Coupe du
monde : « Les politiques veulent être associés à la victoire, pas à
la défaite »
ENTRETIEN.
Choix du Qatar, image du footballeur moderne, évolution du sport… L’analyse
du journaliste Vincent Duluc à l’approche de la Coupe du monde.
LE FOOBALL
VA TRES BIEN AVEC CET ARGENT ROI QUI POLLUE LE MONDE ET ABETI UN TEMPS CERTAINS
FRANÇAIS LAMBDA POUR REJOUER L’HISTOIRE ANCIENNE DONT ILS DESCENDENT DE LA ROME
ANTIQUE DU PAIN ET DES JEUX POUR CALMER LA PLEBE EN LUI FAISANT OUBLIER LE
RESTE BIEN PRESENT !
il est l'une des plumes du ballon rond. Journaliste à L'Équipe,
auteur de nombreux ouvrages, comme Printemps 76 (sur les Verts) ou Le
Cinquième Beatles (sur George Best), Vincent Duluc vient de publier un Dictionnaire
amoureux du football (Plon). Mais l'homme n'est pas seulement un
nostalgique des années 1970, où l'on s'abîmait les yeux à regarder sur un poste
en noir et blanc les matchs des Verts ; il approuve les évolutions
techniques récentes, comme la chasse aux statistiques et la profusion de matchs
à la télé.
Tout n'est pas à sauver dans le foot moderne, juge toutefois Duluc : la
VAR l'accable, car elle oblige à retenir sa joie le temps que les arbitres
vérifient si « un dessous-de-bras » n'a pas mis hors jeu le buteur,
tout comme le projet de Super Ligue qui aurait tué ce qui reste
d'indécision dans le foot européen.
Le Point : Dans la préface de votre livre, Michel Platini écrit que
la Coupe du monde de football doit rester un rêve d'enfant. L'est-elle
toujours alors que la Ligue des champions, notamment, fait figure de
compétition majeure pour le foot et les joueurs ?
Vincent Duluc : La Ligue des champions, c'est le
meilleur du foot au niveau collectif. Cette compétition est l'expression la
plus aboutie du football, parce qu'on travaille en club comme on ne travaille
pas en sélection. Les quarts, demies et finales de cette compétition sont
au-dessus de ce qu'on peut voir en Coupe du monde. Mais je pense qu'il n'y a
rien qui atteint la pression et l'intensité des matchs de Coupe du
monde. Tout le monde ou presque peut gagner la Ligue des champions. La Coupe du
monde, c'est autre chose !
On ne sent pas la même attente que lors des éditions précédentes.
Comme si on nous avait mis Noël en plein mois d'août. Est-ce que c'est la
saison qui l'explique, ou le pays hôte, ou simplement la multiplicité des
matchs télévisés de l'équipe de France ?
Je ne pense pas que ce soit la multiplicité, parce que la périodicité reste
la même, tous les quatre ans. La rareté est là pour conserver le caractère
magique de la Coupe du monde. Les joueurs, quant à eux, ne participeront au
maximum qu'à trois, sauf exception. La magie opère toujours pour eux. Mais
le fait qu'elle se déroule l'hiver bouleverse notre notion de l'attente. Avant,
dès le printemps, on l'attendait, il y avait le débat pour la liste des sélectionnés,
puis la phase de préparation, etc.
Là, rien. L'équipe de France est rassemblée le 14 novembre et s'envole
pour le Qatar le 15. Mais ça pose la question de savoir à quoi peut ressembler
une Coupe du monde avec des joueurs moins fatigués, parce qu'ils sont en milieu
de saison. Sauf que les gars sont fatigués ! Ils sont épuisés par la
charge mentale de jouer la Ligue des champions, et par la peur de se blesser
avant la Coupe du monde. Maradona, en 1986, était parti deux mois avant de
jouer la compétition !
Le choix du Qatar comme pays organisateur dévalorise-t-il la Coupe
du monde ?
