Richard
Malka : « L’islam sectaire est devenu l’islam et c’est une tragédie »
L’avocat de
« Charlie Hebdo », qui plaidait lundi soir au procès en appel des attentats de
2015, oppose « l’islam des Lumières » au courant « rigoriste ».
NOS DIRIGEANTS
DE TOUS BORDS BIEN PENSANTS DEPUIS + 40 ANS NE VEULENT PAS AGIR FERMEMENT POUR
ENCADRER CET ISLAM HEGEMONIQUE NI DEFENDRE CETTE LAICITE A LA FRANCAISE QUI NE
NOUS PROTEGE PAS CAR ILS ONT PEUR DE CET ISLAM ET DE BIEN D’AUTRES PROBLEMES
INTERNATIONAUX ET DONC NE NOUS PROTEGENT PAS !
Il mettait la dernière main à sa
plaidoirie, pensait pouvoir ensuite s'aérer l'esprit, quand la lecture du Monde
a réveillé sa colère, ce week-end : le quotidien nous apprenait que le
futur Musée-mémorial du terrorisme, qui doit ouvrir ses portes
en 2027 à Suresnes (Haut-de-Seine), avait retiré de l'exposition
virtuelle présentée sur son site les caricatures de Charlie Hebdo sur
lesquelles avaient travaillé les élèves de deux lycées franciliens. Constituée
de productions d'élèves ayant travaillé avec leurs professeurs sur des projets
pédagogiques autour du terrorisme, l'expo en ligne a été expurgée ainsi des
dessins de Luz (« Tout est pardonné ») et de Cabu (« Peut-on
rire de tout ? »). « En l'état, nous avons privilégié la
sécurité », a expliqué l'historien Henry Rousso, président de la mission
de préfiguration du musée.
Avec l'ironie mordante dont il est capable, Richard Malka a fulminé :
« Je propose que le futur musée du terrorisme ne parle surtout pas
d'islamisme ; d'ailleurs, il ne devrait pas parler de terrorisme non plus.
Pour ne prendre vraiment aucun risque, ce serait mieux. » Dans un SMS
rageur, Richard Malka ajoutait : « C'est une honte, un déshonneur
pour ceux qui ont pris cette décision. L'habituelle trahison des clercs… On ne
peut pas avoir les fonctions, les médailles et, en même temps, refuser d'en
assumer un tant soit peu les devoirs. »
Au même moment, Mickaëlle Paty, la sœur cadette de l'enseignant décapité
deux ans plus tôt devant son collège de Conflans-Sainte-Honorine pour
avoir montré des caricatures à ses élèves, prenait la parole à la
Sorbonne samedi 15 octobre. « Tant que rien ne change,
c'est que rien n'est fait », a-elle lancé en présence du ministre de
l'Éducation nationale, Pap Ndiaye.
Riss : l'attentat
contre « Charlie » n'a pas rendu les gens plus courageux, au
contraire...
Deux événements sur lesquels Richard Malka n'a pas manqué de
revenir dans la plaidoirie qu'il a livrée lundi soir devant la cour
d'assises spéciale d'appel de Paris, où deux hommes répondent de
« complicité d'assassinats terroristes » et d'« association de
malfaiteurs terroriste », dans les attentats perpétrés entre
le 7 et le 9 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo, à Montrouge et à
l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris. Une plaidoirie dont Le Point a publié de larges
extraits.
Le Point : Plaider deux fois dans la même affaire n'est jamais
simple, pour un avocat. Cette fois, c'est chez Voltaire que vous avez
trouvé l'inspiration…
Richard Malka : Par une incroyable ironie de
l'Histoire, ce procès en appel des attentats visant Charlie Hebdo pour
cause de blasphème, une policière municipale de Montrouge et l'Hyper Cacher de
la porte de Vincennes [deux accusés sur quatorze ont demandé à être rejugés,
NDLR] se tient dans la salle Voltaire, au palais de justice de Paris. Voltaire,
le pourfendeur des religions du siècle des Lumières, auteur du Fanatisme ou
Mahomet le Prophète. On pourrait croire à l'existence de son grand
horloger, doté d'un sens aigu de l'organisation, à trois siècles de
distance !
Il est difficile, en effet, de plaider deux fois un procès comme celui-ci.
C'est douloureux et violent de plonger de nouveau dans l'horreur d'un attentat
qui vous a privé de tant d'amis. Et ce n'est rien comparé à l'épreuve endurée
par les familles de victimes confrontées à ce second procès. C'est une
souffrance que je ne m'infligerai pas une troisième fois, je n'en serais pas
capable.
Deux accusés sont dans le box, ce procès pénal est le leur mais vous
avez choisi délibérément de les ignorer…
Je l'avais annoncé dans vos colonnes le 13 août 2020, à la veille de
l'ouverture du premier procès. Le procès des accusés n'est pas le mien et je
l'assume. Je plaide pour un journal, Charlie Hebdo, qui est devenu,
par la tragédie de son histoire, un symbole de la liberté d'expression. C'est
cette liberté que j'ai défendue il y a deux ans. Cette fois, j'ai ressenti que
mon devoir était d'approfondir jusqu'à la cause de ces crimes, et non plus
simplement de parler de leurs conséquences liberticides. La cause qui ne sera
jamais jugée, qu'on ne verra jamais dans une salle d'audience :
l'idéologie totalitaire, qui arme les bras et les cœurs. Il y a des exécutants
humains, mais, avant cela, il y a des idées, et il se trouve qu'elles peuvent
tuer.
Au premier procès, j'avais placé le droit à la critique religieuse – et tous
ceux qui l'avaient abandonné en route – au cœur de ma plaidoirie, ce qui
m'avait conduit à revenir sur l'histoire de Charlie Hebdo, le procès
des caricatures, le droit au blasphème. J'aurais pu me répéter sans prendre de
risques, radoter, mais céder à cette facilité n'aurait eu aucun sens. J'avais
évoqué les conséquences de la terreur, mais sa source, je l'avais à peine
effleurée. Il s'agit d'un débat délicat, dangereux et complexe. Voltaire m'a
inspiré le propos et la détermination.
J'ai donc fait de la source de la terreur mon accusé, et son nom est
Religion. En l'occurrence, une certaine vision de l'islam qui remonte aux
origines et au nom de laquelle les crimes jugés ont été commis. « On a
vengé le Prophète Mahomet ! » hurlent à trois reprises les
frères Kouachi, le 7 janvier, en s'enfuyant des locaux de Charlie.
C'est leur mobile et il fallait bien en parler. C'est au cœur du procès, mais comme
vous pouvez l'imaginer, ce n'est pas évident d'aborder ce thème.
Procès
« Charlie » : « Ces complices intellectuels qui ont du sang
sur les mains »
Le courant rigoriste de l’islam est non
seulement dominant mais il est “tendance”, comme le montre le succès récent du
film à la gloire de Diam’s.
Vous instruisez, en effet, le procès d'une certaine vision de
l'islam, en soutenant, après vous être plongé dans les textes, que ce courant
existe depuis les débuts de cette religion.
Je parle d'une croyance, pas des croyants ; d'une lecture de l'islam,
non des musulmans. Oui, le germe est lointain. Dès le VIIIe siècle,
une guerre totale oppose deux courants. D'une part, les mutazilites, qui
considèrent que la raison et le libre arbitre doivent constituer les premiers
fondements de l'islam ; ils vont considérablement influencer le judaïsme
et le christianisme et participer grandement à un âge d'or culturel et
intellectuel de l'islam. Face à eux, les hanbalites défendent une lecture
rigoriste et littérale du Coran ; le wahhabisme saoudien et le salafisme
sont les héritiers directs de ces radicaux qui estiment qu'il ne faut ni
interroger les textes ni les commenter, simplement leur obéir, peu importe
le bien, le mal, le juste, la raison ou la réflexion. Pour eux, le Coran est
incréé : c'est directement la parole de Dieu et tout doit donc rester figé
et être appliqué à la lettre. Les mutazilites, eux aussi très pieux, contestent
dès le départ cette vision d'un Coran incréé.
C'est cette discorde fondamentale sur la nature du Coran dont découle tout
le reste. Pour eux, ce texte sacré a été livré par l'intermédiation d'un homme,
Mahomet, qui l'a forcément restitué dans le contexte particulier de son temps
et de sa culture, outre qu'il a été écrit après sa mort par d'innombrables
rédacteurs. Cette école théologique, qui fut la première de l'islam, défendait
donc l'idée que le Coran devait impérativement être étudié et interprété,
jusqu'à penser qu'il y aurait en quelque sorte une période de validité du texte
et que, pour en respecter l'esprit, il faudrait aller au-delà, le dépasser.
La controverse a traversé les siècles et perdure aujourd'hui, selon
vous…
Les mutazilites et leur amour de la liberté perdent la bataille à compter du
XIe siècle ; déclarés mécréants, leurs livres sont brûlés
par les tenants de l'islam de l'obéissance, qui vont éliminer méthodiquement
les courants concurrents pour asseoir leur pouvoir, au nom de la
constitution de leur empire. J'ai donc plaidé que les attentats étaient la
conséquence d'une controverse théologique qui n'a jamais totalement cessé.
Richard
Malka : « Pour rester en paix, il faut ne lâcher sur rien »
Les rigoristes ont triomphé, dites-vous, mais d'autres courants ont
réussi à se maintenir…
Bien sûr. Il y a l'islam mystique des soufis, l'islam des philosophes et des
poètes, celui décontracté des Kabyles, des Berbères et des Kurdes alévis. Il y
a mille islam différents mais l'islam des Kouachi, mon accusé, veut tout
écraser. L'absence de clergé, et donc d'autorité religieuse légitime, dans le
sunnisme, leur facilite le travail. La nature ayant horreur du vide, le
politique a pris le contrôle de la religion ; Khaled Abou El Fadl,
professeur à Harvard, parle d'une « théologie du pouvoir ». On ne
saurait mieux dire.
Présent depuis les origines, le courant rigoriste est non seulement dominant
mais il est « tendance », comme le montre le succès récent du film à
la gloire de cette chanteuse française [l'ex-rappeuse Diam's, NDLR], qui a
renoncé à écouter de la musique. C'est ce courant qui décrète qui est mécréant,
qui est un bon ou un mauvais musulman, qui culpabilise ceux qui ne le seraient
pas assez et qui cherche à s'imposer, y compris au travers d'une idéologie
victimaire et d'accusations d'islamophobie usées jusqu'à la corde. C'est cet
islam que j'accuse ; celui que financent à coups de milliards de
pétrodollars l'Arabie saoudite et le Qatar, depuis cinquante ans.
Pour ne pas voir leur monde se renverser, les
fondamentalistes interdisent aux gens de s’exprimer, de penser. Il leur faut
criminaliser la critique, empêcher toute recherche historique.
Vous auriez pu évoquer les jeunes Iraniennes, ces héroïnes de la
liberté qui affrontent au prix de leur vie le régime de Téhéran.
Je leur rends hommage dans ma plaidoirie, car elles nous donnent de
formidables raisons d'espérer. J'ai toujours pensé que le raidissement de
l'islam contemporain avait commencé en 1979, avec la Révolution et l'arrivée de
Khomeyni au pouvoir, et que c'est probablement là qu'il finirait, dans cette
société qui a connu un âge préislamique, qui est cultivée, éduquée et dotée,
pour le coup, d'un clergé qui pense de manière plus complexe qu'on ne l'imagine
et, surtout, fait autorité pour les chiites. Donc, une évolution est possible,
oui… Mais en attendant, la vision des Kouachi tue partout dans le monde.
Le courage des
Iraniennes, cauchemar des islamistes
Ce qui a pour effet
d'entraîner des critiques, qui provoquent un sentiment d'injustice, voire un
repli identitaire, lesquels peuvent mener à la radicalisation. Et au centre de
ce cercle vicieux, dites-vous, il y a le blasphème…
C'est la clé. L'ennemi des fondamentalistes, c'est la liberté d'expression.
C'est à elle que les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo s'en
sont prise, en se référant à un islam qui, en réalité, n'a jamais existé, sinon
dans leurs fantasmes. Ils ont transformé leur religion, qu'en général ils
connaissent à peine, en mythe totalement contraire à la réalité historique.
Pour ne pas voir leur monde se renverser, il leur faut interdire aux gens de
s'exprimer, de penser. Il leur faut criminaliser la critique, empêcher toute
recherche historique. Au Nigeria, Deborah Samuel, jeune étudiante chrétienne,
est brûlée vive au nom du blasphème ; au Pakistan, un malade mental est
lapidé à mort pour la même raison ; en Kabylie, des musulmans convertis au
christianisme sont envoyés en prison.
Dans 22 pays du monde, où l'islam est religion d'État, l'athéisme
est un crime ; dans 12 d'entre eux, il est puni de mort. On ne
permet pas aux musulmans de ne plus l'être. On leur retire leur liberté de
conscience. Curieusement, ces réalités ne sont jamais évoquées dans les
colloques de l'École normale supérieure ou de Sciences Po Grenoble, où
l'islamophobie semble être la préoccupation majeure. Pourtant, dans notre pays
certes imparfait, toutes les lois prohibent la discrimination.
Il est honteux que certains puissent renoncer à la critique d'une religion
par peur, culpabilité ou calcul électoral. Y renoncer, c'est abandonner les
hommes à la terreur. Renoncer à dénoncer cette vision de l'islam, c'est être
complice de mon accusé, de l'idéologie totalitaire des Kouachi qui opprime les
peuples. Charlie Hebdo ne renonce à rien, mais des gardiens de cet
étendard, comme ce journal, il en faudrait plus, beaucoup plus. Au fond, la
liberté d'expression se défend toute seule, c'est une liberté
autoréalisatrice ; il suffit de l'exercer pour qu'elle s'épanouisse.
« N'est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle et que les sages
n'en aient pas ? » : voilà la question que posait Voltaire.
Face à
l'obscurantisme, les Lumières, toujours les Lumières
Vous affirmez que, à aucun
moment, dans le Coran, le mot blasphème n'est écrit…
La punition du blasphème, au nom duquel tant de crimes sont commis, est une
pure invention des hommes. Sur les 114 sourates du Coran, aucune
trace de ce terme, en effet. La sourate 4, verset 140, commande simplement aux musulmans
qui entendent leur religion raillée ou reniée de se boucher les oreilles et de
se lever. Allah s'occupera du reste. La seule chose qui est prescrite à un
fidèle, c'est de ne pas écouter celui qui blasphème. Rien d'autre. On n'égorge
personne.
Vous l'affirmez : les véritables mécréants, ce sont les Kouachi
et leurs clones…
Le Coran, comme la Torah, compte des centaines de promesses de châtiments,
mais seul Dieu est « le maître de la vengeance ». Il a le monopole du
châtiment et du pardon, il ne délègue pas ses pouvoirs. En se les arrogeant,
les terroristes n'ont pas vengé le Prophète, ils ont au contraire trahi ses
préceptes. Ce sont eux, les mécréants.
Les djihadistes se réfèrent au verset de l'épée, qui commande aux
fidèles de « tuer partout les infidèles »…
Ils y voient, en effet, une justification, un encouragement à la violence,
mais c'est encore une aberration. D'abord, il y a une difficulté de traduction
sur ce texte ; les verbes « tuer » et « combattre »
ont la même racine en arabe, ce qui change tout. Par ailleurs, personne n'est
capable de dire si ce verset vise les infidèles ou les polythéistes. Surtout,
le verset suivant (le sixième de la neuvième sourate) prône le contraire en
commandant d'accorder « l'asile » aux infidèles, de les protéger en
les conduisant « en un « lieu de sécurité », car « ils ne
savent pas ». Un autre verset très célèbre énonce qu'« il n'y a pas
de contrainte en religion ». Pourquoi ignorer ces passages ? Enfin,
les versets mis en avant par les terroristes ont été écrits il y a
1 400 ans. Ils ne sont « ni détemporisables ni
délocalisables », comme a pu l'écrire la grande islamologue Jacqueline
Chabbi ; extrapoler n'a aucun sens.
Il faut bien comprendre que le monde de Mahomet est une société de la
survie, composée de petites tribus qui commerçaient entre Médine et La Mecque,
que 450 kilomètres séparent. Comment voulez-vous que Mahomet ait pu penser
le djihad dans le monde entier, et pour 1 400 ans plus tard ?
Par ailleurs, les conditions de vie étaient extrêmement dures. La violence
était donc régulée par nécessité, sinon ces tribus n'auraient pas survécu. Le
verset de l'épée visait probablement à faire peur pour créer une alliance
politique autour de Mahomet ; en aucun cas, il ne cherchait à obtenir
des conversions, complètement illusoires à l'époque et qui n'existaient pas. Ce
n'est que bien plus tard qu'elles ont eu lieu ; le concept même de djihad
aurait été délirant dans cette société. Ça n'existait pas.
Le salafisme, le wahhabisme, les Frères
musulmans, le Tabligh agissent de la même manière, confisquant une religion
pour en imposer une vision politique.
Vous dénoncez une falsification des textes sacrés, par les
représentants du courant littéraliste qui veulent interdire toute analyse,
toute remise en perspective du Coran.
Cent cinquante ans après la mort de Mahomet, des juristes ont commencé à
écarter les versets les plus pacifiques du Coran pour n'en conserver que les
plus belliqueux. Ils ont appelé cela la théorie de l'abrogation. Mais comment
se prétendre littéraliste quand on décide d'occulter toute une partie du texte
sacré ? C'est une tartufferie. Sous prétexte de rigorisme, ils ont choisi
ce qui les arrangeait à un moment où l'islam initial des tribus était devenu un
islam d'empire en expansion. Les califes avaient besoin d'un texte guerrier.
Tous sont bien plus politiques que spirituels, dans cette affaire.
Rougier :
« Nous avons affaire à un nouveau type de violence djihadiste »
On comprend la logique de l'époque, mais, aujourd'hui, on en est plus là. Le
salafisme, le wahhabisme, les Frères musulmans, le Tabligh (société de
prédication islamiste) agissent de la même manière, confisquant une religion
pour en imposer une vision politique. « L'islam sectaire est devenu
l'islam, ce qui est d'abord une tragédie pour les musulmans », énonce
Hamadi Redissi, professeur en sciences politiques à l'université de Tunis. « Cette
absence d'approche historique du passé, et notamment du corpus religieux, est
pour les musulmans une véritable catastrophe », confirme Jacqueline
Chabbi, dont on devrait lire les livres.
En quoi est-ce une « catastrophe » ?
L'islam a connu un début vraiment lumineux, qui a profité à l'humanité tout
entière. Ce fut une explosion intellectuelle, spirituelle et culturelle et
Mahomet est, sans aucun doute, l'un des personnages les plus importants de
l'histoire de l'Humanité. Comment le courant sectaire est-il parvenu à
s'imposer ? Comment a-t-il réussi à transformer toute réflexion en
crime ? Et quel pourrait être l'avenir d'une religion qui serait incapable
de penser sa modernité ? Elle ne peut que se raidir, asservir, susciter
peur et frustration. Critiquer la religion, ce n'est pas de l'islamophobie.
C'est, au contraire, une nécessité vitale, pour elle-même, ses fidèles et pour
tous les êtres humains. Pour notre liberté, aussi.
Vous le soulignez : la Torah contient aussi des passages très
violents. Et le christianisme a conduit aux croisades et à l'Inquisition…
Ça m'énerve tellement d'entendre que la Bible et le Coran sont des textes
d'amour et de paix ! Il faut ne pas en avoir lu une ligne pour oser le
prétendre ! Certains passages de la Torah sont encore plus violents que
ceux du Coran, ce qui est normal puisqu'elle a été écrite 1 000 ans
avant. Heureusement, elle n'a cessé d'être étudiée, interrogée, commentée,
réécrite, notamment dans le Talmud.
Et le Nouveau Testament ?
Ça m'aurait arrangé de dire que les trois livres sont tout aussi agressifs,
mais il n'y a pas de grande violence dans le Nouveau Testament. Précisément,
c'est là qu'est la rupture. Mais ce qui est intéressant, c'est que cela n'a pas
empêché l'Église de dresser des bûchers pour y brûler les hérétiques, après
leur avoir coupé la langue, de déclencher des croisades, des inquisitions et
des guerres de religion à n'en plus finir. Que faut-il en
conclure ? Que ce sont les hommes qui font les religions, non l'inverse.
Peu importe le texte initial. Il donne une impulsion, un décor mais pour finir,
c'est ce que l'on en fait qui importe et cela peut être très éloigné du texte
d'origine. Encore faut-il qu'il ne soit pas considéré comme intouchable parce
qu'incréé.
Dans votre plaidoirie, vous faites ce constat lugubre : l'islam
des Kouachi est en train de « dévorer les esprits »…
L'islamisme radical n'est pas le fait de quelques loups solitaires, de
quelques brebis égarées qui commettraient des attentats au nom d'un fanatisme
ultraminoritaire. Les Kouachi, les Coulibaly, Abdoullakh Anzorov [l'assassin de
Samuel Paty, l'enseignant à qui l'on rendait hommage, dimanche, pour le
deuxième anniversaire de sa mort, NDLR] s'appuient sur un corpus identitaire et
religieux qu'on ne parvient plus à contrôler ni à interroger, pas même à
l'université. Pourquoi ? Parce qu'on a peur ; c'est la tétanie.
En Angleterre, un film produit par des musulmans, et retraçant dans une
approche totalement historique et respectueuse, la vie de la fille de Mahomet,
Aïcha, a été déprogrammé en 24 heures, sous la menace de dizaines de
milliers de pratiquants qui hurlaient au blasphème et à l'islamophobie. Aucune
voix, dans le monde culturel, n'a protesté alors qu'un déluge de réactions
indignées s'était exprimé – à raison – pour défendre La Dernière Tentation
du Christ de Scorsese. C'est ça, être complice : se taire, ne
pas parler, laisser la censure s'installer, avoir des indignations à géométrie
variable pour surtout ne jamais prendre aucun risque de déplaire. Pouvez-vous
me citer une œuvre qui, aujourd'hui, s'autorise à critiquer l'islam et la
religion, comme le faisait Voltaire au XVIIIe siècle ?
Michel Houellebecq ?
Oui, c'est vrai. Mais c'est devenu compliqué pour lui. Qui d'autre ?
Notre humanisme n'est plus qu'un mot creux si nous n'osons plus dénoncer les
dogmes totalitaires, par posture ou fébrilité.
FOG :
Houellebecq et les vrais islamophobes
Les malheureux clients juifs de l’Hyper Cacher
ont été assassinés pour des moqueries prononcées quatorze siècles plus tôt dans
le désert d’Arabie.
Revenons-en à votre plaidoirie. Vient le moment où vous faites le
lien entre la tuerie de Charlie Hebdo et
l'attaque de l'Hyper Cacher…
Depuis huit ans, je m'interroge : que viennent faire les juifs dans
cette histoire ? Quel lien peut-on faire entre Charlie et l'Hyper
Cacher ? La réponse, je l'ai trouvée dans l'histoire très célèbre
que raconte Tabari (historien arabe des IXe et Xe siècles).
Nous sommes à Médine, au VIIe siècle. Mahomet est profondément
irrité par un poète juif, chef d'une importante tribu, qui se moque de lui à
longueur de satires en le traitant de faux prophète. Mahomet, furieux, demande
à ses hommes de main de le tuer, tâche qu'ils exécutent, non sans cruauté.
De cela, les fondamentalistes tirent deux conclusions : il est légitime
de tuer les juifs ; il faut éradiquer les blasphémateurs. Le lien entre
les deux attentats est vertigineux : les dessinateurs et collaborateurs de
Charlie ont été exécutés pour leurs caricatures d'aujourd'hui et les
malheureux clients juifs de l'Hyper Cacher ont été assassinés pour des
moqueries prononcées quatorze siècles plus tôt dans le désert d'Arabie. La
justification coranique du crime est totalement absurde, car l'épisode que
conte Tabari n'est, là encore, que le reflet d'un combat politique à un instant
« t ».
Le rapport de Mahomet aux juifs est d'ailleurs extrêmement complexe. On
trouve dans le Coran de très nombreux versets protecteurs. Au début de son
épopée, alors qu'il évolue dans une société polythéiste, le Prophète ne cesse
de prendre les juifs en exemple, et s'en inspire ( la circoncision, le
hallal pour le casher, le jeûne du ramadan pour Kippour, le jour chômé…). Il
veut former une alliance avec eux. Mais les tribus juives refusent. Le Coran
comprend alors des versets hostiles à leur égard, car ils deviennent un
obstacle à la prise de pouvoir de Mahomet.
Les littéralistes n'ont conservé que ces derniers passages et les Kouachi,
dans leur ignorance, n'ont retenu que la haine. Or, l'un des rares textes dont
on sait avec certitude qu'il fut écrit du temps de Mahomet, sous sa dictée, est
un texte de protection. Il s'agit de la fameuse « constitution de
Médine », d'un incroyable modernisme et qui va jusqu'à proclamer que
« les juifs et les musulmans de Médine constituent une oumma
[communauté] entre eux ». Pourquoi n'enseigne-t-on pas ce texte plutôt que
le verset de l'épée ? Pourquoi le néant, plutôt que la vie ?
En conclusion de votre plaidoirie, vous exhortez l'islam à préférer
les lumières aux ténèbres, les philosophes aux prédicateurs, la réflexion à
l'imitation, la pensée aux Kouachi, les mutazilites aux salafistes…
Je m'adresse aux musulmans mais aussi à tous. Les croyants de l'islam
ont une responsabilité et l'évolution doit d'abord venir d'eux. Pour autant,
c'est un sujet qui concerne tout le monde : les universitaires, les
intellectuels, les artistes et les créateurs, les exploitants de salle de
cinéma, les journalistes, les juges administratifs, les politiques et les
théologiens… Je le dis à la fin : « À tous, finissons-en avec
l'obligation de respecter les religions. » On ne doit avoir aucun
complexe, aucune culpabilité à parler librement d'une religion, à la critiquer
comme le faisaient Voltaire ou Molière. C'est ça, le vrai respect.
Des héros trop
seuls face à l'islamisme
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Car
frappant par des illuminés fanatiques et d'autres qui les instrumentent pour
s'implanter dans des pays libres démocratiques mais surtout prendre le pouvoir
totalitaire avec leurs lois religieuses devant être prise en lieu et place des
républiques judéo-chrétienne et la laïcité à la Française qui respecte toutes
religions et surtout ceux libres de ne croire à rien qu'ils ne veulent pas
respecter pour les plus extrémistes croyant rattraper ce retard de 7 siècles
par rapport au christianisme et aussi très opposé au judaïsme des ISRAÉLIENS
Cet ISLAM
est devenu sectaire par ces chimères moyenâgeuses rétrogrades datant de plus de
1300 ans et combat les incroyants à leurs dogmes en avilissant les hommes et
bien sur les femmes !
Raison
pour laquelle TOUTES LES RELIGIONS sont la grande faiblesse des hommes qui
s'entretuent en leurs noms et cet islam depuis 2001 est la preuve avec une
barbarie qui s'est développée par des attentats lâches dont on juge les
responsables dans nos procès fleuves parce qu'étant un pays (dit) des droits de
l'homme que ces fous de dieu ne respectent pas ni les humains pour donner bonne
conscience à nos dirigeants bienpensants hypocrites donneurs de leçons (comme
ces prêcheurs de cet islam qui infiltrent nos sociétés de français lambda !)
Notre
classe politique dirigeante depuis + de 40 ans est incapable de réguler cette
religion hégémonique qui ne respecte pas nos lois républicaines notre culture
et autres religions chrétiennes ou le judaïsme voir le simple athéisme !
On n'est
pas protégé contre ce fanatisme mystique religieux dangereux comme sur d'autres
problèmes de sécurité par nos élus de tous bords car ils font de la politique
stérile car les musulmans Français nombreux votent !?
JDECLEF
18/10/2022 11H32
Naturellement les modérateurs du POINT dégonflés comme des baudruches crevées ont censurés ce commentaires car inféodés à laure rédactions orientées bien pensantes donneuses de leçon hypocrites moi qui suis un homme âge ayant connus tous les gouvernements de puis de Gaulle je suis désespéré de voire la France dégringoler depuis 40 ans pour ce sujet grave et d'autres internationaux que nos dirigeants pleutres n'arrivent pas à régler et ne pas nous protéger efficacement et je suis désolé d'être un vieil homme dont l'âge m'a permis de voir l'évolution décadente de notre société ne me permettra pas de voir la suite si préoccupante car le navire France fait eau de partout près à sombrer à cause des français eux mêmes et leurs mauvais choix dont tous subissent les défauts !
RépondreSupprimer