À
Sainte-Soline, un air de Notre-Dame-des-Landes
Devenus
indésirables en Loire-Atlantique, les zadistes qui s’étaient mobilisés contre
le projet d’aéroport se recyclent dans la lutte anti-bassines. Récit.
ALORS QUE NOTRE PAYS EST EN CRISES INTERNATIONALES
GRAVES ET PREOCCUPANTES NATIONALES EN FRANCE DES POIGNEES D’ILLUMINES DIT
ECOLOS SEMENT LE DESORDRE VIOLENT ON MARCHE VRAIMENT SUR LA TETE !?
Samedi 29 octobre,
Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Vêtus de sweat-shirt à capuche, les yeux protégés
par des lunettes de chantier, quelque 300 black blocs caillassent 1 700
gendarmes et gardes mobiles lors d'une manifestation, interdite par la
préfecture pour risque de troubles à l'ordre public. Bilan du week-end, une
trentaine de manifestants et 61 gendarmes blessés, dont 22 sérieusement. Les
Soulèvements de la terre, un collectif de défense de l'environnement, déplorent
la violence policière sans condamner celle de la frange dure des manifestants, que
le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qualifie d'« écoterroristes ». Les
communiqués des Soulèvements de la terre parlent de la terre et de l'eau, biens
communs à soustraire à l'avidité destructrice du secteur marchand.
Pour quiconque a suivi le long feuilleton de la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes, les similitudes avec Sainte-Soline sont flagrantes,
qu'il s'agisse du style vestimentaire des manifestants, de leur goût pour
l'affrontement ou des éléments de langage de leurs soutiens. Et pour cause.
Défense des terres, l'association qui se trouve derrière Les Soulèvements de la
terre, est domiciliée à… Notre-Dame-des-Landes. À quatre ans d'intervalle, les
mêmes militants sont à l'œuvre, prêts à rejouer les mêmes scènes. Leur arrivée
dans les Deux-Sèvres n'est pas spontanée. Les zadistes de Loire-Atlantique ont
été démarchés à un moment où ils sentaient le besoin de changer d'air.
Brouille sur les phytosanitaires. Leur
nouveau combat n'a pas la même charge symbolique que l'ex-futur aéroport,
définitivement enterré par Édouard Philippe, en 2018, ou même que le barrage de
Sivens, qui devait noyer plusieurs kilomètres de vallée, un projet abandonné en
2015. En comparaison, les « réserves de substitution » sont presque anodines.
Elles apparaissent sur les écrans dans les années 2010, sous le gouvernement de
François Fillon. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Environnement, et Bruno Le
Maire, ministre de l'Agriculture, décident que les agences de l'eau pourront
financer des retenues destinées à l'irrigation. Bio ou conventionnels,
céréaliers ou éleveurs, les agriculteurs des Deux-Sèvres sont intéressés. Le
bassin de la Sèvre Niortaise a une hydrologie compliquée, qui le fait alterner
entre sécheresse et excès d'humidité. Des projets sortent des cartons. Ils
suscitent la méfiance des défenseurs de l'environnement, sans surprise. Avec le
Marais poitevin, à proximité, les conflits d'usages autour de l'eau sont très
anciens dans le secteur.
Fin 2018, pourtant, un accord semble proche. La Coop de l'eau
79, qui représente 316 agriculteurs, signe un protocole portant sur la création
de 16 réserves de substitution avec les poids lourds locaux de la protection de
l'environnement. Deux-Sèvres Nature environnement (branche locale de France
Nature environnement), la Coordination de défense du Marais poitevin, la
fédération de pêche des Deux-Sèvres et le parc naturel régional du Marais
poitevin acceptent le principe des bassines. En échange, les paysans lâchent du
lest, sans doute un peu trop : après avoir promis une réduction de moitié des
phytosanitaires en quelques années, la Coop de l'eau va traîner des pieds, se
brouillant avec ses partenaires.
Députée de la deuxième circonscription des Deux-Sèvres et
ministre de l'Environnement du gouvernement Ayrault (2012-2013), Delphine Batho
applaudit. « Les Deux-Sévriens peuvent être fiers d'être les premiers en
France à conditionner l'accès à l'eau, qui est un bien commun, à des pratiques
agricoles vertueuses », déclare- t-elle à l'époque.
