Michou,
le roi de Montmartre, est mort à 88 ans
Il aimait
le bleu, les hommes et le champagne… Le prince des nuits frivoles, patron du
cabaret transformiste, a tiré sa révérence.
Il se faisait appeler le prince bleu de Montmartre et portait ses
lunettes azur comme d'autres leur couronne, sous un brushing toujours
impeccable. « On ne me parle plus que de mes lunettes, disait-il à la fin
de sa vie. Autrefois, c'était de mes fesses ! Les temps changent. »
Ses fameuses montures reprenaient d'ailleurs la courbure de son postérieur
quand celui-ci était encore présentable… Le gai luron prenait tout en dérision,
même sa naissance : sa mère l'avait eu au début des années 1930 avec
un amant de passage, qui la délaisse rapidement. À l'époque, un enfant né de
père inconnu était traité de bâtard. Lui préférait dire qu'il était « un
enfant de l'amour », et remerciait son géniteur de lui avoir donné un
physique avantageux. Le père officiel finit par reconnaître l'enfant, puis
divorce, sa mère se remarie, travaille dur, et le petit Michel passe du coup le
plus clair de son temps dans les jupes de sa grand-mère Élise…
Bohème à Paris
Il grandit à Amiens, enfant rêveur et sensible, peu porté sur les
études – il dira souvent qu'il a eu deux bacs, celui de la plonge et celui des
bacs à fleurs… Mais la ville picarde se montre vite trop étroite pour lui.
Après avoir enchaîné les petits boulots, il monte tenter sa chance à Paris, débarque
gare du Nord, remonte la rue de Dunkerque et atterrit à Montmartre, un quartier
qu'il ne quittera plus. Il michetonne quelque temps, fait la plonge, le serveur
et s'improvise même carreleur, jusqu'au jour où il croise une certaine Olga,
tenancière du cabaret Chez Madame Untel, rue des Martyrs. Elle est malade,
cherche un gérant, lui propose le poste, il hésite et finit par accepter. En
1956, le voilà donc aux commandes, il rachète les murs et rebaptise les lieux
« Chez Michou » quelques années plus tard. Pourquoi ce surnom ?
« Ma grand-mère m'appelait Mimi et mes fiancés Chouchou, j'ai fait un mix
des deux… »Juppé, les années Goutte-d'Or.
Dans les années 1960, après une virée inspirante à Las Vegas au côté de Line Renaud, il revient avec des idées neuves et un culot à revendre. Un soir de Mardi gras, il décide de lancer un show transformiste avec deux copains : Michel s'improvise Miss Glassex et mime France Gall et Brigitte Bardot, entouré de Phosphatine et de La Grande Eugène. Le show dure à peine une demi-heure, au-delà, il fallait payer la Sacem et il n'avait plus un sou vaillant… Le journaliste mondain Edgar Schneider traîne dans les parages et titre le lendemain : « Quand Paris se travestit ! » Le cabaret Michou est lancé, il ne désemplira pas avec toujours la même formule : un dîner servi par les fameuses Michettes en faux cils, qui prennent ensuite le relais sur scène entre parodies et confettis.
La Cage aux folles
Le Tout-Paris en fait sa halte obligée : Brialy, Deneuve,
Sagan, Delon, Thierry Le Luron, Romy Schneider… Tous viennent s'encanailler
devant un spectacle qui s'étoffe avec le temps. Les imitations ciblent peu à
peu Mireille Mathieu, Stéphanie de Monaco, Mylène Farmer, Amy Winehouse et,
plus récemment, Nolwenn Leroy et Stromae. Sans oublier l'incontournable icône
gay Dalida, grande amie du patron. Le petit bistrot est devenu une institution
et Michou une vraie vedette qui en rajoute des tonnes auprès des médias.
N'est-il pas finalement le meilleur VRP de sa petite boutique, toute de strass
et de paillettes ? Son personnage loufoque et pétillant inspire Jean
Poiret pour sa pièce La Cage aux
folles, immense succès des années 1970. Michou refusera cependant le
rôle pour l'adaptation cinématographique, prétextant qu'il se doit d'être tous
les soirs à son cabaret pour recevoir ses clients – une tâche qu'il respectera
tant que sa santé le lui permettra.Le joyeux Picard carbure dès le matin au champagne – sa « fontaine de Jouvence », selon sa propre expression –, plus de deux bouteilles par jour tout de même. « L'eau, c'est fait pour se laver les fesses », lançait celui qui a affronté trois pontages et un cancer du côlon. Avec le succès, il s'offre un appartement sous les toits de Paris qu'il transforme en bonbonnière bleue, sa couleur fétiche, des rideaux aux assiettes, en passant par ses tapis et ses propres sous-vêtements… Ses amis le brocardaient, le soupçonnant d'avoir couché avec un Touareg, lui préférait plaisanter en confiant qu'il a fréquenté un Schtroumpf… S'il amuse la galerie côté rue, il reste finalement discret sur sa vie privée : tout au plus sait-on qu'il a vécu avec Michel, qui est mort en s'interposant alors qu'on lui tirait dessus… Depuis le début des années 2000, il partageait la vie d'Erwann, son dernier compagnon.
La mort elle aussi était prétexte à plaisanter. Il lui arrivait parfois de se rendre sur sa tombe, réservée au cimetière Saint-Vincent de Montmartre, pour boire une coupe entre amis et plaisanter… Pour les obsèques, tout est déjà prévu : ses amis sont priés de venir en bleu pour trinquer au champagne, pouvait-il en être autrement ? En revanche, le cabaret fermera ses portes définitivement : rideau, fin de partie, un dernier tour de piste dans le cercueil, forcément bleu, qui sera exposé pour les amis, là où la fête avait commencé. Et en guise de prière, un seul cri, son préféré, celui qui résumait sa joie de vivre : « Youpi ! »
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MICHOU était un monsieur du vieux
Paris !
Son cabaret transformiste valait le
détour, il faisait partie de ces personnalités d'un certain cabaret music-hall
qui sera irremplaçable pour les touristes qui visitaient la butte Montmartre et
ceux qui voulaient voir ce type de spectacle original !
Il manquera aux montmartrois, car il
faisait partie du cadre de ce quartier festif de Paris !
Jdeclef 26/01/2020 17h25
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