Delhommais - Le macronisme est-il un
hollandisme ?
On peut juger trop timides les réformes engagées,
mais elles ont le mérite d'exister et Emmanuel Macron les avait annoncées dans
son programme présidentiel.
Les
Français ont décidément la mémoire courte. On peut bien sûr comprendre qu'ils
enfilent des gilets jaunes pour manifester leur colère contre la hausse des
taxes sur les carburants et, de façon plus générale, contre la politique
économique conduite par Emmanuel
Macron et Edouard
Philippe. Mais ils ne devraient pas non plus oublier que, il y a cinq ans,
celle-ci était menée par François
Hollande et Jean-Marc
Ayrault. Il faut tout de même appartenir au minuscule fan-club de
l'ex-président pour être nostalgique de cette période. Se rappeler au contraire
un instant le vide absolu, en matière économique, des deux premières années du
précédent quinquennat, marquées par une absence totale de réformes et par un
matraquage fiscal en règle, suffit à faire ressortir par contraste de façon
plutôt avantageuse le début du mandat d'Emmanuel Macron, malgré ses évidents
ratés et le manque criant de résultats obtenus jusqu'à présent.
Il est permis de douter de la pertinence et de l'efficacité des
réformes engagées depuis dix-huit mois pour moderniser l'économie française, de
les juger par exemple bien trop timides, notamment en matière de réduction de
la dépense publique, mais du moins ont-elles l'immense mérite d'exister. C'est
déjà un net progrès de voir que le choix de l'immobilisme a cédé la place au
souhait de faire bouger les choses. C'en est aussi un autre d'observer que la France a désormais une politique
économique cohérente, avec un cap bien défini, celle d'une politique de l'offre
clairement revendiquée, en faveur des entreprises et de l'appareil productif,
avec l'espoir de stimuler l'investissement, la croissance et l'emploi.
Mécontentement. Voilà
qui change agréablement des louvoiements incessants observés durant le mandat
de François Hollande, quasi marxiste un jour, vaguement keynésien le lendemain,
faussement libéral le surlendemain, avec ses constantes hésitations entre une
politique de l'offre jamais totalement assumée et une politique de la demande
jamais complètement abandonnée, le tout ayant conduit à une confusion totale et
à une parfaite illisibilité. Le tout s'étant achevé par le mécontentement de
tous : de la CGT comme du Medef, même des socialistes et surtout des Français.
Si personne n'a jamais été en mesure de définir quelles étaient les convictions
économiques profondes de François Hollande - ni d'ailleurs celles de Nicolas
Sarkozy et encore moins de Jacques Chirac -, tout le monde sait quelles sont
celles d'Emmanuel Macron : libérales, libérales à la française, ou
sociales-libérales si l'on préfère, c'est-à-dire libérales avec modération.
Un autre changement majeur- et très heureux - par rapport aux
pratiques antérieures est qu'Emmanuel Macron met en œuvre les mesures contenues
dans le programme sur lequel il a été élu. Voir un président faire ce qu'il a
dit qu'il ferait a de quoi effectivement décontenancer des Français qui n'y
sont guère habitués. François Hollande avait rapidement perdu une grande partie
de sa légitimité, auprès de son électorat, en tirant un trait sur certaines de
ses promesses emblématiques de campagne, comme celle de mener « la guerre contre la finance ennemie ».
A l'inverse, en seconde partie de mandat, il avait fini par perdre ses derniers
soutiens à gauche et suscité la colère assez compréhensible des frondeurs en
lançant des réformes d'inspiration libérale, comme le pacte de responsabilité
puis la réforme El Khomri, qu'il n'avait à aucun moment évoquées lorsqu'il était
candidat.
Paradoxe. Emmanuel
Macron, lui, déroule son programme économique avec le sérieux et l'application
du bon élève - un peu trop ? - sûr de son fait. On peut toujours contester le
bien-fondé de la suppression de l'ISF ou de l'augmentation de la CSG, mais pas
reprocher au chef de l'Etat d'avoir pris les Français par surprise. Ces deux
mesures qui ont tellement marqué le début de son quinquennat et provoqué tant
de polémiques étaient inscrites noir sur blanc dans son programme. Où l'on
pouvait lire au chapitre « Fiscalité et prélèvements
obligatoires » :« L'ISF coûte cher à nos
entreprises et à notre économie. Nous le remplacerons par un impôt sur la
fortune immobilière » et : « Nous supprimerons les cotisations salariales maladie et chômage pour
les salariés du secteur privé et (…) le financerons par une augmentation de la CSG, de l'ordre de 1,7
point, qui ne touchera pas les retraités modestes. »
Il en va de même pour la réforme du Code du travail et celles à venir de
l'assurance-chômage et des retraites, précisément annoncées dans le programme
du candidat Macron. Il serait pour le moins paradoxal de critiquer aujourd'hui
le président de la République parce qu'il tient ses engagements de campagne
après avoir vilipendé ses prédécesseurs parce qu'ils ne respectaient pas leurs
promesses électorales.