Recruter des « soutiens ». De son côté,
Julien Le Guet est moins satisfait. Batelier dans le Marais poitevin,
ex-fabricant de yourtes, il est le fer de lance de l'opposition aux réserves
d'eau, depuis le début. Hélas, il manque de soutien. Les manifestations non
violentes de son collectif Bassines non merci mobilisent peu. Il regarde,
impuissant, les associatifs institutionnels des Deux-Sèvres pactiser avec les
productivistes honnis. En juillet 2019, six mois après la signature du
protocole actant la création de 16 bassines, Julien Le Guet se rend à la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes. Son but, recruter « des soutiens bien au-delà de la
Sèvre Niortaise », explique-t-il alors à l'édition locale de 20
Minutes.
Les anciens combattants ligériens le reçoivent avec d'autant
plus d'intérêt qu'ils sont en recherche de croisade. Suite à l'enterrement du
projet d'aéroport par le gouvernement d'Édouard Philippe, début 2018, le
secteur de Notre-Dame-des-Landes se normalise à toute vitesse sous leurs yeux.
L'enclave autogérée, sans uniforme et sans profit, que rêvait de créer la
frange radicale des zadistes ne se concrétisera pas. Les terrains libérés sont
confiés, par le conseil départemental, à des éleveurs, bio parfois, soucieux de
rentabilité toujours.
Passés à tabac. Dans les mois qui
suivent, deux tentatives de ZAD bis lancées en Loire-Atlantique tournent court,
d'abord à Saint-Père-en-Retz, pour bloquer la construction d'un centre de
loisirs avec vagues artificielles, puis au Carnet, près de Saint-Nazaire, afin
de contrer la création d'un parc d'assemblage d'éoliennes. L'accueil est très
frais. En janvier 2021, deux zadistes du Carnet sont passés à tabac par des
locaux. Les zadistes sont confrontés à leur tour à une violence difficile à
canaliser. L'air de la Loire devient décidément malsain.
C'est alors que naît le collectif Les Soulèvements de la
terre, lors d'une rencontre sur l'ex-ZAD. En octobre 2021, il a pris la forme
d'une association, Défense des terres. C'est elle qui mobilise aujourd'hui dans
les Deux-Sèvres. Enregistrée à la préfecture de Loire-Atlantique, elle est
domiciliée au hameau du Liminbout, à Notre-Dame-des-Landes. Son porte-parole,
qui se présente sous le nom de Benoît Feuillu, s'exprimait auparavant au nom
des zadistes anti-aéroport.
Julien Le Guet cherchait des renforts, il les a trouvés. «
Je me suis souvent rendu à Notre-Dame-des-Landes, où j'ai pas mal de camarades
», admet-il sans détour. Il se présente lui-même comme modéré et
pragmatique. « Je ne suis pas contre l'irrigation par principe »,
assure-t-il, sans cacher pour autant qu'il est prêt à s'allier avec des
extrémistes. La majorité des zadistes refuse le capitalisme, la police, la
justice, l'État et même l'argent. Son mantra est l'agriculture « vivrière »,
euphémisme désignant un mode de production tourné vers l'autoconsommation et, à
la limite, la survie. Au nom de la lutte contre les bassines, Julien Le Guet
s'en accommode. « On est en train de se rapprocher de ces mouvances »,
reconnaît-il. Parce qu'elles ont du muscle ? « Certains ne sont pas venus
pour des motivations écologistes mais pour aller au charbon », admettait,
le 30 octobre, Jean-Jacques Guillet, un ancien élu local membre de Bassines non
merci. Lucide, il ajoute : « S'ils n'avaient pas été là, peut-être qu'on
parlerait moins de nous ! »
Cagnotte. Rodés par des années de coups
médiatiques, les zadistes apportent aussi un savoir-faire précieux en termes de
communication. C'est en partie grâce à eux que l'appel « Bassines non merci » a
été cosigné par de nombreux acteurs fort éloignés du monde agricole : comités
Action antifasciste, sections locales d'Attac ou d'Extinction Rebellion,
Solidaires et même la CGT du spectacle. Ils ont aussi une indéniable capacité à
susciter des dons. Encore aujourd'hui, il reste du combat contre l'aéroport
quelques centaines de milliers d'euros, logés dans un fonds de dotation que les
zadistes peinent à dépenser. L'objectif initial était d'acheter des terres,
mais il n'y en a pas à vendre. La cagnotte servirait-elle à financer la lutte
anti-bassines ? Benoît Feuillu assure au Point que ce n'est pas le
cas. Il faut le croire sur parole, car le collectif ne publie aucun compte, ne
tient pas d'assemblée générale et refuse de communiquer les noms de ses
membres. À Notre-Dame-des-Landes, tous les militants se nommaient « Camille ».
