mardi 7 janvier 2020

Donc en ce qui concerne le point et la liberté d'expression, elle n'est pas en ce qui concerne le point, totalement respectée "donc décerner des baillons d'or" ...!?


Ils ont nui à la liberté d'expression en 2019

« Le Point » décerne ses bâillons d'or à ceux – et ils étaient nombreux – qui, cette année, ont censuré en France des conférences, des pièces, des films…

En 2019, une pétition a exigé l'annulation de l'hommage du Festival de Cannes à Alain Delon, un « acteur raciste, homophobe et misogyne ». Un film sur l'affaire Dreyfus a été déprogrammé dans plusieurs salles du fait d'accusations de viol, remontant aux années 1970, contre son réalisateur. Mais c'est dans les universités, lieux par excellence de la confrontation des idées et de la liberté académique, que les atteintes à la liberté d'expression ont été les plus choquantes. En février, des nationalistes polonais ont perturbé un colloque organisé à l'Ecole des hautes études en sciences sociales sur « La nouvelle école polonaise d'histoire de la Shoah », au cours duquel ils ont tenu des propos antisémites. En mars, à la Sorbonne, des associations antiracistes - la Ligue de défense noire africaine, la Brigade anti-négrophobie et le Conseil représentatif des associations noires - ont empêché la représentation de la pièce d'Eschyle « Les suppliantes » pour cause de blackface. En octobre, des collectifs (Riposte trans, Association des jeunes et étudiants.e.s LGBT de Bordeaux) ont provoqué l'annulation de la conférence, à l'université Bordeaux Montaigne, de la philosophe Sylviane Agacinski, opposée à la « PMA pour toutes » et à la GPA, mais favorable au mariage gay. En novembre, François Hollande n'a pas pu s'exprimer à l'université de Lille, certains étudiants allant jusqu'à déchirer des pages de son livre « Répondre à la crise démocratique ».
Si, parfois, comme dans le cas des « Suppliantes », on s'en prend à des œuvres dont on dénonce l'idéologie supposée raciste, sexiste, transphobe, dans la majorité des cas, des groupuscules contestent la venue d'une personnalité jugée idéologiquement douteuse, incompatible avec la doxa identitaire militante, la conférence finissant par être annulée pour des raisons de « sécurité ». « L'idée que le discours peut être porteur de violence s'est diffusée si rapidement qu'elle a changé la culture universitaire, nous confiait Jonathan Haidt, professeur de psychologie à la New York University et coauteur de "The Coddling of the American Mind". Bien sûr, depuis les années 1960, les étudiants ont eu des idées politiques fortes et se sont opposés à des intellectuels. Ce qui est nouveau, en revanche, c'est que les idées qu'ils ne partagent pas peuvent leur faire du mal. Ils se sont mis à réclamer une sécurité par rapport à ces idées divergentes, et il est difficile de dire non à ces réclamations. Aucun administrateur d'université ne veut mettre ses étudiants en danger. » 
Idées divergentes. En 2019, l'Allemagne s'est elle aussi inquiétée pour la liberté d'expression, ciblée à gauche comme à droite. Les hebdomadaires de référence Der Spiegel et Die Zeit ont consacré des unes au sujet après que l'économiste Bernd Lucke, l'un des fondateurs de l'AfD (parti qu'il a quitté en 2015), a été empêché par des étudiants de donner ses premiers cours magistraux à Hambourg. L'assassinat par un néo-nazi de Walter Lübcke, élu de la CDU en Hesse qui s'était prononcé en faveur de l'accueil des réfugiés en 2015, a rappelé que les mots peuvent signer un arrêt de mort. Et un sondage de l'institut Allensbach a fait du bruit en montrant que près de deux tiers (63 %) des Allemands ont peur de dire ce qu'ils pensent en public.
