Kyriakos
Mitsotakis : « Le langage agressif turc est sans précédent »
INTERVIEW.
Le Premier ministre grec répond aux intimidations du président turc Recep
Tayyip Erdogan, qui a brandi la menace d’une invasion.
Ce type de langage entre TURC ET GREC n’est pas
nouveau tout comme faire confiance au président Turc qui en plus fait partie de
cette association de défense OTAN US qui n’est même pas capable de le rayer dans
ces statuts obsolètes ce personnage qui mange à tous les râteliers et faux
comme un jeton troué !?
(Mais ce qui est plus préoccupant et désespérant
c’est d’essayer de faire comprendre çà et bien d’autres choses importantes à des
Français lambda qui se regarde le nombril !)
Les tensions entre la Grèce et la Turquie ont de nouveau atteint
un point d'incandescence cet automne et les responsables européens
redoutent l'hypothèse d'un conflit d'ampleur. Violations quotidiennes des
espaces aérien et maritime grecs, remise en cause des frontières,
menaces d'invasion… Ankara tonne et provoque, à l'approche des élections
présidentielle et législatives prévues en 2023 en Turquie. La Grèce,
où des élections législatives sont pareillement prévues l'an prochain, refuse
de céder à la pression. Kyriakos Mitsotakis, président du parti Nouvelle
Démocratie (centre droit) depuis 2015 et chef du gouvernement
depuis 2019, a décidé de renforcer la défense de la République hellénique en
achetant des armes, notamment à la France
et aux États-Unis. Il a
reçu Le Point pour un entretien exclusif.
Le Point : Le 6 octobre à Prague, le lancement
de la Communauté politique européenne (CPE) par 44 pays du continent
a été le théâtre d'un incident avec le président turc Recep Tayyip Erdogan,
qui a quitté prématurément le dîner des chefs d'État et de gouvernement. Que
s'est-il passé ?
Kyriakos Mitsotakis : Le président Erdogan a pris la
parole pour pointer du doigt la Grèce, en l'accusant d'être responsable de
l'instabilité en Méditerranée. Au préalable, j'avais informé Charles Michel, le
président du Conseil européen, que si tel était le cas, j'exercerais mon droit
de réponse. C'est ce qui s'est passé. J'ai ainsi eu l'occasion de bien
souligner qui est à l'origine des tensions et des provocations actuelles – tout
en invitant M. Erdogan a s'engager dans un dialogue sérieux, sur la base
du droit international, comme le font tous les dirigeants responsables. Quoi
qu'il en soit, je pense que cet échange devant plus de 40 chefs
d'État et de gouvernement a été révélateur. Mes homologues ont pu voir qui est
le véritable agresseur. À présent, les choses sont claires pour tous. Une communauté
politique se fonde sur des valeurs et des principes communs. La France, qui est
à l'origine de l'initiative, a bien fait d'inviter la Turquie. Mais c'est à
cette dernière qu'il incombe désormais de décider si elle veut vraiment y
adhérer.
À LIRE AUSSILa Communauté politique européenne de Macron, forum utile
ou gadget ?
Pourquoi doit-on prendre au
sérieux les dernières menaces du président turc, notamment quant à une invasion
de la Grèce « de nuit » ?
Toute
menace contre la souveraineté territoriale d'un pays doit être prise au sérieux,
surtout dans le contexte international actuel. On enregistre une indéniable
escalade de la rhétorique turque ces derniers temps, avec un langage agressif
sans précédent, des déclarations outrageantes visant mon pays et moi
personnellement. Le président Erdogan lance régulièrement des sous-entendus et
déclare maintenant qu'il peut envahir mon pays de nuit, en ajoutant que la
Turquie ne peut pas dialoguer avec la Grèce parce que « nous ne sommes
pas à son niveau ». C'est peut-être une hyperbole linguistique
utilisée à des fins électorales internes. En même temps, on ne peut pas ignorer
que ces propos confirment une approche agressive et expansionniste vis-à-vis de
la Grèce.
Les provocations turques doivent être analysées au regard de
l'actualité : l'Europe fait face à une guerre sur son continent pour la
première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour mon pays, il
est primordial de préserver le droit international, l'inviolabilité des
frontières et le principe du dialogue comme seul moyen de régler les différends
entre pays, de manière pacifique. De notre côté, nous reconnaissons un seul
différend avec la Turquie : la délimitation des frontières maritimes,
du plateau continental et de la zone économique exclusive (ZEE). Nous
avons à notre disposition un seul moyen pour le régler, qui n'est autre
que le droit international. Si le Liban et Israël, deux pays qui ne se
reconnaissent même pas, arrivent à régler leurs différends, je ne vois pas
pourquoi nous ne pourrions pas faire de même avec la Turquie.