Le fait d'y jouer enlève un peu de magie parce qu'il y a eu plus de débats
sur le boycott que sur l'intérêt de la compétition. Tout se mêle, mais ça reste
une Coupe du monde. Il ne fallait pas être au Qatar, nous dit-on ? Mais ce
ne sont pas les amoureux du foot qui l'ont décidé. Au moment de la désignation
du pays hôte, il y a eu des articles dans L'Équipe et France
Football pour dire que c'était un scandale, mais la société civile ne se
réveille que maintenant. Or personne n'est dérangé par le fait que le Qatar
possède le plus grand club français, personne ne manifeste parce que ce pays a
acquis autant d'hôtels de luxe et d'immeubles en France, personne ne proteste
parce qu'il finance autant la culture française et des musées. Je ne pense pas
que les ouvriers qui ont participé à la construction du musée de Jean Nouvel au
Qatar étaient mieux payés et mieux protégés que ceux sur les chantiers des
stades. J'ai participé il y a peu de temps à un débat avec le patron d'Amnesty
International, il n'était pas pour le boycott, mais, au contraire, pour la
création d'un fonds d'indemnisation afin de faire avancer les choses.
Coupe
du monde – Au Qatar, le requiem du football romantique
N'y avait-il pas la même
prise de conscience il y a quatre ans, lors de la Coupe du monde en Russie, qui
avait déjà envahi la Crimée ?
La conscience vient selon la diplomatie. En 2018, elle faisait des Russes et
de Poutine nos amis. Il n'y a pas eu un bémol à l'époque. Le Qatar, c'est
différent, à cause de l'ambiguïté de son action dans la région.
On a l'impression que, très souvent, le choix du pays organisateur
pose problème…
Pour les Jeux olympiques comme pour les Coupes du monde, on est toujours
allés là où il ne fallait pas quand il ne fallait pas. En 1934, on est
chez Mussolini, en 1936 chez Hitler, en 1978 chez Videla
[en Argentine, NDLR]… Il y avait aussi la volonté de Sepp Blatter
[l'ex-président de la Fifa, NDLR] d'obtenir le prix Nobel de la paix avec
le message que le football réunissait les peuples. Le caractère universel du
foot joue aussi. Le rugby n'a pas ce genre de problème politique, puisque seuls
cinq pays peuvent organiser la Coupe du monde, de la Nouvelle-Zélande à la
France, en passant par l'Australie.
Kylian Mbappé veut que le football corresponde aux valeurs qu'il
défend, mais il
semble une exception…
Le problème, c'est que l'on demande un discours articulé à des mômes. Je ne
sais pas s'ils ont tous une conscience politique, parce qu'une conscience politique
se forme au fil des années, mais ils ont une conscience sociale. Ils
travaillent tous avec une fondation, ils font tous des trucs formidables, ils
sont ultrasollicités pour s'engager. On demande beaucoup au foot parce
qu'il est capable de beaucoup.
Comment expliquer le décalage entre l'image qu'ils renvoient, celle
de privilégiés un peu coupés des réalités, et ce qu'ils sont vraiment ?
Ils font des erreurs à certains moments, et les images passent en boucle.
C'est l'exemple de l'expression « la roue tourne va tourner » de
Franck Ribéry, ou le fait de venir en claquettes sur un plateau de Téléfoot.
Tout le monde se dit : « Ribéry est un âne. » Mais comment
fait-on, quand on est un âne, pour parler cinq langues sans être allé à
l'école ? Les gens ne se rendent pas compte de la faculté d'adaptation de
ces jeunes. À l'étranger ils intègrent une culture en quelques semaines, ce
n'est pas simple.
Le foot encourage la culture de la
contestation.
Didier Deschamps a-t-il cédé à une « partie raciste » de
la France, comme le pensait Benzema, en ne sélectionnant pas de joueurs issus
de l'immigration lors de certaines compétitions ?
