Danone
: comment Poutine a fait main basse sur le géant français !?
Si
l'entreprise conserve la nue-propriété de ses usines, c'est désormais l'État
russe qui s'en octroie l'usufruit. On vous raconte.
Il est un peu plus de 17
heures, ce mardi 18 juillet, entre les deuxième et troisième boulevards
périphériques de Moscou, quand le jeune homme, barbe fournie taillée en pointe,
pousse la porte des bureaux spartiates de Danone. Il s'appelle Yakub Zakriev.
Il a à peine 33 ans. Dans la vie, il est vice-Premier ministre et ministre de
l'Agriculture. Il œuvre plus au sud, dans son pays, la Tchétchénie ; son boss
est le président-despote Ramzan Kadyrov, qui n'est autre que son oncle
maternel. Aux dernières nouvelles, ce dernier, réputé pour sa grande férocité,
est l'homme de main préféré de Vladimir Poutine. Yakub Zakriev n'est pas en
visite officielle. Yakub Zakriev est chez lui. Yakub Zakriev est le tout
nouveau directeur général de Danone Russie Produits frais. Il va de soi que
l'entreprise, la 19 e plus grosse société cotée à la Bourse de
Paris, n'est pas à l'origine de cette nomination. Deux jours plus tôt, Moscou a
subtilisé les clés de 12 de ses usines russes et propulsé le trentenaire, tsar
du yaourt. Habitué à communiquer, Danone a décliné nos demandes d'entretien « pour raisons de sécurité ». Le Point a
tout de même reconstitué les dessous de cette histoire folle. Ou comment le
piège russe s'est refermé sur l'une des entreprises préférées des Français.
Retour au 24 février 2022. La Russie lance son « opération militaire spéciale »
contre l'Ukraine. Très vite, des Français bombent le torse, embrassant la
méthode anglo-saxonne du name and shame, «
nommer et faire honte ». À les entendre, les entreprises tricolores, qui,
toutes ensemble, se révèlent être le premier employeur étranger en Russie,
sponsoriseraient le conflit. D'après ces contempteurs, elles doivent décamper
sur le champ. Si c'était si facile… Le 4 mars 2022, Emmanuel Macron, qui
considère plutôt les sociétés tricolores comme des victimes collatérales d'une « guerre indigne », invite 16
grands patrons à l'Élysée : Guillaume Faury d'Airbus, Frédéric Oudéa de la
Société générale, Patrick Pouyanné de Total-Energies, Yves Claude d'Auchan,
etc.
Niet. Antoine de Saint-Affrique, le numéro un de Danone, est aussi convié. Lui se range dans le camp des opposants à la moraline ambiante : grosso modo, il souligne qu'avec ses yaourts, ses boissons lactées, son beurre et autres petits pots pour bébé fabriqués en Russie, sa société contribue à nourrir la population locale depuis le début des années 1990 au moment de l'ouverture de magasins de produits importés. S'ensuivent, en mai 1995, l'exploitation d'une première usine de yaourts à Togliatti, puis de douze autres… Ce qu'il raconte, tout comme certains de ses pairs présents au Château, ne se résume pas à une histoire comptable.
Au fond, Danone ne réalise que
5,6 % de son chiffre d'affaires en Russie, et environ 2 % de ses bénéfices. Le
marché n'y est pas dynamique. Quitter ce pays aurait un coût, certes, mais ne
conduirait pas le laitier à une catastrophe économique. L'équation ne serait
pas complète si l'on n'y ajoutait pas les effectifs. Danone en Russie, c'est 7
200 collaborateurs, dont une poignée d'expatriés. Soit près d'un salarié sur
treize de la multinationale. Faut-il qu'elle les lâche pour satisfaire les
nouveaux maîtres de la morale de l'Ouest ? Niet. D'autant que le scénario d'une
victoire rapide des troupes poutiniennes sur l'Ukraine est alors jugé probable.
En attendant, des courriers menaçants d'ONG ou des lettres d'ex-dirigeants de
Danone désabusés arrivent au siège, à Paris. Sur les réseaux sociaux, les
dirigeants du groupe ainsi que leurs proches reçoivent des messages d'une rare
violence.
1 milliard d'euros
C'est la valeur des usines russes de Danone d'après les
comptes de l'entreprise.
Exception
Danone garde une seule usine en Russie, celle qui regroupe
ses activités de « nutrition spécialisée » et la production de lait infantile
(Blédina, Aptamil). Ce site n'était pas rattaché juridiquement au douze
établissements repris de force par Moscou.
« Bureau des légendes
». Antoine Saint-Affrique porte sa montre avec le cadran
positionné sur la face intérieure de son poignet. Il a adopté cette habitude
toute militaire il y a une trentaine d'années, lors de son service dans la
marine. Il a longtemps hésité entre s'enrôler dans les forces armées ou dans le
monde de l'entreprise. Aujourd'hui, le capitaine de Danone est aussi lieutenant
de réserve. Il n'aime pas trop parler de ça, de lui. Ce que confient ses
proches, c'est qu'il a grandi dans une famille chrétienne, adoratrice du
général de Gaulle. Encore aujourd'hui, quand il ne lit pas des récits
historiques et militaires, il se plonge dans des textes théologiques. Autant
dire que, là-haut, dans son cerveau, beaucoup de choses se bousculent, et pas
seulement le compteur à euros. Pour décortiquer les événements, il s'est
entouré d'une petite cellule de crise. Le grand public ne le sait pas, mais les
multinationales comptent dans leurs rangs des as de la sûreté pour limiter et
anticiper les risques, essentiellement au sein des pays à tendance autoritaire.
