Trappes –
Le cri désespéré du professeur Lemaire
L’enseignant
en philosophie menacé par les islamistes veut « exhorter les politiques à
agir » contre les « pourvoyeurs de haine ». Rencontre.
En
ce lundi 8 février particulièrement gris et glacial, il aurait dû prendre le
chemin du lycée de la Plaine-de-Neauphle, à Trappes (Yvelines), où il enseigne
la philosophie depuis vingt ans. Mais, aujourd'hui, il a laissé son cartable à
la maison ; il n'a pas eu besoin de l'escorte policière armée qui sécurise
désormais ses déplacements de son domicile jusqu'à son lieu de travail, depuis
le mois de novembre 2020. Didier Lemaire a dû se résigner à « sécher » les
cours et l'atelier de poésie programmé de longue date avec ses élèves. Il est
convoqué par les services du rectorat de Versailles, dont il dépend, pour
discuter de sa situation et de son éventuelle exfiltration de l'établissement
et de la ville, afin de garantir sa sécurité.
La vie de ce professeur de philosophie tranquille et sans
histoires s'est compliquée il y a quelques mois. Il a raconté dans La
Communauté (Albin Michel), le livre de Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin,
journalistes au Monde , la progression du phénomène d'emprise islamiste dans
la vie quotidienne des habitants de Trappes, et en particulier dans celle de
ses élèves. En 2018, il a écrit avec Jean-Pierre Obin, inspecteur de
l'Éducation nationale - connu pour le rapport portant son nom et auteur d'un
ouvrage sur l'islamisme à l'école -, une lettre au président de la République
pour inciter le gouvernement à agir sans attendre afin de préserver les plus
jeunes de l'influence des intégristes. Enfin, en novembre 2020, après la
décapitation de Samuel Paty, le professeur Lemaire a publié une lettre ouverte
pour dénoncer le manque de stratégie de l'État face à l'islam politique.
Pression communautariste. Professeur
engagé pour la défense des principes républicains et pour la liberté d'expression,
Didier Lemaire refuse de se résoudre au silence. Il témoigne encore dans un
documentaire de la télévision néerlandaise décrivant la situation à Trappes ;
il y revient une nouvelle fois sur la pression communautariste et religieuse
exercée au quotidien sur ses élèves et sur la jeunesse de cette ville, connue
pour comptabiliser le plus grand nombre de départs au djihad de toute l'Europe.
La diffusion de ce film, le 22 janvier, a suscité de vives réactions, et la
journaliste qui en est l'autrice a reçu de nombreux messages haineux et
inquiétants faisant référence à l'intervention du professeur ; la direction de
la chaîne a décidé de ne plus le diffuser.
Il y a quelques semaines, une connaissance prévient Didier Lemaire
de « rumeurs »
et lui fait savoir que, s'il continue « à parler des musulmans et de Trappes », il pourrait « être le
prochain Samuel Paty ». Une enquête pour menaces de mort sur
personne chargée d'une mission de service public est ouverte et confiée à la
police judiciaire de Versailles. Désormais sous protection policière, Didier
Lemaire, qui refuse de se taire, s'est confié dans un article publié le 5
février sur le site du Point, dans lequel il raconte sa situation. Depuis, la
machine médiatique s'est emballée ; son visage, son histoire, son témoignage
sont apparus sur les chaînes d'information et dans les journaux.
« Situation intenable ». Trois
jours après la publication de cet article, nous retrouvons l'enseignant devant
son établissement pour évoquer son rendez-vous au rectorat de Versailles.
Constatant la présence de plusieurs journalistes et de caméras aux abords du
lycée, Didier Lemaire remonte dans sa voiture et nous suggère un endroit moins
exposé pour échanger. Là, à quelques encablures de l'établissement,
l'enseignant raconte sa fatigue, ses nuits trop courtes, son besoin de
réfléchir, de recouvrer calme et sérénité. « Je refuse de céder à la peur. Mais, comme je vous l'ai déjà dit,
je suis sous escorte depuis le mois de novembre. Chaque fois que je monte en
voiture, je vérifie que mes portières sont bien fermées, que je ne suis pas
suivi. »
Attentif aux regards plus ou moins appuyés et plus ou moins
hostiles des passants, qui le reconnaissent bien plus aisément depuis son
passage à la télévision, l'homme se dit pourtant « serein ». Il
plaisante même sur ses cheveux un peu trop longs à son goût et sur ce
rendez-vous manqué chez le coiffeur alors qu'il était l'invité de nombreux
plateaux télé, ces derniers jours. Il sourit volontiers, son ton est posé, sa
détermination sans faille, son attention portée sur chacun des mots qu'il
choisit pour exprimer son état d'esprit : celui d'un homme profondément
républicain qui ne supporte pas l'idée de pouvoir être assimilé à l'idéologie
de l'extrême droite.
