Aéroport
de Nantes, l’effet boomerang
Trois ans
après l’abandon de Notre-Dame-des-Landes, le dossier pourrait revenir sur le
bureau d’Emmanuel Macron, en pleine crise du trafic aérien.
C'est
un étonnant tour de passe-passe. Le 23 janvier, sur la place Royale à Nantes,
des militants de Greenpeace se sont réunis pour appeler les passants à signer
une pétition contre l'extension de Nantes-Atlantique. L'association qui
militait aux côtés des zadistes pour l'abandon de Notre-Dame-des-Landes (NDDL)
fait désormais cause commune avec les riverains de l'aéroport nantais, oubliant
un peu vite que c'est précisément le renoncement au premier qui a conduit le
gouvernement à vouloir agrandir le second !
Aéroport
de Nantes : quel plan B ?
Il y a trois ans, Édouard Philippe, alors Premier ministre,
annonçait l'abandon du projet NDDL au profit d'une modernisation de la
plateforme nantaise. Il promettait aussi des « compensations
exceptionnelles » pour les communes riveraines de cet aéroport urbain,
contraint dans son expansion par la métropole de Nantes au nord et le lac de
Grand Lieu, classé zone Natura 2000, au sud. Le 28 octobre 2019, au terme
d'une concertation publique, le secrétaire d'État aux Transports Jean-Baptiste
Djebbari dévoilait 31 mesures pour un réaménagement
« sobre », parmi lesquelles l'allongement de la piste afin d'alléger
les nuisances sonores ; la mise en place d'un couvre-feu nocturne ;
un droit de délaissement exceptionnel pour permettre aux habitants de vendre
leur logement à l'État au prix d'un bien équivalent non exposé au bruit des
avions ; et un fonds d'aide à l'insonorisation.
Cela fait trois ans que nous
sommes isolés. La Loire-Atlantique, qui a pourtant fortement voté Macron en
2017, est délaissée par l’État"Aude
Amadou, députée LREM
Un comité de suivi de ces engagements a été mis en place,
réunissant l'État, les collectivités territoriales, les acteurs locaux, la
Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et le préfet. Lors de sa
première réunion, le 26 octobre 2020, ce dernier a fait un premier état de
l'avancement des mesures. Bilan : « Rien ne s'est véritablement
organisé. Les mesures annoncées n'ont toujours pas été honorées », a
déploré Jean-Claude Lemasson, maire (DVG) de Saint-Aignan de Grand Lieu, lors
d'une conférence de presse tenue le 20 janvier par les élus des communes
riveraines autour de la députée LREM de Loire-Atlantique Aude Amadou.
Lettre ouverte à Emmanuel Macron
De fait, le décret d'application du droit de délaissement, inscrit
dans la loi de finances 2020, n'est toujours pas paru. Celui concernant l'aide
exceptionnelle à la revente d'un logement situé en zone de bruit modéré non
plus. « Ils sont sur le point de paraître », nous assure la DGAC.
« Il y a urgence, pour les populations c'est une souffrance »,
s'agace Aude Amadou. « Cela fait trois ans que nous sommes complètement
isolés. Après l'annonce de l'abandon de NDDL, je n'ai jamais été reçue par Nicolas
Hulot [alors ministre de l'Écologie, NDLR]. Depuis, j'ai transmis le dossier à
Jean Castex, j'ai appelé tous les cabinets des ministères concernés. Chaque
fois, on me répond : Ce n'est pas de
notre ressort. La Loire-Atlantique, qui a
pourtant fortement voté Macron en 2017, est délaissée par l'État »,
dénonce la députée, qui s'apprête à envoyer une lettre ouverte au président de
la République.
De son côté, la DGAC affirme que « le projet de réaménagement
poursuit son avancement selon le calendrier annoncé à l'issue de la concertation
publique » et que « le cap est tenu ». Elle annonce aussi le
lancement d'une consultation publique début février pour l'élaboration d'un
nouveau plan de prévention du bruit dans l'environnement et la mise en place du
couvre-feu fin 2021. Date à laquelle doit également être désigné le
concessionnaire qui mènera les travaux, estimés à 500 millions d'euros.
Avec quel cahier des charges ? Impossible de le savoir, la
procédure étant soumise à des règles de confidentialité très strictes. Mais
étrangement, le projet d'extension de Nantes-Atlantique ne semble pas évoluer à
l'aune de la crise sanitaire. Celui-ci a été dimensionné avant le Covid pour
accueillir 11 millions de passagers par an à horizon 2040. Or, le trafic
est passé du chiffre record de 7 227 000 passagers en
2019 à 2,3 millions en 2020, ce qui correspond à une chute de
68 % et au retour au niveau de 2005. Certes, les vols ont repris de
manière plus soutenue lors des fêtes de fin d'année, mais ils n'ont représenté
que 40 % du trafic de la même période en 2019.
Aéroports
parisiens : le trafic aérien en chute libre en 2020
« Les analystes semblent s'accorder pour
estimer que les conséquences de la crise sanitaire sur le transport aérien
pourraient progressivement s'atténuer à compter de 2024. Cela pourrait conduire
à revoir la trajectoire de remontée du trafic sans remettre en cause l'objectif
de long terme », souligne la DGAC. Sur place, certains voient toutefois
dans la chute du trafic une opportunité inespérée pour redimensionner le
projet. « Pour le futur concessionnaire, le retour sur investissement sera
plus long. On ne peut pas lui demander de mettre 500 millions d'euros sur
la table, sauf peut-être dans le cadre d'une concession sur cinquante ans,
mais, ça, nous n'en voulons pas ! » prévient Joël Sauvaget, président
du Collectif des citoyens exposés au trafic aérien, qui n'exclut pas
d'attaquer l'appel d'offres.
Équation impossible
« Nous avons toujours dit qu'on ne laisserait pas faire NDDL
à Nantes-Atlantique, les riverains ne pourront pas supporter autant de
trafic », abonde Jean-Claude Lemasson, qui appelle à limiter celui-ci à
56 000 mouvements par an – il y en avait déjà plus de 69 000 en 2019.
« On ne peut pas faire de perspectives sur l'évolution du trafic aérien en
se basant sur une année de crise, il faut raisonner à cinquante ans, conteste
le président de la CCI Nantes-Saint-Nazaire, Yann Trichard. Même si les voyages
d'affaires diminuent, ils ne représentent que 20 % du trafic. Les gens
vont reprendre l'avion et les déplacements de population vont même s'accroître
avec le réchauffement climatique. Investissons dans l'avion à hydrogène, mais
n'arrêtons pas de construire des infrastructures qui nous permettront de rester
dans la compétition mondiale et de garder nos emplois. »
Les
Contrariantes #6 – La Convention citoyenne sur le climat & Gilles
Sebhan
Protéger les riverains tout en favorisant le
développement économique d'une métropole très attractive, telle est l'équation
impossible, qui explique peut-être le silence de la maire PS de Nantes Johanna
Rolland sur cette affaire. Mais le projet de loi climat, issu des travaux de la
Convention citoyenne et qui devrait être présenté en conseil des ministres le
10 février, pourrait donner des arguments aux partisans d'un
redimensionnement du projet. Elle prévoit en effet l'interdiction des vols
intérieurs dès lors qu'une alternative ferroviaire existe à moins de deux
heures et demie. Ce qui concernerait au moins la ligne Nantes-Paris.
« Sans aller vers la décroissance, il faut entendre ce que dit la
Convention citoyenne et améliorer les alternatives ferroviaires, ce qui est
censé être inclus dans les compensations exceptionnelles », souligne Aude
Amadou, qui mentionne notamment la ligne de train Nantes-Bordeaux, dont la
modernisation est prévue par le contrat de plan État-région signé le
22 janvier.
« Erreur démocratique »
La députée alerte aussi sur la nécessité de trouver une solution
pour abonder le fonds d'aides à l'insonorisation des logements, dont les
élus déplorent qu'il ne soit que d'un million d'euros par an quand les demandes
des habitants s'élèvent à 8 millions. Or, ce fonds est financé par la taxe
sur les nuisances sonores aériennes, versée par les compagnies, qui subissent
la crise de plein fouet. « Le dossier de Nantes-Atlantique est très
technique, mais il peut vite devenir le révélateur d'une crise démocratique,
prévient la députée. Il y a trois ans, le gouvernement a donné raison aux
zadistes, il s'est assis sur le référendum de 2016 qui validait le
transfert de l'aéroport à NDDL à 55 %. En tant qu'élue de la majorité,
j'ai dû porter ce choix, mais si les attentes des riverains ne sont pas
traitées urgemment, je ne porterai pas de nouvelle erreur démocratique. »
L'été dernier, Jean-Baptiste Djebbari, désormais ministre
délégué aux Transports, annonçait que le projet d'extension de l'aéroport
Roissy-Charles de Gaulle prévoyant la construction du nouveau terminal T4
« devra être revu en profondeur » du fait de la crise sanitaire. En
sera-t-il de même pour Nantes-Atlantique ? « Le ministre ne nous
répond pas », déplore Jean-Claude Lemasson.
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Qui
sèment le désordre périodiquement pour ce qui est pour ou ce qui est contre !
Car
quand, il y a à manifester pour tout et n'importe quoi,cette ville est toujours
dans les premières à le faire avec dégradations et violences induites et quand
il y a eu ce scandale de cet aéroport avorté de NNDL ils n’ont rien gagné, mais
ils leur restent toujours une gare de chemin de fer, qu'ils ne se plaignent pas
ces frondeurs divers jamais content de leur sort, s'ils veulent régresser,
c'est leurs droits, même si stupides !
C'est
eux qui votent aux municipales entre autres ou pour les régionales !?
Dommage
pour cette belle ville de province !
Jdeclef
01/02/2021 13h20
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