C'est ainsi qu'une nouvelle recrue intègre la direction de
Danone en septembre 2022 : il s'agit de Pierre Liot de Nortbécourt. Cet inconnu
du monde des affaires est loin d'être n'importe qui : jeune retraité de l'armée
- trente-neuf ans sous les drapeaux -, il a formé les élèves officiers de
Saint-Cyr à l'éthique et à la gestion de crise, a été général commandant des
forces spéciales ou encore déployé au Sud-Liban, en ex-Yougoslavie, en
Afghanistan… Mais le domaine où il excelle, c'est le « rens » opérationnel. Figurez-
vous qu'il a fini sa carrière à la tête du mythique « Bureau des légendes » de
la Direction générale de la sécurité extérieure. Ses conseils peuvent s'avérer
précieux alors que la guerre s'enlise. Six mois déjà. Et si elle durait encore
? Dix-huit mois par exemple ? Dans un tel scénario, on estime qu'il faudrait au
moins cinq ans pour se relever. Danone se met sérieusement à réfléchir à une
sortie de Russie, car plus le temps passe, plus la situation sur place se
complexifie.
L'industriel n'a subi aucune pression, ni de ses
fournisseurs ni de ses distributeurs. Quant à ses actionnaires américains,
majoritaires au capital, ils n'ont rien exigé de la sorte. À la marge, des
fonds d'investissement anglais l'ont interpellé sur le sujet, sans provoquer de
levée de boucliers. Les consommateurs américains, chinois, français…, eux, sont
restés fidèles aux produits du groupe. En revanche, les Russes, touchés par la
crise, délaissent les yaourts les plus chers pour les crèmes dessert bon
marché. Sur le sol russe, Danone fabrique les deux. L'entreprise pourrait adapter
son offre à la nouvelle demande. Il lui suffirait de réorganiser sa production
et de modifier ses outils industriels. Mais les temps ne sont pas à la
normalité. Pour une remise à niveau, elle aurait besoin d'acheter des pièces au
sein de l'UE. Impossible. Des textes européens encadrant les sanctions
économiques contre la Russie et réciproquement ne le permettent pas. Idem pour
la colle. Le géant commence à en manquer pour étiqueter ses pots de yaourt. Les
Russes en produisent, mais elle n'est pas aussi adhérente que celle de l'Ouest…
Le laitier devrait également redéployer ses effectifs. Difficile, car l'État
russe doit valider tout mouvement de personnel. C'est décidé : mi-octobre,
Danone, empêché de faire du business correctement, acte son retrait.
L'Élysée, le Trésor, le Quai d'Orsay sont alertés. Ils
cherchent à être aidants, mais sont bien démunis. Antoine de Saint-Affrique
dépêche en Russie un de ses lieutenants, basé à Paris, afin qu'il avertisse les
autorités locales des intentions de Danone. Car, oui, on l'oublie un peu vite,
il est possible de se rendre sur les terres de Poutine. À Moscou, l'air n'est
pas hostile. Comme si le pays n'était pas en guerre. Ce jour d'octobre,
l'émissaire de Danone est reçu aux ministères de l'Agriculture et des Finances.
·
Obstacles. On
lui explique que Danone, sur la ligne de départ, doit encore franchir plusieurs
obstacles. Le premier : laisser un comité d'experts indépendants estimer la
valeur de ses 12 usines. Dans les comptes de l'entreprise, elles pèsent un bon
milliard d'euros. L'évaluation russe est plus basse, sans être catastrophique.
Ouf ? Oui, et non. Car, selon la loi russe, Danone ne peut exiger d'un éventuel
repreneur qu'au maximum 50 % de ce chiffrage. Soit. Des dizaines et des
dizaines d'offres déferlent à Paris. Quasi toutes russes. Des prétendants sont
auditionnés à distance. En mars 2023, l'industriel ne retient que trois
dossiers. Et rebelote, Saint-Affrique expédie l'un de ses hommes basés en
France à l'Est avec cette courte liste de candidats sous le bras. L'air n'est
toujours pas hostile à Moscou.
Du côté de Danone, on pense surtout à bien faire, à ne pas
se fâcher. Les finalistes semblent compatibles avec les humeurs russes mais
aussi avec les intérêts français. Danone souhaite en effet conserver 20 % de la
future entité russe. À ce stade, les autorités locales n'émettent aucun avis.
Début juillet, l'entreprise désigne enfin l'heureux gagnant. Il s'agit d'un
champion local de l'agroalimentaire : son offre n'est pas loin de toucher le
plafond des 50 %, s'élevant ainsi à plusieurs centaines de millions d'euros ;
elle prévoit à terme la préservation des usines et des emplois. Pas mal. Pour
boucler ce dossier, la direction de Danone doit néanmoins attendre le feu vert
de son conseil d'administration. Il est supposé se réunir le 25 juillet, avec
ce point crucial mis à son ordre du jour. Ce n'est qu'ensuite que le laitier
pourra signer le deal et le soumettre à l'approbation des autorités russes.
Spoliation. En
attendant cette échéance, les managers de Danone gardent en tête la mauvaise
expérience vécue en avril dernier par l'entreprise allemande Uniper et la
finlandaise Fortum… Quelques semaines après un nouveau soutien militaire de
leurs pays à l'Ukraine, Moscou avait confisqué les clés de leurs usines. Ces
derniers temps, Paris a promis des missiles à Kiev… Et si Moscou leur réservait
le même sort ? Là-bas, en quelques mois, la politique intérieure est devenue
illisible. Qui est avec Poutine, qui est contre lui ? Danone pense que son
dossier va passer ric-rac, malgré tout… Dimanche 16 juillet, milieu
d'après-midi. Un salarié moscovite de Danone appelle sa hiérarchie à Paris. Un
décret vient d'être publié. Do svidaniya, au
revoir, Danone. Pour faire simple, d'après ce texte également disponible en
anglais, le Français conserve la nue-propriété de ses usines, mais l'État russe
s'en octroie l'usufruit. En pratique, c'est ce dernier qui encaissera l'argent,
fera tourner les sites, payera les collaborateurs, commercialisera les
produits, les livrera, négociera les prix… Tout cela sous l'étiquette Danone.
L'Élysée est averti de cette spoliation quelques minutes avant les marchés
financiers…
En parallèle, Saint-Affrique enregistre un message vidéo
pour tous les « Danoners ». Il y explique suivre les
événements heure par heure afin de garantir la sécurité des 7 200
collaborateurs russes. Ces derniers ont à peine le temps de le consulter. Si
leur adresse mail avec le nom de domaine Danone reste active, des protections
informatiques ont été très vite mises en place après la promotion de Yakub
Zakriev comme DG. Comment ne pas être suspicieux ? Ce jeune homme affiche un
confondant CV et une ascendance sanguinaire - un oncle et un grand-père tous
deux présidents de la Tchétchénie sans scrupules. Lors de sa première visite,
il est venu flanqué du nouveau président de Danone Russie et d'un
administrateur, également originaires de Grozny. Les textes officiels indiquent
que la situation est « temporaire ».
Moscou va-t-il imposer le nom d'un autre repreneur ? Ou encore transférer la
propriété de ces actifs à un proche contre un rouble symbolique ? À ce stade,
Danone, toujours en contact avec les autorités russes, n'a exclu qu'un seul
scénario : que Moscou lui restitue les clés. Do svidaniya !§
Les propos de notre ministre
de l’économie déjà en 2022 : Nous allons donc provoquer l'effondrement de
l'économie russe. Dixit « Bruno Lemaire 1er mars 2022 » qui fait partie
de la clique rapprochée macronienne de notre président qui est comme lui beau
parleur et pourvoyeur de beaux discours creux mais d’un faux optimisme habituel
pour tranquilliser les Français qui avalent tout et en plus réélisent toujours
les mêmes ?!
Car résumons le président et
ses 1ers ministres et gouvernements divers macronien depuis 2017 ne sont que des
bavards comme lui s’écoutant parler pour ne rien faire d’utile car ils
gouvernent mal et même ne protège pas assez les Français qui de ce fait pour
certaine catégorie dérape et veulent faire leurs lois ou plutôt se servir
violemment en pillant ou vandalisant ce que notre tout petit président n’a pas
vu venir bon chic bon genre grand donneur de leçons aux autres pays de ce monde
devenu instable voire dangereux qui ne l’écoute même plus !?
Il ne fait pas aussi oublier
qu’après la fin de la guerre froide et la fin de la Russie soviétique nos
gouvernements divers cherchaient à se rapprocher (de la sainte Russie) car 2eme
puissance du monde pouvant concurrencer les USA expansionniste !?
Quant à POUTINE semble-t-il
vit très bien cette situation et se fiche des européens qu’il déteste car
personne que ce soit les occidentaux ou USA et leur épouvantail OTAN ne font
rien pour l’empêcher de faire ce qu’il veut c’est cela la réalité !?
Et pour les Francis lambda eux
ils ne s’inquiètent pas sinon de faire la queue aux autoroutes du départ des
aoutiens vers le soleil et la mer pour leurs congés d’été (surtout que semble-t-il
les incendies monstrueux de l’an dernier ne sont pas encore présents ni la canicule
dans notre pays qui s’est transformé en pluies jusqu’au 10 aout (selon les prévisions météo !?)
Car en fait les français sont
râleurs et des optimistes incurables qui avalent tout fatalistes ce qui permet
à nos dirigeants de leur faire digérer tout par la voix en plus de notre président
qui sait si bien discourir et qui a beaucoup de chance étant là jusqu’en 2027 Grace
à eux !?
Jdeclef 28/07/2023 11h12
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