Satisfait du soutien que lui ont apporté les équipes du rectorat,
il a décidé, pour le moment, de ne pas quitter son poste à Trappes. « Je n'ai pas
l'intention d'accepter une mutation, confie-t-il. J'ai bien
conscience de la difficulté de mon retour dès cette semaine, mais la question
de ma sécurité se posera de la même manière, ici ou ailleurs. »
Soudain, il se rembrunit : « En réalité, je me sens capable d'assurer mes cours, je vais
retrouver mes élèves cette semaine, mais ma situation devient intenable. Laïque
et républicain, je suis mis en difficulté. Et ce qui m'arrive est révélateur de
la situation de notre pays, car il n'y a pas réellement d'analyse politique de
la situation. Samuel Paty est mort de cette carence-là. On nous parle de loups
solitaires, et maintenant de "tarés", alors qu'il existe un véritable
écosystème islamiste dans notre société. Il faut arrêter ce déni. »
Repères
1965
Didier Lemaire naît à La Garenne-Colombes
1990
DEA de philosophie
1991 Premier
poste à Épinay-sur-Seine
1994
Certifié de philosophie
2000
Affecté à Trappes
2016
Organise des ateliers de prévention de la radicalisation avec ses élèves
2020
Après l'assassinat de Samuel Paty, publie « Lettre ouverte d'un prof de Trappes
»
Attaché à ses principes, Didier Lemaire refuse, pour le moment, de
quitter cet établissement et ses élèves, d'abord et surtout pour signifier
l'aberration de cette situation où « les victimes deviennent un problème à déplacer », où
« des
personnes taxées d'islamophobie ou de racisme sont clouées au pilori »
alors qu'elles ne font que défendre les valeurs de la République.
« Ma vocation est née au contact de ces jeunes ». Passionné
par son travail, il avoue sans détour avoir choisi la voie de l'enseignement
par défaut. N'arrivant pas à trouver de poste dans le milieu de la culture, il
s'est résigné à signer un contrat avec l'Éducation nationale, il y a trente
ans. Il a finalement forgé son engouement et son désir d'enseigner dans les
territoires et les établissements les plus difficiles. « J'ai
commencé au début des années 1990 à Épinay-sur-Seine, puis à
Villeneuve-la-Garenne et dans bien d'autres villes de banlieue très
compliquées. Ma vocation est née au contact de ces jeunes. Au début, je faisais
des cours brillants pour me satisfaire. Il m'a fallu du temps pour apprendre à
transmettre. J'ai compris que c'était là, auprès d'eux, que j'étais vraiment
utile. J'ai toujours adoré ces moments magiques où l'on voit le regard d'un
élève briller d'un coup parce qu'il se dit : "Ça y est, j'ai compris
!" »
La carrière de Didier Lemaire l'emmène jusqu'à ce lycée de
Trappes, où il pose son cartable à la rentrée de l'année 2000. Il est animé par
l'envie d'ouvrir ses élèves à la philosophie, au sens de la critique, de la
réflexion. Des outils que l'enseignant sait « absolument nécessaires » à ces jeunes esprits en
formation, pour les aider à devenir des citoyens à part entière, capables de se
construire avec leur seul libre arbitre, loin de la pression communautariste et
islamiste. L'année de sa nomination est tristement marquée par l'incendie de la
synagogue de la ville. « Après cela, les juifs sont partis de Trappes, et les
inscriptions antisémites ont disparu des murs, soupire-t-il. À présent,
les musulmans modérés et les athées s'en vont, car c'est aussi devenu intenable
pour eux. » Le professeur, qui compare l'idéologie islamiste à
celle du nazisme, n'hésite pas à employer les termes de « processus
de purification ». « Ces intégristes religieux sont dans le délire de la pureté. Ils
portent un discours victimaire, tout comme les nazis se disaient victimes des juifs,
qu'ils présentaient comme une menace pour leur culture. Mais aussi des Slaves
qui, selon eux, en voulaient à leur territoire. Se penser comme victime motive
la haine contre celui que l'on désigne comme oppresseur. Cette haine est aussi
cultivée par le sentiment d'être humilié. C'est précisément le discours de ces
extrémistes religieux en direction de la jeunesse. »
Les signes d'une fracture
En novembre 2020, un sondage Ifop pour le Comité Laïcité
République (CLR) mettait en lumière la défiance d'une partie des jeunes
Français musulmans vis-à-vis de la République. D'après cette étude, 57 % des
15-24 ans considèrent que la charia est au-dessus des lois républicaines, soit
10 points de plus qu'en 2016. 75 % de ces jeunes se définissant comme musulmans
se disent favorables « au port des signes religieux ostentatoires ». Ces
chiffres démontrent une progression marquée de la revendication d'un statut
particulier chez les citoyens de confession musulmane, en particulier les plus
jeunes.
« Vies gâchées ». Didier
Lemaire raconte ses vingt ans d'enseignement à Trappes comme autant d'années de
« combat »
pour offrir à ses élèves un petit espace de respiration, de liberté où ils
pourront, s'ils en ont envie, « être eux-mêmes », loin du contrôle de la communauté
et des religieux. Inlassablement, il organise des activités, des sorties
culturelles, pour les ouvrir, toujours plus, à tous les mondes, à tous les
autres, à toutes les différences, « pour finalement entrouvrir d'autres possibles ».
Les années passent et le constat de Didier Lemaire est amer. « J'aime mes
élèves. J'ai envie de les aider à se construire, assure-t-il, mais
cela devient de plus en plus difficile. Dans certains établissements comme
celui-ci, la République ne garantit plus l'effectivité de ses principes. Ces
jeunes ne sont plus libres ni égaux. Leurs vies sont gâchées par leur
environnement ou certains parents qui en font des objets. Trappes est
aujourd'hui une ville définitivement perdue, tombée aux mains des islamistes.
Les jeunes générations sont très salafisées et je n'ai plus de prise. Je
commence à faire semblant d'enseigner la philosophie car je sais qu'ils ne
m'écoutent plus. Ils ne parlent plus pour mieux cacher leurs pensées et leur
idéologie. C'est effrayant ! » Il ajoute : « Tout
s'accélère ; en deux ans, j'ai vu plus de transformations chez les jeunes et
dans l'espace public que ces dix-huit dernières années. Aujourd'hui, les
atteintes à la laïcité sont collectives et très bien organisées. »
« Scénario de guerre civile à l'algérienne ». L'homme
est intarissable. Il a besoin de dire, de raconter et de dénoncer, non pour
provoquer la polémique mais pour « exhorter les politiques à agir ». S'il s'accroche
autant, c'est pour ne pas céder à ceux qu'il définit comme des « pourvoyeurs
de haine » contre la France. Il sait les limites de l'exercice
d'équilibriste auquel il se livre et admet que sa carrière dans l'enseignement
ne pourra pas durer. « Je continuerai à être professeur de philosophie aussi longtemps
que je pourrai tenir. Je suis prêt à changer de métier s'il le faut, mais je ne
renoncerai jamais à ce combat pour la liberté. »
Didier Lemaire insiste pour rappeler ses convictions d'« homme de
gauche ». Cependant, il défend sans aucun complexe la nécessité
d'une réponse politique « forte » et d'une action de fermeté. « Un récent
sondage l'a démontré, assène-t-il, près de 60 % des jeunes musulmans
considèrent que la charia - la loi coranique - est plus importante à leurs yeux
que les lois de la République (voir
ci-dessus).
Ces jeunes sont un réservoir énorme pour ces intégristes qui veulent détruire
notre pays. Nombre d'entre eux sont élevés dans la haine de la France. Le temps
nous est compté, car nous ne sommes pas loin d'un scénario de guerre civile à
l'algérienne. » Puis il ajoute : « Il nous faut appliquer au plus vite des lois d'exception, car
nous ne sommes plus dans un État de droit, ni même de paix. » §
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Les
opinions tranchées peuvent être contre productives, mêmes si elles sont de bon
sens par ce qu’elles les gênent, quand notre gouvernement et ses dirigeants
donneurs de leçons pleutres et hypocrites et bienpensant ne veulent pas aborder
avec rigueur ces problèmes religieux extrémistes qui grandissent et s’infiltrent
subrepticement dans notre pays !
Pratiquant
le politiquement correct, comble de l’hypocrisie !
Si ou
on peut tout lire sur les réseaux sociaux grands collecteurs de pollutions
médiatiques qui déversent des insanités mêmes durant les attentats islamiques
que l'on a subis, reprenant leurs actes criminels qu’ils revendiquent et
justifient au nom de religions obscurantistes moyenâgeuses !
Justement,
quand on va aborder le deuxième volet des procès de ces attentats islamistes !?
Il faut
sortir de cette pleutrerie de notre état envers ce problème de crimes et délits
à consonance religieux, car la laïcité à la française ne protège pas les français,
il faut le comprendre !
Ce
professeur fait de la politique peut être pour simplement se faire entendre par
un moyen médiatique, il faut soutenir sa parole et que notre état le protège,
car pour le reste, il ne fait pas grand-chose, car le fléau rampant se montre de
plus en plus présent et le ver est dans le fruit de nos libertés depuis longtemps !
Nous
sommes mal protégés par les dirigeants qui nous gouvernent c'est inconcevable!
Jdeclef
10/02/2021 11h37
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