mercredi 17 avril 2019

Attention à ne pas faire des comparaisons hasardeuses qui pourrait déclencher des colères injustifiées !


Incendie de Notre-Dame de Paris : « C'est une sorte de 11 Septembre patrimonial »

ENTRETIEN. La médiéviste Joëlle Alazard explique comment la cathédrale gothique, « miraculée » de l'histoire, est devenue un symbole pour les Français.


C'est un joyau du patrimoine français. Lundi soir, aux alentours de 19 heures, un incendie s'est déclaré dans les combles de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Les Parisiens ont assisté, en direct, à l'effondrement de la flèche, avant que le feu ne soit éteint ce matin. Le bâtiment a tenu, mais son toit est détruit. Lundi soir, de nombreux badauds assistaient, impuissants, au triste spectacle, depuis les ponts enjambant la Seine ou les hauteurs de Paris. Historienne médiéviste et professeure en classe préparatoire, Joëlle Alazard avait les yeux rivés à son téléviseur lundi soir devant les images des flammes ravageant la cathédrale. Selon la vice-présidente de l'Association des professeurs d'histoire-géographie (APHG), la cathédrale gothique, dont la construction a commencé au XIIe siècle, est une « miraculée » de l'histoire. En survivant à la Révolution française, à la Commune et aux deux guerres mondiales, le monument est devenu un symbole pour les Français, qu'ils soient catholiques ou non.
Joëlle Alazard : J'étais complètement sidérée, stupéfaite. C'est une sorte de 11 Septembre patrimonial, car on voit d'un seul coup le bâtiment partir en fumée. C'est l'émotion face à l'incendie menaçant « l'œuvre d'art totale » de Victor Hugo. C'est la première fois qu'on voyait la cathédrale en flammes. Elle avait été beaucoup plus protégée que d'autres, comme celle de Reims. En fin de soirée, on a été rassurés d'apprendre que la structure était préservée. J'ai aussi vu que les statues des apôtres et des évangélistes qui étaient sur le toit avaient déjà été démontées. Mais on attend le diagnostic, car les matériaux de construction qui ont été employés ont sûrement eu beaucoup de chocs à encaisser. En revanche, je suis soulagée d'apprendre que les voûtes ont tenu, car c'est le symbole de l'élévation spirituelle de la cathédrale et c'est un trésor d'intelligence qui date du XIIe et du XIIIe siècle. Les pompiers ont été forts, mais les constructeurs du XIIe siècle aussi !
Vous parlez de Notre-Dame comme d'une « métaphore de Paris ». Comment expliquer que la cathédrale fédère au-delà des catholiques aujourd'hui  ?
Ce monument est un palimpseste (œuvre dont l'état présent atteste de versions antérieures, NDLR), symbole du Paris médiéval, du Paris historique construit en 1163. Notre-Dame a longtemps été le principal monument de la capitale, avant la tour Eiffel, construite en 1889, qui incarne le progrès laïque et républicain par excellence. Mais le monument le plus ancien reste la cathédrale Notre-Dame. Il y a eu un phénomène de laïcisation autour parce qu'elle fait maintenant partie du paysage quotidien des Parisiens. C'est une cathédrale de pierre mais aussi de papier parce que Victor Hugo, qu'on lit de moins en moins aujourd'hui, reste un des grands écrivains nationaux. Il a chanté le monument dans son roman Notre-Dame de Paris, en 1831, pour sauver la cathédrale à un moment où l'on voulait l'abattre. Dans son livre, Notre-Dame devient un personnage comparable à Quasimodo ou Esmeralda. Certains peintres l'ont utilisée pour symboliser Paris, comme Eugène Delacroix dans La Liberté guidant le peuple : pour montrer que la scène se passe à Paris, on voit les tours de la cathédrale dans le fond. On pense aussi aux lithographies de Marc Chagall.
Notre-Dame enregistre tous les soubresauts de l'histoire de France.
Dans quel contexte a-t-on construit cette cathédrale au XIIe siècle  ?
En 1163, Paris devient une très grande ville, avec une forte croissance démographique. À l'époque, Paris est la grande cité de la chrétienté avec près de 200 000 habitants. La construction de Notre-Dame, c'est la monumentalisation du pouvoir de l'évêque dans la ville, Maurice de Sully, le génie d'architectes, comme Jehan de Chelles ou Pierre de Montreuil, qui bâtissent ce gigantesque vaisseau de pierre, dernier trésor médiéval de la ville. Les travaux s'achèvent en 1345, mais avec un édifice qui peut désormais accueillir le peuple. Si le Paris médiéval et populaire a depuis disparu, Notre-Dame en reste le symbole.
Des états généraux de 1302 aux funérailles de Mitterrand, en passant par le sacre de Napoléon, Notre-Dame est ensuite devenue un haut-lieu de mémoire...
