lundi 20 janvier 2020

Ce n'est peut-être pas un droit mais ces syndicats des transports publics en abuse ils confondent le droit de grève avec les blocages divers de services publics !


Denys de Béchillon – CGT : le blocage n'est pas un droit

CHRONIQUE. Pendant près de deux mois, les transports ont été perturbés en France. Une situation de blocage que la Constitution ne tolère pas.

J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer ici que le droit constitutionnel français impose de tout faire pour accorder au moins mal le droit de grève et la continuité du service public. Notre civilisation juridique passe par le compromis, l'accommodement proportionné des intérêts contradictoires. Il faut inlassablement redire que tel est sans doute le bien le plus précieux de notre patrimoine juridique.
Il n'en demeure pas moins que, si la grève est un droit, le blocage, lui, n'en est pas un. Il est pourtant devenu la forme privilégiée de la protestation de masse, non seulement lorsqu'il est plus ou moins sauvage, dans le genre Gilets jaunes, mais aussi quand il est piloté par des syndicats installés. L'appel de certains à paralyser les raffineries pour assécher les stations-service alors que les transports collectifs sont à l'arrêt quasi complet donne un bon exemple de cette dérive. Peu importe que cet appel soit largement entendu ou non. Comme disait ma grand-mère : il n'y a que l'intention qui compte. Or celle de rendre la circulation impossible n'a rien d'anodin. Elle signifie que la conciliation des intérêts n'a plus aucune place ; qu'un seul d'entre eux a pris le pas sur tous les autres ; qu'autrui est ignoré.
1906-2020 : la longue lutte (finale) de la CGT
C'est de cet état d'esprit des acteurs plus radicaux de la contestation que je voudrais dire un mot, indépendamment de tout calcul de probabilité sur le point de savoir si l'embolie générale de la France est en soi plausible ou même réalisable et sans apporter les nuances qu'il faudrait certainement y mettre pour distinguer la condition des grandes villes de celles des campagnes, etc. Ce qui mérite, me semble-t-il, un instant d'attention, c'est la banalisation — au moins dans le discours — du projet de paralyser le pays en faisant collapser son système de transports et l'indifférence totale que cela suppose à l'égard du commun des mortels.
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Le blocage condamne à l'enfermement

En matière de contestation sociale, l'équation est presque toujours posée sur la base des deux termes constitutionnels que j'évoquais plus haut : le droit de grève et la continuité du service public. Mais, si le blocage général des moyens de circulation se profile à l'horizon, on gagne à en ajouter deux autres : le droit de n'être pas préjudicié — l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme porte que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » — et le droit à la « protection de la santé » — le 11e alinéa du préambule de 1946 le garantit en ces termes.
On oublie souvent de dire que, lorsque la privation des moyens de déplacement dépasse, par son ampleur, le seuil de l'inconfort, elle devient insupportable si ce n'est dangereuse. C'est notamment le cas pour les personnes — nombreuses — dont la mobilité pédestre est objectivement réduite à des degrés divers, pour une raison d'âge ou de santé, et dont nos « bloqueurs » se tamponnent le coquillard avec une application souveraine. Nous devrions pourtant nous en émouvoir. Le fait est que, pour beaucoup de ces gens-là, le blocage condamne à l'enfermement, à la disparition de toute liberté de mouvement et, pour finir, à l'angoisse de ne pas pouvoir faire, accueillir, recevoir. Bref, il les prive de ce qui importe. Qu'on le veuille ou non, le fait est que la qualité de vie des personnes fragiles repose largement sur un état de performance raisonnable du système des transports.
Il est toujours obscène — en plus que juridiquement injustifiable — de nier autrui, ses droits et ses besoins, pour défendre un intérêt propre ou catégoriel.
Vu que lesdites personnes n'ont donné aucune permission à qui que ce soit de se faire pourrir la vie à ce degré suprême, elles sont rendues victimes au sens le plus strict du terme. Et comme elles n'ont guère de moyen juridique pour faire cesser ce préjudice ou en demander l'indemnisation puisque la « responsabilité » des bloqueurs est diluée dans le nombre et l'anonymat, elles sont passées par pertes et profit. Exactement ce qui ne doit pas exister dans un État dit « de droit ».
Rappelons donc quelques évidences. Primo, le fonctionnement minimal de nos sociétés est indexé sur la fluidité des déplacements en son sein. Nous vivons à flux tendu et n'avons guère la possibilité de faire autrement. Secundo et par voie de conséquence, les services rendus par les entreprises dont dépend directement l'offre de transport — collectif, certes, mais aussi individuel (c'est-à-dire automobile) — présentent une importance décisive pour le respect de droits tout à fait primordiaux. Tertio, on avait bien raison en Mai 68 : « le bourgeois, c'est celui qui se préfère ». Traduisez : il est toujours obscène — en plus que juridiquement injustifiable — de nier autrui, ses droits et ses besoins, pour défendre un intérêt propre ou catégoriel. Quarto, la thèse de la procuration générale donnée aux bloqueurs par ceux qui n'ont pas l'opportunité ou les moyens de bloquer eux-mêmes n'est rien moins qu'indécente, surtout lorsqu'elle se présente comme le moyen de défendre l'intérêt général. Encore une fois, il est légitime de vouloir préserver son bifteck. C'est un « vrai » droit, qui s'exprime valablement dans la grève et dans la manifestation. Mais sa grandeur vient (aussi) de ce que chacun de ses titulaires, individuellement considéré, dispose d'une latitude entière pour en user, ou pas. Personne — syndicats y compris — n'a de titre à prétendre agir au nom et pour le compte de ceux qui n'ont donné aucun mandat. Dit autrement, c'est se moquer du monde que de s'improviser représentant et s'autoriser par là à tyranniser son prochain.
Toutes les formes de contestation ne sont pas également admissibles. Quant au blocage général de la circulation ailleurs qu'en dictature — c'est-à-dire chez nous, jusqu'à démonstration du contraire — il ne l'est jamais. Il est effarant qu'on puisse envisager (et faire rêver sur) sa perspective, comme si de rien n'était.
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Et surtout cela fait des décennies que ça dure, moi qui suis âgé je peux le confirmer depuis que je suis adolescent quand j'allais au lycée à PARIS venant de ma banlieue d'IDF je subissais déjà ces blocages en 1960 !

Alors quand en FRANCE pays libre bien sûr ne peut encadrer ce fait par des services minimums en cas de grève autorisée bien sûr par trop de liberté qui empêche d'autres français de simplement aller travailler, c'est une forme d'anarchie, l'état failli à son devoir d'ordre de liberté et égalité qui lui incombe, car ce sont des services publics que les usagers paient !

Jdeclef 20/01/2020 10h17

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