Gérard
Collomb : « En accueillant l’“Océan Viking”, on ouvre une
brèche »
EXCLUSIF.
L’ancien ministre de l’Intérieur sort de sa réserve pour alerter de ce qu’il juge
comme un tournant dans la politique migratoire de la France.
CET ANCIEN MINISTRE DE L’INTERIEUR NE FAIT QUE
DIRE CE QU’IL N’A PAS FAIT ET D’AUTRES AVANT LUI CAR EN FRANCE ON N’A PAS DE VRAIE
POLITIQUE D'IMMIGRATION DEPUIS + DE 60 ANS ET QUE L’ON A HERITE DE DIRIGEANT
BIEN PENSANT DONNEUR DE LECON HYPOCRITE ?!
Un tournant dans la politique
d'immigration en France. » Dans un tweet fracassant, l'ancien
ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui s'est mis en retrait du débat public
pour se battre contre le cancer, a vertement critiqué l'accueil de l'Ocean
Viking, le navire qui a accosté à Toulon après avoir recueilli des
migrants. En 2018, il s'était opposé à l'idée d'un tel « centre
contrôlé » (hot spot) à Toulon, et c'est pour cette raison qu'il avait
démissionné, comme il s'en explique pour la première fois dans cet entretien au
Point. Interview décapante.
« Ocean
Viking » : ce qui attend les migrants arrivés à Toulon
Le Point : Pourquoi sortez-vous de votre silence
maintenant ?
Gérard Collomb : Parce que je veux alerter sur les
enjeux fondamentaux qui sont à l'œuvre dans l'affaire de l'Ocean Viking.
C'est déjà ce qui m'avait poussé à la démission du ministère de l'Intérieur, en
2018, même si je n'en ai pas parlé jusqu'à présent. Il y a quatre ans, les
problèmes migratoires étaient déjà extrêmement importants. La Commission
européenne avait lancé l'idée de « centres contrôlés » pour
accueillir les migrants. Peu après, les chefs d'État, réunis spécialement pour
traiter les problèmes migratoires, reprennent ce projet, Emmanuel Macron s'y
montrant l'un des plus favorables. L'idée originelle est de créer ces centres
hors de l'Union européenne, en Tunisie, au Maroc et en Albanie. Ces trois pays
refusent, en disant, en substance, qu'ils ne sont pas là pour résoudre nos
problèmes. Emmanuel Macron propose alors d'ouvrir un tel centre soit à Toulon,
soit à Marseille, et il demande au préfet de l'époque, Pierre Dartout, d'y
travailler. Je suis alors ministre de l'Intérieur, et je suis à fond contre ce
projet.
EXCLUSIF. Gérard
Collomb : « Il va bien falloir qu'on revienne au réalisme »
Pour quelles raisons ?
Toutes mes équipes me démontrent, en effet, que compte tenu des législations
françaises et européennes, si l'on accueille des migrants dans ce type de
centre, on ne pourra pas les faire repartir, et que l'on se retrouvera dans la
même situation que l'Italie, Malte, la Grèce, qui sont des pays de premières
entrées. Et donc que leur départ sera subordonné à l'accord d'autres États. Or,
comme on le voit aujourd'hui, les pays sont peu empressés à respecter les
accords de Dublin qui imposent, pourtant, aux États dans lesquels les migrants
ont déposé leur première demande d'asile de reprendre ces personnes si elles
sont passées dans un autre pays. Aujourd'hui, le rapport de l'ONG Forum
Réfugiés montre que sur les 18 139 demandes de reprise par les États de
premier accueil adressées par la France, seulement 1 589 dossiers ont été
acceptés. Il est donc clair pour moi à l'époque que si l'on ouvrait ces
« centres contrôlés », tous les migrants resteraient sur notre sol.
Je refuse que l'on rentre dans cette spirale ; Emmanuel Macron insiste. Or,
le 1er octobre 2018, je me rends à Marseille pour commémorer la
mort des deux jeunes filles, Laura et Maurane, assassinées un an auparavant à
la gare Saint-Charles. Le préfet s'inquiète sur ce que peut être la réaction
des parents. En fait, ils vont prononcer des mots admirables de dignité, me
demandant simplement de tout faire pour qu'une telle tragédie ne se reproduise
plus.
Je suis d'autant plus marqué que l'une des jeunes filles est originaire de
Lyon et que l'auteur, un Tunisien en situation irrégulière, aurait dû être
placé la veille en centre de rétention administrative à Lyon pour être expulsé.