Aux Etats-Unis, pays auquel on doit les notions de trigger warning - le fait de prévenir un auditoire qu'il pourrait être heurté par les propos qui vont être tenus - et de safe space - espace protégé étanche à toutes idées divergentes -, la liberté d'expression est un patrimoine en péril depuis plusieurs années. Comme le rappelle Jonathan Haidt, « quand la libertarienne Wendy McElroy est venue en 2015 à l'université de Brown pour critiquer le féminisme radical, des étudiants ont ouvert un safe space où l'on pouvait se rendre pour se calmer et où l'on pouvait trouver des cookies, faire des bulles et de la pâte à modeler ». Les campus n'ont pas l'exclusivité de ces reculs. Le 10 juin, le New York Times annonçait qu'il ne publierait plus de caricatures après une polémique suscitée par un dessin jugé antisémite. Dirigeant de l'équipe de basket-ball des Houston Rockets, Daryl Morey a failli perdre son poste pour un simple tweet de soutien aux manifestants de Hongkong qui a viré au scandale diplomatico-commercial. La NBA a d'abord déclaré que Morey avait « offensé tant de nos amis et fans de Chine, ce qui est regrettable », avant de se rappeler qu'elle représentait quand même la nation du premier amendement.
Vidéo. Liberté d'expression : les bâillons d'or 2019.
Offenses subjectives. Timothy Garton Ash, historien à Oxford, a publié un livre de référence sur la question : « Free Speech. Ten Principles for a Connected World » (Yale University Press). Dans un monde globalisé où tous les êtres humains, ou presque, sont connectés, il est aisé d'exprimer ses pensées avec l'espoir de toucher des millions de ses congénères. « Jamais, dans l'histoire humaine, il n'y a eu une telle opportunité pour la liberté d'expression », écrit-il. Mais jamais non plus il n'y a eu autant d'occasions de frictions idéologiques et de chocs culturels. En 1989, année de l'invention du Web, la vie du Britannique Salman Rushdie s'est trouvée menacée par une fatwa édictée à Téhéran. Comme l'explique Timothy Garton Ash, la censure étatique règne toujours dans des pays comme la Chine. Mais en Occident, où l'Etat garantit au contraire l'expression libre des opinions, les controverses se concentrent principalement sur des questions de préjudices moraux et d'offenses subjectives. L'historien estime que nous devrions limiter le moins possible la liberté d'expression par la loi ou par la pression des gouvernements et des entreprises. Et surtout ne pas céder à la tyrannie des susceptibles. « Notre modèle doit-il être l'activiste identitaire susceptible qui ne cesse de pleurer en disant : "Je me sens offensé" ? Ou alors devrions-nous plutôt nous inspirer de Gandhi, qui disait : "Quoique ce que je lis ou ce que j'entends soit grandement blessant, je me dis que c'est en dessous de ma dignité de me vexer. Ce sont ceux qui m'insultent qui s'avilissent eux-mêmes" ? » 
Des libéraux comme Timothy Garton Ash s'opposent même à la prohibition des propos haineux, sauf s'ils représentent une menace physique imminente ou déshumanisent un groupe social dans son ensemble. Eric Zemmour doit être jugé en janvier pour son discours lors de la Convention de la droite qui fustigeait des immigrés « colonisateurs » et l'« islamisation de la rue ». La chaîne LCI s'est retrouvée sous le feu des critiques - notamment ceux du CSA - pour avoir diffusé en intégralité cette sortie d'inspiration maurrassienne. Mais on peut estimer que la retransmission a, au contraire, permis de montrer au grand public l'extrémisme du polémiste.
Dans cette ambiance délétère, et alors que de plus en plus d'intellectuels et de scientifiques comme le psychologue cognitiviste Steven Pinker ou le biologiste Jerry Coyne s'engagent en faveur du free speech, nous avons décidé de décerner nos bâillons d'or à ceux qui ont été cette année les plus grands obstacles à la liberté d'expression. Et les lauréats sont…

