Propos du pape sur
l’Ukraine : François a-t-il commis une bourde diplomatique ?
ENTRETIEN. En
appelant les Ukrainiens à hisser « le drapeau blanc », le souverain
pontife a déclenché un tollé. Mais il est dans son rôle. L’analyse de
Jean-François Colosimo.
Publié le
12/03/2024 à 12h00, mis à jour le 12/03/2024 à 14h24
LE PAPE C’EST
LANCE DANS UN CHEMIN QUI N’EST PAS SANS PIERRES CAR C’EST AUX BELIGERANTS RUSSO
UKRAIGNIENS DE CETTE GUERRE A REGLER CE CONFLIT PAS A UN CHEF RELIGIEUX QUEL QU’IL
SOIT ?!
« N'ayez
pas honte de négocier ! » En s'adressant ainsi aux Ukrainiens, le pape François bouscule,
une fois de plus. Répondant aux questions d'un journaliste de la Radio
télévision suisse (RTS) qui l'interrogeait sur « le courage de la
reddition, du drapeau blanc », le pape a affirmé : « Le plus
fort est celui qui voit la situation, qui pense au peuple et qui a le
courage du drapeau blanc, c'est-à-dire de négocier. Et, aujourd'hui, on peut
négocier avec l'aide des puissances internationales. Il y en a ! Le verbe
“négocier” est un verbe courageux. Quand on voit qu'on est vaincu, que les
choses vont mal, il faut avoir le courage de négocier. »
Des propos tempérés par le cardinal Pietro Parolin, numéro deux du
Vatican, assurant dans le Corriere della Sera, le 11 mars :
« La première condition pour la paix en Ukraine est de mettre fin à
l'agression. » Pour comprendre les déclarations du pape François, il faut
les replacer dans un contexte historique et géopolitique plus large. Comment
décrypter la diplomatie de l'Église catholique dans ce conflit, et plus largement
dans ceux qui ensanglantent en ce moment le monde ? Comment faire face à
la barbarie moderne ? L'historien des religions Jean-François Colosimo,
auteur de La Crucifixion de l'Ukraine : mille ans de guerres de
religions en Europe (éd. Albin Michel, sortie en poche le 29 mars),
raconte au Point le dessous des cartes.
Le Point : Le pape François pousse-t-il à la reddition de l'Ukraine ?
Jean-François Colosimo : Depuis les temps modernes,
les successeurs de Pierre [l'apôtre et premier pape, NDLR] se veulent des
apôtres de la paix. Et se proposent, autant que possible, en médiateurs des
conflits. Le pape tient donc ici son rôle. Il ne dit guère plus, d'ailleurs,
sur l'Ukraine et la Russie que sur Israël et Gaza. Évoquant ces deux guerres,
constatant l'accumulation des morts, redoutant l'escalade, il appelle à un
règlement négocié. Pour autant, chaque pontife a sa personnalité, sa vision du
monde, ses priorités qui proviennent pour partie de sa biographie. Jorge
Bergoglio, de son véritable nom, est un Latino-Américain, péroniste de gauche,
qui a connu la dictature en Argentine et qui désapprouve la puissance
hégémonique des États-Unis. Premier pape non européen, il incarne le
basculement de l'Église catholique vers le sud et partage la sensibilité propre
à cet hémisphère, dont une certaine défiance à l'égard de ce que l'on y nomme
hâtivement « l'Occident ».
Au Vatican, le pape
François ne lâche rienCette position du pape est aussi à replacer dans le
parcours de la diplomatie vaticane…
En effet. Les papes passent, la Curie demeure. Le puissant système
diplomatique du Saint-Siège poursuit des objectifs à long terme, considérant
qu'il a l'éternité devant lui. On se souviendra peut-être qu'au XIXᵉ siècle,
dans le monde catholique, fleurissaient les pamphlets sur le thème « la
Russie va-t-elle se convertir ? ». Sous-entendu : « se
convertir à Rome ». La représentation de l'orthodoxie qui
prime au Vatican est faussée par les prétentions, elles-mêmes biaisées, de
Moscou. Le patriarche Kirill, complice des crimes de Poutine, argue du poids
numérique de son Église, mais aussi des ressources financières et diplomatiques
du Kremlin, pour tenter de dominer le monde orthodoxe. Son but est
de renverser le primat de droit et de fait, le patriarche œcuménique
Bartholomée de Constantinople qui, en 2021, a prophétiquement accordé son
indépendance ecclésiale à Kiev. Or le patriarcat de Moscou sans l'Ukraine
n'est plus grand-chose. Néanmoins, la machine vaticane continue à se laisser
abuser, en quelque sorte, par le leurre de la quantité.