Il ne l'a pas été, et il a pris le lendemain le train pour Marseille où il
commettra ce crime. Je pense alors : « Je ne veux plus que cela se reproduise. » Et si
je laisse se réaliser l'installation de ce centre de contrôle, je me sentirai
plus tard responsable des actes qui pourraient entraîner la mort de personnes.
C'est pourquoi, deux jours plus tard, je décide de démissionner. Et immédiatement
après, j'envoie un texto au père de l'une des jeunes victimes pour lui dire que
c'est en pensant à sa fille que j'ai pris cette décision.
On peut être ému par tous ces cas
individuellement, mais à ne s’en tenir qu’à une réaction de sensibilité, on
renforce plus le problème qu’on ne le résout, en créant un appel d’air.
Pourquoi n'avez-vous jamais parlé avant aujourd'hui des
circonstances réelles de votre démission ?
Je ne comptais jamais le faire. Si j'avais dit cela à l'époque, j'aurais
gravement nui à Emmanuel Macron. Si je m'étais exprimé avant la présidentielle,
mon intervention aurait pu inverser le résultat de cette élection, et Marine Le
Pen être élue. C'est pourquoi je me suis tu.
Pourquoi alors parler maintenant ?
Je pensais que la question était réglée. On avait refusé d'accueillir L'Aquarius
en 2018, Emmanuel Macron avait fait alors montre de fermeté et le sujet
des « centres contrôlés » me semblait appartenir au passé. En
accueillant maintenant l'Ocean Viking, on ouvre une nouvelle brèche,
créant un précédent. Pour moi, cela ne peut qu'encourager les réseaux de
passeurs pour qui les migrants sont une source de gains considérables – les
chiffres varient de 7 à 30 milliards d'euros au niveau mondial.
Dans le cas de l'Ocean Viking, on s'aperçoit que ce sont ces réseaux
qui ont amené les migrants jusqu'en Libye, et qu'en aval ceux qui veulent
atteindre l'Angleterre par exemple seront repris en main par ces mêmes réseaux
avec la conséquence que l'on a connue cet été, où un nombre impressionnant de
migrants se sont noyés dans la Manche. On peut être ému par tous ces cas
individuellement, mais à ne s'en tenir qu'à une réaction de sensibilité, on
renforce plus le problème qu'on ne le résout, en créant un appel d'air.
Coignard – Le
triple piège de l'« Ocean Viking »
Une réaction particulière à une urgence humanitaire n'empêche-t-elle
pas une politique de fermeté ? Il y a aussi des enfants sur ce bateau,
comment ne pas les accueillir ?
Il y a quelques enfants. Mais on parle surtout de mineurs non accompagnés,
ce qui est différent. Ils se déclarent mineurs, mais beaucoup en fait se
révéleront sans doute majeurs. Quel va être le sort des migrants qui, dans les
années à venir, continueront à s'installer sur le territoire français ? On
voit aujourd'hui que dans nos grandes agglomérations, ils finissent sous des
tentes, sous des ponts, dans des camps de fortune. À Lyon, le problème devient
si aigu qu'après avoir dit « Welcome le monde » les élus écologistes
se retrouvent débordés, comme vient de le reconnaître lors du dernier conseil
municipal l'adjointe en charge de ce dossier, confiant que la municipalité ne
parvenait plus à gérer seule la situation. Dans les semaines qui viennent,
on n'aura plus de bateaux qui pourraient venir en France du fait du mauvais
temps, mais dès le printemps prochain, quand la mer sera redevenue calme, vous
aurez 10, 20 ou 30 allées et venues de bateaux qui
souhaiteront accoster en France. À l'époque où l'on a refusé l'accès à L'Aquarius,
il y avait cinq à six navires qui faisaient ainsi des allers-retours sur la
Méditerranée.
L'accueil de l'Ocean Viking
marque-t-il un revirement de la politique migratoire d'Emmanuel Macron ?
Gérald Darmanin veut une politique ferme sur l'immigration, mais dans la
majorité beaucoup de gens sont sur des positions ouvertes, et plaident pour
accueillir tout le monde. C'est pour cela que j'interviens : il ne faut
pas qu'Emmanuel Macron s'enferme dans cette politique d'acceptation de nouveaux
navires. S'il continue, la prochaine fois ce ne seront plus des femmes et des
hommes politiques modérés qui auront à gérer les problèmes d'immigration.
Regardez ce qui s'est passé en Suède.
« Ocean
Viking » : Macron craque face à Meloni
Par votre intervention, n'avez-vous pas peur d'aller dans le sens de
l'extrême droite ?
