« Les
États-Unis tentent d’enrôler l’Europe contre la Chine » ?!
ENTRETIEN.
Invité à s’exprimer à l’occasion du G20, l’économiste controversé Jeffrey Sachs
défend la Chine et la Russie. Et dénonce l’hégémonie américaine.
Ce personnage est le conseiller du secrétaire général
de l’O.N.U cette association de bienpensants qui croient que tout le monde est
beau et gentil mais sans vraiment de pouvoir « ce machin comme disait le
général de Gaulle » ça veut tout dire !?
Les dirigeants des grandes puissances
sont réunis cette semaine à Bali, en Indonésie, pour leur sommet
annuel du G20. Invité par Djakarta pour une conférence inaugurale, l'économiste
américain Jeffrey Sachs, professeur à l'université Columbia et conseiller
du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour les objectifs du
développement durable, conteste sévèrement l'hégémonie des
États-Unis et se fait l'écho des critiques formulées par les puissances
rivales, Chine et Russie en tête. Dans les années 1990, Jeffrey Sachs avait
conseillé les pays de l'ex-bloc de l'Est pour rejoindre la mondialisation
libérale. Cependant, depuis la fin des années 2010, ses commentaires sur la
politique extérieure des États-Unis sont devenus de plus en plus tranchants.
Jeffrey Sachs se fait désormais l'« avocat du diable », refusant
de qualifier de génocide la répression contre les Ouïghours en Chine ou
de condamner Vladimir Poutine pour son invasion de l'Ukraine. La presse
américaine l'étiquette « propagandiste de Xi Jinping » et
« apologiste du Kremlin ». Ses dernières prises de position ont
encore accentué la polémique. En tant que président de la Commission sur le
Covid, créée par la revue The Lancet, il a accusé les scientifiques
d'avoir étouffé l'hypothèse d'un accident de laboratoire comme origine de la
pandémie. Quant au sabotage du gazoduc Nord Stream, il accuse, sans preuve et
au diapason de Moscou, Washington et ses alliés. Entretien.
Nord
Stream, l'histoire d'un fiasco stratégique allemand
Le Point : Joe Biden et Xi Jinping se sont rencontrés, ici, à
Bali, pour la première fois depuis que le président américain a pris ses
fonctions, en janvier 2021. Peuvent-ils encore échapper à une
nouvelle guerre froide ?
Jeffrey Sachs : La nouvelle guerre froide est créée en
très grande majorité par les États-Unis. À partir de 2015 environ,
les responsables néoconservateurs de la politique étrangère américaine ont
conclu que l'hégémonie américaine était menacée par la montée en puissance de
la Chine. Depuis lors, le gouvernement américain a mis en place un ensemble
croissant d'outils – barrières commerciales, sanctions, contrôles des
exportations, contrôle des investissements et nouvelles alliances
militaires en Asie – pour tenter de « contenir » la Chine. Cette
approche pourrait conduire à une guerre pure et simple, par exemple à propos de
Taïwan.
L’Europe devrait résister à la nouvelle guerre
froide menée par les États-Unis.
Les États-Unis tentent d'enrôler l'Europe dans leur effort pour contenir la
Chine. Pourtant, l'intérêt profond de l'Europe n'est pas l'hégémonie
américaine, mais plutôt un véritable ordre multilatéral dans lequel l'Europe et
la Chine jouent toutes deux des rôles actifs et responsables – tout comme les
États-Unis, bien sûr. L'Europe devrait donc résister à la nouvelle guerre
froide menée par les États-Unis et poursuivre à la place des relations diplomatiques,
économiques et financières actives avec la Chine. Trois domaines sont
essentiels pour la coopération euro-chinoise : la décarbonation de
l'énergie, les infrastructures eurasiennes et le soutien coordonné au
développement à long terme de l'Afrique. Les États-Unis, de leur côté,
devraient rétablir la relation avec la Chine. Je ne suis pas optimiste
cependant. Leur politique étrangère reste entre les mains des
néoconservateurs.
Gérard
Araud – La « tech » au cœur de la rivalité sino-américaine
D'autres observateurs pensent
que le tournant de la politique américaine vis-à-vis de la Chine n'est pas
néoconservateur mais transpartisan, et qu'il a été causé par une politique
étrangère plus agressive de Xi Jinping. Quel genre de compromis les États-Unis
et la Chine pourraient-ils accepter ?
La politique antichinoise des États-Unis est en effet transpartisane. Cela
reflète deux idées. La première est que la Chine « a volé des emplois
américains ». Après la victoire de Trump en 2016, les deux parties en sont
venues à croire que le protectionnisme antichinois permettrait de
gagner des voix dans les États pivots du Midwest. La seconde est que
l'ascension de la Chine menace l'hégémonie américaine et qu'elle doit
donc être ralentie ou arrêtée, ce qui reflète la prédominance de
l'idéologie néoconservatrice dans les deux partis. Ces opinions sur la Chine
sont cependant éloignées de la vérité.