Est-ce la raison pour laquelle le pape François paraît pencher
plutôt du côté de l'orthodoxie russe ?
François hérite d'un projet mûri pendant un demi-siècle. Paul VI a été un
artisan majeur de la détente. Jean-Paul, le pontife globe-trotteur qui a visité
les cinq continents, a rêvé de se rendre en Russie et en a été empêché. Le
rendez-vous projeté à Paris ou à Vienne entre le pape Benoît XVI et le
patriarche Alexis II n'a pas eu lieu. Puis survient soudainement, le
12 février 2016, la rencontre entre François et Kirill. Un sommet quelque
peu surprenant puisqu'il se déroule dans le salon d'honneur de l'aéroport de
La Havane, où chacun d'entre eux fait étape. Les deux hiérarques signent
un protocole minutieusement préparé par leurs chancelleries respectives et à la
teneur aussi surprenante que la circonstance. Rome y admet le principe de
territorialité canonique défendu par Moscou et s'interdit d'intervenir dans
l'ensemble des territoires anciennement soviétiques qui restent sous la coupe
du patriarcat. Lesquels ont pour noms l'Ukraine, la Biélorussie, les pays
Baltes et les Républiques d'Asie centrale. Cette concession apparaît
incompréhensible aux observateurs. Elle a été amère pour les uniates d'Ukraine,
c'est-à-dire les orthodoxes passés au catholicisme au XVIe siècle
mais ayant gardé le rite byzantin, très présents dans l'ouest du pays et
traditionnellement les fers de lance du nationalisme ainsi que de
l'anti-russisme. Eux se sont sentis abandonnés à la manière dont on sacrifie
une pièce sur un échiquier.
Bernard
Lecomte : « De Gaulle s'agenouillait devant
Jean XXIII » Jusqu'où cet effort de rapprochement est-il
allé ?
Au cours de l'été 2023, le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et
président de la Conférence épiscopale italienne, a été chargé de mener une
mission de paix en se rendant, entre autres, à Moscou pour y rencontrer Poutine
et Kirill. Cet éminent prélat est issu de la communauté de Sant'Egidio, qui est
le bras parallèle de la diplomatie vaticane depuis Jean-Paul II et qui est
connue pour ses initiatives résolument pacifistes. Longtemps numéro
deux du patriarcat de Moscou et proche de Sant'Egidio, le métropolite
Hilarion Alfeïev a servi d'intermédiaire. Cette mission n'a manifestement pas
abouti. En revanche, Hilarion Alfeïev réside aujourd'hui à Budapest et est en
charge du diocèse de Hongrie. Or Kirill doit à Viktor Orban de n'avoir pas été
porté sur la liste noire de l'Europe au titre d'un argument surréaliste dans la
bouche de l'idéologue du Fidesz : la séparation du spirituel et du
temporel !
On a peine à croire que le pape François sacrifierait l'Ukraine…
En effet, il ne le veut pas. Mais, là encore, il faut regarder l'affaire
avec distance et longueur de vue. En 2018, le Vatican signe un accord analogue
avec Pékin. En Chine, il existe nominalement deux Églises catholiques :
l'une, schismatique, officielle, dite « patriotique », qui est en
fait une émanation du Parti communiste ; l'autre, canonique, clandestine,
dite « du silence », qui est martyre pour être restée fidèle à Rome
au prix d'une constante persécution. Or l'accord prévoit de réunir les deux
entités en une seule, le dernier mot revenant au souverain pontife dans la
nomination des évêques. Pourquoi cet attelage ? Parce que, les trois
confessions mêlées, 60 millions de Chinois sont d'ores et déjà chrétiens.