À LIRE AUSSIL'appétit d'Erdogan en mer Égée
Redoutez-vous que la Turquie
se comporte avec la Grèce comme la Russie avec l'Ukraine ?
Un conflit armé entre deux pays membres de l'Otan est en principe
inimaginable. Cependant, il ne faut pas sous-estimer les risques inhérents à la
situation actuelle. J'ai fait un choix conscient de ne pas réagir à chaque
provocation agressive du président Erdogan et je ne jouerai jamais la
carte de la surenchère. Par contre, comme je l'ai dit à la tribune des Nations
unies, et je le répète : la porte du dialogue reste toujours ouverte de
mon côté, sur la base du droit international, mais je n'accepterai pas que l'on
mette en cause la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Grèce. Nous
voudrions avoir la meilleure coopération possible avec la Turquie ; mais,
au vu de la conjoncture, mon simple devoir est celui de défendre la sécurité de
mon pays par tous les moyens.
Faites-vous référence aux achats
d'armes de la Grèce, comme les 24 chasseurs Rafale et
les 3 frégates acquis en France et les avions de combat F-35
achetés aux États-Unis ?
Personne ne peut dénier à la Grèce le droit d'assurer sa défense. La crise
économique des dernières années n'avait pas permis d'investir dans la
modernisation de nos forces armées. Maintenant que nos finances publiques se
sont nettement améliorées, il est normal que nous procédions à un programme de
renouvellement, mais toujours dans une logique défensive. Je ne peux que me
réjouir de la coopération que nous avons avec la France dans ce domaine.
À LIRE AUSSIAchat de 18 Rafale par la Grèce : ce qu'il
faut savoir
La Grèce dépense 2 % de
son produit intérieur brut pour sa défense, pensez-vous que l'économie
hellénique puisse longtemps supporter ce poids ?
Il est vrai que les dépenses dépassent les 2 % du PIB ; nous
maintenons cependant un planning prudent à la mesure de nos besoins et de nos
ressources. En tant que membre de l'Otan, nous agissons conformément aux
dispositions du programme d'investissement de défense arrêté en 2014. Nous ne voulons
absolument pas entrer dans une course aux armements avec la Turquie, mais nous
sommes obligés de maintenir une force de dissuasion face à toute tentative de
porter atteinte à notre souveraineté. Inutile d'en dire plus.
La Turquie fait valoir qu'elle se sent menacée…
Il est irresponsable de la part de la Turquie de prétendre qu'elle se sent
menacée par nos îles, alors que la réalité est à l'exact opposé. Je rappelle
ici l'invasion de Chypre par l'armée turque en 1974 – ce pays est
encore occupé aujourd'hui. Je répète donc que nous aspirons aux meilleures
relations possibles avec notre voisin, mais qu'Ankara doit savoir qu'il y a une
ligne rouge à ne pas franchir.
À LIRE AUSSIChypre : le troublant assassinat d'un parrain de la
mafia turque
En juillet 2020, de graves
incidents ont eu lieu en mer Égée lorsque la Turquie a envoyé un navire de
recherche en hydrocarbures escorté par des bâtiments de guerre. Seule la France
est intervenue, ce qui a calmé l'escalade…
C'est vrai qu'avec la France notre rapport est unique. Au-delà de l'amitié
historique entre nos peuples, une coopération existe, sur la base de l'accord
de partenariat stratégique signé l'an dernier à Paris. Ce dernier prévoit une
assistance mutuelle en cas de danger. La France interviendra pour soutenir la
Grèce, en cas d'attaque militaire, et réciproquement. Avec mon ami, le
président Emmanuel Macron, nous partageons une vision commune sur l'avenir de
l'Europe.
Quel regard portez-vous sur la volonté du président turc de se
placer en médiateur du conflit ukrainien ?
La Turquie est le seul pays de l'Otan qui ne s'est pas aligné sur les
sanctions occidentales à l'égard de la Russie. À l'inverse, elle profite
énormément de nos mesures restrictives en facilitant leur détournement, ce qui
diminue leur efficacité.
Où se situe la Grèce dans ce conflit ? Quel rôle
joue-t-elle ?
La Grèce se place toujours du côté du droit International, de la justice et
de la liberté. Nous avons dès le premier jour de l'agression russe soutenu
l'Ukraine, en envoyant de l'assistance humanitaire et militaire. Ce fut une
décision difficile parce que la Grèce, historiquement et traditionnellement,
est liée d'amitié avec le peuple russe. J'ai expliqué publiquement que cette
guerre nous concernait tous, parce qu'il s'agit d'une violation des principes
sacrés du droit international que sont la souveraineté et l'intégrité
territoriale. On ne peut pas accepter de créer de tels précédents. Par
ailleurs, la Russie instrumentalise les sources énergétiques et a provoqué
cette crise économique et sociale qui affecte tous les pays européens. Nous
avons aussi mis à disposition de l'Otan le port d'Alexandroúpoli, au nord du
pays, qui est ainsi devenu une porte d'entrée du gaz naturel couvrant les
besoins de la Grèce et des Balkans – voire, pourquoi pas ?, de l'Ukraine.
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Quelle est votre stratégie
énergétique ?
Nous nous trouvons au stade final de la construction d'une station flottante
de gaz naturel liquéfié (GNL) et nous venons d'inaugurer l'interconnecteur du
gazoduc TAP qui transférera le gaz azerbaïdjanais de la Grèce vers la Bulgarie
puis vers la Roumanie. Le but est d'aider les Balkans à se libérer de leur
dépendance au gaz russe. Cette position géopolitique et géostratégique de la
Grèce est appréciée par nos partenaires européens et étasuniens. Nous ne
disposons pas de centrale nucléaire, nous sommes donc obligés d'utiliser
encore, à court terme, le lignite et aussi, évidemment, le gaz naturel.
Les deux stations de GNL de Rethythousa (dont une flottante) fonctionnent déjà
et celle d'Alexandroúpoli sera prête en 2023. Cela dit, nous poursuivons en
parallèle le développement rapide de la production d'énergie renouvelable. Le
14 octobre, la consommation électrique de la Grèce a été couverte à
100 %, pendant cinq à six heures, par des éoliennes, des
panneaux photovoltaïques et des usines hydroélectriques. C'est un pas important
que nous avons franchi et nous ferons tout notre possible pour en assurer le
suivi.
Après dix années de crise et d'austérité en Grèce, les exportations
sont au plus haut et le pays bénéficie de nombre d'investissements
occidentaux : Pfizer, Microsoft, Amazon, Volkswagen, Google, bientôt
L'Oréal. L'époque où les investisseurs chinois étaient les seuls présents
est-elle révolue ?
Oui (rire), cette époque est révolue. La Grèce est devenue une
destination privilégiée pour les investisseurs internationaux. Ils sont attirés
par la stabilité politique du pays mais aussi par notre position
géographique et par l'abondance de talents. Une grande partie de notre
jeunesse a quitté le pays pendant la crise économique, en quête d'un avenir
meilleur. J'aimerais la voir revenir. En attendant, en 2022, nous avons battu
le record d'investissements étrangers en Grèce, notamment dans le domaine des
nouvelles technologies, et je suis convaincu que ce n'est que le début.
À LIRE AUSSIL'austérité, ça marche !
Le tourisme, deuxième pilier
de l'économie grecque après la marine marchande, est en forte reprise.
Cependant, le pays dispose-t-il d'infrastructures suffisantes pour accueillir,
comme cet été, 33 millions de visiteurs, trois fois sa population ?
Nous
travaillons pour que la Grèce puisse accueillir des
visiteurs 365 jours par an. Nous sommes sur la bonne voie. Outre
le site de l'Acropole, symbole le plus connu du monde, il existe une Grèce
moins visitée, d'une beauté sauvage, avec des régions totalement vierges
qui attirent un tourisme en quête d'authenticité. Les paysages, l'accueil, la
culture, la gastronomie sont uniques. Il faut trouver le bon équilibre entre le
besoin d'infrastructures et la préservation de l'environnement naturel.