Solidaires étudiant.e.s, les antidébat

François Hollande n’a pas pu s’exprimer à l’université de Lille, certains étudiants allant jusqu’à déchirer des pages de son livre « Répondre à la crise démocratique ».
C’est presque devenu une (mauvaise) habitude. Dès qu’une personnalité d’envergure est annoncée dans une université française, le syndicat Solidaires étudiant.e.s organise la riposte, essentiellement à travers une privation de la parole. François Hollande, Jean Lassalle ou encore Sylviane Agacinski ont essuyé les foudres de ce syndicat ultraminoritaire qui compte environ 500 adhérents répartis dans une trentaine de facs en France. Leurs conférences ont tout bonnement été empêchées. 
Les militants de Solidaires étudiant.e.s abusent de la pratique américaine du no platform, qui consiste à refuser à quelqu’un la possibilité de faire connaître publiquement des idées considérées comme dangereuses ou moralement inacceptables. « Il s’agit de créer un rapport de forces, comme dans tous les mouvements sociaux. Nous utilisons pour cela des actions symboliques. Empêcher la tenue d’une conférence d’un homme ou d’une femme politique en fait partie », explique une porte-parole du syndicat. Si elle considère que l’université doit être un lieu d’expression, l’institution doit surtout être « un lieu de production d’un savoir critique et émancipateur », ce qui ne serait pas compatible avec le fait de donner une tribune à « un président qui a créé un recul énorme des droits sociaux ou de donner une tribune à l’extrême droite, ou à des personnes condamnées pour sexisme ou racisme », explique-t-elle. 
Convaincus de l’existence d’un racisme et d’un fascisme « systémiques » de l’Etat, les militants anticapitalistes de Solidaires étudiant.e.s sont engagés dans un combat antiraciste radical. En 2018, ses militants s’étaient mobilisés pour faire annuler la représentation de la pièce « Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes », tirée du livre de Charb. Les organisations signataires, dont Solidaires étudiant.e.s, estimaient que cette représentation participait d’un « mouvement de construction raciste d’un ennemi de l’intérieur d’une catégorie racialisée dangereuse : le/la musulman.e »… Clément Pétreault

Le CSA, le ministère du bien Roch-Olivier Maistre, président du CSA.

Quand la clownerie est au pouvoir, mieux vaut s’en remettre à cette sagesse de Coluche : « Il y a des gens qui disent : “hier, la télé, j’ai regardé, je l’ai regardée tard, c’était pas bien.” En fait, il y a un bouton, là. Quand c’est pas bien, ils ont qu’à tourner le bouton »… Sinon, pour 38 millions d’euros de budget annuel, il y a le CSA, présidé par Roch-Olivier Maistre. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a été créé il y a trente ans. Sa « supériorité » s’est surpassée pour son anniversaire, délivrant, avec une emphase toujours plus grande, ses sentences morales. A propos de Yann Moix, comme d’Eric Zemmour, il analyse la « perception » possible du public. Suprême infantilisation… Le CSA parasite le débat et affaiblit la raison, substituant l’argument d’autorité à l’argument tout court. Réceptacle des « signalements » – autre nom de la délation moderne –, il est l’arbitre du parler bien et du parler mal. L’exact contraire du principe de liberté d’expression, dont les limites ne peuvent être que définies par la loi et contrôlées par la justice. 
Souvent, l’hubris du CSA l’expose au ridicule. Il y a trois ans, un canular (que l’on peut aimer ou non) de Cyril Hanouna, qui avait fait croire à un homicide, avait déclenché ses foudres. Le CSA, en juge de l’humour, avait privé l’émission de C8 « Touche pas à mon poste ! » de publicité pendant une semaine. Mais patatras, le Conseil d’Etat a invalidé cette bouffonne décision, et condamné cette année le CSA à dédommager la chaîne : 1,1 million d’euros. D’argent public, donc. 
Tout cela est d’autant plus consternant que la raison d’être du CSA a disparu. Dans un monde hertzien où les ondes sont un « domaine public rare », la régulation des détenteurs de fréquences se comprenait. Mais à l’ère de la fibre optique et de la 4 G, rien ne le justifie plus. L’Etat peut organiser comme il l’entend la surveillance du service public, mais de quel droit régit-il le privé ? Nos censeurs ont toutefois trouvé une échappatoire et réclament depuis longtemps d’étendre leur emprise à Internet. Le gouvernement l’a comblée au travers des lois sur la cyberhaine et les infox, qui le consacrent dans la sphère numérique. Bonnes causes, mauvaises réponses, et pente savonneuse : jusqu’où ira cette extension du domaine du contrôle ? Le projet de loi audiovisuelle, qui prévoit la création de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), par fusion du CSA et de l’Hadopi, a dessiné les contours du futur monstre. Il est plus urgent que jamais d’arrêter cette machine infernale et liberticide. De « tourner le bouton », comme disait Coluche… étienne Gernelle 