Non. C'est à force de ne pas prendre de décision en matière migratoire que
l'on fait le jeu de l'extrême droite. Les sociaux-démocrates suédois ont tardé
à prendre en compte ce problème, regardez le résultat ! Au Danemark, au
contraire, la Première ministre social-démocrate a pris des mesures fortes, et
elle a été réélue. Je préfère que ces problèmes soient gérés par des
sociaux-démocrates plutôt que par l'extrême droite. J'ai vu que Julien Dray
avait soutenu ma position. Et l'ancien maire socialiste de Sarcelles, François
Pupponi, a écrit un livre pour dire qu'une immigration incontrôlée avait
déséquilibré son territoire. Quand on évacue des camps de fortune à Paris, où
envoie-t-on les migrants ? En Seine-Saint-Denis, qui connaît déjà tant de
problèmes ! Quand j'étais ministre, le préfet de ce département m'avait
confié qu'il ne savait pas combien il y avait d'habitants dans son département
vu le nombre de clandestins…
Que préconisez-vous ?
D'abord, de sortir de l'hypocrisie, qui entrave les politiques européennes.
On n'arrête pas de critiquer l'Italie et la Grèce, mais il n'y a, avec Malte,
que ces pays qui soient confrontés à ces problèmes massifs. En Italie,
90 000 personnes sont arrivées depuis le début de 2022. Il ne faut
pas laisser ces États seuls. Frontex devrait davantage intervenir pour gérer ce
dossier, et ne pas le laisser à des organisations privées. En Grèce, il y a eu
tout un débat pour dire que les forces de sécurité étaient trop dures. En Turquie,
vous avez 4 millions de réfugiés : si ce pays ouvrait ses portes, ce
serait ingérable.
Que devrait faire selon vous Emmanuel Macron ?
Mener une politique ferme. Considérer les enjeux à l'échelle européenne avec
une vraie prise en charge des frontières. Donner un rôle majeur à Frontex.
Convaincre les pays européens d'investir massivement en Afrique, comme
Jean-Louis Borloo l'avait proposé à l'époque où j'étais ministre, en
préconisant un plan Marshall pour ce continent. En tant que maire et président
de la métropole de Lyon et ministre de l'Intérieur, j'ai toujours souhaité
intégrer les derniers arrivants, faire de la mixité sociale. Ce n'est pas
massivement qu'il faut accueillir, mais qualitativement, pour donner une chance
de vie à celles et ceux qui arrivent dans notre pays. Cette position est en
cohérence avec l'humanisme à la lyonnaise, dont nous avons souvent parlé. Sur
cette question, comme sur d'autres, je défends un humanisme qui soit de
générosité mais aussi de responsabilité.
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Avec la fin de cette
guerre d’indépendance de l’Algérie inutile qui depuis nous déteste car elle
l'aurait obtenue sans la faire comme tous les autres il y a + de 60 ans !
Car depuis on s'est acheté une fausse morale de
nos dirigeants bobos bienpensant hypocrites donneurs de leçons pour se donner
bonne conscience quand de pauvres gens et encore plus quand il y a des femmes
et enfants voire très jeunes sont ballotés sur la mer dans des embarcations de
fortune et récupéré par miracle par
bateaux de sauvetages d'associations de survie ou aide aux migrants ou
réfugiés qui fuit des pays souvent totalitaires et qui erre de ports en ports
méditerranéens portes maritimes de l'Europe occidentale libre (ITALIE qui a
refusé ce flux supplémentaire peut être un de trop pour elle et FRANCE ESPAGNE
et GRÈCE !)
Car pour ceux qui ne sont pas accessibles au
droit d'asile le retour à leurs pays d'origine qui doit être accepter ceux-ci ne
sont souvent pas acquit car refusé dans leurs pays qu'ils ont fui !
La France n'est pas un grand pays comme le
reste du continent européen pour accueillir trop de migrants qui pose de grands
problèmes logistiques et économiques importants surtout en plus avec la
situation actuelle de guerre aux frontières européennes causée par cette guerre
Russo Ukrainienne qui a augmenté encore plus les flux de réfugiés Ukrainiens
que l'on a bien sur accueillit jusqu'à même l’Angleterre qui a préféré payer
une forte contribution de 63 millions € à la France pour mieux arrêter les
migrants qui passe à CALAIS pour traverser la MANCHE !
Vu la situation tendue internationale
économique inflationniste énergétique en Europe ce n'est pas le moment
d'accepter plus de migrants ou réfugiés avec toute la misère d'un monde qui
déraille à cause de dirigeants irresponsables dangereux !
Jdeclef 14/11/2022 10h26
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