Plus
souverainiste que moi, tu meurs !
LA LETTRE
DU PALAIS. À gauche, à droite et même en macronie, le virus souverainiste a
inoculé toute la sphère politique à l’aube de 2022. Mode ou opportunisme
politique ?
Si
nombre de nos voisins plus ou moins éloignés ont, ces dernières années, confié
les rênes de leur pays à des dirigeants à l'agenda politique
souverainiste – Boris Johnson outre-Manche, Donald Trump aux États-Unis, Matteo
Salvini en Italie, Viktor Orban en Hongrie, Andrzej Duda en Pologne, etc.
–, force est de constater que la France n'en pas encore vu à sa tête. Tout
au plus au second tour de l'élection présidentielle de 2017. Il n'empêche, la
sphère politique française – à des degrés divers – a attrapé le virus du
souverainisme. La mode est au colbertisme, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon
ne sont plus seuls en leur chapelle. Ceux qu'on pensait libéraux, eurobéats ou
sociaux-démocrates ont muté, refusant de laisser ce débat aux seules mains des
populistes. Et la preuve de la prégnance du sujet dans les débats s'appelle
Arnaud Montebourg.
Si le chantre du « made in France » est loin de caracoler en
tête des sondages pour l'élection présidentielle de 2022, son offensive
médiatique de janvier a poussé toute la classe politique nationale à commenter
sa vision. Pis encore, dit-on chez les socialistes, il les a poussés à se positionner
sur le sujet plus tôt que le PS ne l'avait envisagé. L'ancien ministre du
Redressement productif en est convaincu : le souverainisme infuse en
France, et la seule chance d'unir la gauche en 2022, de Mélenchon aux
écologistes, est d'emprunter ce couloir. Au député ex-LREM Matthieu Orphelin
qu'il invitait pour tenter de le convaincre d'embarquer avec lui il y a
quelques semaines, Arnaud Montebourg l'a assuré : « En parlant de
souverainisme, je pique des voix au Rassemblement national. Je suis le seul socialiste
à faire ça. » Et l'ancien ministre du Redressement productif de
torpiller au passage sa principale concurrente à gauche dans la course à
l'Élysée, Anne Hidalgo : « De toute façon, ce sera elle ou moi. Si
c'est elle, elle se plantera et moi, je soutiendrai Mélenchon. »
Montebourg :
« La démondialisation est en train de se réaliser »
Make France Great Again
Loin de séduire l'appareil socialiste, les mots de Montebourg y
ont trouvé de l'écho. Car au PS, « protectionnisme »,
« souverainisme » ou encore « régulation » ne sont plus des
gros mots. Longtemps apanage de Jean-Pierre Chevènement, puis de Jean-Luc
Mélenchon, la critique d'une Europe libérale et d'une mondialisation
déraisonnée macère aujourd'hui au Parti socialiste où les sociaux-démocrates se
font rare, voire ont déjà rejoint Emmanuel Macron. Quand Arnaud Montebourg
explique dans L'Obs
que « l'Europe ne marche malheureusement pas » et que
« l'urgence, c'est la France, et l'Europe, on verra plus tard », il
ne fait grincer que peu de dents chez ses anciens amis socialistes. Pas autant
qu'on l'eût cru. Interrogé sur l'ancien ministre, le premier secrétaire Olivier
Faure se contente de répondre un placide « pas fan ». « Quand je
lis Arnaud dans le texte, ça ressemble beaucoup à du Make France Great Again,
explique un ténor du PS. Pourtant, il met sur la table de véritables sujets de
fond qu'il ne faut pas balayer du revers de la main. Interroger la capacité
industrielle de la France, ce n'est pas insulter l'Europe. »
Économiste, porte-parole du PS et contributrice au projet
économique socialiste en vue de 2022, Gabrielle Siry-Houari renchérit :
« Il y a une prise de conscience du fait que l'État a un rôle
prépondérant à jouer dans la protection des populations. C'est la base du
contrat social. La crise sanitaire a achevé de prouver que la
“mondialisation heureuse” était un mythe dépassé : pour
s'assurer de disposer de masques, de tests, de vaccins et pour protéger sa
population, un certain volontarisme de l'État en matière économique est nécessaire.
Cela implique de maintenir les capacités de production sur le territoire, y
compris dans certains cas en jouant un rôle d'actionnaire au sein des
entreprises concernées. »
Ce qui a vraiment fait grincer des dents au PS, c'est la
cordialité affichée et assumée entre Arnaud Montebourg et des caciques de la
droite, dont Xavier Bertrand et Guillaume Peltier, le numéro deux des
Républicains. Ce dernier s'est même félicité de partager des « points
communs […] sur la souveraineté face à la mondialisation »,
« les relocalisations industrielles » et le « patriotisme
économique ». Le même Peltier qui, dans son livre Milieu de cordée
en 2019, plaidait pour la création d'un mouvement de « réconciliation
nationale » rassemblant les héritiers du « général de Gaulle, de
Philippe Séguin et de Jean-Pierre Chevènement ». Il n'est donc guère
étonnant aujourd'hui de lire le député LR Julien Aubert montrer dans L'Opinion de la révérence à
Jean-Pierre Chevènement qui a « eu raison trop tôt ».
Présidentielle 2022 : le programme
économique de LR sévèrement jugé
« Stratégie pompidolienne »
Déconcerté de lire dans la presse ces déclarations d'amour, mais
surtout une convergence possible et des échanges entre Arnaud Montebourg et
Xavier Bertrand, le député LR du Lot Aurélien Pradié, tenant lui aussi d'une
droite sociale, s'est empressé d'appeler le président des Hauts-de-France.
« Il m'a dit : “Je n'ai jamais envisagé la moindre discussion avec
lui” », confie-t-il au Point,
avant de s'en prendre à ses collègues un peu trop énamourés de l'ancien
ministre de François Hollande : « C'est un mystère idéologique et
tactique qui révèle leur obsession de se différencier coûte que coûte de Macron
tout en reprenant ses codes de transgression. Ils font les malins pour se faire
remarquer, c'est de l'opportunisme intellectuel. Ils oublient que la droite n'a
pas toujours été libérale, qu'elle porte en son ADN tout ce qui promet la
puissance politique de l'État et la maîtrise du destin. »
N'en déplaise à Aurélien Pradié, les passions souverainistes
fructifient allègrement au sein de LR. Dans son livre Les Liquidateurs (Laffont,
2021), son collègue Olivier Marleix lie, comme Montebourg, le besoin de
souveraineté à la réconciliation nationale : « Il faudrait être
aveugle pour ne pas le voir, c'est bien de l'affaiblissement de l'État-nation
que naît d'abord la crise du politique. Le cadre de nos démocraties, c'est
l'État-nation. [...] Le premier rival de l'État-nation, c'est évidemment
l'Europe supranationale. » « On partage seulement une partie du
diagnostic, mais nous n'apportons pas les mêmes solutions. Je ne l'ai pas
entendu remettre en cause l'excès de redistribution qui est une
conséquence de la grande ouverture aveugle et déraisonnée du marché
mondial », se justifie au Point le député d'Eure-et-Loir, qui
abonde : « La France doit marcher sur ses deux jambes : moins
d'État tatillon avec les entreprises et un peu plus d'État stratège dans le
pilotage de ses filières. Le libéralisme en bas, le protectionnisme en haut.
C'est la stratégie pompidolienne, soit l'exact inverse de ce que fait Emmanuel
Macron. »
« Mon plus grand regret,
c’est de ne pas avoir voté Chevènement en 2002 ! »Olivier
Dussopt, ministre des Comptes publics
Ce mémorandum souverainiste, on le retrouve aussi en macronie, et
là est sans doute la surprise. À commencer par Bruno Le Maire, le ministre
de l'Économie, qui est, en l'espace d'une crise sanitaire, devenu l'homme qui
s'oppose vertement aux Gafa, à l'OPA de Veolia sur Suez et au rachat du
français Carrefour par le Canadien Couche-Tard ; l'homme qui, au Figaro, le jure : « Avec le
président de la République et le Premier ministre, nous avons un objectif
stratégique : la souveraineté économique de la France. » Son
voisin à Bercy, l'ex-socialiste devenu ministre chargé des Comptes
publics Olivier Dussopt, partage lui aussi cette fibre souverainiste :
« Mon plus grand regret, c'est quand même de ne pas avoir voté Jean-Pierre
Chevènement en 2002 ! »
Même Emmanuel Macron a muté, lui l'Européen, lui le mondialiste,
lui qui s'est toujours présenté comme l'antagoniste des populistes et de Marine
Le Pen. Oubliez la privatisation d'Aéroports de Paris, exit la vente
d'Alcatel en 2015 lorsqu'il tenait les rênes de Bercy. La crise
sanitaire et les manquements de l'industrie française au niveau des masques et
– plus encore – des vaccins ont fini de convaincre le chef de l'État. Emmanuel
Macron – comme tous les autres, de gauche à droite – cite volontiers
Jean-Pierre Chevènement, qu'il a consulté de nombreuses fois depuis un an.
Interrogé sur le sujet, son conseiller politique Stéphane Séjourné
assume : « Ce n'est pas nouveau chez nous. Le président a souvent
parlé de souverainisme pendant la campagne de 2017. Ce n'est pas un gros mot,
ça ne l'a jamais été. Une France forte dans une Europe forte, c'est de
l'autonomie stratégique. » Et ce même stratège de 2022 de
temporiser : « Je ne dirais pas que LREM est un mouvement
souverainiste, car je n'aime pas ce mot et ses dérives
nationalistes. » Un nouvel « en même temps ».
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Qui
s'est terminé par le communisme et socialisme et bien sûr avec la 2eme guerre
mondiale qui l’a stoppé cela pendant les 5 ans de guerre par l'extrémisme des dictatures
!
Pour
autant quand des crises politiques en France ont émergées à nouveau après, bien
que changé par l'avènement de la V eme république du Général de Gaulle pour
remettre les français au pas et la France sur les ruines de la IV eme, par
cette nouvelle gouvernance de la France, mais après 1968/1970 et ses trente
glorieuses, on a enchainé une descente lente de la France qui vient de se
confirmer rapidement par cette pandémie mondiale déclenchant crise sanitaire et
économique non prévue par nos dirigeants de tous bords à courte vue
imprévoyants, faisant de la mauvaise politique politicienne bornée ne pensant
qu’à eux-mêmes, depuis les derniers quinquennats qui ont mis à la traine
presque lanterne rouge notre pays avec ses dirigeants arrogants bienpensant
fats donneur de leçons, qui font renaitre ce souverainisme du chacun pour soi monarchique de nos dirigeants et notamment le
dernier en place se prenant pour un monarque sans couronne qui le confirme, qui
peut être réélu, s'il se représente sans trop de difficulté, car la classe
politique actuelle de tous bords est d’une médiocrité lamentable !
Le pays
est actuellement en chute libre depuis 20 ans, mais maintenant rapide alors que
le souverainisme renaisse n’est pas si étonnant, car en plus on n’a pas l’échéance
de ses crises sanitaires et économiques !
Et on
peut subir une démocrature on n’en est pas si loin, si cela ne s’arrange pas !
Jdeclef
19/02/2021 15h24
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