L'image récente de 92 réfugiés nus, abandonnés près
du fleuve Evros, à la frontière gréco-turque, a beaucoup choqué. La Turquie
accuse la Grèce de renvoyer les migrants de force…
Ces accusations ne sont pas nouvelles. Déjà en mars 2020, la Turquie a
instrumentalisé le dossier migratoire, en tentant de faire entrer nombre de
migrants en Europe via la Grèce. Nous nous sommes rendus à la frontière avec
les dirigeants des institutions européennes pour adresser un message clair à la
Turquie : les frontières européennes sont inviolables. En tant que Premier
ministre d'un pays européen de première ligne, c'est ainsi que je conçois notre
devoir : celui de protéger nos frontières et d'empêcher les migrants
d'entrer illégalement en Europe, tout en respectant évidemment les principes
humanitaires. Quotidiennement, les autorités grecques font tout leur possible
pour venir au secours de migrants en danger, et nous avons sauvé des milliers
de vies depuis 2015.
À LIRE AUSSIMigrants : un premier pas vers la réforme de l'asile
en Europe
Cependant, la Grèce a été
longtemps accusée de ne pas respecter les droits fondamentaux des
migrants ?
Justement, aujourd'hui, les conditions pour les migrants ne sont plus les
mêmes sur les îles de la mer Égée. Le
camp de Moria, à Lesbos, cet ancien camp inhumain de la honte, n'existe plus.
Nous avons mis en place des infrastructures ultramodernes en coopération
étroite avec la Commission européenne. Les demandes d'asile sont examinées rapidement.
Si elles sont acceptées, les bénéficiaires sont les bienvenus pour s'intégrer
dans notre pays. Je me suis personnellement beaucoup investi sur les conditions
des mineurs non accompagnés – ce qui est d'ailleurs reconnu par les ONG qui
traitent ces dossiers avec le sérieux qui leur incombe.
Nous coopérons bien avec la grande majorité des ONG, mais force est de
reconnaître que certaines d'entre elles préfèrent jouer clairement le rôle de
passeurs – ce qui les amène à critiquer la Grèce en reproduisant des arguments
non fondés en provenance d'Ankara. La Turquie, certes, a accueilli
4 millions de réfugiés sur son territoire, mais nous ne pouvons passer
sous silence son refus de respecter les dispositions de l'accord signé avec
l'Union européenne en 2016 – d'autant plus que la Commission
européenne octroie des fonds généreux pour venir en aide aux réfugiés afin de
couvrir leurs besoins.
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ERDOGAN ne fait partie que de ses autocrates ou
dictateurs totalitaires malfaisants et dangereux et en plus est proche du Russe
Poutine qui perdure dans le monde !
Et qui déteste l'occident libre et démocratique
avec en plus un passé anti grec connu dont il voudrait éliminer que l'on
retrouve déjà avec Chypre ile méditerranéenne qui subit une partition tendue
depuis longtemps en 2 entité grecque et turque !?
On se souvient des printemps arabes fiasco
retentissant des européens donneurs de leçons qui voulait instituer leurs cultures
de bienpensant démocratiques à des cultures ou religions moyenâgeuses devenues extrémistes
pour en arriver à du terrorisme islamique !
Le monde était divisé avant l'après-guerre
froide entre est et ouest maintenant cela ne s'est pas amélioré c'est devenu en
orient et occident et comme nos dirigeants bienpensants bavards comme notre
président sont incapables de stopper les ambitions de conquêtes de ces nouveaux
envahisseurs (modernes)
Quelque fois en étant aidé par des peuples
marqués par leur mysticisme religieux obscurantiste religieux ou préférant être
protégé par des dirigeants hommes forts même s'ils n'ont pas toutes les
libertés occidentales qu'ils ne connaissent pas préférant la sécurité d'un chef
et ou on leur fourni ce dont ils ont besoin comme dans cet ancien communisme de
certains grands pays comme la CHINE ou FEDERATION DE RUSSIE ex-URSS par exemple
entre autres pays totalitaires !
La France n'est plus une grande puissance
depuis le IXX -ème siècle et son empire colonial perdu tout comme l'Angleterre
et son Commonwealth qui diminue comme une peau de chagrin très comparable
malgré leurs puissances de dissuasion nucléaire dont ils ne peuvent se servir
car boomerang qui leur reviendrait dans la face !
Tout cela à cause de poignées de dirigeants imprévoyants
incompétents ne pensant qu'à eux et des peuples et Français depuis 40 ans qui
votent mal en les élisant ou les réélisant attendant que le monde connu explose
!
Jdeclef 27/10/2022 12h05
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