Un chiffre pour l'heure modeste mais à comparer avec celui, vertigineusement
décroissant, des pratiquants en Europe. L'enjeu est donc crucial pour l'avenir.
Il touche sans doute personnellement le jésuite qu'est François puisque la
Compagnie de Jésus a failli évangéliser l'empire du Milieu entre le XVIe
et le XVIIIe siècle. Mais, pour être aujourd'hui reçu
officiellement à Pékin, il faut avoir un garant. Et le chemin passe par le
Kremlin.
Le courage de résister est du côté des
Ukrainiens. La ruse de négocier, du côté de Poutine. Peut-on ignorer la
mutation qui s’étale sous nos yeux et qui consiste en la sacralisation de la
barbarie ?
Emmanuel Macron, le
président qui tutoie le pape
Par une telle déclaration, violemment rejetée par l'Ukraine, le pape
ne prend-il pas un risque diplomatique ?
Encore une fois, une telle intention est
légitime pour un pape et naturelle chez ce pape. C'est la formulation qui
interroge. Que peut signifier, au regard de qui est l'agressé et de qui est
l'agresseur, « avoir le courage de négocier » ? Le courage de
résister est du côté des Ukrainiens. La ruse de négocier, du côté de Poutine.
Peut-on ignorer la mutation qui s'étale sous nos yeux et qui consiste en la
sacralisation de la barbarie ? La pulsion génocidaire d'Erdogan qui a fait
du Haut-Karabakh un immense camp concentrationnaire ? La furie terroriste
du Hamas le 7 octobre ? Ce qui est vrai pour Vladimir Poutine en
Ukraine est vrai pour Xi Jinping avec les Ouïgours, pour Ali Khamenei avec
les femmes iraniennes ou encore pour Narendra Modi avec les musulmans
d'Inde. Au XXᵉ siècle, la barbarie était dévorante mais dissimulée sous des
motifs idéologiques. Aujourd'hui, les autocrates n'hésitent plus à l'afficher.
Poutine rêve de négocier ? Mais qu'y a-t-il à négocier avec lui ?
L'humiliation des Ukrainiens ? L'oubli des morts ? Les ruines d'un
pays dévasté ? Sauver les Ukrainiens des Russes réclame de sauver les
Russes de Poutine. Et ainsi de sauvegarder la paix en Europe.
Ce pape des chrétiens catholiques prônant la paix ce qui est son rôle (mais
rien d’autre) ne devrait pas faire de la politique internationale bien qu’aussi
chef d’un état minuscule religieux le Vatican !?
Car l’église catholique de par son histoire à bien des péchés à se faire
pardonner avec son histoire ancienne et ces guerres de religions remontant
jusqu’à ces croisades moyenâgeuses et après avec son inquisition totalitaire et
qui maintenant s’oppose indirectement à l’autre religion monothéiste musulmane
islamiste avec certains de ses courants extrémistes devenus terroristes barbares
qui sévissent depuis 2001 et jusqu’à ce jour car voulant détruire ce monde
occidental dont ils veulent avoir une revanche et éliminer pour prendre le
pouvoir pour imposer leurs dogmes mystiques moyenâgeux datant de l’âge des ténèbres
anciens non maitrisés par les dirigeants des pays libres et démocratiques judéo-chrétien
avec leur bienpensante de donneurs de leçons tout aussi hypocrites que ces
barbares qui les traitent de mécréants !?
Car la mauvaise politique internationale est aussi à l’exemple des USA avec
ces 2 vieux présidents BIDEN et TRUMP tout aussi âgés mais usés qui veulent diriger
ce grand pays libre et démocratique de presque 335
millions d'habitants, les plaçant au troisième rang mondial
après la Chine et l'Inde.
Car c’est les hommes quels que soit leurs religions et mysticité d’un
autre âge qui causeront leur perte et ils en sont sur le chemin car incurables !?
Cela parait de plus en plus impossible dans ce monde malade et instable
car on reproduit sans cesse les mêmes erreurs du passé ( alors on peut croire
aux miracles en priant pour ceux qui croient à quelque chose !?)
Pauvres pays encore libres et démocratiques bien malades des défauts de
leurs populations et surtout de leurs dirigeants si médiocres !?
JDeclef 12/03/2024 15h03
++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire