Monde
Présidentielle
américaine: Hillary Clinton a récolté plus de voix, le système électoral est-il
injuste?
ÉLECTIONS
AMÉRICAINES Ce «paradoxe» est lié au caractère fédéral des Etats-Unis
selon les spécialistes...
De manière factuelle,
c’est incontestable :Hillary Clinton
a remporté davantage de votes que Donald Trump sur l’ensemble du pays. Les
chiffres sont là : 59 787 606 voix contre
59 581 585 pour le candidat républicain*. Au total donc, 206 021
votes de plus pour la candidate démocrate. Son colistier, Tim Kaine, s’en
félicitait d’ailleurs mercredi soir… au moment de reconnaître la défaite de son
camp.On retrouve cet argument dans le discours des opposants à Donald Trump, et notamment Michael Moore. « Hillary Clinton a gagné le vote populaire [=vote au niveau national] ! La majorité de nos concitoyens a choisi Hillary, pas Trump. Il n’est président que pour une raison : une idée insensée du XVIIIe siècle appelé collège électoral », s’est agacé le réalisateur américain sur Facebook.
Donald Trump est pourtant devenu le 45e président des Etats-Unis mercredi selon les mêmes règles que ses prédécesseurs. Ce « paradoxe » n’est qu’une conséquence du système fédéral américain. 20 Minutes vous dit pourquoi.
Est-ce la
première fois que ça arrive ?
Non, c’est même la
cinquième fois dans l’histoire américaine. Trois fois au XIXe siècle, et
une fois en l’an 2000. George W. Bush s’était alors imposé face au
candidat démocrate Al
Gore sans avoir la majorité des votes (47,9 % contre
48,4 %).
Comment
l’expliquer ?
Le système électoral
américain est un scrutin indirect : les électeurs votent Etat par
Etat pour des grands électeurs. C’est ce collège électoral (538 grands
électeurs) qui élira le 12 décembre prochain le 45e président du pays.
Pour être élu, il faut donc obtenir les voix d’au moins 270 grands électeurs.Le nombre de grands électeurs par Etat équivaut au nombre de ses représentants au Congrès : deux sénateurs quelle que soit la taille de l’Etat, mais aussi le nombre d’élus à la Chambre des représentants, qui varie cette fois selon la population. Les Etats plus peuplés pèsent donc plus lourd dans le vote final : la Californie apporte 55 voix, le Wyoming seulement 3. C’est ici que tout se complique. Hormis deux Etats, le système repose sur le principe du « winner takes all » : dans chaque Etat, le vainqueur remporte l’ensemble des grands électeurs prévus, peu importe son score (50.01 % ou 99.9 %).
>> A lire aussi : VIDEO. Clinton vs Trump: Au fait, comment ça marche la présidentielle américaine?
« Ce qu’on peut percevoir comme un problème de représentation démocratique est lié au fédéralisme », remarque Romain Huret, directeur d’études à l’EHESS. « A l’origine, le principe était d’éviter un éclatement de l’Union et permettre une bonne représentation de tous les Etats américains ».
« Les fondateurs se méfiaient du vote populaire et de la démocratie directe », ajoute Thomas Snegaroff. « Ils voulaient donner des bases à chacun des Etats. Ce système de grands électeurs maintenait la tradition aristocratique et évitait que le président soit uniquement soumis aux pulsions du peuple ».
Un système
injuste ?
« Il ne faut pas
oublier que les Etats-Unis représentent 50 Etats indépendants, qui délèguent
certaines compétences à l’Etat fédéral, mais restent souverains sur de
nombreuses missions, dont l’organisation des élections », rappelle Vincent
Michelot, professeur d’histoire politique des États-Unis à Sciences-Po Lyon. « Le
président des EU a deux sources de légitimité : celle du peuple mais
également celle des Etats souverains (et aucun n’est plus souverain qu’un autre).
Il est donc naturel que les deux sources de légitimité soient représentés dans
le mode du scrutin ».Autre argument évoqué par le chercheur : le scrutin détermine la manière dont est menée la campagne. « Avec le système du « winner takes all », si vous êtes un électeur conservateur dans un Etat majoritairement démocrate, comme en Californie, vous savez d’avance que votre voix ne comptera pas, car les démocrates remporteront l’ensemble des 55 sièges de grands électeurs. Vous n’irez donc pas forcément voter : le résultat du vote populaire ne veut donc pas dire grand-chose ».
« C’est un faux débat », rénchérit Thomas Snegaroff, « prendre en compte le vote populaire est une escroquerie intellectuelle. Les candidats ne font pas campagne pour ce vote-là. Trump n’a pas mis les pieds en Californie, ce n’était pas l’enjeu du scrutin ».
Le mode de
scrutin favorise-t-il les zones rurales ?
« Cela tient
assez peu. C’est plutôt l’argument démographique qui pèse, avec une
surreprésentation des Etats les moins peuplés », répond Thomas Snegaroff.
« Un Etat qui est très peu peuplé peut avoir un ratio grands
électeurs/nombre d’habitants plus important, ce qui introduit une forme de
distorsion », reconnaît Vincent Michelot.
Peut-on imaginer
des évolutions du scrutin ?
Pas vraiment selon
les spécialistes. « Mettre en place un suffrage universel direct
reviendrait à nier la réalité fédérale du système américain. Les candidats se
concentreraient sur les grandes zones urbaines en laissant toute une partie de
l’Amérique de côté, celle qui a voté Trump. Il faudrait d’ailleurs un
amendement à la Constitution soit la majorité des 2/3 dans les deux chambres…
c’est inimaginable », avance Vincent Michelot.
« Les Swing state (états indécis et donc décisifs),
qui attirent l’attention des médias, les publicités, les annonceurs pendant la
campagne n’auraient aucun intérêt à mettre un terme au système actuel, pour des
raisons économiques et symboliques », poursuit Thomas Snegaroff. « Il
faut voir ça comme une anomalie produite par le système
indirect : depuis 1796, ce n’est arrivé que 4 fois, ce n’est donc pas
statistiquement très courant », conclut Vincent Michelot.
(N'y a-t-il pas en France chez les électeurs, entre NS/FH
nos deux présidents 80 % qui ne voudraient ni l'un ni l'autre?!)
Cette élection aux
allures de maelstrom sociétal US est peut être une bonne chose en fait en
bouleversant des habitudes figées qui perduraient dans nos démocraties les USA
comme souvent ont été marqué par ce pays !
Ce mode de scrutin peut
paraitre injuste car le nombre de voix majoritaires n’est pas le seul critère
ni prioritaire pour désigner le président des USA !
Les américains paient
l’anachronisme de leur constitution et de leur système électoral décidé et choisi
par les pères fondateurs au XVIII eme siècle vieillissant plus d’actualité dans
ce monde mondialiste !
Malgré que ce soit un
pays moderne, ils sont attachés à un nationaliste et à une culture des
traditions marquées par une culture anglo-saxonne, il faudra dans l’avenir
qu’ils changent ce système devenu obsolète !
À noter que les USA ne
sont pas les seuls touchés par ces protestations sur des résultats électoraux
qui ne correspondent pas toujours au désir des peuples d’autres démocraties,
l’Angleterre et la France en prennent le chemin !
Le monde change, il
faudra que les démocraties occidentales rajeunissent ou réforme leurs systèmes
électoraux et leurs institutions et que nos dirigeants le comprennent !