Personne n'a revendiqué la destruction d'une canalisation à la meuleuse, le 29
octobre, à Sainte-Soline.
Leur obsession du secret ne trompe probablement pas les
services de renseignement, qui les laissent agir dans des limites implicites
désormais assez nettes. En 2014, trois hackers hostiles au stockage de déchets
nucléaires à Bure (Meuse) avaient piraté le site de l'Agence nationale pour la
gestion des déchets radioactifs. Ils ont été repérés et interpellés très
rapidement. Leurs profils résumaient sans doute la diversité qui existe chez
les zadistes. Cédric S., 36 ans à l'époque, passé par Notre-Dame-des-Landes,
était informaticien, Loïc S., 20 ans, était étudiant et David D., 41 ans,
vivait du RSA.
Black blocs. Lors du week-end du 30
octobre, cinq personnes ont été interpellées pour violence à Sainte-Soline : un
enseignant à la retraite, un chef d'entreprise, deux chômeurs et un jeune,
peut-être étudiant. Selon la préfecture, sur 4 000 manifestants, il y avait 400
black blocs. Le ministre de l'Intérieur a évoqué 40 fichés S, sans précision
sur leur dangerosité présumée. Alors que 20 000 personnes en France sont
fichées S, une seule classée à l'ultragauche est suivie par le parquet national
antiterroriste. Passé par la Syrie, où il dit s'être battu contre Daech aux
côtés des Kurdes, Florian D. a été arrêté en décembre 2020, des écoutes
laissant craindre des assassinats de policiers imminents. Il est en liberté
surveillée depuis mai 2022, et rien ne permet de penser qu'il était présent à
Sainte-Soline.
Une ZAD pourrait-elle naître et durer dans les Deux-Sèvres ? «
On n'est pas suffisamment cons pour se faire encercler ! » s'exclame
Jean-Jacques Guillet. De son côté, un porte-parole des Soulèvements de la terre
évoque un futur fait d'actions ponctuelles, là où « des chantiers sont
menés contre la planète », c'est-à-dire potentiellement partout. Pourquoi
tel projet plutôt que tel autre ? Difficile à dire. La sécheresse de l'été 2022
a mis l'accent sur l'irrigation mais, globalement, la mobilisation semble avoir
peu de rapport avec l'impact réel sur l'environnement. Inaugurée en 2017, la
ligne TGV Tours-Bordeaux a rendu artificiels des milliers d'hectares dans
l'indifférence générale, contrairement au projet de Center Parcs de Roybon, en
Isère, prévu sur 150 hectares seulement et violemment contesté jusqu'à son
abandon, en 2020. La construction de 30 bassines identiques à celles de Sainte-Soline
est programmée dans la Vienne, sans mobilisation massive constatée pour le
moment.