Gérard Cosme, l’accusateur en chef

Depuis quand retirer un film des écrans protégerait-il les femmes des agressions sexuelles ? « A titre personnel, je n’irai pas voir le film de Roman Polanski et j’appelle les spectateurs à faire de même, a expliqué le 19 novembre Gérard Cosme (photo), président PS de l’établissement public territorial Est Ensemble (qui regroupe neuf communes de Seine-Saint-Denis). La promotion d’un film dont le réalisateur est soupçonné de violences à caractère sexuel ne fait que raviver, pour les victimes, les souffrances passées et doit interroger notre société sur la place que l’on accorde à un tel artiste. » Le jour même, à l’issue d’un conseil houleux au cours duquel des militantes féministes ont brandi des soutiens-gorge, l’ancien maire du Pré-Saint-Gervais annonce la déprogrammation de « J’accuse » dans les cinémas d’Est Ensemble. Mais les directeurs des six cinémas en question goûtent peu la mesure. « Nous demandons dès à présent à nos élus la liste des cinéastes dont nous n’aurons plus le droit de programmer les films et la définition de leurs critères. Un comité de vérification de la moralité des artistes programmés est-il prévu puisque la liberté individuelle des spectateurs n’est pas suffisante ? » ironise sur Facebook Stéphane Goudet, responsable du Méliès à Montreuil. Après les avoir consultés, Gérard Cosme a finalement fait marche arrière, se contentant d’appeler au boycott et d’accompagner chaque projection du film d’un débat. La municipalité PCF d’Ivry-sur-Seine a annulé des séances après une manifestation de féministes. La ville de Montpellier a pris elle-même la décision de retirer « J’accuse » du programme du cinéma municipal Nestor-Burma. L’adjointe Caroline Navarre a tenu à préciser que cela n’était pas « une censure culturelle »… T. M.

Loi Avia, la privatisation de la censurLaetitia Avia, députée LREM.

Quand la loi défendue par la députée LREM Laetitia Avia sera entrée en vigueur, les caricatures de Mahomet, jadis héroïquement publiées par Charlie Hebdo, pourront-elles encore être partagées sur Twitter ? Pourra-t-on revoir sur YouTube la séquence où Laurent Ruquier, hilare, diffuse à l’antenne un dessin représentant Marine Le Pen en étron fumant ? Coluche se moquant des « juifs », des « Arabes », des « flics » et des « pédés » sera-t-il toujours référencé sur Google ? 
Visant à « lutter contre les contenus haineux sur Internet », le texte, dont le Sénat termine l’examen après son adoption par l’Assemblée, cet été, prévoit de lourdes sanctions contre les opérateurs de plateformes en ligne qui, alertés par un utilisateur, n’auront pas supprimé sous vingt-quatre heures – le délai fait encore débat – un contenu tombant « manifestement » sous le coup de la loi : apologie de crimes contre l’humanité, provocation à la commission d’actes de terrorisme et apologie de ces crimes, incitation à la haine, à la violence, à la discrimination ou injure envers une personne à raison d’une prétendue race, de la religion, de l’ethnie, de la nationalité, du sexe, de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre ou du handicap…*