Une autre différence de taille entre la politique économique
d'Emmanuel Macron et celle de son prédécesseur concerne la communication qui
l'accompagne. Celle de François Hollande, probablement liée à la très haute
estime de soi du personnage, avait fort imprudemment et plus présomptueusement
encore promis des résultats rapides et même fixé dans le détail un « agenda du redressement », formule qui, a posteriori, a de
quoi faire sourire. Quatre mois seulement après son élection, l'ancien
président avait ainsi prédit « une inversion de la
courbe du chômage d'ici un an » qui, bien sûr, ne s'était pas
produite, enlevant du même coup beaucoup de crédit à la parole présidentielle.
Patience. Echaudé
par cette expérience douloureuse, Emmanuel Macron s'est au contraire bien gardé
jusqu'à présent, malgré la pression des médias, de toute indication calendaire
précise pour d'hypothétiques inversions de courbe. Il répète au contraire avec
son Premier ministre que les réformes mises en œuvre mettront du temps à
produire leurs effets positifs. Il est étonnant d'observer à quel point cet
appel à faire preuve de patience passe si mal auprès de Français qui ont
pourtant payé cher, avec François Hollande, pour savoir ce qu'il faut penser
des promesses de redressement rapide.
La communication économique de François Hollande s'était également
caractérisée par son optimisme indécrottable. Chacun garde en mémoire son
tristement fameux « la reprise économique, elle est
là » prononcé le14 juillet 2013, contre l'évidence des statistiques,
suivi quelques mois plus tard d'un rieur :« La reprise est poussive, il faut donc la pousser. »
Avec Emmanuel Macron, qui a de toute évidence beaucoup moins de sens de
l'humour que son prédécesseur, mais sans doute, quoi qu'on en dise, plus le
sens des réalités économiques, ce genre de commentaires blagueurs et
autosatisfaits nous est épargné. L'actuel chef de l'Etat use d'un ton nettement
moins frivole pour évoquer la conjoncture, et même parfois d'un ton rude, que
beaucoup lui reprochent, pour rappeler aux Français quelques vérités
économiques élémentaires que plusieurs décennies de mensonges de la part de
leurs gouvernants leur ont fait oublier. Voilà qui suffit à prouver que le
macronisme, si imparfait soit-il, n'est fort heureusement pas le visage rajeuni
du hollandisme. Cela permet surtout d'espérer encore que le bilan économique
final de l'actuel quinquennat sera moins affligeant que celui du précédent
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Ce sont simplement des hommes que des gogos de français ont mis au pouvoir en croyant au changement depuis des décennies !
Mais ce qui ne change pas, c'est les français eux-mêmes qui se laissent piéger par ses politiciens faux monarques à égo démesuré qui par leur trop de pouvoir indétrônable se croient tout permis et en use et en abuse car protégé par notre V eme république faite pour eux !
D'ailleurs cela ne date pas d'aujourd'hui et d'ailleurs pour Mitterrand par exemple il avait été élu pour 7 ans à l'époque et réélu 7 ans par les français incurables semble-t-il ?!
Exemple Hollande veut même revenir !?
Même si cette fois-ci il a du progrès, car ils ont rejeté l'ancienne classe politique et ses dirigeants !
Par contre les méthodes pour taxer et ponctionner les français par nos présidents et leurs gouvernements passés sont toujours les mêmes et sur les mêmes !
Donc qu'ils ne se plaignent pas trop et apprennent à voter avec plus de rigueur pour vraiment changer nos institutions et notre constitution obsolète pour retrouver une plus grande démocratie réelle si possible ?
Moi ce que j'en dis, car c'est trop tard pour moi, étant trop vieux, mais il faut penser à nos enfants et petits-enfants ou pour résumer, à nos générations à venir autrement qu'en parole creuse et fumeuse sans résultat depuis plus de trente ans !
Jdeclef 23/11/2018 16h11LP
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