Une ZAD ? Selon le géographe Philippe
Subra, directeur de l'Institut français de géopolitique de l'université
Paris-8, créer une ZAD pérenne est plutôt une affaire de logistique. Elle doit
bénéficier d'un minimum de soutien de la population et des organisations
agricoles, se trouver près d'une grande ville étudiante, pour le renouvellement
des troupes, et plutôt dans un bocage, afin de compliquer les opérations de
police. Une météo relativement clémente est un avantage appréciable. Niort
compte 3 200 étudiants seulement, les bassines sont plutôt en champs ouverts et
l'hiver approche. Sainte-Soline remplirait donc un seul critère : la
contestation est soutenue par la Confédération paysanne. Jusqu'où, c'est toute
la question. Contacté par Le Point pour savoir ce qu'il pense des
zadistes décroissants radicaux, Nicolas Girod, porte-parole national du
syndicat, ne répond pas. Le sujet est délicat. Tous les adhérents de la Confédération
paysanne (25 % des voix aux élections professionnelles de 2019 dans les
Deux-Sèvres) ne sont pas hostiles à l'irrigation, loin de là.
Localement, les écoguerriers risquent de manquer de soutien
populaire et politique. Le conseil départemental des Deux-Sèvres est tenu par
l'union de la droite et du centre. Aux cantonales de 2021, les listes
écologistes et d'union de la gauche et des écologistes n'ont pas dépassé 22 %
des suffrages. Julien Le Guet se présentait dans son canton,
Frontenay-Rohan-Rohan. Il a été éliminé au premier tour, avec 19,15 % des
suffrages.
Batho pas venue. Sainte-Soline a fait
le plein de célébrités les 29 et 30 octobre. Les EELV Yannick Jadot et Sandrine
Rousseau, Philippe Poutou pour le Nouveau Parti anticapitaliste, l'écologiste
radicale Léna Lazare, l'eurodéputé EELV Benoît Biteau, la députée EELV de la
Vienne, Lisa Belluco, etc. En revanche, Delphine Batho n'est pas venue. «
Les élus locaux étaient rares à la manifestation, parce qu'ils ne cautionnent
pas la violence », tacle-t-elle.
Combien de temps durera l'union de circonstance entre EELV,
les ex-zadistes, les syndicalistes agricoles et les acteurs historiques de la
lutte anti-bassines, comme Julien Le Guet ? Alliée des anti-aéroport à
Notre-Dame-des-Landes, la Confédération paysanne a pris ses distances avec les
plus radicaux à peine le projet enterré. Les appels solennels à l'union pour
sauver la planète cachent mal une méfiance réciproque entre activistes et
institutionnels. Interrogée par Le Point sur le recours à la violence,
Sandrine Rousseau botte en touche : « Sont aujourd'hui écoterroristes ceux
qui s'accaparent l'eau, émettent du CO2, dégradent la
planète. La violence, elle est pour ceux qui font face à l'inaction. »
Comprenne qui doit. « Les écologistes ont toujours eu un pied dans les
mouvements sociaux et un pied dans les institutions », commente la députée
EELV Éva Sas. Tout le monde ne semble plus de cet avis. Le 29 octobre, à
Sainte-Soline, Yannick Jadot, pris à parti par des black blocs, a retrouvé son
véhicule tagué avec un peu aimable « crevure »…
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L'écologie politique est maintenant passée aux extrêmes
dans notre Veme république et notre politique française déjà médiocre de tous
bords et ses politiciens ou sympathisants illuminés incontrôlables !
Il faut les dégager à la lance à incendie à haute
pression cela les rafraichira les calmera et les lavera pour certains et les arrêter
manu militari pour ceux qui résistent car ils ne font plus de l'écologie mais
de l'anarchie et çà il ne faut pas la laisser s'installer dans notre pays
encore libre avant qu'on risque de basculer dans un état policier et glisser
vers une démocrature que l'on voit fleurir partout dans le monde comme de la
mauvaise herbe !
Car de plus en plus d'individus veulent ne pas
respecter les lois de notre république devenue monarchique avec un président
monarque à qui on a donné trop de pouvoir et qui ne fait rien pour nous protéger
de la voyoucratie et délinquance et donc certains les remplace par d'autres
(hors la loi républicaine) dans certaines zones dites de non droit que l'on ne
compte plus qui finissent par gommer indirectement nos libertés mal encadrées
et nos lois régaliennes mal appliquées (quand elles le sont !?)
Notre pays la FRANCE continue à glisser vers le
fond que ce soit en politique nationale ou internationale !
Jdeclef 13/11/2022 09h58
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