Cédric
Klapisch : « La grève à Hollywood est un signal d’alarme
gigantesque » !?
Le
réalisateur de L’Auberge
espagnole, vice-président de la Société des réalisateurs de films,
plaide pour que les plateformes donnent accès à leurs chiffres de diffusion.
Il est un cas à part
dans le cinéma français. Autrefois recalé au concours de l'Idhec - l'ancêtre de
la Fémis -, il est parti étudier à New York puis s'est attelé, à son retour en
France, à tous les genres possibles : court-métrage, documentaire, film d'entreprise,
long-métrage. Le premier de la longue série de ses films cultes, Le Péril jeune, était d'ailleurs à
l'origine un téléfilm commandé par Arte… Aujourd'hui vice-président de la
Société des réalisateurs de films (SRF), scénariste, réalisateur et producteur,
cet éclectique peut se vanter d'indéniables succès en salle, en France et à
l'étranger, et il vient de donner une seconde vie en série*, sur
Prime Video, aux héros de sa trilogie commencée au cinéma avec L'Auberge espagnole. Pourtant
ce caméléon optimiste, convaincu que la culture fonctionne par addition et
qu'on peut biberonner séries et blockbusters tout en révérant Fellini et Buster
Keaton, observe la révolution numérique avec inquiétude.
Le Point : Vue de France, que
vous inspire cette grève historique des scénaristes et acteurs américains ?
Cédric
Klapisch : C'est un signal d'alarme gigantesque ! Nous sommes à un
point de rupture historique de notre industrie, un véritable changement d'ère.
Depuis les années 1940, le cinéma se voyait dans les salles et son économie
était dirigée par la logique de la billetterie. Dans les années 1980, l'essor
de la télévision et la création de différents types de supports - VHS, DVD,
Blu-ray, etc. - ont induit, dans un premier temps, une compétition entre cinéma
et télévision. Rapidement, en France, on a réagi en imposant des
réglementations aux chaînes. Et puis la création de Canal+, obligée de
participer pour une grande part au financement des films, a contribué à
harmoniser les rapports du cinéma et de la télévision… Mais depuis une dizaine
d'années, c'est l'univers numérique qui nous impose un changement radical de
paradigme : ce ne sont plus les séances de cinéma - dont on peut compter le
nombre de billets vendus -, ce ne sont plus les « passages télé » à tel jour ou
à telle heure - dont on peut calculer l'audimat - qui régissent l'économie du
cinéma. Nous sommes entrés dans une logique du « non linéaire », chacun chez soi
peut regarder ce qu'il veut à n'importe quelle heure, le problème étant
qu'aucun diffuseur, qu'il s'agisse de Netflix, d'Amazon, de Disney ou autres,
ne donne d'informations sur ces données chiffrées. Ces compagnies ont accès aux
data, aux clics mais toutes refusent de communiquer dessus.
Mais en quoi cette opacité
impacte-t-elle les créateurs ?
Les scénaristes américains sont sous le régime du copyright, et
ne sont pas protégés par le droit d'auteur comme en France. Dans l'ancien
monde, grâce aux « droits résiduels », ils étaient payés plus si le film
passait plus, s'il était diffusé en VOD, sur DVD ou dans des pays étrangers
après être sorti en salle… Aujourd'hui, le succès d'une série, même phénoménal,
n'impacte nullement leurs rémunérations. Même chose pour les acteurs. C'est une
révolution sociale pour tout le secteur, d'où la colère des Américains…
En France, ne sommes-nous pas protégés par l'écosystème très
spécifique de notre cinéma, auquel les plateformes américaines ontd'ailleurs
été contraintes de se plier ?
Les plateformes nous ont fait passer en quelques années d'une
logique nationale à une logique planétaire, c'est un changement d'échelle
dangereux pour la culture. Au niveau européen il y a heureusement eu des levées
de boucliers très fortes, notamment sous l'impulsion des Français, pour essayer
de préserver nos spécificités nationales. Et en France nous restons sans aucun
doute mieux protégés qu'aux États-Unis, mais notre modèle est fragile et il
faut le préserver. Actuellement les différentes associations de réalisateurs,
l'ARP (Auteurs Réalisateurs Producteurs) et la SRF (Société des réalisateurs de
films), se battent pour sauvegarder le droit d'auteur tel qu'il existe chez
nous depuis Beaumarchais : en France, l'idée du droit moral inaliénable fait
qu'on ne peut jamais retirer la propriété d'une œuvre à son auteur. C'est une
différence fondamentale avec les États-Unis. Nous nous battons aussi pour que
la chronologie des médias persiste et préserve des couloirs de rémunération
successifs pour la distribution en salle puis pour les chaînes de télévision
qui ont préfinancé les films puis seulement ensuite pour les plateformes VOD.
Ceux qui financent le plus la création en amont restent ainsi servis en
priorité en aval.
