulement situés en Europe. Qu'adviendrait-il de l'économie de l'UE si un seul des cinq grands détroits mondiaux (Bab-el-Mandeb, Ormuz, Malacca, Pas-de-Calais et Gibraltar) devait être fermé à la navigation commerciale ? 90 % du commerce européen passe par la mer. L'Europe n'a aucune capacité à se projeter sur les flots en dehors de la France (depuis que les Britanniques sont sortis). Là aussi, une réflexion s'impose aux Européens face à des revendications nationales de plus en plus belliqueuses dans les océans…
Le Fonds européen de la Défense va être l'un des points chauds des discussions budgétaires à venir lors du Conseil européen convoqué par Charles Michel le 20 février. Pour mémoire, la Commission avait proposé de le doter de 13 milliards d'euros sur la période 2021-2027. Puis la présidence finlandaise avait proposé de le réduire à 6 milliards d'euros. Tollé des Français. Charles Michel termine son tour d'Europe des chefs d'État et de gouvernement pour remettre sur la table une proposition plus en adéquation avec les ambitions européennes. Mais, durant toute cette phase de négociation financière, Washington n'en perd pas une miette : pas question que l'Europe s'émancipe et diminue ses financements à l'Otan…
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Si l'on veut muscler notre défense nucléaire, c'est peut-être utile, mais gardons notre indépendance d'agir et de décider même si ça coûte cher !

Car l'Europe en matière de défense n'aide pas ses alliés européens en opérations extérieures, on le voit bien en Afrique n'y même en matière financières de plus l'OTAN n'a plus la même valeur que du temps de la guerre froide (on a vu avec la Turquie un de ses membres !)

La fausse paix et la chute du mur et la fin de l'URSS a rendu les européens frileux mais tout le monde réarme, preuve de cette méfiance due à l’instabilité mondiale et la venue du terrorisme partout, et au moyen orient, la CHINE en est un exemple ou l’IRAN, donc la France doit se garantir, mais garder sa défense nucléaire et conventionnelle active à part pour elle par simple mesure de sécurité en l'utilisant exclusivement pour sa protection car on est toujours mieux servi par soi-même, que par des alliances mouvantes et notamment les USA avec son président fantasque qui change d’avis au gré du vent politique mondial !

De plus les démocratures et dictatures se portent bien avec des dirigeants qu'il faut mieux surveiller !

Jdeclef 09/02/2020 13h22

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