Tout est dans le « manifestement ». Il n’est pas question de défendre l’idée que des messages ouvertement racistes, assurant la promotion des poseurs de bombe ou appelant à la violence contre les homosexuels, puissent impunément se propager sur Internet au nom de la liberté d’expression. Pour autant, est-ce aux industriels de la Silicon Valley d’en fixer les limites, de dire le droit et d’interpréter les lois ? Est-ce aux Gafa de distinguer le licite de l’illicite ? Depuis cent cinquante ans et la fameuse loi sur la presse de 1881, ces interventions relevaient de l’office du juge. « Il est souvent complexe de distinguer les discours de haine, qui avancent masqués et qu’il faut sanctionner, des contenus qui, si choquants soient-ils, viennent alimenter un débat de société qu’il ne faut pas brider (l’islamisme, la politique du gouvernement israélien, la PMA pour toutes…) », observe l’avocat Christophe Bigot, spécialiste du droit de la presse et de la communication. « C’est le métier du juge, gardien des libertés individuelles, que d’opérer cette modulation, en arbitre des conflits et des intérêts contradictoires », plaide-t-il. La frontière est souvent ténue entre l’humour provocateur et la provocation à la haine ; le discours antireligieux et l’injure ; le propos graveleux et l’atteinte à la dignité des femmes ; l’outrance militante et l’exhortation à commettre un acte de violence… Or, comme le rappelle la Cour européenne des droits de l’homme, la liberté d’expression vaut précisément pour « les idées qui choquent, heurtent ou inquiètent ». « Ce n’est pas dans les bluettes, mais dans cette zone grise que la liberté d’opinion est éprouvée, que ses contours sont délimités au terme d’un débat contradictoire susceptible de recours », rappelle encore Christophe Bigot. 
En renversant le mécanisme de la régulation, la loi Avia opère une « privatisation » du contrôle de la liberté d’expression, mère de toutes les autres. Les industriels de la Toile, surtout s’ils s’en remettent à des modérateurs installés loin de nos côtes ou, pis, à des algorithmes, seront-ils capables d’opérer ce tri subtil ? Il est permis d’en douter. Au nom d’un principe de précaution destiné à leur éviter de fortes amendes, le risque est grand de les voir pratiquer une surcensure, un surblocage des contenus litigieux. Ces craintes semblent se vérifier en Allemagne, où la loi NetzDG (dont s’inspire la loi Avia) est à l’œuvre depuis un an. 
Menaces de mort, de viol, intimidations, insultes racistes… Journaliste à Charlie Hebdo et « athée prosélyte », Zineb El Rhazoui sait mieux que quiconque les ravages que peut causer la cyberhaine. « Peu de temps après les attentats de Charlie, deux hashtags partagés des milliers de fois sur Twitter ont appelé les “loups solitaires” parisiens à me tuer pour venger le Prophète. A défaut d’une balle ou d’une bombe, il fallait me trancher la gorge, me broyer la tête avec des pierres ou me brûler », confiait-elle au Point au mois de juillet. Condamnée à mort par fatwa en 2015, elle vit sous protection policière. Elle combat pourtant la loi Avia. « Défendre l’universalisme, la laïcité, le féminisme ou l’athéisme sur les réseaux sociaux, les identitaires musulmans appellent cela de la haine. De victime je deviens donc coupable », s’inquiète Zineb El Rhazoui. « Surtout, ce texte est le meilleur allié de l’impunité. Si les contenus disparaissent en moins de vingt-quatre heures, comment les victimes pourraient-elles procéder à leur référencement et la police remonter à leurs auteurs ? La loi Avia n’est rien d’autre que de l’effacement de preuves », tranche-t-elle. Elle ajoute : « Je ne veux pas que ceux qui me menacent disparaissent sans laisser de traces. Je veux qu’ils soient retrouvés et jugés. »
* Curieusement, le délit de négationnisme ne figure pas dans la liste.
le bâillon d’or étranger

Recep Tayyip Erdogan

(hors-catégorie)
Un crime de lèse-majesté ! A la suite de la couverture du Point intitulée « L’éradicateur » (n° 2461 du 24 octobre 2019), Recep Tayyip Erdogan a, en octobre, porté plainte auprès de la justice turque pour « insulte au chef de l’Etat ». « L’honneur et la dignité » du président auraient été bafoués par ce dossier dénonçant le « nettoyage ethnique » des Kurdes de Syrie. Si la procédure contre un journal français peut faire sourire, plusieurs milliers de Turcs ont été poursuivis pour « injure au chef de l’Etat ». Le pays occupe la 157 e place sur 180 au classement 2018 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières.
il s’est opposé aux censeurs

Alain Tallon, l’homme qui a dit non à la bêtise

« Cet événement aura au moins eu le mérite de faire connaître au grand public cette très belle pièce que sont “Les suppliantes” d’Eschyle. » C’est la leçon positive que retient Alain Tallon (photo), doyen de la faculté de lettres de la Sorbonne, de la tentative liberticide la plus commentée de cette année : en mars, plusieurs associations antiracistes, accompagnées par l’Unef, ont réussi à empêcher la représentation de cette pièce de théâtre au sein de l’université pour cause de prétendu blackface. En réalité, si les acteurs qui jouaient des Noirs portaient des masques et du maquillage, c’était conformément aux pratiques théâtrales de l’époque. L’université a réagi sans détour puisqu’elle a dénoncé l’intimidation exercée par les militants, porté plainte et reprogrammé la pièce. Pour le reste, ces péripéties ont de quoi choquer : c’est pourquoi, depuis lors, Alain Tallon a pris son bâton de pèlerin pour « dénoncer publiquement » ces dérives dans les médias. 
La censure serait-elle à la hausse en France ? « En fait, explique-t-il, il faut voir dans cet épisode moins une montée de la censure que le triomphe de la bêtise, ce qui est toujours très ennuyeux à l’université. » En effet, « traiter Eschyle de raciste est rien de moins qu’une stupidité. Ces personnes sont incapables de déployer le moindre argument, à part des slogans. C’est cela qui m’inquiète. D’ailleurs, la censure est un acte intelligent ! Je travaille sur les XVIe et XVIIe siècles, qui ont inventé beaucoup de moyens de censure ; or celle-ci repose sur un travail de lecture fine par lequel on essaie de comprendre ce qui est écrit pour l’effacer ou le manipuler. Je ne défends pas ce procédé, mais je remarque simplement qu’entre la censure et la bêtise qui s’est affichée en mars il y a une différence ». Or la bêtise nourrit bien l’incapacité à dialoguer. Alors que le doyen tentait de discuter avec les manifestants et leur proposait même de se rencontrer plus tard pour débattre, « ils ont refusé, encore une fois par bêtise, car ils savent qu’ils n’ont pas d’arguments ». Depuis, Tallon ne craint pas de dire en face à l’Unef, quand il rencontre ses représentants, à quel point l’attitude du syndicat l’a scandalisé. Que lui répond l’organisation ? « Rien. Depuis longtemps, le syndicalisme étudiant est, pour reprendre une expression à la mode,en état de mort cérébrale. » Le chercheur est consterné par une telle fermeture d’esprit, antithétique à la mission de l’université. « Si on veut une université inoffensive, lâche-t-il, on s’inscrit à celle de Pyongyang ! »
Ce qui frappe également, c’est à quel point ces militants sont minoritaires. « La grande majorité des chercheurs et des étudiants ne sont pas d’accord avec cette dérive, qui est le fait de groupuscules », précise Alain Tallon. Mais, comme toujours, les actions de minorités déterminées et organisées peuvent avoir des effets disproportionnés. La leçon ? Face à la stupidité minoritaire, il ne faut jamais baisser la garde.  L. S.-B.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Par une censure quelquefois arbitraire faisant penser qu’un Mr modérateur frileux s’est simplement levé le matin du mauvais pied, mais surtout que mon écrit ne rentre pas dans le moule politique de la rédaction du point par exemple ?!

Alors que l’on empêche certains de publier des insanités, insultes, propos orduriers, racistes ou diffamatoires ou appelant à des actes répréhensibles etc. on peut comprendre la non publication de ceux-ci !

Mais quand je suis censuré (pas souvent heureusement) malgré que je sois abonné et paie pour être publié, et met des formes dans mes commentaires, cela quelque fois m’irrite, car cela ne sert à rien avec les réseaux sociaux (poubelles souvent) qui eux reprennent mes écrits et même mon blog sur GOOGLE ou FACEBOOK, TWITTER ou autres etc.

Mais curieusement quand je publie sur d’autres journaux comme par exemple le FIGARO ou RTL et autres, le même commentaire est lui accepté, alors on peut se poser la question est-ce que des hommes du point lisent les commentaires des lecteurs, car ils sont censurés si rapidement après avait été envoyés par les internautes à croire que certains mots interdits par leurs rédactions sont détectés dans ceux-ci par un logiciel qui rejette ceux-ci, même avant qu’ils ne soient lus par un censeur ?!

Mais le plus important, c’est qu’il faille respecter la liberté d’expression dernière liberté qui nous reste dans notre société et inscrite dans notre constitution comme un droit fondamental car toute forme de censure est très préjudiciable et une aliénation de nos libertés et le commencement d’un démocrature au moins, comme dans d’autres pays connus!

Notre état avec tous les moyens dont ils disposent n’a pas besoin de certains médias en quête de scoop pour les aider de nous écouter ou lire, car en plus beaucoup de français lambda se charge eux-mêmes de raconter leurs vies protestations et sentiments divers sur les réseaux sociaux !

(Ceci étant un vieux bonhomme, j’ai connu le ministère de l’information : En 1958, Charles de Gaulle revient aux affaires et institue la Cinquième République, prescrivant au ministère de l’Information Supprimé en 1968 en tant que ministère puis en 1969 en tant que secrétariat d'État, ce ministère ne sera pas reconduit sous le premier gouvernement de la présidence de Georges Pompidou, mais rétabli en avril 1973 lors des trois gouvernements de Pierre Messmer, puis disparaît définitivement en mai 1974, alors ne nous plaignons pas ?!)

je signe toujours de mon nom J.DECLEF pas d'un pseudo !

Jdeclef 07/01/2012 12h09 CLP

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire