vendredi 5 février 2021

Les français qui se situe dans la fourchette de plus de 65 ans et moins de 75 ans : On les oublie ?!

 

Covid : vaccine-moi si tu peux

Jusqu’ici prioritaires, les personnes de 75 ans et plus se trouvent confrontées à un appareil administratif et sanitaire qu’elles ne comprennent plus.

C'est un numéro vert comme tant d'autres. Au téléphone, une voix nasillarde exige un code postal avant de diriger l'appelant vers le centre de vaccination le plus proche. À l'autre bout du fil, la réponse est convenue, maintes fois répétée : « Nous n'avons pas la main sur la prise de rendez-vous. Adressez-vous à votre mairie au 39 75. » Une sonnerie plus tard, une voix d'hôtesse préenregistrée nous informe qu'il n'y a « plus de rendez-vous disponibles et que la mise en relation avec un téléconseiller peut être longue ». Un doux euphémisme pour tous les candidats âgés de 75 ans et plus, impatients d'accéder à la vaccination.

« Je n'ai pas l'éternité », regrette Serge, 98 ans, veuf, résidant à Saint-Malo. En dépit d'un courrier de son médecin le recommandant à la vaccination, ce vaillant nonagénaire n'a, pour l'heure, pas été vacciné malgré la douloureuse impression que son temps est compté. « Je trouve ça injuste, enfin, il n'y a pas que moi, mais, à mon âge, ce serait normal. » Faute d'un brevet en informatique – « je ne suis pas un fortiche de l'ordinateur » –, Serge, bon pied bon œil, s'en remet alors à la dextérité d'un voisin parti défier l'administration française. « Je désespère de décrocher un rendez-vous de vaccination pour lui. À chacun de mes appels journaliers, une dizaine, c'est toujours le même message laissé sur un répondeur : “Tous nos conseillers sont actuellement en appel, veuillez réitérer votre appel” », relate ce charmant voisin, une main sur le cœur, l'autre sur le téléphone.

Covid-19 : « Les Français m'épatent ! »

Premier arrivé, premier vacciné

Depuis l'ouverture de la vaccination aux individus de 75 ans et plus, les témoignages affluent, souvent les mêmes, pour décrire un système à la peine, une gabegie de moyens. Numéro vert saturé, sites en rupture et centres laissés pour compte faute d'arrivages réguliers, la campagne vaccinatoire semble, pour le moment, coincée dans la seringue. Une prise en charge jusqu'ici anecdotique dans un pays où la pyramide des âges laisse deviner la place des séniors. Ils étaient plus de 6 millions au premier janvier 2021, selon l'Insee, soit 9 % de la population. Au 2 février, le nombre de vaccins administrés s'élevait à environ 1 823 000 – personnel soignant compris –, selon les chiffres du ministère des Solidarités et de la Santé. Si peu, si tard, alors que les variants du virus circulent déjà sur tout le territoire.

« Je mesure parfaitement l'angoisse de toutes ces personnes âgées de plus de 75 ans qui n'ont pas encore obtenu un rendez-vous, de leur famille qui les aide dans leurs démarches, ou qui attendent impatiemment et parfois avec anxiété qu'on les appelle et qu'on leur donne des réponses », a néanmoins précisé le Premier ministre Jean Castex, jeudi 4 février au soir. Seule échappatoire, tout miser sur la montée en puissance d'une campagne de vaccination jugée poussive, voire défaillante, quand, outre-Manche, on vaccine à tour de bras. Sur les 1,7 million de rendez-vous supplémentaires annoncés, 500 000 seront ouverts à partir de vendredi pour être réalisés fin février, puis 1,2 million « dès le milieu de la semaine prochaine » pour le mois de mars, a ainsi annoncé l'exécutif.

« On a quand même l'impression que c'est premier arrivé, premier servi », constate Daniel, 82 ans, d'abord réticent à se faire vacciner – « j'attendais de voir » –, avant d'être pris de court par l'afflux de réservations. « Pour un pays qu'on disait antivaccins, je veux », peste cet ancien ingénieur en téléphonie, installé à Perros-Guirec, 7 065 âmes, dans les Côtes-d'Armor (22). Adepte du papier, le Breton avait choisi de faire confiance à un article paru dans les pages locales invitant à contacter un numéro d'aide à la vaccination. Pas tout à fait les petites annonces, mais presque.

« Si c'est dans le journal, c'est que c'est vrai, non ? Eh bien, c'était faux, le téléphone n'a jamais été branché ! » Sur les conseils d'un beau-frère rompu aux nouvelles technologies, il entreprend alors un voyage initiatique sur Doctolib, une application de prise de rendez-vous médicaux. Un sacerdoce, de l'avis d'aînés, souvent dépassés. Daniel, après quelques heures de réflexion, parvient enfin « à appuyer sur le petit carré », confirmant le créneau horaire. Un miracle n'arrivant jamais seul, il prend, dans la foulée, rendez-vous pour sa femme, elle aussi éligible au vaccin.

Royaume-Uni : « Je suis vacciné, je suis aux anges ! »

À tout problème, une explication

Capture d'écran de la situation décrite aux usagers du site Doctolib.

De tracas en tracas jusqu'à l'incompréhension, la pression se fait plus forte sur les autorités sanitaires, ministère en tête : « Nous sommes bien conscients des inquiétudes que cette situation peut susciter chez les personnes âgées », avance la Direction générale de la santé, contactée par Le Point. Prévisible certes, mais difficilement compréhensible pour un public déclaré très tôt prioritaire. « Le gouvernement en a fait tout un cirque », pointe Daniel, en surchauffe : « Quand il faut déjà gérer les impôts, la mutuelle, on a l'impression de devenir des esclaves de l'ordinateur. Le vaccin, c'est l'étape de trop », et de fustiger « tous ces programmateurs à la noix ».

Sommé de se justifier avenue de Ségur, on préfère faire assaut de pédagogie, quitte à perdre quelques aïeux au passage, peu frottés à la logistique. « La France est confrontée, comme ses partenaires européens, à une baisse d'approvisionnement en vaccins. La baisse de ces approvisionnements a donc naturellement un impact sur le nombre des injections programmées. » Jusqu'ici tout va bien. « Aussi, environ 5 % des rendez-vous pour une première injection devront être décalés de quelques jours », concède la DGS, avant de rappeler être en capacité de fournir « 2,4 millions d'injections au mois de février hors AstraZeneca », un vaccin, a priori, distribué à un public plus jeune. L'administration d'une deuxième dose, 28 jours après, étant de facto garantie par les autorités de santé.

« Faux », récrimine Thierry, primovacciné hors d'Île-de-France et bien en peine de faire valoir sa deuxième injection auprès du centre de son choix. « L'agence régionale de santé d'Île-de-France vient de donner consigne à ses centres de vaccination d'annuler les rendez-vous pour la deuxième injection quand la première a été réalisée dans un autre centre. À moins de parcourir 1 200 kilomètres, je dois renoncer à ma seconde vaccination qui ne m'est proposée qu'en région parisienne. » La même agence certifiant à son tour que « l'intégralité des deuxièmes injections sera assurée, soit au total 330 000 injections » sur le mois de février, personnel soignant compris.

Vaccins anti-Covid de l'UE : la négociatrice des contrats s'explique

« J'ai dix fois le temps de mourir »

L'automaticité des rappels n'étant pas dans toutes les têtes, de nombreuses personnes âgées, trop contentes de pouvoir réserver, en auront profité pour prévoir d'elles-mêmes une seconde injection. « Ce n'était pas clair sur Doctolib, alors j'ai pris un nouveau rendez-vous », raconte Daniel, chez qui mieux vaut prévenir que guérir. Problème, faute d'interlocuteurs, beaucoup de ces apprentis patients omettent de respecter le délai de 28 jours prescrit entre chaque dose. Autant dire un casse-tête pour les autorités ayant calibré leurs projections sur la complémentarité entre primo-injection et rappel – « Nous réalisons des projections sur les doses allouées avec comme principe la préservation de la seconde dose » – et la promesse de futurs embouteillages.

IVaccinations anti-Covid en France : le système se grippe

Comme pour les masques, la tentation du public – et des médias – est à la vitupération contre l'incurie de nos gouvernants, incapables d'organiser autre chose qu'un confinement. « J'ai dix fois le temps de mourir du Covid d'ici là. Tu comprends, c'est trop long, c'est trop long », se rappelle s'être entendu dire Valérie. Sa mère, Denise, 90 printemps, espérait elle aussi se faire vacciner. Prévoyante pour deux, sa fille, a, dès la première annonce, tenté sa chance : « Ma mère a téléphoné immédiatement à son médecin généraliste, qui l'a d'office placée sur une liste d'attente. Le vendredi 8 janvier, il m'a contactée pour m'indiquer qu'il fallait prendre rendez-vous à tel numéro pour administrer le vaccin dans un gymnase affecté pour l'occasion. » Denise décroche elle-même son combiné le lundi 11 janvier. « Ils ne lui ont pas trouvé une place avant le 25 mars ! » s'étonne sa fille, qui compte désormais parmi les 66 millions de procureurs recensés en France.

Covid-19 : « Afrique attend vaccins désespérément ! »

Téléphonie immobile

« Il y a une semaine, on a eu un coup de fil du préfet pour nous dire qu'il n'y aurait pas assez de doses et que ce n'était pas la peine d'ouvrir », raconte Jean-Michel Genestier, maire de Raincy, une commune de Seine-Saint-Denis, dans un de nos articles en date du 28 janvier. Son centre de vaccination devait ouvrir comme prévu, le 1er février. L'édile avait pourtant tout prévu, de la signalétique aux chaises pour soutenir les personnes âgées. Finalement, la vaccination n'aura pas lieu. « On a l'impression qu'il faut beaucoup de temps au gouvernement pour s'apercevoir des difficultés réelles de la crise, et ça à chaque étape. » Les prédictions les plus optimistes, faisant douter des objectifs de l'exécutif : avoir vacciné tous les Français qui le souhaitent d'ici à l'été 2021. Et ce, malgré une commande record de près de 70 millions de doses de vaccin, tous fournisseurs confondus.

« Tous nos conseillers sont actuellement occupés. » À nouveau, la même sonnerie, la même voix métallique. Trois essais quotidiens pour trois tentatives infructueuses. « Concernant l'accessibilité de la prise de rendez-vous : nous nous sommes assurés qu'un numéro de téléphone permet également de prendre rendez-vous pour les personnes qui ne sont pas à l'aise avec les outils en ligne », assure pourtant la DGS, bien en peine de savoir quand, où et comment tous les séniors de France pourront se faire vacciner. Daniel, philosophe et résigné, résume ainsi la situation : « Passé 75 ans, tout devient plus compliqué. »

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Si on comprend bien nos dirigeants :

MACRON et CASTEX ?!

Mais qu'ils ne s'inquiètent pas, ces Messieurs, ont dit que tout le monde serait vacciné!

(Mais ils ne savent pas vraiment quand ces menteurs "comme des arracheurs de dents" !)

Et il faudrait continuer à leur faire confiance après 2022 ?!

Il ne faut pas exagérer ?!

Jdeclef 05/02/2021 13h37


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire