Nicolas
Baverez - Quand la Chine se referme
EDITO
- Si la Chine constitue une menace pour la liberté, les démocraties
devraient prendre en compte les difficultés qu'elle rencontre dans sa relance.
Napoléon soulignait que « dans toute bataille, le vainqueur a son
compte ». Ainsi en va-t-il de la Chine.
L'année 2020 semble marquer le basculement du monde en sa faveur
alors même qu'elle est à l'origine de la pandémie de Covid-19. Mais sa
fermeture économique, son durcissement idéologique et l'affirmation agressive
de ses ambitions de puissance pourraient entraver sa conquête du leadership
mondial.
Alors que les États-Unis et l'Europe sont touchés de plein fouet
par une deuxième et une troisième vague épidémique, engagent leurs campagnes de
vaccination au milieu des polémiques et enregistrent une chute historique de
l'activité, la Chine célèbre sa double victoire sur le virus et sur la
récession. Le retour à la normale de la vie à Wuhan est devenu le symbole de
l'efficacité de Pékin pour enrayer l'épidémie, tandis que le premier vaccin
chinois produit par Sinopharm vient d'être homologué. La Chine est la seule
grande puissance à afficher une croissance positive en 2020 à hauteur
de 2 % et attend une progression de l'activité de 7,6 % en 2021.
Elle a fait la démonstration de ses capacités technologiques dans l'espace avec
le succès de la sonde Chang'e-5, qui a réussi à ramener des échantillons de la
Lune sur Terre, comme dans le cybermonde avec la mise au point de l'ordinateur
quantique Jiuzhang, qui serait 100 000 milliards de fois plus rapide
que le plus puissant des supercalculateurs.
Ces innovations qui vont bouleverser nos vies
Ambitions
L'année 2020 a également été dominée par une
spectaculaire expansion de l'influence chinoise dans le monde, avec pour
objectif de disposer d'une profondeur stratégique face aux États-Unis.
D'un côté, Pékin a assumé l'usage de la force dans la reprise en main de
Hongkong, l'annexion de la mer de Chine, les menaces sur Taïwan, les
affrontements armés avec l'Inde dans le Ladakh ou encore le traitement de choc
infligé à l'Australie – signifiant que toute nation dépendant économiquement de
Pékin doit renoncer à critiquer son régime. De l'autre, la Chine a initié la
création de la zone de libre-échange asiatique, qui regroupe 30 % de
la population mondiale, et conclu un accord sur les protections des
investissements avec l'Union européenne, enfonçant autant de coins entre les
États-Unis et leurs alliés. Et ce tout en continuant à déployer le programme
des routes de la soie et une diplomatie sanitaire active en direction des
émergents afin de poursuivre l'encerclement de l'Occident.
Changement climatique : Pékin dénonce la « sérieuse
entrave » des États-Unis
Dans sa grande confrontation avec les États-Unis, Xi Jinping
estime avoir démontré que le total-capitalisme chinois est plus efficace que la
démocratie pour gérer le développement stable du capitalisme – lors du krach
de 2008 –, l'ordre civil et la sécurité – qu'il s'agisse de la
prévention des violences intérieures ou de la lutte contre le terrorisme
islamiste – et la santé publique. L'objectif consiste désormais à prendre le
leadership dans les deux domaines clés du XXIe siècle : la
numérisation de l'économie et la transition écologique – avec pour cible la neutralité
carbone à l'horizon de 2060, notamment grâce à un imposant programme
d'investissement dans l'énergie solaire destinée à remplacer le charbon.
Obstacles
La stratégie de long terme poursuivie par Pékin ne doit certes pas
être sous-estimée, tant par sa cohérence que par la menace mortelle qu'elle
représente pour la liberté politique. Pour autant, elle ne l'a pas encore
emporté. Au-delà des ressources insoupçonnées des démocraties si elles savent
se réformer et s'unir autour de leurs valeurs, le modèle économique et
politique chinois est beaucoup moins solide que ne le laissent penser ses
succès de 2020.
La reprise bute sur l'atonie de la consommation, qui ne progresse
que de 3 % en raison d'une importante épargne de précaution liée à la
peur d'un reconfinement et surtout du chômage qui est très supérieur au
taux officiel de 5,4 % de la population active et qui contraint de
nombreux migrants à rentrer dans leurs villages. Le risque social est attisé
par l'explosion des inégalités, la Chine étant désormais le pays qui compte le
plus de milliardaires (878) alors que le revenu moyen plafonne
à 900 dollars par mois. La société se clive et diverge autour des
technologies, expliquant le sévère rappel à l'ordre lancé à Jack Ma, à travers
la suspension de l'introduction en Bourse et la menace de démantèlement d'Ant
Technology, puis le lancement d'une enquête sur la position monopolistique
d'Alibaba qui contrôle la moitié du commerce en ligne,
soit 15 % des achats. Pékin entend ainsi rappeler le primat
absolu du Parti communiste et forcer le géant numérique à baisser ses marges
pour rendre du pouvoir d'achat aux ménages et relancer la consommation.
La mystérieuse « disparition » du milliardaire Jack Ma
Coups de force
La lenteur de la réorientation du modèle chinois vers la demande
intérieure, imposée par le découplage avec les États-Unis, ainsi que la montée
des tensions sociales et politiques débouchent sur le renforcement brutal du
contrôle exercé sur la population et du culte de la personnalité dont fait
l'objet Xi Jinping. En témoignent le refus de toute enquête indépendante sur
les origines de l'épidémie de Covid, l'oppression féroce des minorités à
l'image des Ouïgours, l'emprisonnement des défenseurs des droits de l'homme et
de plusieurs entrepreneurs à succès. Ce raidissement idéologique a pour pendant
l'exacerbation du nationalisme auquel se trouve adossée la stratégie de
puissance de Pékin. Mais le modèle total-capitaliste chinois suscite de plus en
plus de peur et d'oppositions, ce qui limite son attractivité et son influence.
Dans le même temps, la multiplication des coups de force favorise l'émergence
d'une coalition hostile à Pékin dans la zone indo-pacifique tandis que la
violente déstabilisation de l'Australie incite les pays développés à réduire
leur dépendance vis-à-vis des exportations chinoises.
« Moi, Gülbahar, rescapée des camps chinois pour
Ouïgours »
Démocratie vs démocrature
La situation de la Chine est riche d'enseignements pour les
démocraties. Elle montre tout d'abord qu'il est illusoire de tabler sur un
retour vers le monde d'avant et que la reprise sera lente, hétérogène et
inégale. Elle souligne le rôle central de la révolution numérique dans la
relance, mais aussi les risques sociaux qui en découlent et qui demandent une
action énergique des pouvoirs publics. Elle s'inscrit dans une dynamique de
fermeture du marché chinois et de renforcement du pouvoir absolu qui constitue,
à terme, les meilleures armes des démocraties occidentales pour préserver la
liberté politique, car elle est incompatible avec une économie de la
connaissance et de l'innovation comme avec la sécurité et la dignité des
hommes. Elle rappelle que le destin du XXIe siècle se noue autour de
la lutte entre la démocratie et la démocrature et qu'il sera sans doute
tranché, comme en 1989 pour la guerre froide entre les États-Unis et
l'URSS, non par les armes mais par l'effondrement intérieur de l'une des deux
formes de régimes politiques aux prises. Il ne dépend que des démocraties de se
réinventer et de s'unir pour endiguer le total-capitalisme chinois. Espérons
que 2021 permette de poser la première pierre de leur
redressement.
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En ce qui
concerne la lutte contre le Covid 19, il faut se rappeler que la pandémie vient
de chez eux !
Car ils
ont appliqué leur système autoritaire à la lettre en enfermant à leurs
domiciles des millions chinois jusqu’à leur fournir vivres et subsistances et
en bloquant leur économie !
Et ils
ont crié assez vite victoire en avance sur l’occident qui se débat encore avec
le virus, mais néanmoins, ils viennent de reconfiner encore plusieurs millions
d’habitants pour une nouvelle contamination de quelques centaines de patients
déclarés positif au virus !?
Parallèlement,
les autorités chinoises refusent toujours les enquêtes diligentées de la communauté
mondiale de santé sur l’origine du virus dans leurs laboratoires !
Il
faut tout de même se souvenir que la Chine est loin d’avoir gommé l’aire de
MAO-TSE-TOUNG et son idéologie et la puissance du parti communiste chinois,
même si elle a évolué sur ses libertés, mais bien sur encadrées pour la classe
moyenne de leur peuple et pas sur les droits de l’homme qui n’ont rien à voir
avec les nôtres et ou les prisons sont pleines d’opposants au mieux avec ceux
qui disparaissent sans laisser de trace et ou la peine de mort est toujours
appliquée quand on déroge à la règle !
Avec l’ouverture
l’économie mondialiste dont ils profitent et qu’ils savent très bien pomper les
technologies, avec en plus un dictateur élu à vie par le parti communiste
chinois totalement aux ordres de celui-ci : XI Jinping !
Ils
sont arrivés presque en 40 ans environ à rattraper leurs retards sur l’occident
Europe/USA donc sont devenus la grande puissance mondiale dont le reste du
monde devra se méfier, car la présidence des USA n’a pas empêché cela !
Bien
que la Chine soit encore un colosse au pied d’argile bien « qu’elle se
soit réveillée comme disait soi-disant Napoléon et que le monde tremblerait » !?
Le
reste du monde commence à comprendre et se reprend en main pour moins dépendre
de l’emprise économique chinoise, cette pandémie va peut-être servir à cela à
défaut d’autres problèmes !?
Jdeclef
10/01/2021 13h57
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