Oui, la Chine est un pays grand et puissant,
mais pas un pays intrinsèquement militariste ou belliqueux.
Le commerce avec la Chine a probablement entraîné des pertes – modérées –
d'emplois dans le secteur manufacturier, mais aussi des gains d'emplois
compensatoires dans d'autres secteurs. Dans l'ensemble, le commerce bilatéral a
été bénéfique pour les États-Unis et la Chine, et les effets secondaires
négatifs pour les États-Unis (tels que la perte d'emplois dans certains
secteurs) devraient être résolus par le biais de politiques intérieures
(reconversion professionnelle, protection sociale, etc.) plutôt que par le
protectionnisme. Et l'opinion selon laquelle la Chine représente une grave
menace pour la sécurité des États-Unis est alarmiste. Oui, la Chine est un pays
grand et puissant, mais pas un pays intrinsèquement militariste ou belliqueux.
La Chine n'a pas mené une seule guerre au cours des 40 dernières
années, tandis que les États-Unis ont mené d'innombrables (et apparemment
perpétuels) conflits.
Alerte
à Taïwan : chronique d'une invasion annoncée
Alors que préconisez-vous ?
Les États-Unis devraient cesser de jouer sur la peur, s'engager dans une
diplomatie renforcée, rester attachés à la politique d'une seule Chine, cesser
de provoquer un affrontement à propos de Taïwan et mettre fin aux mesures
commerciales, technologiques et financières unilatérales qui entravent
l'économie chinoise. La Chine devrait elle aussi s'engager avec les États-Unis
et l'Union européenne dans une diplomatie renforcée, pour résoudre les
problèmes d'intérêt commun. Je crois que la Chine est tout à fait prête à le
faire.
L’idée que l’Ukraine vaincra la Russie est un
pari imprudent sur l’apocalypse.
Vous avez conseillé à plusieurs reprises aux dirigeants occidentaux
de ne pas humilier Vladimir Poutine. Son invasion de l'Ukraine ressemble de
plus en plus à
un désastre militaire, surtout après la défaite de Kherson. Pourquoi ne pas
le laisser face au principe éternel de la guerre : « vae
victis », « malheur aux vaincus » ?
Cette guerre aurait pu être évitée si les États-Unis n'avaient pas poussé à l'élargissement
de l'Otan à l'Ukraine et à la Géorgie, et n'avaient pas participé au
renversement de Viktor Ianoukovitch en 2014. La France et l'Allemagne auraient
également dû pousser l'Ukraine à se conformer aux accords de Minsk II. Il
y a déjà plusieurs centaines de milliers de morts en Ukraine à cause de cette
guerre. Si l'Ukraine tente de reprendre la Crimée, je pense que nous
assisterons à une escalade massive, voire à une guerre nucléaire. L'idée que
l'Ukraine vaincra la Russie est un pari imprudent sur l'apocalypse. Les
États-Unis et les Ukrainiens auraient dû signer la neutralité de l'Ukraine, le
contrôle de facto de la Russie sur la Crimée et la mise en œuvre des accords de
Minsk II. Au lieu de cela, ils parient imprudemment sur la victoire
militaire contre un pays qui a 1 600 armes nucléaires. Récemment, le
général Mark A. Milley, chef d'état-major des armées américaines, a déclaré
qu'il était temps de négocier, mais la Maison-Blanche a semblé rejeter ses
sages conseils.
Bombe
atomique : « L'indifférence de Poutine à la mort est manifeste »
Pourquoi maintenez-vous une position prorusse ?
Je suis pro-Ukraine et pro-paix. Je reconnais également les objections légitimes
de la Russie contre l'élargissement de l'Otan, objections qui remontent à plus
de trente ans. Je veux aider à accélérer la fin des souffrances et des
destructions massives en Ukraine causées par la guerre par procuration entre
les États-Unis et la Russie. Plus important encore, les États-Unis devraient
cesser d'insister sur l'élargissement de l'Otan. Les dirigeants européens ont
depuis longtemps reconnu les dangers des actions américaines sur l'Otan, mais
malheureusement ils ne combattent pas les positions américaines.
Que peut accomplir cette réunion du G20, en l'absence de Vladimir
Poutine ?
Le G20 devrait s'accorder sur la mise en place d'une nouvelle architecture
financière mondiale pour aider les pays en développement à financer le
développement durable, y compris l'adaptation au climat et la transformation
énergétique. Le programme économique peut et doit aller de l'avant.
François
Gemenne : « L'aide au développement est un impensé des politiques
climatiques »
Xi Jinping peut-il aider à résoudre la crise ukrainienne ?
Oui, bien sûr. La Chine aiderait à garantir la sécurité de l'Ukraine en tant
que pays neutre. La Chine n'a aucun intérêt à soutenir l'élargissement de
l'Otan, d'autant plus que les États-Unis construisent des alliances militaires
en Asie contre la Chine, et engagent même dangereusement l'Otan dans la politique
antichinoise des États-Unis.
