Kevin Rudd : « Xi Jinping prend ses distances avec
Poutine »
ENTRETIEN. Où va la Chine ? L’analyse de l’ex-chef
du gouvernement australien, l’un des meilleurs connaisseurs de Pékin et du
président chinois.
Après l'Ukraine, Xi Jinping est-il moins enclin à
envahir Taïwan, comme beaucoup le prétendent ?
Tactiquement, oui. La Chine fait maintenant face à un
environnement international plus défavorable qu'auparavant. Son partenaire, «
Vladimir l'Empaleur », a lamentablement échoué
sur le champ de bataille et, en conséquence, le condominium stratégique formé
par la Chine et la Russie est plus faible qu'auparavant. Le refus de la Chine
de condamner l'invasion russe de l'Ukraine lui a aliéné l'Europe. Impossible
pour Bruxelles, désormais, d'ignorer ce qu'est vraiment la Chine de Xi Jinping
si elle s'aligne sans remords sur l'invasion d'un autre État, en violation de
l'article 2 de la charte des Nations unies. Enfin, les Chinois examineront
attentivement l'impact et la mise en œuvre des sanctions financières et
économiques occidentales contre la Russie, pour savoir ce qu'ils risqueraient
en des circonstances parallèles, en cas d'invasion de Taïwan.
Pour ces raisons, dans l'immédiat, la Chine cherchera
tactiquement à stabiliser ses relations avec les États-Unis et l'Europe. Cependant,
stratégiquement, la résolution de Xi Jinping de s'emparer de Taïwan durant son
règne reste plus forte que jamais. Depuis longtemps, je suis convaincu qu'il
n'a pas l'intention de prendre Taïwan par la force durant les années 2020. Mais
il travaille à consolider la puissance militaire et la résilience technologique
et économique de la Chine afin d'être en mesure de le faire au début des années
2030, si aucun autre moyen de ramener Taïwan à la souveraineté chinoise n'est
trouvé avant cela. Nous verrons donc une période temporaire de stabilisation
mais, ne nous faisons pas d'illusion, la Chine ne renoncera pas.
Certains parlent pourtant de 2024. Cette date ne vous
semble-t-elle donc pas crédible ?
Non, et ce ne sont pas seulement mes tripes qui me le disent.
La Chine craint de perdre la guerre si elle éclatait maintenant, et les
États-Unis craignent que ce soit le cas pour eux aussi ! Les deux parties
jouent donc la montre. Les Chinois espèrent rattraper leur retard, et ils
misent sur une crise du système américain avec de nouvelles administrations
républicaines, sous Trump ou un autre, à partir de 2024. Les États-Unis se
donnent la décennie pour reconstruire les moyens de dissuasion taïwanais et
alliés contre la Chine dans l'espoir que, d'ici à 2030, les conseillers
militaires et politiques du pouvoir chinois disent : « Camarade Xi Jinping,
c'est encore trop risqué. »
À LIRE AUSSI Comment Taïwan se prépare au grand
affrontement Chine-États-Unis
Xi Jinping ne pourrait-il se lancer sans certitude de
vaincre, tel Poutine en Ukraine ?
Non. Voilà ce que Xi Jinping et la direction du Parti ont dû
se dire : « Mais quelle bande de nuls ! Pourquoi s'embarquer dans une guerre
sans être totalement convaincu d'avoir la capacité d'obtenir la victoire
immédiatement ! » Les premières lignes du classique militaire chinois L'Art
de la guerre, de Sun Tzu, disent : « La guerre est une affaire grave
pour l'État, à ne pas prendre à la légère. Celui qui perd la guerre perd le
pouvoir. » Tous les chefs d'État chinois ont cela dans un coin de leur
cerveau. Ils préfèrent toujours atteindre leurs objectifs politiques sans tirer
un coup de feu. Cela veut dire s'assurer une prépondérance écrasante de la
force militaire, de l'économie et de la diplomatie qui amène finalement Taïwan
à simplement céder et les Américains, à rentrer tranquillement chez eux. Je ne
pense pas que cela fonctionnera, mais c'est leur stratégie. La tradition
militaire chinoise est prudente. Les Chinois ne voudront pas prendre des
risques inutiles. Cela n'élimine pas la possibilité d'une guerre par accident,
autour de Taïwan ou en mer de Chine méridionale ou orientale durant cette
décennie, mais c'est peu probable.
Avec les fuites sur les gazoducs Nord Stream et
l'explosion ayant endommagé le pont de Crimée, Vladimir Poutine paraît plus
isolé que jamais. Combien de temps la Chine peut-elle continuer de le soutenir
diplomatiquement ?