C'est un monument qui contient toute l'histoire de Paris depuis le XIIe siècle : les moments de deuil comme les moments de joie. Et c'est un lieu de recueillement, y compris pour les non-catholiques. On pense au sacre de Napoléon, mais aussi aux funérailles nationales de Sadi Carnot, De Gaulle, Pompidou, François Mitterrand, ainsi qu'à toutes les personnalités qui pouvaient unir les Français, comme celle de l'abbé Pierre ou les festivités de la Libération. Notre-Dame enregistre tous les soubresauts de l'histoire de France. Elle est une grande cathédrale sur laquelle on plaque des repères de la culture historique et populaire.
Comment expliquer que le monument ait survécu aux guerres et à la Révolution française ?
Le monument semblait miraculé jusqu'à présent. Le premier grand choc est la Révolution française, pendant laquelle Notre-Dame a vu ses statues détruites. On a passé des cordes au cou des rois de Juda sur la façade pour les faire tomber. D'ailleurs, il y a des têtes qui ont été enterrées par un Parisien et qu'on a retrouvées et mises au musée de Cluny. Puis il y a eu les émeutes en 1831 et la Commune en 1871. Mais, curieusement, alors que tous les monuments de Paris, comme le palais des Tuileries et l'hôtel de ville, sont incendiés par les communards lorsqu'ils se retirent d'est en ouest pour échapper aux Versaillais, le feu dans Notre-Dame est assez rapidement arrêté. Lors des deux guerres mondiales, le bâtiment s'en tire bien, contrairement à la cathédrale de Reims qui a connu les bombardements en 1914.
Quels travaux sont menés par Eugène Viollet-le-Duc en 1857 ?
Eugène Viollet-le-Duc était un restaurateur génial, mais aussi une figure très clivante. Il sauve des bâtiments du Moyen Âge et, en même temps, il prend des libertés : une statue à son effigie est installée sur le toit de la cathédrale. Il y a aussi les fameuses chimères qui font partie de l'image de Notre-Dame. Et puis il a beaucoup travaillé sur les sculptures de la façade avec des réfections très longues. Finalement, Notre-Dame est aussi un bâtiment du XIXe siècle. La flèche symbolise la restauration achevée, la recherche de spiritualité. On avait un peu regardé les restaurations en souriant parce qu'elles ne paraissaient pas authentiques, alors qu'elles font partie intégrante de Notre-Dame, y compris l'héritage du XIXe siècle.
Notre patrimoine religieux est dans un état absolument préoccupant.
Quels trésors architecturaux et artistiques Notre-Dame de Paris renferme-t-elle  ?
Il y en a énormément. Beaucoup, comme les reliquaires ou la vaisselle liturgique, ont été perdus pendant la Révolution. Mais il y a les trois grandes rosaces, sur la façade et les transepts nord et sud, les sculptures refaites au XIXe siècle sous Viollet-le-Duc, et l'orgue gigantesque à cinq claviers. Et, bien sûr, les toiles de l'époque moderne, notamment les Mays, une série de grands tableaux offerts chaque année par la Corporation des orfèvres à la cathédrale Notre-Dame de Paris. On a notamment des tableaux très célèbres de Laurent de La Hyre. J'espère que certains ont pu être démontés, mais ce sont des tableaux de très grande taille. On nous a dit que les principales œuvres avaient été sorties, mais il faut attendre l'inventaire complet.
A-t-on les technologies nécessaires pour reconstruire le toit ?
Je pense que oui, on a des technologies au laser qui permettent de mesurer les écartements pour voir comment les voûtes évoluent. C'est avant tout une question de moyens et de volonté politique. Mais j'imagine qu'il y aura des débats sur la modernisation ou non de la cathédrale. Ce qui m'inquiète, en revanche, c'est de voir qu'un feu peut partir aujourd'hui dans un tel monument. Notre patrimoine religieux est dans un état absolument préoccupant. J'aimerais bien que ça serve aussi de leçon à l'avenir pour la protection du patrimoine religieux et historique.

Il ne s'agit pas d'un attentat terroriste et sans revendication diverse et faute d'avoir prouvé le contraire à moins d'avoir voulu cacher la vérité ce qui serait irresponsable et méprisable !

Cette médiéviste pas forcement connue (pour ceux qui ne connaisse pas cette spécialité : Un médiéviste est un archéologue ou un historien spécialiste du Moyen Âge, dont l'étude porte le nom de médiévisme, ou études médiévales. Il s'occupe d'histoire politique, sociale, culturelle, religieuse, littéraire, etc. )

Il est souvent enseignant dans l'enseignement supérieur
En ces périodes ou notre pays depuis ces dernières décennies ou les religions provoquent beaucoup de dissension ou problème liés aux cultes et dogmes de celles.ci !

Il serait plus sage à certains qui se disent érudits et intelligents de moduler leurs réflexions sur des sujets graves touchant à l'émotion des français déjà importante, pour faire parler d'eux dans les médias !

Jdeclef 17/04/2019 13h32LP

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire