Comment le
monde s'est réduit pour les voyageurs
Les
guerres, le terrorisme, les cartels de la drogue ont entraîné la
multiplication des « zones rouges ». La carte et les territoires
interdits.
En
1972, Philippe Gloaguen est parti de la porte Dorée, à Paris, pour rejoindre
l'Inde en auto-stop. À 21 ans, le fondateur du Guide du
routard entendait suivre, comme on disait en ces temps
d'insouciance, la « route des Zindes ». Son périple l'a conduit en
Syrie, au Yémen, en Irak, en Iran, en Afghanistan… Des destinations qui
faisaient rêver les jeunes beatniks de l'époque et qui, cinquante ans plus
tard, nous sont toutes interdites. Si on peut toujours voir Naples et mourir,
il est quasi certain que nous mourrons sans voir le plus vieux souk du monde à
Alep, la somptueuse mosquée al-Saleh de Sanaa, les têtes de rois sumériens du
musée de Bagdad, la cité antique de Suse en Iran ou l'horloge sacrée de
Kandahar, qui aurait appartenu à Mahomet…
« Les jeunes générations ont désormais l'impossibilité de
faire cette route, coupée en plusieurs endroits, ce qui est très symbolique du
rétrécissement du monde », regrette
Philippe Gloaguen, 70 ans aujourd'hui. Ce « rétrécissement du
monde » se vérifie également par la réduction, au fil des ans,
du catalogue du fameux Guide du routard, la bible des baroudeurs. En plus de
nombreux pays musulmans, où règnent la charia, des groupes djihadistes ou
l'instabilité politique, l'Afrique noire n'est plus proposée aux lecteurs voyageurs,
en raison de l'insécurité dans des pays comme le Mali, le Bénin, le
Burkina Faso, le Tchad, le Niger… Au nord de l'Afrique, le guide sur l'Algérie
n'a pas reparu depuis les années 1980. Le souvenir du rallye Paris-Alger-Dakar
rappelle que cet axe fut longtemps ouvert et sécurisé, propice au trek et aux
contemplations profanes ou religieuses, avant de devenir le terrain de jeu de
divers groupes terroristes. « L'islamisme est une des principales raisons qui expliquent
ces fermetures, indique Gloaguen. Il y a également les guerres
civiles, comme en Afghanistan. L'Iran, lui, est dans l'instabilité. Ailleurs,
les cartels de la drogue sont aussi de vrais risques »,
ajoute-t-il. Le Mexique fut longtemps couvert dans son intégralité par le Guide du
routard, mais, depuis l'avènement des cartels, le territoire est
constellé de zones blanches signalant une forte insécurité.
Zones rouges, orange, jaunes et vertes
Récemment, la carte des zones à risques du Quai d'Orsay, établie
par le centre de crise et de soutien dirigé par le diplomate Stéphane Romatet,
s'est enrichie de nouvelles destinations dangereuses. Depuis le conflit en
Ukraine, le pays a basculé dans son intégralité en zone rouge (formellement
déconseillée), quand seul l'est du pays était concerné depuis 2014. Son
agresseur, la Russie, est désormais en zone orange (déconseillée sauf raison
impérative). Les pays en jaune sur la carte des zones à
risques réclament une « vigilance renforcée » et en vert une « vigilance
normale ». Depuis la guerre russo-ukrainienne, c'est un gros
« morceau » du monde, de Lviv (dans l'ouest de l'Ukraine) à
Vladivostok (dans l'est de la Russie), soit 9 800 kilomètres de bande
terrestre, qui n'est plus accessible sans risques pour les voyageurs.
À l'époque de l'Union soviétique, en pleine guerre froide, le classement
en zone « sensible »
de toute l'URSS n'a pas empêché des milliers de touristes français de s'y
rendre. Leur nombre a même été multiplié par trente entre 1955
et 1964, passant de 1 000 à 31 700.
Mexique :
plongée au cœur de l'industrie du kidnapping
Si l'on
se réfère à la carte de France Diplomatie, ce grand basculement géographique,
qui réduit les possibilités en matière de découvertes, rend environ la moitié
de la planète hostile aux touristes. Pour les voyagistes, cette notion de
risque peut évoluer selon différents critères, comme la nationalité du
voyageur, sa religion, son sexe, son orientation sexuelle… Pour
un Occidental adhérant aux valeurs d'un monde libéral et
recherchant à la fois la sécurité et (un peu de) tolérance, les choix ne
se résument plus qu'à l'Amérique du Nord, aux pays européens, au Japon, à
l'Australie, à l'Argentine, à l'Uruguay et au Maroc (uniquement le Nord), soit
environ 40 millions de kilomètres carrés. Quid de la Chine, deuxième
puissance mondiale ? Le pays (9,5 millions de kilomètres carrés) est
en vert, donc accessible normalement, à l'exception de la région autonome
ouïghoure du Xinjiang, placée en vigilance renforcée.
De la « terra incognita » à la « terra
prohibita »
La carte du ministère, qui existe depuis le mitan des années 2010,
intègre dans ses critères la menace terroriste, les enlèvements, les risques
naturels, sanitaires, industriels, nucléaires et environnementaux, ainsi
que les dangers liés aux transports, principale cause de mortalité chez les
voyageurs français à l'étranger. Des données qui proviennent
essentiellement des réseaux d'ambassades et de la DGSE. En 2021, 3 773
modifications ont été apportées aux fiches concernant 191 pays. La
même année, 63 millions de visiteurs ont consulté la rubrique
« Conseil aux voyageurs » du site diplomatique, créée à la fin des
années 1990. La France est un des premiers pays à disposer d'un tel outil. Les
destinations les plus consultées ont été l'Espagne, l'Italie et le Maroc. En
2021, 233 décès de Français à l'étranger ont été signalés,
dont 122 de morts violentes ou suspectes, ainsi
que 170 disparitions (pour 156 personnes retrouvées). « Il y a
un champ de rétrécissement mais également une dynamique d'élargissement. Les
touristes repoussent sans cesse les limites géographiques, en cherchant
l'originalité et une forme d'aventure. Mais on assiste à une confrontation liée
à la réduction de la carte du possible, qui répond aux convulsions du monde. On
est passé de la terra incognita à la terra prohibita », analyse une
source diplomatique. Cette nouvelle cartographie touristique, qui génère
de la frustration chez beaucoup de voyageurs aventuriers, induit donc de nouveaux
comportements. « Si
je vais en Grèce, c'est normal. Si je passe mes vacances dans la Creuse ou dans
la Beauce, vous allez lever un sourcil. On oublie son espace proche. Cette
nouvelle donne va peut-être nous permettre de changer d'échelle en termes de
déplacements », estime Pierre Raffard, docteur en géographie
de l'université Paris-Sorbonne, qui estime qu'une nouvelle éducation aux voyages
est nécessaire : « On peut aller vers des modèles de tourisme de proximité,
comme ce fut le cas dans l'agroalimentaire avec le passage au bio et aux
circuits courts. L'ouverture au monde n'est pas nécessairement la
multiplication des lieux fréquentés. » Selon le géographe,
cette proximité deviendra la norme, au détriment des contrées lointaines, en
raison des risques, du réchauffement climatique et de l'inflation, qui
entraînera la montée du prix des billets d'avion. La Corrèze, donc, plutôt que
le Zambèze… Une approche qui ne se fera cependant pas sans difficultés : « On a
baigné dans un monde ouvert, ajoute Pierre Raffard. Il est donc
difficile de concevoir que des espaces se ferment, alors même que nous
rechignons déjà à nous rendre dans des lieux difficilement accessibles hors
avion. »
Tourisme et
insécurité : cette si difficile équation africaine face au terrorisme
Reste une
note d'espoir : il arrive que des destinations rouvrent après des années
d'interdiction, comme le Cambodge, longtemps sous la coupe des Khmers rouges et
qui est aujourd'hui l'un des pays les plus prisés des Français amateurs de
voyages culturels.
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Le monde dit civilisé moderne évolué démocratique
et libre n'est plus sécurisé correctement :
Même dans
notre FRANCE libre avec nos lois mal encadrées que certains délinquants de tous
poils transgressent car mal sanctionnées, par une justice laxiste inefficace !
Et bien sûr
avec ce fléau du terrorisme islamique qui a vu son expansion avec ces attentats
de fanatiques religieux qui frappe toujours depuis + de 20 ans !
Jusqu'à
dans notre région capitale d'IDF à PARIS et en IDF sans compter nos villes de
province !
Le monde
est de moins en moins sécurisé j’ai
voyagé et séjourné dans de nombreux pays du monde sur tous continents ( hormis
asiatique de la zone indo pacifique) il
semble que quel que soit les pays libres ou totalitaires sont mal gouvernés que
ce soit par des autocrates dans leurs
dictatures ou démocratures ou comme chez nous pays libres démocratiques avec
nos dirigeants élus par leurs peuples (à qui on a donné trop de pouvoir) les
hommes ne savent que ce faire la guerre pour en asservir d’autres pour plus de
pouvoir de profit sans compter ces
religions et le mysticisme religieux extrémiste
pas le moins dangereux !?
Les hommes
dit humains ne vont arriver qu’à s’auto détruire bien mieux que le dérèglement climatique
ou les virus pandémiques voir comme dans le :
« Soleil vert qui est un film de science-fiction réalisé par
Richard Fleischer avec Charlton Heston, Edward G. Robinson. En 1973 Synopsis : ou
les hommes auront épuisé les ressources ...et s’entretueront en réduisant
leurs morts en plaquettes vertes énergétiques ! »
Jdeclef 10/07/2022 10h29
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