Le système politique américain, notamment les
membres du Congrès, ne se soucie pas vraiment du développement économique
mondial.
Selon votre dernier rapport sur les objectifs du développement
durable, les efforts pour les atteindre à l'horizon 2030 sont
sous-financés et sont ralentis par les crises qui s'accumulent. Ressentez-vous
suffisamment d'urgence dans ce G20 pour rétablir le cap ?
Non, hélas, il n'y a aucun sentiment d'urgence. Le système politique
américain, notamment les membres du Congrès, ne se soucie pas vraiment du
développement économique mondial. L'élite politique se concentre plutôt
sur l'hégémonie américaine. Tout au plus, l'intérêt des États-Unis pour
l'Afrique s'est un peu ragaillardi pour concurrencer la Chine.
Afrique-Europe :
« La relation à son plus bas niveau depuis 10 ans »
Trois ans après son déclenchement, l'origine
de la pandémie est encore inconnue. Près de deux mois après le sabotage de
Nord Stream, l'enquête n'a pas nommé ceux qui l'ont commis. Comment la
communauté internationale peut-elle rester si divisée face à des événements
majeurs ?
Dans les deux cas, le gouvernement américain maintient et manipule un récit
invraisemblable, et le fait avec une acceptation remarquable en Europe. Sur le
Covid-19, il est clair que les États-Unis ont financé des recherches très
dangereuses en Chine basées sur la manipulation génétique avancée de virus de
la famille du Sars. Et il est également clair que le gouvernement américain a
refusé d'enquêter sur ses propres programmes de recherche qui auraient pu
contribuer à la création du Sars-CoV-2. Au lieu de cela, le gouvernement
américain a encouragé l'histoire scientifiquement faible d'une épidémie
« naturelle » sur le marché de Huanan, à Wuhan.
Nous ne savons pas avec certitude que les
États-Unis ont fait sauter Nord Stream, mais nous savons que le public n’a pas
encore été informé des faits réels.
Sur Nord Stream, Joe Biden a promis le 7 février que si la Russie
envahissait l'Ukraine, Nord Stream serait terminé. Lorsqu'on lui a demandé
comment les États-Unis feraient cela, il a répondu : « Je vous
promets que nous serons en mesure de le faire. » Même la Suède cache les
résultats de son enquête sur Nord Stream à l'Allemagne et au Danemark, au nom
de la sécurité nationale ! Je crois que les dirigeants européens savent
que les États-Unis et d'autres alliés ont fait cela, mais ils ne commenteront
ou n'expliqueront tout simplement pas la vérité au public. Nous ne savons pas
avec certitude que le Sars-CoV-2 est venu d'un laboratoire et que les
États-Unis ont fait sauter le pipeline, mais nous savons que le public n'a pas
encore été informé des faits réels concernant ces deux cas.
« Plus
le gouvernement est corrompu, plus on compte de complotistes »
La Chine et la Russie ont un problème de transparence et de
désinformation. Comment faire en sorte que les grandes puissances mettent fin à
ce cycle de postvérité et de tromperie ?
Nous avons besoin d'une diplomatie structurée, systématique et renforcée
entre les États-Unis, l'UE, la Russie et la Chine. La diplomatie s'est presque
effondrée, emportée par une vague d'accusations, de désignation de coupables
et, bien sûr, à cause de la guerre en Ukraine. Des diplomates de haut rang en
Europe affirment que la diplomatie avec Poutine est impossible. Ce n'est pas
vrai. La Russie a fait plusieurs tentatives diplomatiques valables ces
dernières années (par exemple, pour arrêter l'élargissement de l'Otan à
l'Ukraine et à la Géorgie, pour mettre en œuvre l'accord de
Minsk II, etc.), mais celles-ci ont été repoussées par les États-Unis
et l'Europe. De même, les États-Unis ont réduit leur diplomatie avec la Chine
lorsque Joe Biden est arrivé au pouvoir. Cela aussi était une erreur.
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Par son dictateur belliqueux et dangereux pour
la paix du monde tout en détestant les européens et bien sur les USA et son
bouclier épouvantail OTAN utile pour la sécurité des pays libres démocratiques !
Pour les Européens alliés des USA (protecteur)
ils garderont encore leurs relations commerciale avec la CHINE réciproque car
pour l'instant bénéfique sans pour autant abandonner les USA issus depuis leur créations
qui sont d'origine européenne historique de plus la Chine n'a pas besoin d'être
défendue car pouvant se défendre seule devenue une grande nation développée sur
tous les sujets économiques et militaires et essayant d’être neutre dans ce
conflit Russo Ukrainien sauf pour TAIWAN et son rattachement obligatoire selon
Xi Jingpin qui est en désaccord ferme avec les USA qui se sont engagés à défendre
cette ile (chinoise géographiquement mais aussi historiquement depuis la
création de la chine moderne depuis 1948 de Mao Tsé Tung !)
Jdeclef 15/11/2022 12h30
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