Notre-Dame de Paris - Nicolas Laisné :
« Ouvrons le toit de Notre-Dame au public »
Membre éminent de la génération qui monte au sein des
architectes français, Nicolas Laisné livre ses pistes pour la reconstruction de
Notre-Dame.
Cette semaine, il livre à Montpellier L'Arbre blanc, un étrange ananas résidentiel hérissé de généreuses terrasses,
conçu en partenariat avec trois autres confrères (Dimitri Roussel, Sou
Fujimoto, Manal Rachdi) et largement publié dans la presse spécialisée.
À 41 ans, Nicolas Laisné fait partie de la génération montante des
maîtres d'œuvre français. Spécialiste de la construction en bois, il a signé,
l'automne dernier à Bordeaux,
un immeuble de bureaux de ce type, dont les sept niveaux surplombent
jusqu'à 30 mètres de hauteur le quartier Euratlantique. C'est encore
le bois qui distingue son gigantesque projet Arboretum élaboré avec François
Leclercq pour le compte du promoteur Woodeum : 125 000 mètres carrés
de bureaux tout en panneaux CLT (Cross Laminated Timber), qui fleuriront
en 2023 à Nanterre, au nord-ouest de Paris. Pour Le Point, Nicolas Laisné détaille en exclusivité la liste de ses envies et
de ses réserves à propos du chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris.
Un avis original, sans langue de bois.
Nicolas
Laisné : Sur un plan général, je suis très favorable à l'idée des concours
mondialisés. C'est de cette façon qu'on invente ou réinvente les meilleurs
bâtiments, qui puisent ainsi leur pleine puissance dans un plus large creuset
d'idées. Mais accepter de participer à cette compétition sous-entend implicitement
que l'on veut transformer la silhouette d'origine de cet édifice religieux sur
lequel chaque période a laissé sa trace au cours des 800 dernières
années. Cette sédimentation historique fait partie intégrante de la valeur
sentimentale et patrimoniale du bâtiment, à l'image des différentes statues
posées au fil du temps, miraculeusement épargnées par le brasier. Pour autant,
il n'y a aucune raison de ne pas revenir aux sources et de ne pas dupliquer la
flèche en bois de Viollet-le-Duc. Le contraire serait très étonnant et assez
présomptueux. Beaucoup de gens donnent leur avis en l'absence de tout
diagnostic précis des dommages subis par la cathédrale, proposant de choisir
d'autres matériaux que le bois à partir d'idées assez caricaturales. Nous ne
connaissons pas exactement la pérennité du béton et le métal se tord sans crier
gare en brûlant, ce que redoutent les pompiers lorsqu'ils interviennent. Les
bois est un matériau vert(ueux) qui cumule trois avantages : haute
résistance au feu, faible empreinte carbone, rapidité de mise en œuvre. Et il
répond aux ambitions écologiques qui animent chacun d'entre nous. De plus, le
gouvernement français souhaite développer la filière bois, ce serait un signal
fort dans ce sens.
Quid du délai de cinq ans de
chantier de reconstruction fixé par le président de la République ?