Non, on ne peut pas dire ça. C'est vrai que, dans la liste pour l'Euro 2016,
il n'y avait aucun joueur d'origine maghrébine, aucun beur. Jamel Debbouze
avait dit : « Je ne me reconnais pas dans cette équipe de
France. » De fait, elle n'était pas un reflet de la société française,
mais la responsabilité de l'équipe française n'est pas d'être un reflet de la
société, c'est d'être une équipe. D'ailleurs, je trouve que le sport français
reflète assez bien le métissage de la société française. C'est plutôt un lieu
où on peut vivre ensemble. On vit mieux ensemble dans le sport français que
dans l'entreprise le lundi matin.
Comment voyez-vous l'évolution de l'autorité de l'arbitre ?
Quand on voit Presnel Kimpembe du PSG dire à l'arbitre « touche-moi
pas », c'est un exemple terrible pour les jeunes…
Le foot encourage la culture de la contestation, il en fait un élément de la
performance. En gros, si les joueurs ne mettent pas la pression sur l'arbitre,
ils ne font pas leur boulot. Marco Verratti conteste en permanence parce qu'il
pense que ça sert à quelque chose. C'est insupportable, on a tous envie de voir
la même autorité qu'au rugby. Le problème, c'est qu'au rugby les règles
concernent cinq grands championnats, au foot au moins deux cents ! Elles
doivent être universelles. Or il est difficile de faire une règle applicable
partout.
La mode des statistiques ainsi que la prépondérance des schémas
tactiques ne participent-elles pas à l'uniformisation du foot ?
L'uniformisation se vérifie, en effet. Il y a encore plusieurs écoles de
jeu, mais ce ne sont plus des écoles nationales. Dans le temps, on savait que
le Dynamo de Kiev était issu de l'école Valeri Lobanovski. De même qu'on
reconnaissait les Italiens à leur jeu. Aujourd'hui, quand on regarde Naples, ce
n'est pas le jeu italien que l'on a connu. Les Anglais ne jouent plus comme des
Anglais. C'est le mélange de joueurs et d'entraîneurs avec une forme de vision
unique liée à la mondialisation qui en est à l'origine. Il y a ensuite des
modes avec des jeux à cinq derrière, à quatre, à trois… Il suffit que le
prochain champion du monde joue à quatre pour que tout le monde suive. Il
y a un mimétisme.
Algorithmes
dans le foot : l'ordinateur plus fort que l'entraîneur ?
En termes d'offres
télévisuelles, ne doit-on pas regretter d'être passés de la rareté à
l'abondance ?
Je suis content de l'abondance ! J'ai grandi avec six matchs par an à
la télé ; je suis heureux d'avoir désormais six matchs par jour. Ce
n'était pas mieux avant. Je choisis, je regarde ce que je veux. Je peux même
regarder des matchs sur deux ou trois écrans à la fois !
N'est-ce pas un peu l'idée de ceux qui ont porté le projet de Super
Ligue, d'avoir un spectacle continu de haut niveau ?
Non, car ceux-là veulent des matchs avec de grandes équipes uniquement. Ils
entretiennent donc la rareté. Si on a chaque semaine Barcelone-Juventus, ça
appauvrit l'intérêt. Le football serait désincarné et contraire à son essence
qui est pyramidale. On peut partir d'en bas et arriver en haut, c'est le
principe et la beauté de ce sport. Avec ce projet, je ne sais pas qui on veut
séduire. Les gens sont attachés à leur football national, c'est leur culture.
Les supporteurs anglais ont fait couler ce projet pour ces raisons.
Quel regard portez-vous sur le foot amateur gangrené par les
violences contre les arbitres, les entraîneurs, entre clubs… ?
C'est encore plus vrai depuis le Covid, qui a modifié les rapports sociaux.
On est passés de la violence virtuelle à la violence réelle. Dans toute
l'Europe, dans de nombreux stades et à tous les niveaux, on a constaté une
explosion de la violence après les confinements. Pourquoi le foot amateur
échapperait-il à cette tendance ? D'ailleurs, Je trouve qu'il y
échappe un peu, malgré tout. Il y a des gens qui sont des héros dans le foot
amateur, dans les banlieues et les coins ruraux, et qui font un boulot
formidable. Le foot peut canaliser les tensions, et c'est souvent le cas. Par
ailleurs, le président de la Fédération française de foot, qui est chargé du
foot amateur, est issu du milieu professionnel. Je pense que les amateurs
devraient reprendre la main au sein de la « fédé ».
Le foot français ne traverse-t-il pas un moment critique entre
les affaires extrasportives qui touchent des joueurs et les
scandales de mœurs au sein de la Fédération ?
La Fédération traverse un moment difficile, car on est au bout de la route
pour Noël Le Graët [le président de la Fédération française de football,
NDLR], qui a 80 ans. C'est la fin d'une ère. La ministre des Sports
[Amélie Oudéa-Castéra, NDLR] m'a récemment dit que ces affaires étaient
d'autant plus gênantes pour le milieu du foot que la Fédération a vraiment mené
plusieurs opérations contre les violences sexuelles, pour l'égalité, contre le
racisme…
Ne craignez-vous pas que cette Coupe du monde, quelle qu'en soit
l'issue pour nous Français, soit
récupérée par les politiques ?
Les politiques calculent toujours à l'avance. C'est pourquoi Sarkozy, en
2010, a envoyé ses ministres Roselyne Bachelot et Rama Yade en Afrique du Sud [l'équipe
de France était en crise, NDLR]. Après avoir reçu le sélectionneur Raymond
Domenech à l'Élysée, il s'est dit que ça sentait mauvais et qu'il n'irait pas.
Chirac, en 1998, était impeccable avec sa petite écharpe des Bleus. Macron en
2018, en Russie, a exulté en mimant le geste victorieux d'Usain Bolt. Les
politiques veulent être associés à la victoire, pas à la défaite.
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Les sports sont tous politisés par nos
dirigeants pour cacher leurs défauts et incompétence pour gouverner dans leurs
pays occidentaux et sud-américains mais surtout le football hyper populaire
avec ces championnats intérieurs qui déclenchent des débordements quelque fois
violents de supporters trublions qui viennent aux matchs pour se défouler voir
tout casser digne de jeux du cirque de la Rome antique du style du pain et des
jeux mais en plus avec la coupe du monde de football au Qatar pour se faire
connaitre car pas un pays de football !
Ce petit pays organisateur hyper riche mais qui
ne veut pas donner de bière aux supporters pour s'exciter ou semer des désordres
et se désaltérer pendant les matchs dans ce pays à chaleur caniculaire !
Au niveau de la politique des pays occidentaux
et notamment française cette coupe du monde revêt une grande importance pour
nos présidents en place lors de celle-ci rappelons nous la 1ere décrochée par
la France et la folie joyeuse des Français lambda!
Comme si on avait remporté une bataille avec
une puissance mondiale qui gommait un temps tous nos problèmes quotidiens
nationaux et internationaux!
Alors que nous sommes en situation
internationale risquée et nationale aléatoire et qui démontre qu'il faut amuser
et distraire le peuple pour lui faire oublier le présent !
Et nos dirigeants si nos joueurs remportaient
celle-ci redoreraient leurs blasons passablement ternis !
Mais pour ceux qui réfléchissent encore un peu
raisonnablement (peu nombreux en fait) que l'occident et le monde entier comme
a dit notre président que l'on marche sur la tête et qui pour se faire mousser
espère cette victoire footballistique française bien moins importante que la
paix retrouvée dans le monde occidental qui s'éloigne !?
Jdeclef 19/11/2022 13h49
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