Plusieurs indices m'amènent à penser que Xi Jinping prend ses
distances avec Vladimir Poutine. Premièrement, lors de sa visite au Kazakhstan
à la mi-septembre, le dirigeant chinois a déclaré que ce pays ne devrait pas
subir de pressions internationales. Une manière de prendre la défense du
président Kassym-Jomart Tokaïev, qui avait refusé de soutenir l'invasion en
Ukraine, ce qui avait rendu Poutine furieux lors du forum de Saint-Pétersbourg
en avril.
Deuxièmement, lors du sommet de l'Organisation de coopération
de Shanghai (OCS), en Ouzbékistan, Vladimir Poutine a reconnu publiquement que
la Chine avait des « inquiétudes » concernant la situation en Ukraine.
Poutine n'aurait jamais dit cela tout seul. C'est Pékin qui souhaitait faire
passer ce message, et Poutine a préféré le dire lui-même
Troisièmement, la Chine n'apprécie guère les menaces
d'utilisation de l'arme atomique. Si Vladimir Poutine a recours à une attaque
nucléaire tactique, Pékin n'aura d'autre choix que de prendre définitivement
ses distances avec Moscou, car ce serait contraire à la position chinoise sur
la non-prolifération. Cette prise de distance dure depuis un mois environ. Elle
va s'amplifier, car les rapports que font remonter les ambassadeurs de Chine à
Paris, Berlin et dans les capitales européennes sont mauvais concernant l'image
de leur pays.
Xi Jinping peut-il jouer un rôle de médiateur en vue
de raisonner Vladimir Poutine ?
Le pire scénario, pour Xi Jinping, serait que Vladimir
Poutine soit renversé par un coup d'État ou qu'il se trouve contraint de
démissionner. Donc, Pékin a tout intérêt à ce que Poutine prenne le chemin
d'une désescalade. Il serait bénéfique pour la Chine que Moscou accepte de
revenir aux frontières de janvier 2022, afin que la situation se stabilise.
Mais la Chine ne veut pas trop se mouiller, et elle tente d'avoir à la fois le
beurre et l'argent du beurre. Elle voudrait garder de bonnes relations avec
l'Europe occidentale tout en ne condamnant pas l'invasion russe en Ukraine.
L'Élysée a fait connaître son souhait de rencontrer
Xi Jinping, soit au G20 à Bali, soit lors du sommet de l'Apec à Bangkok, en
novembre. Que pourrait faire la France à cette occasion ?
Je ne me permettrais pas de donner des conseils à Emmanuel
Macron, qui est un leader de politique étrangère très intelligent, mais voilà
mon analyse générale. La France est l'un des rares pays que Xi Jinping prend
stratégiquement au sérieux dans le monde, d'autant qu'elle a une présence
continue en Indopacifique et donc une stratégie pertinente pour l'avenir de la
région. Ensuite, la brouille autour de l'épouvantable gestion australienne de
l'Aukus et du contrat portant sur des sous-marins est en cours de guérison à
l'issue des premiers échanges de Français avec le nouveau Premier ministre
australien. La France, les alliés de l'Otan, les États-Unis et les partenaires
stratégiques dans le Pacifique comme l'Australie ont désormais une position
commune sur la stabilité de la région. Emmanuel Macron a une opportunité, et il
devrait profiter de son prochain déplacement en Asie pour dire à la Chine
qu'elle ne peut plus rester dans l'ambiguïté et qu'il est temps de faire
pression sur Poutine. Pékin y sera réticent, mais je pense que c'est dans cette
direction que l'Europe devrait concentrer ses efforts
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
XI JIN PING
est avant tout un affairiste opportuniste qui a beaucoup plus a gagner avec l’Europe
et même les USA avec qui ils commerce qu’avec la Russie de POUTINE qui n’est
pas loin de voir son pays mis au banc des nations par cette guerre inutile pour
simplement mettre l’Ukraine qu’il croyait à sa botte comme étant frère des
Russes par leur histoire ancienne mais qui préfère logiquement la liberté que l’ex
joug post soviétique ou comme l’ex RDA allemande qui a fait tomber leur mur en
1989 de cet ex URSS et empire Russe remontant au tzars car il s’est trompé avec
sa politique que rétrograde de l’ex guerre froide !
Jdeclef 12/10/2022
17h40
Le Point (toujours englué dans ses bug de nouvelle présentation pour les internautes qui galère) n'empêche pas les modérateurs de censurer arbitrairement ce commentaire qui ne critique pas le dirigeant chinois qui semble ne pas se rapprocher du russe déséquilibré et dangereux on se demande pour qui roule le Point en ce moment qui pédale à l'envers et ce veut être un hebdo d'information impartial ?! Cela devient inquiétant car déjà oubliant comme d'habitude la liberté d'expression ce qui est déjà répréhensible dans notre pays libre !
RépondreSupprimer