Le syndicat des acteurs américains alerte sur la manière dont
l'intelligence artificielle pourrait concurrencer à court terme les métiers de
création… N'est-il pas un peu tôt, tout de même, pour s'inquiéter ?
Non, je crois qu'ils ont raison, car nous sommes déjà entrés
dans une nouvelle ère dont nous ne maîtrisons rien. L'intelligence artificielle
pose des questions multiples auxquelles personne ne peut répondre… Peut-on
remplacer un scénariste par ChatGPT ? Peut-on remplacer un acteur par un avatar
virtuel dont on sait que, dans quelques années, il aura une réalité
photographique irréprochable. Peut-on, dans la même logique, faire jouer un
acteur mort ? Ce sont des possibilités technologiques qui existent déjà et qui
ont des conséquences économiques et juridiques immenses, dont aucune n'est pour
le moment encadrée.
En créant la plateforme de LaCinetek en 2015, qui diffuse des
films du patrimoine, vous avez, avec Laurent Cantet et Pascale Ferran, inventé
un modèle…
LaCinetek est une plateforme, oui, mais qu'on ne peut pas
vraiment comparer à Netflix ! Sur ce site, on reste à taille et à visage
humains, car on refuse la logique des algorithmes. Ceux qui recommandent les
films disponibles sont des réalisateurs et réalisatrices du monde entier, 200
cinéastes, de Martin Scorsese à Céline Sciamma en passant par Bong Joon-ho,
James Gray, Agnès Varda ou Alain Chabat. Attachés à transmettre leurs goûts
cinématographiques aux jeunes générations, ils partagent simplement, par amour
du cinéma, la liste de leurs films préférés… L'idée est de participer à une «
éducation à l'image » grâce à la cinéphilie. C'est un peu le nouveau monde
numérique qui cherche à faire aimer l'ancien monde. Nos chiffres n'ont
évidemment rien à voir avec ceux des plateformes américaines, mais nous, nous
les communiquons volontiers ! Il y a deux façons d'utiliser LaCinetek. Un
système d'abonnement (SVOD) qui compte aujourd'hui 15 000 abonnés avec un
rythme de croissance assez élevé. Et une formule permettant de louer à l'unité
(TVOD) un film de notre catalogue : 250 000 comptes ont été créés depuis la
conception du site il y a huit ans. Par ailleurs, le nombre d'utilisateurs de
moins de 25 ans augmente. Le jeune public, que nous visons particulièrement, a
sans doute compris que sur cette plateforme, il n'y a que des bons films… Et la
Cinetek est à présent accessible dans cinq autres pays européens. Il faut se
faire une place au milieu des géants et c'est un combat constant…
Ces jérémiades de cet HOLLYWOOD
est incongrue dans ce pays ou l’argent roi est presque une religion dans ces
USA 1ere puissance financière dans le monde avec son dollar qui ne vaut pas le
prix du papier pour l’imprimer et pas assez grand pour se torcher avec au bout
d’une ficelle attaché dans la campagne au wc de nos jardins européens qui fait indirectement la pluie et le beau
temps et qui n’hésite pas à jeter les employés à la rue de certaines
entreprises en faillite comme les banques comme on l’a vu en avec la cris des
« suprimes de 2008 » et l’argent virtuel ou des traders agissent sur
le monde entier (celui de se libre et démocratique soi-disant) par spéculations
diverses de traders derrière leurs ordinateurs avec des transactions boursières
qui vont à la vitesse de la lumière !?
Alors que notre monde instable
entier est en guerre et pas seulement en UKRAINE et Russie poutinienne !?
Là on voit comment les
hommes et l’humanité ont perdu la raison et pourtant ils ont subi 1929 et guerres
diverses avec ces mêmes américains hollywoodiens et autres de ce pays faisant
la queue aux soupes populaires ?!
Là on se rend mieux compte de
ce que valent ceux qui nous dirigent politiquement et économiquement dans notre
monde assis sur une bombe à retardement car quoi de mieux que ruiner des peuples
en les affamant par manque de revenu c’est presque mieux que de faire des
guerres !?
Je conseille pour ceux qui
le peuvent d’aller à LOS ANGELES et à HOLLYWOOD (s’ils peuvent visiter car c’est
protégé) le pré carré des stars ou producteurs divers de spectacles ou films c’est
édifiant !?
Donc si les américains cette
majorité de migrants européens et anglosaxons ont choisi le capitalisme qu’ils
l’assument avec ses défauts de leur « américa first » digne de D.TRUMP ?!
Je n’ai rien contre les américains
car on est déjà envahi chez nous par des donneurs de leçons hypocrites bien
Français et qui ne sont pour certains que des européens immigrés depuis des générations
dans cette Amérique du nord et nous ont aidés lors des guerres mondiales !?
Jdeclef 28/07/2023 13h32
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